23. Domyrade

Par Hinata

Tout en marmonnant les paroles d’une comptine, Domyrade plumait efficacement la volaille qu’ils avaient capturée. Ses gestes mécaniques lui rappelaient les années où elle avait travaillé avec les enfants du boucher. Si on lui avait dit un jour qu’elle préparerait et mangerait quelque chose qu’elle avait elle-même attrapé… Cette fierté avait bon goût, même si la viande, elle, était sèche et plutôt fade.

Heureusement, cette caille déplumée était sûrement la dernière qu’ils mangeraient. Pour le prochain ravitaillement, Atkos se chargerait de tirer à l’arc des oies sauvages, bien plus grasses et tendres que ces maigres poules qu’ils mâchouillaient à chaque repas depuis plusieurs jours. Mais même ça, c’était toujours mieux que la viande salée des premiers temps de ce voyage, avant leur rencontre avec le clan du Naja.  

Comme cela semblait loin, tout cela, lorsque Domyrade ne connaissait ni Atkos, ni Fenore, ni les hybrides. Elle marchait seule avec Beherzt et Nesli, dans la Plaine qu’elle découvrait pour la première fois. Et avant, ils traversaient Auël ensemble, après s’être rencontrés à la Vallée du Juge. En remontant plus loin, elle se voyait suivre Beherzt et Nesli en cachette, marchant dans les fourrés et se cachant derrière les arbres. Il n’y avait même que Beherzt au début, pendant longtemps à vrai dire. Elle l’avait repéré à Zandiar, près de la grande porte du rempart. Et plus tôt encore, c’était le départ de la maison, les derniers moments de sa mère.

Domyrade songea, avec un détachement qui l’étonna, à la solitude qui l’avait emprisonnée pendant si longtemps. A partir du moment où sa mère était tombée malade, elle n’avait plus eu l’occasion de passer du temps avec les gens de son âge. Ni avec qui que ce soit, d’ailleurs. Elle devait travailler, cuisiner, laver, veiller sur sa mère, lui parler, l’aider à manger. Plusieurs fois, sa mère avait voulu quitter son lit pour l’aider, chaque fois cela s’était mal terminé, Domyrade avait dû courir à l’autre bout du quartier pour ramener le soigneur. Et puis sur la fin, sa mère ne parlait même plus…

Beherzt et Nesli étaient les premiers vrais amis qu’elle ait jamais eus. Voyager avec eux jour après jour lui faisait réaliser à quel point ce genre de relations était nouveau pour elle. Et à quel point ça lui plaisait de les côtoyer. A quel point ils lui manqueraient, après.

Parfois, elle rêvait éveillée à un endroit où vivaient réunis avec elle ses deux parents et ses deux amis. Elle se sentait idiote d’imaginer cette fantaisie. D’abord, parce qu’il était temps qu’elle se fasse une raison : sa mère n’existait plus sur cette terre, elle ne la reverrait jamais, n’entendrait plus jamais sa voix. Et puis, Nesli et Beherzt avaient tous les deux une vie, des parents eux aussi, d’autres amis qui les attendaient quelque part. Bon, pour Beherzt ce n’était pas si sûr, il ne leur avait jamais parlé de sa famille en tout cas. Mais Nesli, celle que Domyrade aurait le plus aimé voir rester longtemps à ses côtés, cela ne faisait aucun doute. En plus de ses parents et de son amoureux, elle avait une petite sœur. Une sœur un peu plus jeune de Domyrade, et qu’elle préférait évidemment à elle. Alors que c’était Domyrade qui avait sauvé la vie de Nesli dans ce gouffre. Elle qui n'avait pas passé plus d’une heure loin d’elle depuis qu’elles s’étaient rencontrées. Elle qui avait la même anormalité de Don.

Pff, qu’est-ce qu’elle racontait… Ils avaient tous la même anormalité de Don. Enfin…presque tous.

Depuis la révélation du pouvoir de Fenore, ils avaient interrogé Beherzt à plusieurs reprises pour vérifier qu’il n’était pas lui aussi Révélé. Cela aurait presque été rassurant de compléter l’équation. A eux cinq, ils rassemblaient un représentant de chaque royaume. Mais un Don manquait, celui des Révélés elfes qui contrôlaient les végétaux.  Alors, même si Beherzt était pour le moment parfaitement dénué de pouvoir, Domyrade le gardait à l’œil.

Après tout, le Don du faune ailé était survenu très récemment. Peut-être que Beherzt finirait par devenir comme eux. Ou alors il y avait une erreur quelque part et il n’avait rien à faire là. Et eux, qu’est-ce qu’ils faisaient là au juste ? Pour quelle raison se retrouvaient-ils tous les quatre au même endroit avec la même anormalité dont personne n’avait jamais entendu parler ?

