23 A visage découvert - Epilogue

Notes de l’auteur : Conclusion du premier livre (qui est en fait la contraction de deux chapitres très courts, que j'ai donc rejoint ^^).

   Rose et Edmond restèrent hébétés. Le Chevalier, interloqué, se retourna totalement vers eux, exposant entièrement son visage aux courbes douces.

   — Je ne… je ne… balbutia Edmond, qui tint solidement le poignet de Rose.

   — Je n’avais pas vécu cela depuis 1988… murmura cette dernière, les yeux grands ouverts.

   Le Chevalier –ou plutôt, la femme Chevalier-, rougit et replaça une longue mèche de cheveux derrière ses oreilles légèrement décollées, qui dépassaient allégrement de sa tignasse fluide. Pour elle aussi, c’était comme si c’était la première fois qu’elle découvrait ses compagnons. Devant leurs allures aphones, elle s’enquit :

   — Il y a… il y a un problème, ma Lady ?

   Rose secoua la tête pour se remettre les idées en place, et fit un pas en avant pour ne pas la vexer.

   — Non-non, pas du tout. C’est que… hésita Rose en rejoignant ses doigts devant elle maladroitement, ses manches en charpie pendouillant lamentablement dans le vide. C’est que… en aucun cas on ne s’attendait à ce que tu sois… une femme.

   La jeune fille observa son corps dans l’armure, se découvrant elle-même.

   — Je… balbutia-t-elle. J’imagine en effet que cela peut surprendre.

   Rose sourit.

   — Tu avais oublié aussi, n’est ce pas ?

   La femme chevalier hocha la tête. Rose se rapprocha encore d’un pas, et la jeune femme la regarda intensément. Le cœur de Rose fit un nouveau bon.

   La lueur rouge que reflétait l’aube dans ses yeux n’en était pas une. Ses yeux étaient véritablement rouges, couleur rubis, profond. Epoustouflants de beauté. La peau blanche, couleur craie, et les cheveux couleurs corbeau… Elle détonnait dans le paysage. Encore plus qu’avec l’armure.

   — Tes yeux, reprit Edmond, qui la scrutait tout autant, ils sont…

   — Magnifiques, coupa Rose d’un ton doux.

   Elle refit un pas en avant, suivit d’Edmond, pour se retrouver à un mètre de la jeune femme. La jeune femme l’observa, et baissa la tête, comme intimidée. Rose posa une main amicale sur son gantelet.

   — Est-ce que tu te souviens de quelque chose maintenant ? Ne serait-ce que ton prénom ? demanda-t-elle maternellement.

   La jeune fille chercha quelque peu, et rougissant de honte, baissa encore plus les yeux et secoua la tête.

   — Neni ma Lady… neni…

   Sans son casque, sa voix n’était plus métallique mais cristalline, et en y ressentait la moindre émotion. Là, il y avait un brin d’appréhension. Elle se retourna, observant de nouveau la bête et le soleil levant. Rose l’analysa, fascinée. Elle était grande, au moins 1m75, et son nez était petit avec un bout rond sur des joues pleines. Elle avait l’air las de quelqu’un qui ne sait plus quoi faire après avoir accompli sa destinée. Rose connaissait trop bien cette sensation. Elle se plaça sur sa droite, Edmond sur sa gauche. La guerrière fixa ses yeux dans la même direction que la jeune femme :

   — Cette fois-ci, c’est fait, dit-elle devant les restes calcinés du monstre.

   La femme chevalier hocha la tête.

   — Il faudrait songer à s’occuper des autres membres de crépuscule, ma Lady, répondit-elle finalement avec calme.

   Rose serra un peu plus sa main gauche sur son bras ganté.

   — Ne t’en fait pas pour ça, nous allons nous en charger.

   — On parle de moi ?

   La grosse voix les fit sursauter et ils tournèrent la tête. Pierre les rejoignit, la démarche gauche, son bras droit semblant douloureux. Il avait le visage tuméfié avec l’œil gauche gonflé.

