27. La maladie

Par Jowie
Notes de l’auteur : Sortez vos haches ! ;)

— Euh, ça va, Bronwen ?

L'interpellée contourna la barque à quatre pattes. Arrivée jusqu'à Sgarlaad, elle s'assit sur ses chevilles, appuyant son coude contre l'embarcation. Elle le fixa. Longuement.

Tout ce qu'elle réussit à articuler en mikilldien, fut :

— Tu as l'air très calme.

— Je suis toujours calme.

Il disait ça comme s'il parlait d'une malédiction. Eleonara s'humecta les lèvres, coupable. Après sa dernière visite au mysticopolium, elle savait exactement ce que ça voulait dire.

— Sgarlaad, Monsieur Yousef m'a juré que les Religiats... j'ai cru...

Elle s'interrompit. Ils se tenaient si près qu'elle ne pouvait que fuir, si non pas avec ses jambes, avec ses yeux. L'odeur de sa peau et la radiation tiède qui émanait de sa présence l'avaient surprise. Oui, il était bien là, avec elle. Là et sauf.

— Tu es contrariée, nota Sgarlaad. Je l'étais aussi, en me découvrant emmuré dans mon atelier. Merci pour le parchemin que tu as laissé dans ma main, même si ce n'était pas nécessaire.

Eleonara le dévisagea.

— Comment ça, pas nécessaire ?

Il lorgna vers l'entrée de l'entrepôt avant de lui murmurer à l'oreille :

— Ne le raconte à personne, mais quand je m'endors, je ne m'endors pas vraiment. Je suis dans une cage, incapable de bouger, avec des paupières de plomb. Si mon nez me gratte, je n'y peux rien, mais je sens la démangeaison. De même, j'entends tout ce qui se passe autour de moi, même si je ne peux pas y répondre.

Cette description renvoya Eleonara à la tombe murale. Le noir complet. L'impossibilité de sortir. Les sons du dehors, comme étouffés. Une cage d'obscurité.

— Est-ce que Yousef sait ?

— Non.

Mou, le Mikilldien se leva, dépoussiéra ses pantalons amples. Il invita l'elfe à rebrousser chemin par le rebord du canal souterrain.

— Quand je me suis réveillé, j'ai lu ton billet et j'ai décidé de m'occuper. Des heures se sont écoulées. Combien, je ne sais pas. À un certain point, j'ai entendu des bruits. Les Religiats mettaient le Bimaristan à sac. Puis c'était fini. J'ai attendu. Finalement, Monsieur Yousef et sa famille sont venus m'ouvrir. Je ne sais pas comment a débuté cette histoire de Bête rôdeuse à Arènes, mais si ça se trouve, ce n'est qu'une ruse de l'Einhendrie pour s'incruster là où elle n'a pas le droit.

Cette déclaration apaisa Eleonara. Elle s'était souvent demandée si Sgarlaad avait relié sa prise de refuge avec la rumeur de la Bête et l'agitation d'Arènes. Ça faisait beaucoup de coïncidences, après tout.

Ils émergèrent du tunnel pour déboucher sur la Source, où Monsieur Yousef les attendait, dangereusement près des eaux.

— Tout va bien ?

L'elfe accourut vers lui, lui prit le bras et l'aida à remonter une poignée de marches.

Sgarlaad pointa le fond des flots verts du doigt, secouant sa barbiche blanche. En einhendrien, il dit :

— Les Religiats ont inspecté l'eau. Comme vous aviez rangé nos affaires, ils et ont déduit qu'avec une eau stagnant pour la plupart du temps, personne ne se cacherait ici.

Monsieur Yousef hocha sa tête chauve enduite d'un mélange turquoise. Quand il ne bougeait pas, il ressemblait à une figurine taillée dans le jade. L'aveugle s'agrippa davantage à son bâton de marche tordu.

— J'ai alerté mes proches et mes voisins. Je ne voulais pas qu'ils trouvent les chaînes dans l'eau et Monsieur Sgarlaad. À mon retour, leur inspection n'était pas encore terminée ; d'autres Religiats déambulaient dans le couloir. Pour les distraire, nous avons exigé qu'ils nous rendent leurs armes car ils foulaient un territoire sacré. La plupart d'entre eux ne portaient rien sur eux, mais une poignée cachaient des dagues dans leurs bottes par exemple. Puis le cor du sanctuaire a retenti et les patrouilles se sont enfin retirées. Nous avons libéré Sgarlaad. Je ne sais pas quels dieux vous priez ou si vous priez du tout, mais je crois que quelqu'un là-haut prend pitié de vous, Monsieur le Nordique. Seuls les cieux savent et encore, nous sommes si bas sous terre que je me demande si les cieux ont vu. La réputation du Bimaristan n'a jamais été aussi compromise et aujourd'hui, elle a bien failli virer au cauchemar. (Il pressa ses paupières ridées et secoua la tête en soupirant.) Je vais vous laisser. J'ai un grenier, une demeure et des mauvaises pensées à ranger. Restez saufs, les jeunes. À plus tard pour le repas.

Il escalada lentement les rampes de la Source, pas à pas, de côté, ayant refusé toute assistance. Il manqua de trébucher sur le fagot d'armes blanches au pied des escaliers. Les armes confisquées.

— Ah, soupira-t-il, il nous faudra encore nous débarrasser de ces lames.

