💍 3. Belle matinée, mauvaise compagnie 💍

Nul réveil ne fut plus douloureux que celui-ci. La sensation douloureuse vous martelant le crâne et ces picotements vous parcourant la peau tandis que les paupières peinent à s’ouvrir dû à un rayon de soleil bien trop puissant.

Un grognement lui échappe, peut-être même deux tandis que Joséphine tourne et retourne sur elle-même en espérant se trouver une meilleure position, enfouissant son nez jusque dans l’oreiller à l’odeur de lavande. Puis soudain c’est la réalisation, d’un élément ajouté un autre, la jeune femme s’éveille en constatant avec effroi qu’elle n’a visiblement pas passée la nuit dans ses propres draps. Ce lit à baldaquin n’était pas le sien, cette pièce lui était bien inconnue et la voilà dans une tenue qui aurait su faire rougir plus d’un jeune homme. Nue. Comme un vers. Où était-elle ?

S’enroulant dans les draps, elle manque de peu de trébucher tandis qu’elle effectue les cent pas dans la pièce à la recherche d’indices, mais cette dernière bien que décorée semblait impersonnelle. Une chambre d’invité peut-être ? Mais où ?

Regardant par la fenêtre, elle ne reconnaît ni la cour, ni les jardins avoisinants. Les quelques domestiques qu’elle voit passer à l’extérieur ne lui sont guère familiers et tous ces éléments accumulés lui donne une crise d’anxiété. Avait-elle été enlevée ? Non, probablement pas. Aurait-elle été si débauchée qu’elle a suivie le premier inconnu jusque chez lui ? Certainement pas son genre.

Et puis soudain un éclair de génie. Un souvenir. Puis un autre. Le flot revenant de la soirée passée. Elle se souvient de s’être rendue sur le balcon et d’avoir engagée la conversation avec un inconnu dont elle n’a même pas demandé le nom. Ils ont discutés, ris et bu ensemble. Et puis ensuite tout devient plus trouble et difficile à cerner.

- Seigneur, qu’ai-je fais ?

- Bien que j’aurai aimé que l’on m’appelle ainsi, je doute que cela fasse référence à moi, n’est-ce pas ?

Une voix s’échappe du pas de la porte tandis qu’entre la silhouette masculine à peine drapée d’un peignoir ouvert et d’un pantalon tenant dans sa main une tasse de café. L’homme d’hier soir. L’inconnu sans prénom.

Devinant aisément le désarroi de la jeune femme, l’homme en question s’en amuse tandis qu’il s’avance vers elle, posant à ses côtés sur une table sa tasse avant de la dévisager. Visiblement, elle ne sait pas où elle et moins encore qui il est. Ce n’est pas grave. Il y a un petit côté amusant et plaisant à n’être que l’homme d’une soirée.

- Au cas où vous vous le demanderiez, vous êtes chez moi, lance ce dernier dans un sourire amusé.

- Mes vêtements ? bafouille Joséphine complètement paniquée

- J’ai demandé à ce qu’ils soient lavés. Il n’était pas question de vous coucher dans une telle tenue.

Penchant légèrement la tête sur le côté, Joséphine, perdue dans ses pensées, peine à suivre la conversation bien trop matinale pour son esprit encore embué.

- Buvez tant que c’est encore chaud, cela vous fera certainement du bien et peut-être alors serez-vous disposer à me dire où est-ce que vous habituez pour que je puisse vous ramener.

Ne lui répondant toujours pas, elle saisit la tasse d’une main tremblante avant de s’en abreuver. Elle n’a jamais aimé le goût amer du café, mais il faut croire que rien ne semble être en mesure de la sortir de ce doux cauchemar.

- Vous avez visiblement bien plus de répondant à la nuit tombée. N’ayez crainte, je ne vais pas vous manger.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle enfin en le dévisageant intriguée

- N’est-il pas un peu tard pour me demander mon nom ? En outre, il me semble qu’il est d’usage de donner son nom en premier, non ?

- Je n’ai pas pour habitude de donner mon nom au premier inconnu.

- Le suis-je réellement ? Après tout ce que nous avons vécu ensemble ? Me voilà choqué. En outre, est-ce bien le moment de faire la difficile quand présentement vous vous tenez nue dans la chambre d’un homme qui l’est pratiquement lui aussi ? siffle-t-il en approchant pas à pas vers elle

- Approchez et je crie.

