24- Piégés

Par Taranee

    J'observe le tunnel devant lequel nous venons d'arriver, sceptique. Le sentier s'enfonçe dans la montagne par un passage très sombre. C'est ce passage que nous nous apprêtons à prendre. Je me retourne et je jette un grand-ma un regard implorant :

- Voyons Liam... Ne me dit pas que tu as peur du noir mon garçon !

- Pas quand je suis dans le monde normal ! Sauf que là, on est pas dans le monde normal !

- Les ténèbres sur terres sont les mêmes qu'ici. De toute façon on a pas le choix si on veut continuer la route.

- Oh j'ai une super idée ! Et si on faisait demi-tour ?!

- NON ! me répondent-ils tous en coeur.

Je prends un air piteux. Hyju me pousse de forçe dans le tunnel :

- Mais qu'est-ce que tu fais ?! je m'écrie.

- Bon, ça suffit Liam ! C'est idiot d'avoir peur d'un simple tunnel après tout ce qu'on a traversé !

- Justement ! Après ce qu'on vient de vivre, on devrait se méfier du moindre grain de sable ! Alors un tunnel aussi sombre ne peut que nous attirer des ennuis !

- Qu'est-ce que tu peux être fatiguant ! T'es vraiment peureux !

Sa remarque me vexe. Moi ? Peureux ? Je préfère juste prendre des précautions ! Oh et puis zut ! Après tout, si Hyju veut courir vers la mort, je vais pas l'en empêcher ! Je me résigne donc à suivre la troupe d'un pas trainant. On est dans le noir complet. Après m'être cogné pour la dixième fois au moins, je m'énerve et je demande pourquoi on allume pas une lampe. Grand-ma me répond qu'une simple lampe ne peut pas percer une obscurité pareille. Je soupire et reprends mon chemin. Je ne vois strictement rien et ça m'est très désagréable. Mais j'aperçois finalement un rai de lumière au loin. La sortie ! Plus soulagé qu'heureux, je me précipite vers le rayon de lumière, les autres derrière moi. Mais à quelques mètres de la sortie, je m'arrête. Je me retourne vers l'endroit où semblent se trouver mes compagnons :

- Il y a des Duhéëra dehors.

Ils n'ont pas le temps de répondre qu'un cri retentit, un mélange entre un grincement de porte et un bébé qui pleure. Je me bouche les oreilles. A ce moment, qu'elle que chose me saisit et commence à me soulever. Je me débats, je gesticule, je donne des coups à tatons et je finis par toucher ma cible qui me lâche. Je retombe lourdement au sol et jecrie à l'adresse des autres :

- Sortons ! On se défendra mieux !

    Je me précipite vers la sortie. Au moment où je l'atteins, quelque chose se pose devant. Je recule mais je me cogne contre un mur. Un mur ? Non. Je suis encerclé. De nouveau, on m'empoigne. Mais cette fois-ci, mon assaillant prend soin de me bloquer les bras. Il se dirige vers la sortie et nous retrouvons la lumière du jour. Je peux enfin voir qui nous attaque. Ça ressemble à des ptérodactyles géants. Mais ils ont trois yeux et deux paires d'ailes. Je n'ai pas de liberté au niveau de mes bras mais j'arrive à me libérer de l'emprise du Duhéëra en donnant un coup de pied. Il me lâche brusquement. Au dernier moment, je m'accroche à un rocher qui dépasse de la montagne. Je trouve des prises pour les pieds et je désescalade le plus rapidement possible. En bas, je retrouve Jhon, aux prises avec un autre ptérodactyle. Bientôt, Erwan, Grand-ma et Hyju sortent de la grotte. Hyju a déchiré un pan de sa robe pour se fair un bandage. Grand-ma, malgré son âge avancé, se bat avec panache.

    Pris dans mes pensées, je n'entends pas la créature arriver. Elle me soulève et metient avec tellement de froce que je ne peux pas bouger. Elle me lâche dans une cage de bois. J'ai perdu mon sac de voyage pendant le combat mais il me reste mon sabre. Je le sors et je tente de scier les barreaux de la geôle. Peine perdue. Bientôt, mes compagnons me rejoignent. Hyju a les joues rouges. Ses yeux de saphir brillent ardamment, sa chevelure est en bataille. C'est le moment. J'aurais plus jamais le courage de faire ça.

- Hyju. Je t'aime.

- Mais c'est pas du tout le moment de me dire ça ! T'as pas trouvé mieux ?! Là on devrait plutôt essayer de s'échapper tu vois ?