Yousef se hissa de marche en marche pour rejoindre le grenier. Dès que la silhouette trapue eut disparu, Sgarlaad marmonna, cette fois en dialecte mikilldien :

— Cet endroit a été désacralisé. Plus nous restons ici, plus nous nous imprégnons de sa malédiction.

Eleonara hocha la tête, distraite ; un malaise s'étaient refermé sur sa cage thoracique. « Peut-être que les maudits, au final, c'est nous ; nous avons déteint sur ce lieu, pas l'inverse. »

Elle balaya la Source des aveugles du regard, puis indiqua du menton les quatre grandes ouvertures dans les murs, menant à de vieilles canalisations abandonnées qui n'avaient pas vu une goutte d'eau depuis des siècles.

— J'espère qu'ils ne les ont pas explorées. Surtout si nous nous échappons par-là.

— Ça m'inquiète aussi, mais il y a de l'espoir. Ces extensions d'aqueducs désaffectés ont eu des effondrements et sont impraticables à pied. À l'exception de celle-là. Je m'y suis moi-même promené. Elle débouche sur la Mer Tapie d'Or, au nord du port. S'ils l'ont trouvée, j'ose espérer qu'ils ne se feront pas d'idées. Il n'y a pas pas d'entrée ou de sortie aménagée de l'autre côté, juste une chute de quatre fois ma taille.

Un sourire malicieux plissa sa joue. Eleonara rougit sans savoir pourquoi et coinça une mèche gênante sous son chèche. Le mot aqueduc la laissa pensive. Sebasha n'avait-elle pas affirmé qu'elle avait reçu la correspondance des elfes par voie d'aqueducs souterrains précisément ? Dans le cas présent, il ne s'agissait pas de qanats encore fonctionnels mais des ruines d'anciens aqueducs qui s'élevaient et parcouraient les paysages comme des arches gigantesques, des ponts interminables.

Eleonara sourit à son tour. Elle avait hâte de les découvrir.

 

Ce soir-là, Eleonara et Sgarlaad dégustèrent de la purée de pois chiches seuls autour d'un feu. Monsieur Yousef et sa famille avaient été inopinément convoqués à une réunion concernant le futur du Bimaristan. Depuis le couvert de leur templion préféré, les deux réfugiés percevaient les échos de leurs délibérations. La Bête, la mise en quarantaine, le débarquement des Religiats au Bimaristan et le remue-ménage qui s'était ensuivi : les Opyriens accumulaient les désastres et les dirigeants de l'hôpital s’inquiétaient.

Eleonara avait un poids dans l'estomac ; non seulement elle se sentait responsable pour ce qui se produisait mais elle ne savait pas comment y remédier sans se rendre aux autorités, ce qui était évidemment ridicule.

Une bruyante déglutition l'extirpa de la nébulosité de ses pensées. Sgarlaad avalait son gobelet d'eau comme s'il s'agissait de lave.

Eleonara imita la grimace endolorie de son ami lorsqu'il reposa son gobelet vide.

Prendre le cap pour Hêtrefoux, c'était remplir une promesse auprès de la Dame et assouvir sa curiosité et ses rêves de petite fille. Mais ça signifiait aussi abandonner Sgarlaad. L'émir avait été clair : elle n'avait pas le droit d'emporter un compagnon dans sa mission, pas même un animal, à l'exception des coéquipiers que Bezùkiel appointerait lui-même.

Sgarlaad ne demandait qu'à rejoindre Agnan dans le lointain et vaporeux Nord. Elle ne pouvait pas le laisser entreprendre un tel périple seul. Elle ne le pouvait pas, pas dans son état. Et pourtant, Eleonara ne pouvait pas le suivre non plus. Il n'y avait pas de futur pour elle au Mikilldys. Pas pour une elfe. On y détestait son espèce tout autant qu'en Einhendrie, sinon plus. N'était-ce pas après l'Extinction justement que les Nordiques avaient réclamé leur dû aux Einhendriens pour avoir participé à la destruction de Hêtrefoux ? Les Mikilldiens avaient autant de sang elfique sur les mains que les Einhendriens ou les Opyriens. Qu'aurait-elle à espérer en se rendant là-bas ?

Il était temps de corriger l'erreur commise il y a longtemps et de revenir à Hêtrefoux, là où elle aurait dû naître, vivre et mourir.

Sgarlaad s'éclaircit la voix.

— Tu ne m'as pas dit où tu étais pendant tout ce temps. Tu ne l'as pas mentionné dans ton billet.

L'elfe déglutit et se prit d'intérêt pour son bol de purée.

— La mère de Monsieur Yousef ne t'a rien raconté ?

— Elle m'a dit être rentrée sans toi et que tu avais disparu. Où étais-tu ?

— Je t'en prie, ne te fâche pas.

Le feu crépita.

— Je ne me fâcherai pas. Je serai calme.

Eleonara repoussa la mèche rousse qui s'était à nouveau échappée de son chèche et serra les poings sur ses cuisses.