Non, c’était stupide, il n’y avait sûrement pas plus de raisons à leurs Dons qu’à ceux des Révélés ordinaires. Et d’ailleurs, ils n’avaient même pas encore le niveau des Révélés ordinaires.  

– Qu’est-ce que tu chantes ?

Elle leva les yeux vers Nesli qui approchait.

– Une comptine que ma mère m’a apprise.

– Tu me l’apprendrais ? demanda son amie en s’asseyant près d’elle.

– J’en trouverai une meilleure, et je te l’apprendrai.

Cela sembla satisfaire Nesli. Elle s’était mis en tête, depuis quelques jours, de rassembler de quoi alimenter ses récits lorsqu’elle rentrerait chez elle, en Ruissolvie.

– Vraiment, soupira son amie, quelle drôle d’idée de rester toute seule ici alors que nous sommes tous rassemblés là-bas.

Elle baissa les yeux vers la volaille que Domyrade s’était mise à vider et eut un air de dégoût.

– Tu ne voulais vraiment pas assister au premier décollage d’Atkos ?

– Ce n’est pas son premier, fit remarquer l’humaine. Il a guéri d’une entorse aux ailes, pas d’une infirmité de naissance. Je ne vois pas ce que ça a d’incroyable.

– Tu es vexée parce qu’il n’a pas voulu que tu l’aides avec ton Don.

– Non. C’était votre idée. Même s’il avait voulu j’aurais refusé.

– Simplement parce qu’il est hybride ?

En guise de réponse, Domyrade haussa les épaules.

– Je croyais qu’on devait se montrer solidaires et honnêtes, rappela malicieusement Nesli.

– Et bien, honnêtement, je ne l’aime pas. Ça te va ?

– Tu as tort, c’est un gentil garçon.

– Arrête de parler de lui comme s’il avait sept ans. Il est plus âgé que toi, je te rappelle. Et puis, tu devrais peut-être éviter d’être trop gentille avec lui, il risque de finir par t’aimer un peu trop.

Ce fut au tour de Nesli de hausser les épaules. Elle ne cessa pas de sourire pour autant. Pendant un moment, à la suite du massacre des hybrides, son amie s’était assombrie. A présent, elle commençait à redevenir celle que Domyrade avait rencontrée dans la forêt d’Auël : une jeune fille spontanée, un peu étrange, mais douce et chaleureuse.

Domyrade s’était si vite habituée à ses étonnants vêtements violets, ses cheveux verts et ses grandes oreilles en pointe. C’était tout naturellement qu’elle songeait à Nesli comme à une amie. Beherzt aussi l’était devenu, et à présent elle faisait des efforts pour se lier aussi avec Fenore.

Quant à Atkos, elle espérait simplement qu’il ne s’attarderait pas avec eux. Mais puisqu’il était lui aussi pourvu d’un Don bien singulier, ce départ serait sans doute moins prompt que prévu. Cependant il s’en irait bien un jour de son côté, comme les trois autres d’ailleurs. Ils finiraient tous, fatalement, par se séparer, et Domyrade ne reverrait plus jamais aucune de ces personnes. Malgré tout, elle comptait bien retarder les adieux de certaines d’entre elles.

Un brin d’herbe au coin des lèvres, Nesli semblait perdue dans ses pensées.

– Dis, Nesli.

– Oui ? répondit-elle, abandonnant ses rêveries.

– Tu es toujours d’accord pour m’accompagner jusqu’à Golath ?

La bouche de Nesli se pinça et son regard se fit tout à coup fuyant.

– Je ne sais pas trop, Domy.

Elle s’efforça de cacher sa déception.                                                                                                                

– Tu as d’autres projets ? s’enquit-elle d’un air faussement décontracté.

– Peut-être.

Partir main dans la main avec ce stupide faune ailé, évidemment.

– Ne t’en fais pas, Domy ! Je ne t’abandonne pas de sitôt ! Il nous reste beaucoup de chemin à faire ensemble !  

Comme son amie lui ébouriffait affectueusement le sommet de la tête, sa main s’emmêla dans la masse de cheveux bouclés.

– Je vous avais dit d’arrêter de faire ça, protesta Domyrade sans cacher son amusement.  

Sans se concerter, Beherzt et Nesli avaient tous les deux pris l’habitude de la taquiner de cette manière. Enfin, les doigts de Nesli s’évadèrent du piège de boucles. Comme si ses cheveux n’étaient pas assez emmêlés comme ça…

– Je ne les ai pas lavés depuis une éternité, se lamenta Domyrade, l’air morose, en passant à son tour la main entre ses mèches. Ce ne sont plus des cheveux, c’est de la paille que j’ai sur la tête.

– Neuf jours, ce n’est pas une éternité ! Et tu n’es pas la seule dans ce cas-là, petite égocentrique…

– Vos cheveux sont seulement très gras. Les miens vont tomber en poussière.

– Ne vas pas dire à Fenore que ses cheveux sont très gras ou les tiens risquent de ne pas tomber en poussière mais en cendre.

