3. Au fond d’une tasse de thé

Ni Jake ni Tomas ne soufflèrent mot des évènements de cette soirée-là, résolus à garder l’incident secret. Aussi, Deirdre en eut-elle naturellement vent par l’entrefait de sa soeur Martha, qui elle-même le tenait de Joanne qui travaillait au commissariat. 

Jake n’aurait su dire ce qui contraria le plus sa belle-mère : les faits en eux-mêmes, ou l’idée qu’elle ne fut pas la première à découvrir le pot aux roses. Quoi qu’il en soit, à compter de ce jour elle donna tant de travail à Jake qu’il n’eut plus une minute à consacrer à son plan.

Jake n’aimait pas Deirdre. Cela tenait bien sûr au fait qu’elle se pavanait dans la maison comme la propriétaire des lieux, mais ce n’était pas l’unique raison. C’était une femme plutôt jolie, rosée et potelée, harpiste de métier. Elle avait un sens de l’analyse très limité et une fatigante fascination pour les jeux de divination. Horoscope, tarot, lecture astrale, Deirdre raffolait de ce que Jake qualifiait dans son dos de “foutaises pour vieilles filles”. 

Pour une raison inconnue, elle semblait apprécier son rôle de belle-maman et participait avec ferveur à l’éducation de Jake, ce dont il serait volontier passé. Elle suivait avec assiduité ses résultats à l’école, se faisait un devoir de lui distribuer des corvées domestiques et avait la manie de ponctuer toutes ses remontrances en lui pinçant la joue. Deirdre était une calamité, et malgré tous ses efforts, Jake n’avait jamais réussi à la déloger. 

 

Les semaines qui suivirent furent particulièrement éprouvantes. Deirdre ne le lâchait pas d’une semelle, veillant scrupuleusement à ce qu’il remplisse chacune des tâches qu’elle lui distribuait à tour de bras. 

Jake avait par plusieurs fois tenté de s’y soustraire, feignant tel jour d’être malade, s’enfermant tel autre jour à double tour dans sa chambre. Mais Deirdre était d’une patience démoniaque et avait déjoué ses parades avec une facilité déroutante. Elle était allée jusqu’à démonter la porte de sa chambre et n’avait promis de la lui remettre qu’une fois le travail du jour achevé.

— Tu ne t’en sortiras pas si facilement cette fois mon petit chou, gloussait-elle en lui tapotant la joue avec un accent irlandais à couper. 

— La prochaine fois que tu m’appelles mon petit chou… menaçait Jake en la foudroyant du regard.

Il avait ravalé sa fierté. Après réflexion, il se convainquit que faire profil bas lui serait plus utile. Depuis leur visite au poste, son père guettait ses moindres faits et gestes, et sa marge de manoeuvre s’était considérablement réduite. Il fallait qu’il parvienne à regagner un minimum de confiance pour pouvoir mener son plan à bien.

Les seuls instants de répit qu’il avait trouvés au cours des derniers jours c’était finalement les moments qu’il passait à l’école. Depuis l’incident à l’entrepôt, Kenny et sa bande avaient gardé leurs distances. Les rares fois où ils s’étaient croisés, le rouquin s’était empressé de détourner les yeux et de déguerpir en chouinant, entraînant ses acolytes dans son sillage. Avec une immense satisfaction, Jake comprit qu’ils avaient peur de lui. 

— Qu’est-ce qu’il s’est passé là-bas ? l’interrogea Sophia un jour qu’elle était témoin de ce manège.

Jake éluda la question d’un soulèvement d’épaules.

— Son père l’envoie dans une pension cet été pour ados difficiles, ou un truc comme ça, dit-elle encore en ramenant sa lourde chevelure derrière ses oreilles. Il raconte partout qu’il va apprendre des techniques de survies et de combat. Je ne sais pas si c’est vrai, mais tu devrais faire plus attention la prochaine fois.

— Il n’y aura pas de prochaine fois, Soph’. Je serai parti bien avant la rentrée.

Sophia lui lança un regard en coin.

— Comment tu te sortiras du pétrin à Paris sans moi ? le taquina-t-elle.

Jake sourit. Sophia était sa seule amie et la seule personne au courant de son plan. Trop grande, trop pauvre, les autres enfants la fuyaient, se moquant de ses vêtements trop larges et de ses cheveux trop roux ; mais elle encaissait sans rien dire. Jake s’était toujours dit qu’elle était plus intelligente que ça - et surtout, elle avait bien d’autres soucis en tête.