— Je suis allée voir les Mysticophiles. Voilà, c'est dit. Grâce à eux, j'ai pu passer une commande, enfin, c'est Sebasha qui l'a passée pour moi. Il y a une famille de marchands dans le quarter est, les Kermès, qui peuvent nous approvisionner en poix, en sacs de sable et en l'alliage que tu requières pour l'avant de ta lune-d'eau. (Elle lorgna vers lui, embarrassée.) En plus, c'était les soldes. Je pensais troquer notre achat contre des filets ou notre surplus de bois mais j'ai une meilleure idée. Nous n'avons qu'à offrir les armes des Religiats aux Kermès pour qu'ils les refondent. Comme ça, nous nous en serons débarrassés. D'une pierre deux coups. Les matériaux nous seront livrés séparément à la Chambre des aveugles pour ne pas attiser de soupçons. Dès que la commande sera arrivée, nous finirons ton bateau, ajouta-t-elle avec un sourire qui se voulait convaincant.

Les sourcils froncés, Sgarlaad se permit un instant pour absorber ses paroles et décoder sa propre pensée.

— Je n'approuve pas.

— Tu es fâché.

— Non, je ne suis pas fâché. Tu as pris des risques pour nous sortir de là ; c'était un effort courageux. Et fou. Et dangereux. Je n'approuve pas du tout.

— Pardonne-moi mais les mysticopolia sont la seule source d'informations fiable que j'ai rencontrée jusqu'à maintenant. J'ai été gardée dans l'ignorance si longtemps que... que je ne peux pas m'empêcher de respecter et d'admirer les Mysticophiles et leur métier. Il fallait agir et je n'ai pas eu de meilleure idée.

Sgarlaad mâchouilla sa purée de pois chiches et avala sans grande conviction. Un autre effet secondaire du cassage était la perte du goût.

— Je comprends cette sensation. Personne n'a pris la peine de m'expliquer en quoi consistait le cassage, exactement. (Il cligna des yeux et serra les lèvres comme pour empêcher une pensée de se dérober.) Et même aujourd'hui, je n'en sais pas plus. C'est... humiliant.

Il rouvrit les yeux.

— Ça ne change rien au fait que je n'approuve pas tes méthodes.

— Je suis toujours ouverte à m'améliorer. Tu sais, les matériaux étaient étonnamment faciles à se procurer, le paiement et la livraison mis à part. Comment ça se fait que tu ne les ais pas rassemblés plus tôt ?

Sgarlaad obstinément fixa le sol.

— Quand je t'ai retrouvé... tu avais abandonné, souffla Eleonara, écrasée par cette réalisation.

Il hocha la tête sans la regarder et se couvrit le visage avec une paume. Eleonara lui toucha l'épaule.

— Hé, il n'y a pas à avoir honte. Ça arrive d'avoir le moral dans les sandales. On a tous été triste.

Entre ses doigts crispés, il grimaçait, à croire qu'il essayait de pleurer sans parvenir à produire de larmes.

— Je suis fatigué... si fatigué.

C'était la voix de quelqu'un qui avait vécu trop longtemps, quelqu'un qui avait étalé son existence de façon à la rendre si fine, si faible. C'était la voix de quelque chose de beaucoup plus ancien qu'un jeune homme qui n'atteindrait pas ses trente ans avant plusieurs années. Eleonara ne sut pas quoi faire de ses bras, de ses mains, de ces membres en trop qui lui semblèrent soudain superflus, gauches et inutiles.

— Après les Mysticophiles, qu'as-tu fait ?

Il avait relevé la tête, impassible, son visage vidé de tout trace d'émotion.

— Je suis tombée sur Sebasha.

L'elfe s'arrêta. Si elle mentionnait Bezùkiel, elle devrait parler de la mission d'ambassadrice, de Hêtrefoux et de la correspondance elfique. Sebasha d'Éméride et Bezùkiel n'extériorisaient pas d'hostilité envers les elfes, mais Eleonara ne pouvait pas en exiger autant d'un ex-Sylvain.

— Et ?

— Sebasha est Mysticophile.

Eleonara montra ses dents, à la fois penaude et heureuse d'avoir pu se reprendre. Elle s'attendait à un « non » éberlué ; elle n'eut droit qu'à un « oui » blasé.

— Tu savais ?

— Je m'en doutais. Tu te souviens de la charte couverte de poils dans les catacombes du Don'hill ? Ce n'était pas uniquement pour la récupérer que j'ai intégré cet ordre. Je devais entrer en contact avec un ambassadeur opyrien. Pour une telle fonction, les Opyriens n'auraient jamais envoyé un simplet ; ils ont expédié une espionne. Il n'y a pas de meilleurs espions que les Chercheurs de Secrets. Nous avions quelques accords à discuter et devions nous mettre à jour quant à la situation de nos terres respectives. Le Mikilldys a faim ; sa terre a perdu sa fertilité. Le fait que des caboteurs opyriens montent maintenant jusqu'au Nord est le résultat de l'accord contracté par Sebasha, Agnïnwur et moi-même. Mon pays échange ses ressources contre de la nourriture opyrienne. Je ne suis peut-être pas Mysticophile, mais on pourrait dire que j'étais une espèce d'espion, moi aussi. Un espion défectueux. Je ne sais pas ce que ça vaut, ni ce que tu penses de Sebasha d'Éméride mais... fais attention.

Eleonara tiqua. Ce n'était pas le premier à la mettre en garde. Monsieur Djimbi, le nomade, avait aussi été de cet avis.

— Tu penses que je devrais me méfier d'elle.