– Merci de l’avertissement. Mais si je comprends bien, je n’ai rien à craindre de ta part.

– Ah oui ? Et que dirais-tu d’une petite coupe ?

Ce disant, Nesli avait dégainé dans un chuintement son poignard argenté.

– Non merci, s’amusa Domyrade en faisant mine de s’éloigner du danger.

Un regard plus appuyé sur l’arme dégainée lui fit remarquer un changement. Sauf erreur de sa part, la dernière fois qu’elle avait aperçu ce couteau dans la main de Nesli, il était sale et mal aiguisé. Et pour cause, les elfes le lui avaient donné en souvenir pour le pommeau, pas pour la lame. Pourtant, l’arme que Domyrade avait à présent sous les yeux aurait pu passer pour l’instrument chirurgical d’un soigneur tant son acier brillait sous le soleil.

– Tu as utilisé ton Don sur ce poignard ?

– Oui. Je voulais vérifier que mes soins ne s’appliquaient pas seulement à ma lance mais à toutes les armes. D’ailleurs, je pense m’en servir sur celles de Fenore et Beherzt.

– Tes soins ? tiqua Domyrade. Cette technique a un vrai nom, tu sais ? On appelle ça la Rénovation.  

– La Rénovation ?

– Je ne suis pas une spécialiste, mais en gros, cela signifie que tu peux améliorer la qualité du métal.

– Oui, c’est ça. Tu vois, c’est un peu comme si j’effleurais la lame de mon pouvoir et que toutes les particules abîmées s’évanouissaient pour devenir un métal fort et indestructible.

– Indestructible je ne sais pas, mais tranchant c’est certain.

– Je ne savais pas que tu t’y connaissais.

– Tu es peut-être une Révélée du métal, ma chère Nesli, mais je suis humaine. Beaucoup de gens à Zandiar possèdent exactement le même Don que toi.

– Ah oui, bien sûr. Comme moi je n’y connais pas grand-chose au Don de l’eau, je pensais que c’était pareil pour tout le monde.

Domyrade mit de côté les entrailles de sa caille. Elle n’avait plus qu’à planter la viande sur un pieu en bois taillé par Beherzt.

– Attends, l’arrêta Nesli. Tiens, prends plutôt ça.

L’instant d’après, la dague que tenait son amie s’allongea en une longue et fine pique que Domyrade enfonça dans la caille avec autant d’aisance que si elle avait transpercé un nuage.

– Vos Dons sont plus utiles que le mien, constata-t-elle.

Fenore employait son Don tous les soirs pour allumer et grandir en quelques instants leur feu de camp. Atkos repérait les points d’eau des environs où ils pouvaient se rafraîchir et se ravitailler. Quant à Nesli, outre le fait que son Don les avait aidés à tirer Atkos d’un marécage où il s’était fourré, elle allait pouvoir affuter les lames de tout le monde et faciliter leur vie de mille petites façons. Même Beherzt, sans autre don que l’expérience qu’il s’était forgée, passait son temps à montrer aux autres comment agir et éviter de petites catastrophes.

En comparaison, le contrôle de l’air semblait bien inutile. Elle aurait pu aider le faune ailé pour ses décollages, mais sans compter qu’il se débrouillait très bien sans elle, l’hybride était bien la dernière personne du groupe auprès de qui elle aimerait se rendre utile.

– Le plus important, c’est de t’acclimater à ton pouvoir, la rassura Nesli. Utile ou pas, on s’en fiche tant que tu te sens à l’aise avec ton élément. Je peux te partager un petit exercice que j’ai découvert, si tu veux. Atkos a réussi la dernière fois, mais je ne sais pas si ça marchera pour ton Don.

– On peut toujours essayer.

Les paroles de son amie l’intriguaient. Et puis, si le faune ailé y était arrivé, elle le pourrait aussi.

– Alors ferme les yeux.

Espérant très fort que Nesli ne comptait pas simplement lui jouer un tour, Domyrade obéit.

– Concentre-toi très fort sur ton Don, qui est en toi, et l’air, qui est autour de toi. Le premier va rendre l’autre perceptible, mais je ne sais pas sous quelle forme.

– Comment ça, sous quelle forme ?

– Pour moi, le métal est une odeur. Pour Atkos, l’eau est un son. Tu comprends l’idée ?

Domyrade hocha la tête, prête à recevoir de nouvelles instructions. Mais Nesli cessa de parler, et le silence se fit autour d’elles.

Elle se concentra d’abord pour chercher une odeur, mais elle ne sentit rien. La rumeur lointaine de Fenore et Beherzt lui parvint. Ils suivaient quelque part des yeux le vol du faune ailé. Plus proche, le souffle du vent faisait frémir les hautes herbes, mais pas d’une manière inédite ou extraordinaire. Soudain, un mouvement rapide sur sa droite attira l’attention de Domyrade. Elle ouvrit les yeux pour en chercher l’origine, mais tout était calme.