Je m'attendais à ce qu'elle me dise que ce n'était pas le moment mais me rembarrer comme ça, aussi violement... En même temps elle a pas tort... Il n'y a pas pire moment pour déclarer sa flamme. Les Duhéëra s'envole. Quand la cage décole, nous sommes secoués de tous les côtés mais nous finissons par nous stabiliser. Jhon me rejoint. Il a l'air à la fois soucieux et sur le point d'éclater de rire. Il me dit :

- Non mais sérieux Liam ! T'es le roi des boulets ! Déclarer sa flamme à un moment pareil...

- Jhon. J'ai jamais eu de petite amie. Je suis hyper timide sur ce sujet. Alors tu devrais applaudir cet acte de courage car ça ne se reproduira plus jamais.

Nous nous jettons un regard, nous commençons à sourire puis nous ne pouvons plus nous retenir. Nous nous mettons à rire aux éclats. Les autres nous réprimandent, nous faisant comprendre que ce n'est pas un moment pour rire mais nous ne pouvons pas nous arrêter. Finalement, nous parvenons à nous calmer. Je demande :

- Ou est-ce qu'ils nous emmènent ?

- Je sais pas moi ! Demande leur à eux ! me répond Hyju.

C'est ce que je fais. Et je suis royalement ignoré. La nuit finit par tomber et nous volons toujours. Un Duhéëra nous apporte de quoi nous nourrir :

- Qui êtes-vous?! je m'exclame.

Il pose la nourriture et me répond :

- Tu n'es pas en position de poser des questions. Petit humain. Dors tant qu'il est encore temps car nous arrivons tôt demain.

- Où va-t-on ? Pourquoi nous avoir faits prisonniers ?!

- Nous n'avons besoin que de toi, petit humain. Mais les autres osn dangereux aussi.

- Attendez attendez. Dangereux ?! Vous vous fichez de moi ! C'est nous qui nous sommes fait attquer par tout et n'importe quoi depuis qu'on est là !!

Le Duhéëra me lançe un regard de travers et s'éloigne de la câge. Jhon s'exclame :

- Tu sais parler le monstre toi ?

- Hein ?!

- Ben oui ! Tu faisais des bruits bizarres et pas toujours élégants et tu semblais en grande conversation avec l'espèce de dinosaure là !

Quand j'y repense, je me rends compte qu'il a raison. Impressioné par ce dont, je commence à dire quelques phrases du style : Bonjour, je m'appelle Liam Pollock et je viens de la terre. Grand-ma intervient :

- Ta mère avait quelques rudiment en langage Duhéëra... T'aurait-elle appris ce qu'elle savait ?

Puis je me souviens de comment j'ai appris ça :

- Quand j'ai découvert son carnet de voyage, il y avait quelques pages sur cette langue. Elle y consignait des mots et leur définition. J'ai lu et retenu. Je pense que ça m'avait marqué. Et parfois, je l'entendais parler cette langue quand elle cuisinait...

- Je vois... Tu as appris tout seul... C'est pour ça que ta prononciation n'est pas parfaite et que tu as quelques hésitations... Mais dans l'ensemble tu sembles avoir bien appris la langue... J'ai entendu dire que certains chasseurs de monstres avaient certaines facilités dans quelques domaines... Peut-être est-ce ton cas...

- Maman était bien mystérieuse... Combien de choses nous a-t-elle caché ?

- Liam. Tu ne dois pas lui en vouloir mon petit. Vous parler de ça aurait été dangereux...

Je ne réponds pas. Le regard dans le vague, je me remémore toutes ces fois où maman faisait des choses étranges. Comment n'ai-je pas remarqué que quelque chose clochait ? Je soupire. Je suis perdu. En colère. Je ne sais plus quoi penser. Je me demande ce qu'il se passe sur terre... Si quelqu'un a signalé notre disparition... Puis je repense à quelque chose d'étrange. Je viens m'assoir à côté de grand-ma :

- Grand-ma... Les villageois... Ils sont au courant de quelque chose ?

- Tu as l'esprit vif... Effectivement. Après la guerre qui a opposé les humains et les monstres, beaucoup de gens sont sortis traumatisés. Ils ont renié leurs souvenirs et les Duhéëra sont devenus une légende. Mais notre village, lui, est spécial. C'est dans ce village que tout a débuté. Les habitants étaient très supersticieux. Ils n'ont jamais oublié. Une trace de magie est restée dans cet endroit. A ton arrivée, les villageois te jettaient des regards étranges... C'est parce qu'ils sentaient que tu avais un lien avec les Duhéëra... Que tu leur apporteraus des ennuis...

- C'est sympa comme accueil.

- Quand tu as vu autant d'atrocités, que les histoires se sont transmises de génération en générations, tu ne peux pas t'empêcher d'être méfiant.

- Oui. Sûrement.

Nous retombons dans le silence. Je vais me coller aux barreaux de la cage. Demain, quelque chose m'attends. C'est sur cette pensée que je m'endors.

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