— Je ne dis pas qu'elle soit indigne de confiance. Elle a une perspective du monde... différente. Les Mysticophiles travaillent pour le bien commun, le maintien du patrimoine et la préservation du savoir. S'ils cherchent à maintenir la paix, c'est parce que la guerre freine le développement culturel et technologique. En soi, ça n'a rien de mal. Mais au nom de cette cause, ils seraient capables de sacrifier des choses qui pour nous seraient inimaginables. Ils ne cherchent pas à se satisfaire eux-mêmes en tant qu'individus, ni même leur communauté, mais l'humanité, passée, actuelle et future. Ils pèsent ce qui est mieux et font des compromis. Je ne dis pas qu'ils sont dépourvus de morale, seulement que tu ne peux pas t'attendre à ce qu'ils partagent tes principes. Je ne veux pas que Sebasha t'utilise pour l'intérêt général à ton détriment. Tu comprends ?

Cette révélation secouait Eleonara bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle appréciait Sebasha. L'Opyrienne connaissait ses oreilles effilées et l'avait traitée en tant qu'égale. Elle voulait l'apprécier et, en retour, obtenir une vraie amitié pour une fois. N'en avait-elle pas le droit ?

— Je... je comprends. Je ferai attention. (Elle se tut, puis rajouta après un battement :) Merci.

Sgarlaad déposa son bol devant lui et fit retomber ses épaules.

— J'aimerais te dire que je m'inquiète pour rien mais je n'aime pas mentir.

Quand il la fixait comme ça, avec ses pupilles mélancoliques emplies de souci, Eleonara voulait croire à l'impossible. Elle contracta ses poings. Elle devait se souvenir qu'il ne savait pas. Il ne savait pas qui elle était.

— Je peux le nier autant que je le veux, je vois une grande plausibilité dans tes avertissements. (Elle se pinça la peau des avant-bras.) Un alchimiste du nom de Hémon Amazzard a mené des expériences sur moi pendant mon enfance. Il m'a fait enfermer dans le cellier d'une taverne et m'a livré à des maîtres affreux. Depuis, il n'a fait que me jouer des tours et me poursuivre. Je viens d'apprendre qu'il est ici, à Arènes, et que son logement jouxte celui de Sebasha. Un passage dissimulé par un meuble les relie. Je ne sais pas quoi en penser.

— Connaît-elle cet homme ?

— Seulement de vue, apparemment

— Bronwen. Nous parlons d'une Mysticophile. Elle a accès à toutes les rumeurs courant sur les langues humaines mais prétend ne rien savoir à propos du voisin qui pourrait avoir percé ce trou dans son mur lui-même ?

L'elfe plongea son visage entre ses mains. Le Nordique la saisit par les épaules et la réorienta de façon à ce qu'elle le vît lui et uniquement lui.

— Tu ne voulais pas le croire, n'est-ce pas ?

La gorge nouée et douloureuse, Eleonara secoua la tête. Elle avait du mal à respirer. Elle sentait un sanglot arriver et ne voulait en aucun cas le laisser s'exprimer. Ça n'allait donc jamais changer ? Mendier l'amitié d'autrui, la goûter, puis réaliser que ce n'était une farce, un nuage qui se dissipait. Sebasha et l'alchimiste. Ne plus y penser. Ne plus y penser.

Sgarlaad l'entoura gentiment de ses bras ; la tempe d'Eleonara se pressa contre sa clavicule.

— Sebasha sait-elle que nous nous cachons ici ?

L'elfe eut encore plus envie de pleurer.

— Oui et c'est entièrement de ma faute...

— Ça ne fait rien. Si elle ne nous a toujours pas dénoncés, cela signifie que notre condamnation n'est pas dans son intérêt. Si les matériaux arrivent rapidement, nous finirons la lune-d'eau à temps. Nous avons survécu au contrôle des Religiats ; nous sommes trop rationnels pour abandonner maintenant.

Les yeux en demi-lune, Eleonara s'était laissée bercer par les battements réguliers qui frappaient contre son oreille. À ces derniers mots pourtant, elle cligna des yeux. L'intonation dans la voix de Sgarlaad s'était altérée. Comme s'il puisait dans une nouvelle source d'énergie. Elle se serra plus fort contre lui, au cas-où il aurait la mauvaise idée de vouloir rompre l'étreinte trop tôt.

Elle devait le faire parler. Oui, parler distrayait les humains.

— Qu'est-il arrivé à la charte poilue ?

Sgarlaad soupira, ce qui fit monter et descendre son torse – accompagné de la tête d'Eleonara.

— La dernière fois que je l'ai vue, elle montait sur Le Mizmar avec Agnïnwur. Si son voyage s'est bien passé, il a réussi à retrouver son père et ses sœurs au Nord et la charte reposera entre les bonnes mains.

En levant la tête, Eleonara lut ses sourcils clairs abaissés, ses joues trouées et sa barbiche drue qui tirait vers le bas. Sa face était pareille à une lune dorée et allongée, entourée de longs cheveux d'ivoire.

— Pourquoi cette charte est-elle aussi importante pour le Mikilldys ?