A peine refermait-elle ses paupières qu’un nouvel éclair fugace sembla traverser le noir qui l’englobait. Yeux fermés cette fois, Domyrade tourna lentement la tête et aperçut un ruban bleu qui filait dans les airs, infini et secoué d’ondulations frénétiques. Alors, brusquement, une myriade de ces rubans bleus apparut dans le noir, comme s’ils avaient toujours été là et qu’elle venait seulement d’enlever un bandeau de devant ses yeux.

Partout, l’air dansait, s’entremêlait dans un ballet de soie tout en couleur claire et en mouvement fluide. Domyrade avança la main vers l’un de ces rubans quand soudain, sans qu’elle sût comment elle le présageait, une perturbation s’annonça. Une forme étrangère traversait, loin au-dessus d’elle, le spectacle libre et mesuré des courants d’air. Cet être semblait connaître certains rubans, et alors il les accompagnait, dans leurs courbes et leurs spirales. Mais d’autres, il les ignorait complètement, et des boucles s’emmêlaient, le freinaient ou fuyaient devant lui.

Se sentant gênée par ses paupières crispées sur ses yeux, Domyrade les rouvrit. Bien sûr, les rubans disparurent, mais il lui semblait les sentir encore danser, quelque part dans le ciel, et au-dessus des herbes. Quant à la forme étrange qui évoluait dans l’air, c’était bien évidemment Atkos, qui se posa près de Domyrade et Nesli.

– Alors Domy ? s’informa rapidement la nymphe. Ça avait l’air de marcher !

Encore un peu abasourdie par l’expérience, Domyrade acquiesça, répondant timidement au grand sourire de son amie. Elle s’empressa de baisser les yeux sur son oie quand Atkos déclara :

  • ­Nesli, j’ai repéré une mare pas très loin, ça te dirait de venir m’aider avec mon Don ?

Domyrade espéra très fort que Nesli resterait avec elle. Elle fut déçue de l’entendre accepter avec plaisir la proposition d’Atkos et partir avec lui sans un mot pour elle. Domyrade n’aurait peut-être pas dû faire semblant d’être aussi concentrée sur sa volaille. Mais elle ne voulait pas avoir l’air d’être en manque d’attention. Et puis de toute façon, elle n’avait pas besoin que Nesli le lui dise pour savoir qu’elle comptait plus à ses yeux qu’une chèvre croisée avec un pigeon.

Un courant d’air frais passa entre les hautes herbes et fit courir un frisson sur ses bras. Elle descendit un peu les manches laineuses qu’elle avait retroussées au-dessus de ses coudes. Toujours assise, elle leva un instant les yeux vers le ciel. Les rayons du soleil se refroidissaient un peu plus chaque jour, annonçant timidement l’hiver à venir. Incroyable de penser qu’elle était en train de passer l’automne sans écharpe. Elle pourrait s’habituer facilement au climat de la Plaine. Les rudes températures d’Helmer ne lui manqueraient pas. Dire qu’elle s’apprêtait à partir vivre dans les montagnes les plus hautes du monde.

Paupières plissées, Domyrade analysa de son mieux la position du soleil. Normalement elle aurait dû avoir faim à ce moment de la journée. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait l’impression que son corps s’adaptait. Ses jambes ne lui faisaient plus mal le soir après avoir marché, Et même si ses jambes s’engourdissaient un peu, la fatigue était bien moindre que quelques semaines auparavant. Elle était fière de voir son corps s’endurcir ainsi. Si seulement elle pouvait changer aussi un peu plus…extérieurement.

La caille embrochée pour seule témoin, Domyrade loucha discrètement sur sa poitrine qui lui apparut aussi ridiculement plate que d’habitude. Sa maigreur ne lui avait jamais posé problème. Mais, depuis qu’elle côtoyait quotidiennement Fenore et Nesli, elle se sentait enfant et immature à côté d’elles.

Depuis plusieurs jours, elle guettait le moment ­− qui viendrait bien un jour, où elle verrait enfin s’élargir ses hanches, grandir ses jambes et s’affiner son visage. Mais comme pour le moment son corps ne semblait pas décidé à devenir celui de l’adolescente qu’elle était, Domyrade songeait à se vieillir autrement. Elle avait récemment remarqué que les trois plus âgés du groupe, à savoir Beherzt, Fenore et Atkos, portaient tous de petites boucles d’oreilles. Délaissant dans un coin de sa mémoire la pensée que de tels bijoux pourraient bien lui donner l’air plus mature, Domyrade s’était mise à observer, avec l’attention un peu absurde que pouvait motiver l’ennui, les oreilles de chacun de ses amis.

Beherzt était le seul, en sa qualité de nain − qui n’était finalement qu’une version rapetissée de l’humain, à posséder de belles petites oreilles, rondes et roses comme les siennes. Celles des trois autres, en revanche, différaient tout à fait.