Il savait tout des difficultés que Sophia vivait chez elle. Son père était marin-pêcheur, et souvent absent, laissant à la mère de Sophia la charge d’élever seule leurs quatre enfants. Et puis un jour, son bateau s’était retourné dans une tempête, et il n’était plus jamais rentré. 

Le quotidien de la famille était devenu difficile, et Jake ne comptait plus les fois où Sophia avait manqué l’école, trop occupée à aider sa mère à garder la tête hors de l’eau. 

C’était pour cette raison qu’il avait accepté qu’elle l’accompagne dans ses excursions nocturnes et qu’il partageait son butin avec elle - même si cela voulait dire reculer d’autant le jour où il pourrait lui-même mettre les voiles loin de Howth.

 

Après trois semaines occupé à repeindre les nains de jardin, lustrer l’argenterie, repasser les rideaux fleuris du salon, retendre les cordes de la harpe et dépoussiérer les figurines de pingouin de Deirdre, Jake vit arriver le début des vacances d’été avec soulagement. Deirdre commença à enchaîner les concerts aux quatre coins de la région, et elle n’avait plus le temps de l'ensevelir sous des montagnes de travail. Son père avait déjà relâché sa surveillance, et bientôt Jake savoura sa liberté retrouvée. 

Chaque matin, il prenait son petit déjeuner en évitant le plus possible son père et Deirdre, puis il passait à l’action. Alors que les autres enfants du village profitaient de leurs vacances pour parcourir les landes à vélo ou se prélasser sur le port avec une glace, Jake s’employait amasser le plus d’argent possible. Mr Brown le laissa tondre sa pelouse tout en le surveillant avec suspicion. Mrs O’Neill, la buraliste, l’autorisa à distribuer des journaux tôt le matin (elle recompta trois fois les recettes avant de lui verser sa part), et Mr Brady l’engagea pour nettoyer son stand de poissons à la fin du marché.  

Dès le début du mois d’août, il avait réuni assez d’argent pour enfin mettre son plan en oeuvre. Il avait depuis longtemps falsifié une autorisation de sortie du territoire et son sac de voyage l’attendait sagement sous son lit. Malheureusement, son père venait de prendre quelques congés, et passait beaucoup de temps à la maison. Jake devait donc maintenant s’arranger pour trouver l’occasion de s’enfuir discrètement. Le week-end suivant, Tomas lui en fournit une.

Le samedi matin, lorsqu’il descendit dans la cuisine, Jake trouva Deirdre le nez dans une tasse de thé vide et l’oreille collée à son téléphone. 

— Mais oui Martha, disait-elle avec impatience, ses yeux s’agitant en tous sens derrière la lourde monture de ses lunettes à écailles. Puisque je te dis que j’ai bien utilisé du thé de Chine... Oui, je sais bien qu’il faut laisser le thé reposer avant de le vider Martha, c’est moi qui t’ai appris ça, ah bonjour mon petit chou ! s’exclama-t-elle avec entrain alors que Jake tentait de se faufiler sans se faire remarquer. Non Martha, ce n’est pas à toi que je parle, c’est au petit Jake, tu veux que je te prépare un petit déjeuner, non, c’est bon ? Oui Martha c’est encore à Jake que parle, je ne vais pas venir chez toi te faire le petit déjeuner enfin ! 

Jake regretta presque de pas être resté couché pour échapper au babillage incessant de sa belle-mère. Heureusement, elle sembla aussitôt oublier sa présence, accaparée par sa conversation et la contemplation du fond de sa tasse. 

Il prit un toast et s’installa dans la salle à manger devant une série populaire, une histoire de trône, de dragons et de pouvoir. “N'oublie jamais ce que tu es, car le monde ne l'oubliera pas. Puise là ta force, ou tu t'en repentiras comme d'une faiblesse. Fais-en une armure et nul ne pourra l'utiliser pour te blesser ”, dit un personnage à l’écran tandis que Jake mordait à pleines dents dans sa tartine. 

— Oh, je crois que ça ressemble à un chameau, attends, ça veut dire quoi un chameau Martha ? “Un long voyage ou un déménagement provisoire”, ouh, tu crois que je vais partir en vacances ? résonna la voix de  Deirdre depuis la cuisine.

Jake augmenta le son de sa série pour couvrir la voix de sa belle-mère, mais l’image se figea sur son écran. Il venait de perdre la connexion internet.  