   — Ah ! Content que tu sois vivant.

   — Je n’en crois pas un mot, ce moqua-t-il.

   Il arriva clopin-clopant à leur niveau, regarda les restes du monstre, et cracha à terre.

   — Je vais m’occuper de ça aussi, dit-il en faisant un signe de tête vers le cadavre.

   Rose s’éclaircit la gorge, le forçant à relever les yeux.

   — Mmh mmh, fit-elle en bougeant la tête du côté de la jeune femme en armure.

   Pierre leva les yeux, et observa leur compagnon sans casque pas plus de deux secondes.

   — Enchanté de faire ta connaissance.

   La femme chevalier hocha la tête.

   — Moi de même.

   Ils reportèrent tous les deux leurs yeux vers la bête sans plus de cérémonie. Rose leva les bras en l’air.

   — Quoi c’est tout ? s’indigna-t-elle.

   — Qu’est ce que tu veux que je dise ? gronda Pierre.

   — Je ne sais pas ! Ai l’air surprit au moins qu’elle soit…

   — Une femme ? Il haussa les épaules et fit un bruit de bouche. Qu’est ce que ça change ?

   Rose resta stoïque. Il n’avait pas tord, mais son manque d’entrain la frustrait. C’est une foutue guerrière bon dieu !

   — Tu t’appelles ? demanda Pierre qui snobait Rose rien que pour la faire enrager.

   Le Chevalier fit non de la tête.

   — Il va falloir te trouver un prénom dans ce cas, continua Pierre, les yeux toujours rivés sur le cadavre, fasciné.

   Rose eut une illumination.

   — Sam ! Que penses-tu de Sam… Samantha ?

   La jeune femme se tourna vers elle, surprise par cette spontanéité.

   — Sam… Samantha… répéta-t-elle pour elle-même, les yeux dans le vague. Oui, je crois que cela me plait.

   Ils restèrent un moment en silence, dans le bruissement du vent matinal. Le gel fondait en se vaporisant sous le soleil levant, ses rayons réchauffant leurs muscles refroidis. Aux alentours, les séquelles du combat, bien que maitrisé, étaient considérables : ornières profondes, trous béants, herbes brulées et/ou maculées de sang. Le voile crépitait encore au dessus d’eux, et derrière, la supercinq avait les deux portes côté droit enfoncées par le corps massif de Pierre. La flute qui avait servi à l’attaque finale était complétement tordue et gisait à côté du C15. Presque imperceptible, Rose se rendit tout de même compte d’un murmure naissant qui les entourait. Les premiers travailleurs et étudiants de la ville s’étaient réveillés (si ce n’était pas le vacarme du combat qui l’avait fait), et autour de l’abbaye, ces badauds curieux, estomaqués, observaient en maintenant une distance respectable, certain avec leurs smartphone à la main. Ils n’étaient désormais plus seuls.

   — Edmond, Samantha, remettez votre masque et votre casque, ordonna Rose. Vous partez devant. Pierre, on range notre pagaille et on s’en va.

    La foule s’agglutinait de plus en plus, faisant peser un certain malaise sur leurs épaules. Edmond hocha la tête, et se dirigea vers la supercinq, suivit de près par Samantha.

 

   Derrière le canapé en velours vert, Lucie se rongeait les ongles en faisait les cents pas. Malgré ses muscles endoloris par la fatigue, le sommeil ne lui était jamais venu, comme pour Sophie et Laurent ; les tasses de leur troisième tournée de café fumaient encore sur la table. Lucie s’arrêtait toutes les cinq minutes, et observait les tôles en Plexiglas du toit. Le jour était désormais bien levé. Mais qu’est ce qui prenait autant de temps ? Ils n’y étaient pas arrivés ? Ils n’étaient quand même pas…

   Le cœur de Lucie s’arrêta. A cette pensée, elle suffoqua, la main sur le cœur.

   Non, c’est impossible. Il y avait Rose. Et le Chevalier.

   Et si seul Edmond était mort et qu’ils ne revenaient pas à cause de ça ?