Nesli avait sans aucun doute les plus longues. Aussi pâles que le reste de son épiderme, ses oreilles pointues apparaissaient à travers ses cheveux lisses comme deux récifs de glace au milieu d’une mer calme et verte. Domyrade avait d’abord pensé que la nymphe était dotée d’une ouïe plus développée, mais Nesli lui avait expliqué que ses oreilles lui permettaient simplement de résister à la pression exercée par l’eau à un certain stade. Pratique pour aller sauver quelqu’un de la noyade dans les profondeurs d’un lac.

Les oreilles d’elfe de Fenore s’effilaient légèrement à leur bout, plus fines que celles de Domyrade. Quant à celles du faune ailé, elles étaient évidemment poilues. On aurait pu dire duveteuses, mais Domyrade les trouvait plutôt velues, et elle évitait d’y poser son regard, comme sur tout le reste de la physionomie de l’hybride. Il lui suffisait de songer que le faune ailé se promenait constamment sans vêtements, habillé du nombril aux sabots de sa seule toison noire, pour réprimer à grand peine un frisson de dégoût.

Si cet hybride n’avait pas été, comme Fenore, Nesli et Domyrade, un Révélé spécial, jamais elle n’aurait eu à subir ainsi sa présence. Elle s’imaginait parfois formant avec les deux filles un trio de guerrières Révélées aux pouvoirs hors-du-commun. Mais de retour à la réalité, elle constatait qu’Atkos était bien là, avec ses ailes envahissantes, ses cornes de bouc et ses yeux bleus perdus dans la noirceur de sa peau, de ses cheveux et de cette répugnante toison animale.

Il n’y avait aucun trio de Révélées combatives, ni même de quatuor, car en vérité, aucun d’eux ne maîtrisaient encore parfaitement son étrange pouvoir. Ils avaient tous l’air de bébés qui essayaient de parler, mais ne réussissaient qu’à bafouiller des sons incompréhensibles, se bavant dessus la moitié du temps. Même Nesli, qui avait l’air de contrôler le mieux son élément, écarquillait souvent de grands yeux, l’air de ne pas comprendre ce qui lui arrivait.

− Jolie broche, commenta Beherzt avant de s’asseoir pesamment à côté d’elle.

− C’est le poignard de Nesli. Enfin, c’était…

Ils échangèrent un sourire.

− Où est Fenore ? demanda-t-elle.

− Elle s’entraîne par là-bas.

− On ne se remet pas à marcher aujourd’hui ?

Beherzt haussa les épaules.

− Au point où on en est, autant rester tranquille ici le reste de la journée. Un peu de repos ne fera de mal à personne du reste.

Non, en effet. Elle-même ne cracherait pas sur une petite sieste. Elle ne disait pas que les tours de veille qu’ils avaient mis en place étaient une mauvaise chose, au contraire. Ils ne pouvaient tout simplement pas se payer le luxe de tous dormir la nuit alors que des assassins risquaient de leur tomber dessus. Heureusement, de jour comme de nuit, aucun d’eux n’avait jamais aperçu le moindre individu masqué ou armé d’une épée.

Cela dit, les effets du manque de sommeil, ajoutés aux journées de marche et aux vivres insuffisants, commençaient à se faire sentir. Domyrade aurait donné à peu près n’importe quoi pour une nuit entière entre quatre murs et un toit.

 

***

 

Domyrade s’était habituée à mobiliser régulièrement son Don tout en marchant. L’idée était d’acclimater son corps à cette dépense d’énergie bien particulière. Contrairement à Fenore et Atkos, elle ne s’était jamais évanouie d’épuisement après avoir utilisé son pouvoir. Elle maîtrisait son pouvoir bien mieux que ces deux-là réunis. Cela dit, elle remarquait quand même une certaine fatigue lorsqu’elle faisait appel au Don. Elle devait devenir plus forte et n’avait pas d’autre solution que de s’entraîner. Heureusement pour elle, la Plaine était l’endroit idéal pour cela.

Idéal, sauf quand ils passaient dans des zones abritées du vent, comme quelques jours plus tôt. Et sauf quand un faune ailé enfin réparé volait toute la journée au-dessus de sa tête, comme depuis la veille. Elle avait essayé, mais c’était tout bonnement possible de se concentrer avec sa présence qui perturbait les flux de l’air. Oh, elle pourrait quand même utiliser son Don. Mais les autres risqueraient de voir d’un mauvais œil le fait qu’elle fasse s’écraser une nouvelle fois le faune ailé sur le sol. Nesli essayait encore de lui arracher des excuses pour ça. Comme si Domyrade avait fait exprès.

Tout le monde devrait plutôt la remercier : depuis ce jour-là, elle n’avait jamais utilisé son pouvoir au maximum. Elle faisait bien attention à le manipuler de façon mesurée, à s’exercer sur la subtilité de son élément plutôt que la force brute.