— C'est un document très ancien, un contrat signé par treize clans mikilldiens avant la bataille de Glingen, le combat où notre terre est passée sous le joug de l'Einhendrie. Cette charte – la charte de Glingen – est la raison pour laquelle j'ai quitté mon pays pour l'Einhendrie. Elle contient la localisation exacte d'une mine de fer que mes ancêtres ont cachée aux Einhendriens et même à leurs descendants. Ils s'étaient jurés que la mine ne tomberait jamais en mains einhendriennes. Quelques siècles ont suffi pour que la dernière mine devienne légende. Il y a une quinzaine d'années toutefois, un vieillard a révélé que la charte existait réellement. Sa famille s'était chargée de se transmettre un secret : que le document avait été conservé au Don'hill depuis la défaite du Mikilldys. Cette mission m'a fait ce que je suis ; elle est ce que je suis devenu. S'il est arrivé malheur à Agnïnwur et à cette charte... ma vie n'aura eu aucun sens.

« Nom d'un Religiat éméché, je ne m'attendais pas à un aveu, s'hébéta l'elfe, le nez écrasé contre le bras de Sgarlaad. Je n'ai jamais apprécié le contact physique mais les effets des accolades méritent d'être explorées, décidément. »

Elle lui lança un regard inquisiteur. Douces et froides, les lentilles immaculées du Nordique balayèrent Eleonara presque avec paresse.

— J'ai tracé un trait sur ma vie le jour où je me suis imposé de retrouver la charte. J'avais quinze ans lorsque j'ai quitté mon village, laissant tout derrière moi : la pêche, ma famille, mon ex-fiancée. J'ai grandi en voyant des cavaliers einhendriens traverser ma colonie et en me demandant ce qui les rendait supérieurs à nous. Était-ce qu'ils possédaient des chevaux alors que moi, je n'avais que mes pieds pour me porter ? Errmund avait raison de me reprocher ma jalousie. Je n'avais pas que mes pieds ; j'avais le bateau de mon grand-père ; les yacks de mes voisins et plus encore. Mais Errmund avait tort, aussi. Si j'ai délaissé mes proches, c'était pour leur sécurité.

— Tu es triste, constata Eleonara.

Il ne répondit pas de suite. Il la sonda, la frigorifia.

— Je ne peux pas te décrire mes états d'âme ; j'ai moi-même de la peine à les cerner. Je suis un gros bloc de glace.

Détectant une note espiègle dans sa dernière phrase, l'elfe appuya son index dans son épaule, pas tant pour le repousser que pour le taquiner. Il rit. C'était un instant simple, si simple, et pourtant mémorable. Ils se tenaient si près, échangeant leurs auras et leur chaleur corporelle. Vivre valait la peine, rien que pour revivre ce moment qui se changerait en souvenir. Rien que par sa présence, Sgarlaad la rassurait ; l'elfe espérait que l'effet était réciproque.

— Promets-moi de ne jamais faire de bêtise, lui dit-elle.

Les yeux du Mikilldien clignèrent à répétition.

— Une bêtise ?

— Te faire du mal. Promets-moi que si un jour tu l'envisages, tu me le diras, d'accord ?

Quand elle leva les yeux, son front frôla la barbiche claire de Sgarlaad. Il pressa ses lèvres fines.

— Oh.

Il n'y avait pas une pointe d'ironie ou de sarcasme dans sa voix. Le Mikilldien cilla comme pour empêcher ses paupières de se fermer contre son gré. Les flammes, ces voiles dansants, teintaient l'écran blanc de ses vêtements, créant l'illusion d'un sang vif pleurant sur lui.

— Bronwen.

Eleonara dut se détourner ; le nœud dans sa gorge était revenu pour l'étrangler. Ses paupières, quant à elles, chauffaient, à croire qu'elle y pressait des braises.

— Les Mysticophiles m'ont dit que les cassés finissent par s'ôter la vie.

Sgarlaad posa les mains à terre, s'y raccrochant comme si une force invisible voulait l'emmener contre son gré.

— À un stade avancé, les personnes dans ma condition, parfois... (Il s'arrêta pour clore les paupières et contracter ses doigts.) Les personnes dans ma condition ne ressentent plus rien. La vie, la joie et le chagrin leur coule dessus comme de l'eau sur un galet. Ça les use. Les délices perdent leur goût et finalement, ils ne font qu'espérer la fin. Ce n'est pas mon cas. J'ai un but à accomplir. Je ne lâcherai pas.

Ses pupilles pâles se braquèrent sur les siennes. Eleonara crut y déceler un éclair de vie, de rage, d'obsession.

— J'ai une lune-d'eau à finir et un voyage à garantir. Dans ma cage à furie habite encore un souffle ; pour autant que je respire, je vis. Mourir attendra autant qu'il faudra. Ne te tracasse pas pour ce qui n'est pas arrivé, Bronwen. Tu veux ma parole ? Je te la donne sans hésitation.

Ses phrases s'allongeaient entre ses cordes vocales et bourdonnaient quand elles heurtaient des notes les plus graves. Les Einhendriens l'avaient traité de Barbare et de rustre, mais quand il s'exprimait dans son idiome, ses mots étaient des cristaux de clarté, encouragés du bout de la langue et délivrés par ses lèvres comme un baiser. L'elfe ne daignait pas le regarder par crainte de craquer. L'organe de son courage et de son ardeur se comprima. Elle aurait pu écouter cette voix des heures durant mais c'était justement ça qui lui faisait si mal au cœur : l'idée que cette voix pût un jour se taire.

 

Le temps fila et l'elfe coula dans une mer sombre. Tout autour d'elle se déroulait au ralenti, tandis qu'à la surface, Arènes s'activait.