— Martha ? Martha, allô Martha tu m’entends ? Jake, mon petit chou, cria Deirdre, je crois qu’on n’a plus l’internet ! Tu peux le réparer ?

Jake jeta un regard furieux dans sa direction et cria à son tour :

— Ça va, j’y vais !

Il se leva de mauvaise grâce et se dirigea vers le vestibule, où était rangé le boîtier internet, qu’il relança en un tour de main. Deirdre cria un “merci mon chou ! ” depuis la cuisine, auquel il ne répondit pas. 

En passant près d’une fenêtre il aperçut son père sur le perron. Le visage anxieux, Tomas faisait les cent pas sous le porche, absorbé par une conversation téléphonique.  

Jake lança un coup d’oeil en arrière. Deirdre avait repris ses jacasseries avec sa soeur et ne se préoccupait plus le moins du monde de lui. Il ne put résister à espionner la discussion de son père. 

Discrètement, il ouvrit la fenêtre de quelques centimètres et tendit l’oreille. 

— … je suis ne suis pas certain qu’il soit prêt, disait son père en se frottant le sommet du crâne (qu’il avait largement dégarni). Non, je sais, je comprends bien… Oui, c’est vous qui décidez Madame Hatcher. Bien, dîner chez nous ce soir, dix-neuf heures ? Parfait, à tout à l’heure. 

Jake battit prudemment en retraite tandis que son père rentrait dans la maison. Une fois éloigné, il se mit à réfléchir à toute allure.  

Madame Hatcher était anglaise, mais elle vivait en France depuis de nombreuses années où elle avait rencontré Caroline. Quels étaient leurs liens exacts, Jake n’aurait su le dire avec certitude. Il n’avait que peu de souvenirs d’elle et ils étaient assez confus. Il se souvenait d’une femme grande, austère et tranchante. Elle occupait, à ce qu’il lui semblait, quelque fonction politique, et ses très rares visites s’étaient toujours faites en coups de vent. Après la disparition de Caroline, elle avait fait le déplacement jusqu’à Howth pour soutenir Jake et son père. Elle était restée à peine un jour ou deux pour les aider à organiser les affaires dans la maison, avant d’être rappelée à ses responsabilités en France. 

Jake ne savait pas encore comment, mais il était sûr d’une chose : il pouvait tirer parti de la situation d’une manière ou d’une autre.  

Lorsque Deirdre apprit la nouvelle, elle sauta de joie et décréta que c’était la meilleure chose qui pouvait leur arriver. 

— Tomas ! s’écria-t-elle les yeux brillants. Une personnalité comme cette Madame Hatcher dans notre maison, quelle chance nous avons !

— Ce n’est pas ta maison, grogna Jake.

Son père lui donna une tape sur la tête pour le rappeler à l’ordre. 

— Nous devrions inviter des amis, pour leur montrer comme nous savons recevoir, poursuivit Deirdre en faisant semblant de ne rien avoir entendu (et de fait, emportée par son enthousiasme, il était probable qu’elle n’ait réellement rien entendu). Oh oui, invitons ces gentils Brown !

Figé en pleine réflexion, Jake eut une idée soudaine. Bien sûr ! Si Deirdre et son père étaient occupés à organiser leur souper mondain, ils ne songeraient pas à le surveiller et il aurait le champs libre. Accaparés par les préparatifs, le temps qu’ils se rendent compte de sa disparition, il serait déjà loin ! 

Il se leva d’un bond. 

— C’est une excellente idée Deirdre, approuva-t-il à la surprise générale. 

— Ah… Merci. Euh… Quoi ? bredouilla-t-elle, déconcertée.

— Bien sûr, montrons à Madame Hatcher les bonnes manières des Flemings !

Tomas lança à Jake un regard soupçonneux qui voulait tout dire. Son père ne le croyait pas - il ne le croyait jamais. Jake afficha un sourire d’ange et croisa les bras dans son dos. Bien sûr que ça ne changerait rien, mais autant s’en donner l’air.

— Bon, voilà qui est entendu, dit finalement son père sans se départir de sa méfiance. Je vais prévenir nos invités.

— Et moi, je m’occuperai de préparer le dîner, dit Deirdre au comble du ravissement.

— Non !