Un éclat de rire lui échappe tandis qu’il s’en retourne à sa position initiale, se laissant allègrement tombé dans le canapé. Voilà une demoiselle qui ne manque pas d’air.

- Criez si cela vous chante, mais je crains que cela vous fatigue plus qu’autre chose. Aucun domestique n’osera s’aventurer dans cette chambre. A l’heure actuelle ils sont tous très occupés avec leurs tâches à effectuer. Nous sommes donc seuls vous et moi, encore une fois.

- Cela devrait-il me ravir ? M’enchanter ? Je me sens humiliée. Vous m’avez déshabillée et...

- Je vous arrête tout de suite.

Le ton de sa voix devenant plus ferme et froid, ce dernier se redresse pour s’approcher de nouveau d’elle, l’obligeant à reculer jusqu’au bord du lit sur lequel elle est contrainte de s’asseoir.

- Il n’est pas dans mes habitudes de passer la nuit avec la première femme venue, bien que celle-ci soit nue. En outre, je ne vous ai pas déshabillée, dit-il avec un air presque dégoûté, J’ai demandé à une domestique de le faire. Votre robe a été touchée par votre incapacité à tenir votre alcool. J’aurai très bien pu, si vous l’aviez souhaité, vous laissez passer la nuit dans votre vomi, mais dans ce cas, je vous aurai fait dormir à même le carrelage froid et non dans mes draps. Enfin, j’ai eu la politesse d’aller dormir sur le canapé, ce qui, vous en convenez n’est pas très confortablement pour un homme de mon gabarit. Serait-ce alors, Mademoiselle, trop difficile de commencer par un «merci» ?

Se sentant fautive par son manque de délicatesse et de reconnaissance, Joséphine n’ose plus dire un mot. Encore une fois, elle venait de fauter. Voilà pourquoi elle détestait tant nouer des relations ou trouvait cela tout à fait inconvenant : Elle n’était tout simplement pas très douée pour cela.

- Mille pardon mon bon Seigneur, j’ai une nouvelle fois abusée, s’incline-t-elle en tenant toujours fermement les draps, Néanmoins j’aimerais que vous compreniez ma position. Je suis une jeune fille, seule et nue dans un endroit inconnu. Ma famille ne m’ayant pas vu rentrée la nuit passée doit certainement être très inquiète à l’heure où nous parlons.

- Vous souhaitez rentrer et cela est tout naturel. Une fois vos habits récupérés, je vous ferais raccompagner.

- Merci.

Jamais encore Joséphine Conquérant n’eut à dire «merci» à quelqu’un autre qu’un membre de sa famille. La jeune femme n’ayant jamais compté sur personne par peur des déceptions, elle n’a donc jamais eu l’occasion de dépendre de quelqu’un, or voilà que sa situation vient brusquement de changer.

- Finissez votre café, une domestique viendra vous aider.

Quittant la pièce d’un pas décidé, elle pouvait sentir qu’elle l’avait vexé. Il avait été si bon avec elle alors qu’il ne la connaissait pas qu’elle n’avait qu’une envie : Aller se terrer dans un endroit où on pourrait l’oublier et où elle-même pourrait oublier l’odieux comportement dont elle venait de faire preuve envers une personne n’ayant jamais eut un propos ou un geste déplacé à son égard. Laissant son mystérieux bienfaiteur disparaître, ce n’est que quelques minutes plus tard qu’une domestique assez âgée entre dans la pièce avec sa robe de la veille tandis qu’elle l’aida à se préparer. Elle ne dit rien, mais ne put s’empêcher de sourire dès qu’elle posa un regard sur Joséphine.

Une voiture fut alors dépêchée dès que cette dernière fut prête et elle fut reconduite chez elle en toute sécurité. Pas une fois elle n’a pu lui dire au revoir, ni le remercier et ni même lui demander son nom, mais quelque chose lui laissait croire qu’ils finiraient par se recroiser tôt ou tard.