Sgarlaad sauça son bol ; Eleonara regarda. Sgarlaad fit la vaisselle dans un seau ; Eleonara regarda. Sgarlaad tissa un filet et la motiva à fabriquer une seconde paire de rames à l'image des siennes ; l'elfe s'y mit, ses mains travaillèrent et elle ne fit que regarder, son ouïe ivre de bruits aquatiques et sourds semblables aux grommellements des fonds marins, manifestations de son intérieur gelé.

Quand elle eut terminé, elle baissa la tête et caressa ses créations, ses nouvelles rames, râpeuses car il leur manquait un ponçage et légèrement courbes parce qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'elle faisait.

— C'est donc à cause de ton cassage que tes cheveux et tes yeux ont blanchi ? demanda-t-elle à Sgarlaad, qui ponçait sa propre paire de rames.

Avec peine, l'elfe vit ses craintes se réaliser. Les traits du Nordique se détendirent. Ses pupilles devinrent aussi troubles que l'eau de la Source, glissant sur son visage tels des fantômes avant de se percher dans la distance du néant. Aucune réponse n'émana de cet être devenu non-être.

Eleonara ne s'en étonna pas ; elle avait pressenti cette réaction ou plutôt, ce manque de réaction, car ce n'était pas la première fois. Peu après leurs retrouvailles, elle avait voulu savoir si Sgarlaad était souffrant et là aussi, il s'était dissipé. Quand sa rêverie éveillée avait éclaté comme une bulle un peu plus tard, il ne se souvenait plus de la question. Oubliait-il ses propres secrets ? Ou alors, les reniait-il ? Mystère. Un mystère qu'Eleonara voulait percer sans savoir comment.

L'elfe choisit de reprendre son interrogatoire. Pourquoi avait-il choisi le chemin de la Sylvanie ? Que fabriquaient exactement les Sylvains, à Hêtrefoux ? Comment les Einhendriens l'avaient-ils cassé ? Que lui avaient-ils fait, exactement ? L'avait-on claquemuré dans une salle, tel que prétendaient les Mysticophiles ? Que pouvait-il lui dire sur les elfes ? À quoi ressemblaient-ils ? En avait-il déjà tué et si oui, combien ?

À chaque question-flèche, l'attention de Sgarlaad s'amenuisait, mourait et réémergeait avec la lueur fade dans son regard. Désorienté, il scrutait alors ses alentours et s'ahurissait en reconnaissant Eleonara. Au fil de la canonnade interrogative, son affliction grandit et s'aggrava. Une goutte de sueur vint à naître sur son front.

— Bronwen, l'arrêta-t-il soudain, je ne te saisis pas bien. Ma tête tourne. Je vais me reposer.

Elle approuva d'un battement de cils ; il quitta l'entrepôt.

C'était clair : l'esprit de Sgarlaad s'enfuyait à la prononciation de certains termes tels que les elfes, la Sylvanie et le fait d'être cassé. Elle s'en voulait terriblement de lui avoir infligé cet interrogatoire. Les sujets tabous étaient repoussés par son esprit, sa mémoire, sa conscience même. Mécanisme de défense, déni, malédiction ou légendaire silence des Sylvains ?

Monsieur Yousef avait parlé d'une maladie de l'esprit ou des esprits. Ce n'était pas bon signe. Sgarlaad pouvait se déclarer non prêt à mourir, il ne savait ni quand son heure serait due, ni quel trépas l'emporterait. S'il s'agissait d'un mal de l'âme, il affectait indirectement le corps entier. Ce n'était pas là cependant que résidaient les plus néfastes dégâts. Ses sens s'émoussaient, sa lucidité faiblissait ; que restait-il de ses émotions ? Se convertirait-il bientôt en un corps respirant mais au cerveau, au cœur et au ventre endormis ? Se lèverait-il encore alors ? Parlerait-il ?

L'elfe quitta l'entrepôt. Sgarlaad s'était retiré, comme à son habitude quand il allait se coucher, dans une des quatre ouvertures découpées en hauteur dans les murs. L'intimité de celle qu'il privilégiait était assurée par un rideau de lin qu'il avait installé lui-même.

Eleonara déroula sa natte dans son propre abri, la découpure voisine. Elle étendit ses jambes avec un soupir. Une saveur au fond de sa bouche lui remémorait le sang épaissi, la résine d'arbre et les coulées de boue succédant les inondations.

Les humains la pourchassaient. Du sort de Melvine et d'Agnan, elle ne savait rien. Sgarlaad souffrait d'une maladie incurable. L'alchimiste était à Arènes. Sebasha et Bezùkiel attendaient sa réponse. Elle était couverte des boutons de la culpabilité. Quant à la Dame, son souvenir lui semblait toujours plus translucide.

Le monde dégringolait, mais ils avaient une chance de s'enfuir avant la chute de pierres. Dès l'arrivée de ses commandes, elle ne dormirait pas jusqu'à ce que la barque flottât. Alors, d'une façon ou d'une autre, ils prendraient le large. Pour le Nord, pour Hêtrefoux, elle ne le savait pas encore, mais ce serait Sgarlaad et elle.