Atkos passa tout près en rasant les herbes hautes, puis remonta en flèche vers le ciel.

− C’est impressionnant de le voir aussi à l’aise, commenta Fenore d’un murmure admiratif.

Domyrade lui jeta un regard en coin. Chaque jour, l’elfe s’ouvrait un peu plus au reste du groupe. Elle avait même fini par ranger derrière ses oreilles la frange qui lui tombait trop devant les yeux. Heureusement, Domyrade appréciait autant cette nouvelle fille souriante au front dégagé que la personne réservée qui gardait les yeux baissés mais savait l’écouter. Est-ce que si Fenore continuait de changer, elle serait encore là pour recueillir silencieusement les craintes et les espoirs de Domyrade, quand elles se retrouvaient seulement toutes les deux ? Est-ce qu’elle ne préfèrerait pas la compagnie de Nesli ou Atkos ? Peut-être même qu’elle les préférait depuis le début, mais n’osait simplement pas faire le premier pas vers eux.

− Regarde !

La main de Fenore sur son bras lui fit lever les yeux dans la direction que son autre main indiquait. Une autre cabriole aérienne d’Atkos, rien de plus.

− Tu sais, ce que tu fais sur la terre ferme pour ton Entraînement est beaucoup plus impressionnant.

Elle le pensait vraiment. Les mouvements de Fenore la fascinaient. Jamais elle n’aurait cru, avant de la voir à l’œuvre, que son corps puisse faire preuve d’autant de souplesse et d’énergie à la fois. Le pire, c’était que ses exercices avaient l’air facile. Mais Domyrade avait essayé de l’imiter, et elle s’était vite rendu compte que ses enchaînements étaient complètement hors de sa portée.

− C’est gentil, souffla Fenore.  

Elle ne faisait même pas semblant de la croire. Parfois Domyrade se disait qu’elle devrait lui expliquer les yeux dans les yeux ce qu’était l’estime de soi, parce qu’à la voir, on se demandait si elle en avait seulement entendu parler. Dire que Domyrade imaginait les elfes comme des gens plutôt arrogants.

La silhouette d’Atkos qui volait à toute allure la sortit ses pensées pour la énième fois. Tiens, il atterrissait. Près de Nesli, pour changer. Ah, mais c’est à Beherzt qu’il se mit à parler. L’arrivée du faune ailé et la discussion dans laquelle ils s’étaient plongés les avaient fait s’arrêter. Fenore et elle ne tardèrent pas à les rejoindre, et il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer l’air sérieux de leur visage à tous les trois.

− Que se passe-t-il ? s’enquit-elle. Il a vu des assassins ?

− Non, la rassura aussitôt Nesli.

− C’est vrai que ça pourrait être pire… marmonna Beherzt en se passant une main dans les cheveux.

− Qu’est-ce qui pourrait être pire ? Qu’est-ce que tu as vu ?

Elle n’aimait pas s’adresser à Atkos directement. Même sur ses pattes de bouc toujours fléchies, il la dépassait et la forçait donc à lever le menton. Ses yeux bleus la dérangeaient presque autant que tout le reste de son anatomie. Ils étaient si …humains. Et empreint d’une espèce d’indifférence qui la mettait hors d’elle. Si au moins il la voyait comme une rivale, si au moins il la méprisait. Mais non, Atkos s’en fichait complètement d’elle, chaque échange de regard avec lui le confirmait. Il la voyait comme une enfant et lui pardonnait tout comme à une enfant qui ne sait pas ce qu’elle fait. Ce qu’elle pouvait le détester pour ça.

− Une tempête s’annonce.

− Il va pleuvoir ? intervint Fenore.

C’est vrai que cette seule idée avait quelque chose d’incroyable. Domyrade leva les yeux vers le ciel parfaitement bleu. Elle n’arrivait pas tellement à imaginer un orage dans ce paysage. Depuis qu’elle avait mis les pieds dans la Plaine, le soleil avait brillé tous les jours. Parfois des nuages s’accumulaient un peu, comme un troupeau de moutons blancs qui voleraient au-dessus du pré. Mais cela ne durait jamais très longtemps, le vent finissait toujours par les disperser.

− Il y aura de la pluie, oui, mais ce n’est pas ce qui m’inquiète.

− Le vent ? devina Domyrade.

Le faune ailé hocha sombrement la tête.

− Est-ce que juste tous les cinq nous aurons du mal à essuyer cette tempête ? demanda Beherzt.

− En fait, je serais plus inquiet si nous étions tout un clan, répondit Atkos. Dans l’état actuel, la décision à prendre me semble plutôt évidente : quelle que soit l’intensité de ce qui arrive en face, nous avons tout intérêt à changer de cap pour l’éviter.