Jake et son père avait poussé un cri unanime. Ils avaient appris depuis longtemps à se méfier de ses choix culinaires, souvent déroutants. D’une manière ou d’une autre, on y retrouvait toujours une variante de pomme de terre au whisky. 

D’un commun accord, ils convinrent que Deirdre s’occuperait des invitations et Tomas du repas, et Jake remonta se préparer au départ en se frottant les mains. 

 

Jake s’approcha de la fenêtre de sa chambre pour observer le jardin et l’allée. Le vent avait soufflé fort tout l’après-midi, mais rien d'inhabituel pour Howth. Après tout, c’était un village portuaire, sur une péninsule irlandaise. “En Irlande, les quatre saisons chantent et dansent dans la même journée”, avait pour habitude de dire Sophia. 

La rue était déserte. Son père venait de commencer à s’activer en cuisine et Deirdre était enfin sortie inviter les Brown en personne après avoir retournée toute la maison. Elle s’était montrée intraitable. Elle avait aérée les pièces, lustré la vaisselle, battu les tapis, chassé le chat des voisins des géraniums, houspillé Jake pour qu’il ramone la cheminée, et même changé la literie. 

— Enfin Deirdre ma chérie, avait tenté de la raisonner Tomas. Madame Hatcher ne va rester dormir chez nous…

— On ne sait jamais ! avait chantonné Deirdre tout en rattrapant Jake par le col de son tee shirt qui tentait de s’esquiver.

Bref, Deirdre hors de la maison, c’était le moment ou jamais de mettre les voiles. 

Jake ajusta son sac à dos et, sans un regard en arrière, descendit les escaliers sur la pointe des pieds avant de quitter la maison en toute discrétion. 

Il parcourut plusieurs rues, et traversa la ville en longeant la côte par Harbour Road. En voyant défiler les bâtiments et les gens autour de lui, un sentiment de mélancolie le prit. Après avoir tant rêvé de ce moment, après avoir planifié son départ depuis des mois, il y était. Il ne s’était jamais demandé comment il se sentirait en quittant son foyer avec pour seule route l’incertitude. Et voilà, alors même qu’il n’était pas encore monté dans le train, qu’il se mettait à avoir des doutes. Il pensa à son père et à son désarroi lorsqu’il s'apercevrait de sa fuite. Malgré la colère qu’il avait contre lui, il se sentit un peu honteux l’espace d’un instant. 

Jake se força à penser à sa mère et à se rappeler les raisons pour lesquelles il entreprenait ce voyage. Il regarda sa montre. S’il se dépêchait, il pourrait attraper le train de cinq heures. Il chassa son émotion et poursuivit sa route. 

Au bout de dix minutes, alors qu’il passait près du Yacht Club,  une voix stridente émergea de la foule, qu’il reconnut entre mille :  

— Je ne vois pas pourquoi on en fait tout un drame de ces stages militaires. En tout cas pour moi, c’est facile. Mon instructeur dit que j’ai des prédispositions naturelles !

Jake s’arrêta. A quelques mètres devant lui, Kenny et Cormac s’avançaient dans sa direction. Juchés sur des rollers, ils patinaient au milieu des touristes, poussant grossièrement de la main ceux qui ne s’écartaient pas à temps de leur chemin.  

Jake se cacha maladroitement derrière un stand de glace, juste au moment où ils le dépassaient. 

— Comment t’as convaincu ton père de rentrer pour le weekend, je croyais que c’était une punition ? demanda Cormac d’une voix forte en envoyant une gamine dans l’herbe d’un mouvement de bras. 

— Pff, je n’ai eu qu’à faire semblant de pleurer un bon coup au téléphone pour que ma mère l’oblige à faire ce que je voulais, dit Kenny avec dédain en passant devant Jake sans le voir. 

— Hé, toi, regarde où tu vas ! grogna Cormac en se retournant sur un badaud qui avait eu l’audace de le bousculer de l’épaule ; et ce faisant, ses yeux se posèrent sur Jake qui s’extrayait de sa cachette. HÉ, KEN’ ! C’EST JAKE FLEMINGS LÀ ! hurla-t-il.  

Jake tressaillit. 

— Oh non, pas maintenant, murmura-t-il.

Il pensait pourtant s’être débarrassé d’eux avec son évaporation magique, mais ils ne semblaient plus avoir peur de lui du tout. Avant qu’il ait eu le temps de faire un mouvement, d’un coup de patin Cormac le contourna et  le prit à revers. Il était plus rapide sur roller que sa carrure le laissait supposer.