Rentrant dans la maisonnée, Joséphine fit à peine un pas que toute l’assemblée lui sauta pratiquement dessus, l’assénant de questions sur le bal, ses rencontres et surtout sur sa nuit passée. Jamais encore elle n’avait découché donc où avait-elle bien pu passer ? Hélas, aucune réponse ne fut donné et elle se précipita dans sa chambre, refermant la porte derrière elle et se laissant tomber sur son lit alors que les images, toutes les images, de la soirée passée et du début de matinée rejouaient sans cesse dans son esprit.

Peut-être pourrait-elle se porter pâle pour la prochaine soirée ? Ainsi les événements de cette soirée pourraient se faire oublier ?

Malheureusement pour Joséphine, ce qu’il s’est passé lors de la soirée de la Comtesse, personne ne risque de l’oublier car les rumeurs courent à vive allure.

La principale étant la suivante : «Il paraîtrait que la jeune Joséphine Conquérant ait monopolisé toute l’attention du principal invité de la soirée car alors que personne ne l’avait vu, voilà que soudain ce dernier apparu portant à bout de bras, une demoiselle dont tout le monde se souviendra».

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DB18
Posté le 09/04/2021
Au début du chapitre j'ai craint pour laoauvre Joséphine mais heureusement son nouvel ami est un homme d'honneur! C'est une très bonne lecture, je suis impatiente de la continuer!
ManonSeguin
Posté le 11/04/2021
Ouiii :D C'est un homme d'honneur ET de valeurs, je l'aime beaucoup
Alison CXC
Posté le 31/01/2021
Coucou ! Je suis de retour pour te jouer un mauvais tour ^^

Alors, par où commencer ? Joséphine m’a fait rire dès le début du chapitre xD Elle a d’ailleurs la capacité de se remettre très vite d’une gueule de bois, énorme respect haha

C’est ensuite toi qui m’as fait rire Manon : tu as encore réussi à nous décrire une apparition comme tu en as le secret pour ce cher mystérieux homme avec qui Joséphine s’est enfilée une (plusieurs) bouteille(s) la veille ^^

J'ai vraiment ri tout au long de ce chapitre et ça m'a fait le plus grand bien alors merci ! <3
ManonSeguin
Posté le 31/01/2021
Te voilà ! :D

Je suis contente si je réussi à te faire rire, c'est un peu mon défi de faire quelque chose de plus "léger" avec Joséphine alors j'espère continuer sur cette lancée ! :D Puis avec Joséphine et ce mystérieux inconnu, comment ne pas s'amuser ?
Zephililoute
Posté le 23/01/2021
Et bien, en voilà un qui saura tenir tête à Joséphine. J'ai beaucoup ce petit échange/ petite remise en place ;)
C'est prometteur pour eux deux ^^ Surtout avec notre Joséphine qui n'a clairement pas l'habitude de tout ce qui lui arrive. Je crains un peu sa réaction face à ces rumeurs :S Elle a certes un fort caractère, mais semble déjà assez affectée par cette soirée ^^
ManonSeguin
Posté le 24/01/2021
:) Merci beaucoup ! J'ai beaucoup aimé écrire ce chapitre justement parce que c'était un personnage qui pouvait remettre Joséphine à sa place, elle est qui bornée habituellement, voilà qu'elle vient de rencontrer son alter-ego masculin niveau caractère ;)
HarleyAWarren
Posté le 19/01/2021
On dirait que ça clashe un peu entre nos deux personnages quand ils n'ont pas une bonne bouteille pour leur tenir compagnie, mais avec le caractère qu'ils ont, ce n'est pas étonnant non plus. Ils va falloir qu'ils apprennent à se connaître, on dirait. En tout cas, cette rumeur n'annonce rien de bon pour Josephine, elle qui voulait juste avoir la paix, je crois que c'est râpé.

Juste une petite remarque niveau forme : j'ai remarqué quelques petits soucis de concordance des temps, notamment des passés composés qui se baladent dans le texte qui m'a l'air plutôt majoritairement aux temps du passé (en même temps, on a pas idée de s'appeler "passé composé" quand on est un temps du présent, je vous jure :p)
ManonSeguin
Posté le 19/01/2021
Tu vas voir, les temps et moi ce n'est justement pas non plus une grande histoire d'amour :') ahaha désolée d'avance ... ^^'
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