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Aliceetlescrayons
Posté le 31/07/2021
Rhalala! Mais j'ai pas envie que Sebasha soit une traitresse, moi! Ceci dit, les arguments de Sgarlaad se tiennent, malheureusement : difficile de croire qu'une personne aussi bien informée qu'elle ignore totalement l'identité de l'alchimiste :/
Mis à part ça, mon petit coeur palpite d'émotions, comme à chaque fois qu'Elé et Sgarlaad se rapprochent. C'est super angoissant, cette histoire de cassage... :/
Et cette dernière phrase! Géniale!
"Pour le Nord, pour Hêtrefoux, elle ne le savait pas encore, mais ce serait Sgarlaad et elle." :')
Alice
Jowie
Posté le 03/08/2021
On ne change pas Eleonara: elle a toujours une raison pour se méfier de tout !
Désolée pour te donner autant d'angoisse xD Mais je suis super contente que tu vives autant d'émotions à travers mon histoire, c'est un immense compliment pour moi ! SI tu savais comme j'étais frustrée pendant le tome 1: je devais le recorriger tellement de fois alors que tout ce que je voulais, c'était arriver à ces scènes de rapprochement du tome 2 hahaha. Maintenant que c'est fait, je pense à celles du tome 3 héhé !
Isapass
Posté le 19/07/2020
Magnifique chapitre ! Comme tous ceux qui mettent en scène Elé et Sgarlaad et l'étrange intimité qui s'est créée entre eux, à la fois fraternelle et amoureuse (du point de vue de Elé, en tout cas). Les rôles s'inversent petit à petit : Elé devient la protectrice alors que précédemment, elle avait plutôt envie de s'en remettre à lui. Je ne suis pas sûre que Sgarlaad la voit comme une protectrice mais c'est en tout cas le rôle qu'elle endosse.
Les quelques aveux de Sgarlaad sur sa vie, ses motivations, sont magnifiques. Je pense que c'est exarcerbé par le fait qu'il est très secret et qu'au bout de presque 2 tomes, on ne sait que très peu de choses sur lui, tout en sentant qu'il y a beaucoup de mystères. Mais la scène (Elé appuyée sur son épaule) donne l'impression que les deux personnages lâchent prise sous l'effet de la confiance qu'ils se portent. Or, les connaissant l'un et l'autre, ça semble être le summum de l'intimité. Quoi qu'il en soit, j'ai eu des frissons pendant tout le chapitre. A cause de cette intimité, justement, du calme et de la douceur de la scène, mais aussi de sa mélancolie puisque tu fais tout ou presque pour montrer que Sgarlaad décline et qu'il semble incurable (mais nooooooooon ! ne tue pas Sgarlaad, hein !! ♥)
Je suis aussi naïve que Elé, apparemment : moi non plus je n'ai pas voulu croire que Sebasha mentait à propos de l'Alchimiste. Pourtant, comme le dit Sgarlaad, ça parait incroyable qu'elle ne sache rien de lui alors qu'il y a un passage entre leurs deux appartements ! Et qu'elle est mysticophile.
Pour une fois, je ne dis pas vivement la suite puisqu'elle est déjà là, mais je m'y précipite !