— Reste là, gronda Kenny en menaçant Jake de son doigt potelé. Faut qu’on parle. J’ai parlé à mon instructeur, continua t-il en s’avançant. Tu sais ce que c’est une hallucination collective ?

— Ouaip, c’est quand un groupe de personnes voit une chose qu’existe pas en même temps, dit Cormac d’un ton hargneux.

— C’est pas à toi que j’ai demandé Cormac, pesta Kenny avec humeur. C’est quand un groupe de personnes voit une chose qui n’existe pas en même temps, répéta-t-il bêtement à l’adresse de Jake. 

— Quel joli petit couple vous faites tous les deux, vous finissez aussi les phrases l’un de l’autre ?

Cormac poussa un grognement digne d’un buffle ; il en avait d’ailleurs le cou épais et les sourcils broussailleux.

— Je sais pas ce que tu nous as fait, reprit Kenny en adoptant un air qui se voulait menaçant. Mais c’était pas réel. Et tu m’as causé de sacrés ennuis en me dénonçant à mon père. Alors tu vois demi-portion, on s’est dit qu’il fallait vraiment qu’on te casse la figure. Attrape-le Cormac !

Jake fit un bond et prit ses jambes à son cou, échappant de justesse aux grosses mains de Cormac. Il n’eut pas besoin de se retourner pour savoir que les deux garçons s’étaient lancé à sa poursuite. Cette situation devenait un peu trop fréquente à son goût. Mais cette fois, il avait l’avantage de connaître le terrain et d’être plus agile à pieds que eux sur des patins. 

Il slaloma facilement entre les passants et sauta par dessus la haie séparant la promenade de la jetée. Un cri de rage étouffé dans son dos lui confirma que Kenny et Cormac n’avaient pas pu le suivre. 

Jake ralentit sa course tout en se retournant pour vérifier qu’il les avait bien semés. 

— Quels idiots, murmura-t-il pour lui même avec un petit sourire satisfait. 

Faisant volte-face, il ne vit la postière distraite sur son vélo que trop tard et ne put éviter la collision. Au moment de l’impact, un haut le coeur familier l’envahit, et, happé violemment en arrière par une force invisible, Jake chancela et tomba dans le port. 

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Gabhany
Posté le 04/05/2020
Hey !
Bien placée la référence à GoT ^^ Jake va se prendre pour Jon Snow alors.
J'ai bien aimé ce chapitre, une seule chose m'a un peu gênée : je trouve la fuite de Jake un peu trop facile. Je ne sais pas, s'il se méfie autant de lui, son père va forcément venir vérifier ce qu'il fait rapidement non ? Idem pour sa belle-mère;, l'invitation aux voisins ne va pas durer longtemps. Le plan me paraît un peu léger. J'ai compris qu'il veut prendre le train pour quitter Howth, mais dans ce cas il pourrait prétendre aller travailler ou voir un copain pour quitter la maison sans attirer tout de suite les soupçons.
Et donc à la fin il nous fait de nouveau un petit tour de passe passe ! Hâte de voir ce qui va se passer
Denisette
Posté le 20/07/2020
Ahah j'ai répondu à ton commentaire sur mon chapitre suivant avant de répondre à celui-ci :D