Il n’eut pas besoin d’argumenter plus pour les convaincre de bifurquer vers le sud-ouest. Aucun d’eux n’avait envie de se prendre de l’eau sur la tête pendant plusieurs jours, et encore moins de se faire fouetter au sang par les herbes rendues folles par le vent.

 

***

 

Ils avaient changé de direction, mais concrètement le voyage n’avait pas changé. En fait, l’absence de nuages noirs à l’horizon laissaient même franchement douter de l’utilité de la manœuvre. Est-ce qu’ils n’étaient pas juste en train de rallonger leur voyage vers l’Edelstein ? Non pas que Domyrade ait particulièrement hâte de quitter la Plaine. D’accord, des assassins y rôdaient peut-être, mais le fait était qu’ils n’en avaient toujours pas revus, et que pour autant qu’ils sachent, passer la frontière ne les placeraient pas hors de portée de ces fous sanguinaires.

Peut-être même qu’il y avait eu des attaques dans d’autres royaumes que celui-ci. Domyrade n’était sûrement pas la seule à y avoir pensé. Impossible de savoir, puisqu’ils n’abordaient jamais le sujet. Cela valait mieux. De toute façon, isolés dans la Plaine, ils n’avaient aucun moyen de confirmer leurs hypothèses quelles qu’elles soient, ni d’agir en conséquence, alors à quoi bon se torturer l’esprit ?

Peu importe, dans tous les cas Domyrade n’aimait pas l’idée de marcher des jours entiers supplémentaires sans raison valable. Si cette histoire de tempête n’était qu’une stratégie du faune ailé pour les faire rester plus longtemps dans son royaume adoré et garder Nesli à ses côtés…

Sa sensibilité de Révélée s’éveilla malgré elle. Le lien entre son pouvoir et ses émotions avait quelque chose d’à la fois frustrant et satisfaisant. Elle n’aimait pas cette légère perte de contrôle. Et en même temps, sentir le Don comme une extension d’elle-même, il n’y avait pas plus grisant.

Même sans chercher à agir sur son élément, être sensible à ses mouvements lui donnait vraiment l’impression d’être …puissante. Quelque chose de plus qu’avant. Pas seulement une humaine. D’ailleurs, elle était peut-être la seule humaine à être liée à l’air ainsi. L’idée lui plaisait.

Tss, comme d’habitude, les battements d’ailes d’Atkos gênaient son expérience du Don. Cette perturbation semblait même plus intense que jamais. Comme un nœud lointain qui allait tout bouleverser sans qu’elle puisse rien faire pour l’en empêcher. Une petite minute. Mais ce n’était pas Atkos ça. 

Domyrade se retourna brusquement. Toujours pas le moindre nuage noir au loin. Mais elle la sentait. C’était à peine perceptible, guère plus qu’un pressentiment, mais elle ne pouvait pas l’ignorer.

Elle ne fut pas surprise d’entendre Atkos annoncer un peu plus tard dans la journée que la tempête se rapprochait.

− Je ne comprends pas, ajouta le faune ailé. On aurait dû se trouver hors de sa route maintenant. C’est comme si…

Nesli l’encouragea à continuer.

− C’est comme si elle avait suivi notre mouvement.  

− Et je suppose que les tempêtes ne font pas ça d’habitude, conclut Beherzt.

Atkos secoua la tête. Beherzt soupira, puis son regard glissa sur elle et un mince sourire affleura sous ses moustaches.

− J’espère que tu n’y es pour rien là-dedans. Ce serait impressionnant mais très embêtant.

− Bien sûr que non, je n’y suis pour rien, se défendit-elle. Par contre je l’ai sentie. Et je n’ai pas très envie de m’y frotter, même avec mon Don.

− Tu ne pourrais rien faire toute seule de toute façon, fit remarquer Atkos. Les Révélés se mettent à plusieurs pour influer sur des perturbations comme celle-ci.

− Vous pourriez vous y confronter tous les deux, laissa échapper pensivement Fenore.

Mais qu’est-ce qu’elle racontait ?

− Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, lui répondit Beherzt avec diplomatie.

Domyrade n’avait jamais autant salué intérieurement le bon sens de son ami.

− En revanche, je compte sur vous pour situer au mieux cette catastrophe qui fonce sur nous, histoire qu’on l’évite.

Les bras croisés sur son torse, Atkos hocha pensivement la tête. Beherzt n’attendit pas qu’elle acquiesce à son tour pour déclarer à la ronde :

− En marche tout le monde, je suis sûr qu’on peut encore contourner cette tempête. Mais ce n’est pas en restant là qu’on y arrivera.

L’optimisme posé de Beherzt l’avait toujours touchée. Tout comme sa bonne humeur, son calme était communicatif. Mais même Beherzt n’avait pas effacé le mauvais pressentiment de tout à l’heure qui bourdonnait toujours au fond de son esprit. Domyrade se remit à marcher, les sourcils froncés d’inquiétude.