Détails :
"Cette déclaration apais Eleonara." : apaisa
"Pour les distraire, nous leur avons exigé de nous rendre leurs armes car ils foulaient un territoire sacré." : nous avons exigé qu'ils nous rendent leurs armes
"La réputation du Bimaristan n'a jamais été aussi compromise et aujourd'hui a bien failli virer au cauchemar." : je mettrais plutôt "et aujourd'hui, elle a bien failli virer"
"Surtout si c'est par-là que nous nous échapperons." : problème de concordance. "Surtout si c'est par là que nous devons/allons nous échapper" si tu veux garder la notion de futur, ou "que nous nous échappons" ?
"L'émir avait été clair : elle n'avait le droit d'emporter un compagnon dans sa mission," : elle n'avait pas le droit
"Sgarlaad ne demandait que de rejoindre Agnan dans le lointain et vaporeux Nord." : "ne demandait qu'à rejoindre" ou "ne souhaitait que rejoindre" ou "souhaitait seulement rejoindre"
" Il ne pouvait pas le laisser entreprendre un tel périple seul." : je ne comprends pas à qui fait référence le premier "il"
"Personne n'a pensé m'expliquer en quoi consistait le cassage, exactement." : pas convaincu par "pensé m'expliquer". Si je comprends bien l'idée, je dirais "personne n'a pris la peine de m'expliquer"
"— Hé, il n'y a pas à avoir honte. Ça arrive d'avoir le moral dans les sandales. On a tous été triste. C'est en ordre." : qu'est-ce que tu veux dire par ce "c'est en ordre" ? Ce n'est pas très clair. Est-ce qu'Elé veut dire "Maintenant c'est réparé" ou "C'est dans l'ordre des choses" ?
"— Je peux le nier autant que je le veux, je vois une grande plausibilité dans tes avertissements." : est-ce que d'habitude, Elé ne vouvoie pas Sgarlaad ? Ou bien ça a changé depuis qu'ils se sont retrouvés ?
"Si les matériaux arrivent rapidement, nous finiront la lune-d'eau à temps." : nous finirons
"Il y a une vingtaine d'années toutefois, un vieillard a révélé que la charte existait réellement et que sa famille s'était chargée de se transmettre le secret que le document avait été conservé au Don'hill depuis la défaite du Mikilldys." : pas d'erreurs grammaticales, mais je trouve la phrase un peu longue et complexe. Peut-être gagnerait elle en clarté et en musicalité si elle était coupée ?
"il valait la peine de vivre, rien que pour revivre ce moment qui se changerait en souvenir." : il manque la majuscule + à quoi ou à qui fait référence le premier "il" ? A l'instant ? A Sgarlaad ? Remarque, ce flou peut être intéressant, justement parce que c'est une scène très particulière... Mais en ce qui me concerne, il m'a quand même sortie de l'histoire (ce qui est dommage parce que la scène m'a donné des frissons)
"— Promets-moi de ne jamais faire de bêtise." : qui parle ? Il m'a fallu plusieurs répliques pour comprendre que c'était Elé, car on pourrait imaginer Sgarlaad lui dire ça aussi, surtout après sa désapprobation par rapport à ses visites aux mysticophiles.
"Promets-moi que si un jour tu le contemples, tu me le diras, d'accord ?" : l'usage de "contemples" dans ce sens me paraît inexact. Je propose "que si tu l'envisages"
"— J'ai une lune-d'eau à finir et un voyage à garantir." : je pense que "un voyage à assurer" serait un peu plus parlant (mais garantir convient aussi)
"Si Sgarlaad oubliait ou reniait ses propres secrets demeurait un mystère." : il y a un problème dans cette phrase. Il doit manquer un mot, non ? Ou au moins une virgule ?
"Elle s'en voulait terriblement de lui avoir passé cette entrevue." : pas convaincue par la fin de la phrase. Je dirais au moins "de lui avoir fait passer cette entrevue" ou mieux "de lui avoir infligé cette entrevue". Et je ne trouve pas non plus "entrevue" idéal. "entretien" ? ou carrément "de l'avoir ainsi passé à la question" (l'expression est une façon détournée de dire "torturer". Un interrogatoire musclé, quoi)
"pas plus que quel trépas l'emporterait" : pas très joli. "et pas non plus quel trépas l'emporterait" ? "ni quel trépas l'emporterait" ?
"Ce n'étaient pas là cependant que résidaient les plus néfastes dégâts." : Ce n'était pas là
"Ses sens s'émoussaient, sa lucidité faiblissait ; que demeurait-il de ses émotions ?" : j'ai un doute sur la transitivité de "demeurer", je ne suis pas sûre qu'il admette un complément d'objet indirect. Dans le doute, tu pourrais remplacer par "rester" (mais j'ai peut-être tort, même si ça me fait drôle, à l'oreille).
A tout de suite ;)
Jowie
Posté le 23/07/2020
Oh Isa, tes commentaires sont toujours si épiques, ils me remontent tout le temps le moral !
(par contre aïe aïe aïe pour les pinaillages, j'ai fait plein d'erreurs bêtes, c'est comme si je devenais aveugle en me relisant!)
Je suis vraiment contente que ce chapitre t'ait plu et t'ait même donné des frissons, wouah <3 ! J'ai beaucoup réfléchi à comment faire évoluer la relation de Elé et de Sgarlaad de manière naturelle, tout en considérant leurs passés et leurs personnalités. Pas facile, surtout que ça avance à un rythme d'escargot, mais tant mieux si ça a marché !
C'est vrai qu'on en sait peu sur Sgarlaad, mais ce gars est un paquet de spoilers à lui tout seul xD Je dois le déballer tooout gentiment. Evidemment, je ne peux pas te promettre de tuer Sgarlaad et je ne peux rien dévoiler sur Sebasha pour l'instant mais tu le découvriras par toi-même très bientôt !

Pour répondre à ta question: Oui, Eleonara tutoie Sgarlaad, mais elle ne le fait qu'à partir d'un certain chapitre où il l'encourage à le faire. Je ferai bien attention lors de ma rererelecture de m'assurer que je n'ai pas glissé un vous de trop par contre ;)

Merci pour tes remarques !
Oh Isa, tes commentaires sont toujours si épiques, ils me remontent tout le temps le moral !
(par contre aïe aïe aïe pour les pinaillages, j'ai fait plein d'erreurs bêtes, c'est comme si je devenais aveugle en me relisant!)
Je suis vraiment contente que ce chapitre t'ait plu et t'ait même donné des frissons, wouah <3 ! J'ai beaucoup réfléchi à comment faire évoluer la relation de Elé et de Sgarlaad de manière naturelle, tout en considérant leurs passés et leurs personnalités. Pas facile, surtout que ça avance à un rythme d'escargot, mais tant mieux si ça a marché !
C'est vrai qu'on en sait peu sur Sgarlaad, mais ce gars est un paquet de spoilers à lui tout seul xD Je dois le déballer tooout gentiment. Evidemment, je ne peux pas te promettre de ne pas tuer Sgarlaad (:D) et je ne peux rien dévoiler sur Sebasha pour l'instant mais tu le découvriras par toi-même très bientôt !

Pour répondre à ta question: Oui, Eleonara tutoie Sgarlaad, mais elle ne le fait qu'à partir d'un certain chapitre où il l'encourage à le faire. Je ferai bien attention lors de ma rererelecture de m'assurer que je n'ai pas glissé un vous de trop par contre ;)

Merci pour tes remarques !

Je vais répondre à tes deux autres commentaires (tu m'as gâtée, là :D)
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