Merci aussi pour ce commentaire ; pour ce qui est de la fuite de Jake, oui c'est vrai qu'on pourrait peut-être s'attendre à ce que ce soit un poil plus compliqué... Cela dit, il est mentionné plus tôt que ses parents ont un peu relâché leur surveillance car il leur semble s'être calmé ^^
NaL
Posté le 24/03/2020
J'ai bien kiffé la référence à Game of Thrones ! On est d'accord, Tyrion a les meilleurs dialogues de la série ;)
J'ai apprécié ton chapitre, en le lisant, je me suis dis que cela correspondait aux lectures que j'avais eu plus jeunes. Tu as vraiment un bon niveau, à mon humble avis :)
Par contre, je trouve que Jake manque de sensibilité au sujet de son départ. Ok il est en colère contre son père, mais il ne se fait pas plus de soucis que ça de le quitter ? C'est quand même son père. Ou alors peut-être ne mesure-t-il pas les conséquences de son acte ?
Denisette
Posté le 06/04/2020
Merci pour ton commentaire NaL, ça m'a fait vraiment très plaisir :)
Jake manque définitivement de sensibilité tout court, oui ! C'est l'un de ses traits : il est renfermé, s'est coupé de tous sentiment depuis le départ de sa mère, et il déteste son père qu'il tient pour responsable. Et à son âge, on ne réfléchit pas toujours (jamais ?) aux conséquences à moyen terme !
NaL
Posté le 17/05/2020
d'accord ! si cela fait parti de son caractère, alors ok :)
Fannie
Posté le 02/01/2020
En fait, je ne sais pas vraiment que penser de Deirdre. C’est vrai qu’elle exagère avec la quantité de corvées qu’elle donne à Jake. Mais on peut se demander si ce sont des punitions trop sévères, parce qu’elle ne sait pas les doser, ou si elle trouve tous les prétextes, hypocritement, pour le surcharger de travail. Elle semble exagérément méticuleuse (ce qui peut être une névrose) et, en menant une carrière de harpiste, elle ne doit effectivement pas avoir le temps de tout faire. Cela dit, c’est bien que les personnages ne soient pas tout blancs ou tout noirs, mais dans des nuances de gris. Je comprends que décrire et mettre en scène cette belle-mère ait quelque chose de jouissif.
Après la réapparition des casse-pieds de service, qui n’ont plus peur de lui, Jake se retrouve au port alors qu’il voulait prendre le train… Espérons qu’un bateau pourra l’emmener. (Je ne crois pas au hasard.  ;-))
Coquilles et remarques :
À mon humble avis, il faudrait faire dès maintenant les changements de tirets dans les propositions incises : (Il y en a aussi dans les chapitres précédents et plus il y en aura, plus ce sera fastidieux)
— qu’elle était plus intelligente que ça - et surtout / qu’il partageait son butin avec elle - même si cela voulait dire / Son père ne le croyait pas - il ne le croyait jamais [Tiret cadratin ou demi-cadratin]
— par l’entrefait de sa soeur Martha [par l’entremise / sœur]
— ce dont il serait volontier passé [volontiers]
— et n’avait promis de la lui remettre qu’une fois le travail du jour achevé [« et avait promis de ne la lui remettre » me paraîtrait plus logique]
— avec un accent irlandais à couper [à couper au couteau]
— et sa marge de manoeuvre [manœuvre]
— pour pouvoir mener son plan à bien [je dirais « pour pouvoir mener à bien son plan ; « mener à bien » est une locution qui forme un tout]
— Qu’est-ce qu’il s’est passé là-bas ? [« Qu’est-ce qu’il s’est passé » ou « Qu’est-ce qui s’est passé » : les deux sont admis. Mais dans un dialogue, je mettrais « Qu’est-ce qui (...) »]
— d’un soulèvement d’épaules [je dirais plutôt « d’un haussement d’épaules »]
— des techniques de survies et de combat [de survie]
— Trop grande, trop pauvre, les autres enfants la fuyaient [La rupture de syntaxe est dérangeante ; je propose : « Trop grande, trop pauvre à leurs yeux »]
— Son père était marin-pêcheur, et souvent absent [j’enlèverais la virgule]
— Après trois semaines occupé à repeindre les nains de jardin [La construction est un peu bancale et il y a déjà « occupée » un peu plus haut ; je propose « Après trois semaines consacrées à »]
— retendre les cordes de la harpe [On ne retend pas les cordes d’une harpe comme on la nettoie. On les retend pour les accorder ; et pour ça, il faut s’y connaître parce que ça se fait à l’oreille ; en tendant trop les cordes, on peut aussi les casser. Un musicien professionnel préfère accorder lui-même son instrument.]
— les figurines de pingouin [pingouins]
— Jake s’employait amasser [à amasser]
— pour enfin mettre son plan en oeuvre [œuvre / je dirais « mettre en œuvre son plan » ; « mettre en œuvre » est une locution qui forme un tout]