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Alice_Lath
Posté le 07/06/2020
J'aime bien Domyrade avec son mauvais caractère haha, je trouve qu'elle a un côté sympathique à être aussi bourrue, c'est marrant. Et puis cette tempête qui les suit... Et si quelqu'un voulait les tester? Les obliger à révéler leurs talents de Révélés en les poussant à bout? En vrai, ça ne serait pas une hypothèse complètement absurde non plus. En tout cas, je sens que le grain qu'ils vont essuyer s'annonce mémorable, parce qu'ils ont l'air mal barrés pour l'éviter
Hinata
Posté le 08/06/2020
Yo !

Tant mieux si son sale caractère ne rebute pas trop haha, moi aussi j'y trouve quelque chose de presque attendrissant héhé (elle serait tellement énervée si elle m'entendait dire ça à son sujet my god)

Tes hypothèses sur la tempête sont fort intéressantes huhu, et j'ai hâte de pouvoir vous donner la suite !!

Bisous :*
Notsil
Posté le 07/06/2020
Sacré caractère la pitchoune, mais en même temps... sacré complexe d'infériorité aussi. Presque en compétition avec Fenore ^^
Behertz l'optimiste, et l'indifférence d'Atkos... mouhahaha.
Bon, j'imagine que la tempête va leur passer sur la tronche malgré tous leurs efforts :) Et si la tempête les suivait, et si les humains assassins n'étaient pas les seuls dangers de la Plaine... et si Atkos et Domy sauvaient le groupe en s'unissant ? ^^

Hâte de voir dans quelle direction ça va partir :)
Hinata
Posté le 08/06/2020
Et coucou ! :)
"Sacré caractère la pitchoune, mais en même temps... sacré complexe d'infériorité aussi." >>> oui, c'est un assez bon résumé de Domyrade à ce stade XD

L'indifférence d'Atkos est assez kiffante à écrire haha, c'est un peu la seule parade qu'il aurait pu trouver contre le sale caractère de Domyrade, et il le fait sans y réfléchir ce qui est encore mieux ^^

Ah ha, cool que cette tempête vous intrigue, je vais me dépêcher d'écrire/réécrire la suite pour que vous trouviez les réponses à toutes les questions qui planent dans l'air ;)

A bientôt j'espère =D
Notsil
Posté le 08/06/2020
Voui la suite ^^ J'aurais une notif si l'histoire est dans ma PAL, c'est bien ça ? ^^
Hinata
Posté le 08/06/2020
Oui, exactement ^^

Promis je me mets au boulot :p
_HP_
Posté le 06/06/2020
Hello !

Ah donc non me suis trompée, c'est le don des végétaux qui manquait 😅 Ca doit être celui des faunes le Don de l'air, non ? 😅
Oh, mais t'en fais pas Domyrade, Atkos aime déjà Nesli un peu trop... xD
"Une chèvre croisée avec un pigeon" ? Domyrade, je sais que t'aimes pas Atkos, mais là... C'est pas gentil !! :(
Aie, je comprends Domyrade... C'est un sentiment difficile de se sentir trop "enfant" à côté d'autres femmes :/
Je suis très curieuse de voir ce qui va se passer avec cette tempête. Et je me demande si Domyrade n'a pas, même sans le vouloir, quelque chose à voir...
Hinata
Posté le 06/06/2020
Oui c'est ça haha, mais ça va ce qui compte c'est que tu finisse par tout avoir juste à un moment donné XD

Ouaip, Domy n'est pas dénuée d'une sacrée violence quand elle est en forme ^^"
Elle a des complexes assez rudes en effet, et plutôt inavouables (vu qu'elle est pas du genre à parler de quoi que ce soit qui la ferait paraître faible/inférieure...) ce qui n'arrange pas les choses...
La tempête est un élément nouveau de la réécriture, j'espère que j'arriverai à faire quelque chose qui tienne la route haha, on verra ça ^^"

Merci pour cet énième commentaire, et à la prochaine je suppose ;)
Xendor
Posté le 05/06/2020
Coucou Hina !

C'est un chapitre bien tranquille :) Par contre, on voit bien que Domyrade est vraiment la plis imature du groupe. Enfin bref, la crise d'adolescence quoi. Elle pense avoir des réactions d'adultes, mais en fait non. Enfin, le fait qu'Aktos la consièdre comme une enfant n'aide pas non plus.

Attention, à un moment l'un des tirets s'est changé en puce. Vers le milieu.
Hinata
Posté le 08/06/2020
Ooooh j'ai complètement oublié de te répondre, sorry !!

Oui, c'est un peu le calme avant la tempête ce chapitre ;) (ou plutôt, entre deux tempêtes en vrai...bref. )
T'as tout à fait raison sur Domy, et on est d'accord que Atkos pourrait être plus cool aussi

Merci pour la petite coquille de mise en page, je vais aller voir ça !

A la prochaine ;)
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