— son père venait de prendre quelques congés, et passait [j’enlèverais la virgule]
— qu’il faut laisser le thé reposer avant de le vider Martha [il faut une virgule avant « Martha »]
— je ne vais pas venir chez toi te faire le petit déjeuner enfin ! [j’ajouterais une virgule avant « enfin »]
— ça veut dire quoi un chameau Martha ? [il faut une virgule avant « Martha »]
— un coup d’oeil en arrière / ses jacasseries avec sa soeur [œil / sœur]
— Il ne put résister à espionner la discussion de son père [résister à la tentation d’espionner]
— je suis ne suis pas certain [le premier « suis » est de trop]
— Il n’avait que peu de souvenirs d’elle et ils étaient assez confus. Il se souvenait d’une femme [répétition souvenirs/souvenait ; je propose « il se rappelait une femme »]
— et il aurait le champs libre [champ]
— C’est une excellente idée Deirdre [il faut une virgule avant « Deirdre »]
— que Deirdre s’occuperait des invitations et Tomas du repas, et Jake remonta [je propose « puis Jake remonta »]
— après avoir retournée toute la maison / Elle avait aérée les pièces [retourné / aéré]
— Enfin Deirdre ma chérie, avait tenté de la raisonner Tomas. [Cette incise est trop longue et trop « acrobatique » ; je te propose d’ajouter « Tomas avait tenté de la raisonner » à la suite de « et même changé la literie » et de supprimer l’incise.]
— Madame Hatcher ne va rester dormir [ne va pas]
— tout en rattrapant Jake par le col de son tee shirt qui tentait de s’esquiver [tee-shirt / ici on a un janotisme : on comprend que c’est le tee-shirt qui tentait de s’esquiver ; je propose « tout en rattrapant par le col de son tee shirt Jake qui tentait de s’esquiver »]
— A quelques mètres devant lui [À]
— C’EST JAKE FLEMINGS LÀ ! [virgule avant « LÀ »]
— continua t-il en s’avançant [continua-t-il ; le « t » euphonique doit se trouver entre deux tirets]
— C’est pas à toi que j’ai demandé Cormac / Alors tu vois demi-portion / Attrape-le Cormac ! [il faut une virgule avant le nom ou surnom de la personne à qui on s’adresse]
— les deux garçons s’étaient lancé à sa poursuite [lancés]
— et d’être plus agile à pieds que eux sur des patins [à pied / qu’eux]
— et sauta par dessus la haie [par-dessus]
— murmura-t-il pour lui même [lui-même]
— un haut le coeur familier l’envahit [un haut-le-cœur]
Il y a deux passages où les incises ne fonctionnent pas. Normalement, on ne met pas deux incises dans la même réplique. Il vaut mieux la diviser et insérer les indications scéniques entre les deux parties.
1. — Mais oui Martha, disait-elle avec impatience (…) je ne vais pas venir chez toi te faire le petit déjeuner enfin ! 
Je propose quelque chose comme :
— Mais oui Martha, disait-elle avec impatience, ses yeux s’agitant en tous sens derrière la lourde monture de ses lunettes à écailles. Puisque je te dis que j’ai bien utilisé du thé de Chine... Oui, je sais bien qu’il faut laisser le thé reposer avant de le vider, Martha, c’est moi qui t’ai appris ça. Ah bonjour mon petit chou !
Inopinément, elle s’était adressée à Jake qui tentait de se faufiler sans se faire remarquer.
— Non Martha, ce n’est pas à toi que je parle, c’est au petit Jake. Tu veux que je te prépare un petit déjeuner, non, c’est bon ? Oui Martha c’est encore à Jake que parle, je ne vais pas venir chez toi te faire le petit déjeuner, enfin ! 
2. — Hé, toi, regarde où tu vas ! (...) C’EST JAKE FLEMINGS LÀ ! hurla-t-il.
Je propose quelque chose comme :
— Hé, toi, regarde où tu vas ! grogna Cormac en se retournant sur un badaud qui avait eu l’audace de le bousculer de l’épaule.
Au passage, ses yeux se posèrent sur Jake qui s’extrayait de sa cachette.
— HÉ, KEN’ ! C’EST JAKE FLEMINGS, LÀ ! hurla-t-il.
N. B. « et ce faisant, ses yeux se posèrent sur Jake » ne fonctionne pas parce que le sujet de « ce faisant » n’est pas « ses yeux ».
Denisette
Posté le 20/07/2020
Olala mais comment ai-je fait pour passer à côté d'un commentaire aussi fourni :'(
Je suis teeeeeeeeellement désolée de ne le voir que maintenant !

"Jake se retrouve au port alors qu’il voulait prendre le train… Espérons qu’un bateau pourra l’emmener. " ahahah

Oh oui, Deirdre est devenu mon personne préféré, et je ne vais pas être tendre avec elle ahah

Je vais me poser à tête bien reposée dans les prochains jours pour parcourir toutes tes recommendation de forme, merci pour cet énorme travail 🙏😍
🙏😍
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