   Son échine se glaça, elle regarda le soleil avec dégoût, et reprit sa marche pour se libérer l’esprit, rongeant désormais les ongles de sa main gauche (ceux de la droite étant déjà largement entamés). Sophie tira sur les pages de son journal pour exprimer l’exaspération que lui inspiraient ses vas et viens.

   — Ce n’est pas en usant tes semelles jusqu’à la corde que tu vas les faire arriver plus vite, ironisa-t-elle.

   Lucie se retourna et lui lança un regard qui se voulut noir.

   Comment faisait-elle pour être aussi calme ?

   Ah c’est vrai, ta copine régénère toi !

   — Prends exemple sur Laurent, il reste silencieux lui !

   Lucie regarda vers le bureau. Pas étonnant qu’il reste calme.

   — Il s’est endormi !

   Sophie regarda par-dessus son journal. En effet, Laurent était affalé sur un tas de papier à côté de son clavier et soupirait régulièrement. Elle eut un sourire en coin.

   La porte du hangar grinça, ce qui fit sursauter Lucie qui se retourna précipitamment. Edmond rentra, suivit de près du chevalier.

   Enfin !

   Lucie courra jusqu’à la porte, et lui sauta au cou.

   — Aïe ! Attention ma douce, j’ai mal au bras !

   Elle lâcha son étreinte, et l’observa.  Il était recouvert de crasse, terre et sang mélangés, et la manche de son bras gauche était en lambeaux, lui soutirant un hoquet effrayé ; fort heureusement, après une inspection minutieuse (et douloureuse pour Edmond), son bras n’avait rien à part quelques bleus. Il était entier.

   — Mais… qu’est ce que c’est que ce truc violet ? demanda Lucie qui observa le liquide visqueux et partiellement séché qui gouttait de ses doigts.

   — C’est euh… le sang de la bête.

   Lucie eut un haut le cœur, et retint sa toux du revers de la main gauche, se dépêchant de trouver un torchon pour s’essuyer la droite.

   — Vous avez réussit alors ? demanda Sophie qui s’était glissée jusqu’à eux et qui regardait intensément Edmond, le rendant quelque peu mal à l’aise.

   — Oui, dit-il en baissant la tête et en la hochant.

   Sophie balaya ses yeux vert-sombre derrière l’épaule d’Edmond.

   — Mais alors, où est Rose ? demanda-t-elle d’une voix paniquée. Son visage perdit toute couleur, rendant ses cheveux roux encore plus éclatants. Edmond gloussa.

   — Ne t’en fait pas, ils arrivent ; avec Pierre, ils nettoient le terrain.

   Il lui tendit un large sourire, alors qu’elle posait une main sur sa poitrine qui gonflait et se dégonflait anarchiquement. Elle déglutit et se calma, Un petit cliquetis métallique claqua dans les airs, et fut suivit d’un cri de stupéfaction.

   — Oh !

   Lucie pointa son doigt vers le chevalier, la main gauche devant la bouche et hoqueta de nouveau. Sophie aussi écarquilla les yeux. Samantha baissa la tête, les pommettes rougissantes.

   — Oh, j’avais oublié ! s’exclama Edmond. Les filles, je vous présente Samantha. C’est… Le chevalier, c’est elle.

    Elles restèrent sans voix, continuant d’observer Samantha qui rougissait de plus belle. Enfin, Lucie fit un pas en avant. Immédiatement, Samantha se baissa pour lui faire une révérence.

   — Ma Lady, dit-elle de sa voix douce et mélodieuse.

   Lucie s’arrêta une seconde, quelque peu offusquée.

   — Non-non Samantha, répondit Lucie du même ton maternel qu’utilisait Rose, Pas de ma Lady avec nous. Ce n’est pas comme ça de nos jours.

   Elle se tint devant elle, prit sa main dans la sienne, enlaçant ses doigts dans les siens malgré le métal qui les recouvrait. Enfin elle lui tendit un large sourire de dents blanches, et lui serra la main en la regardant droit dans ses yeux.

   — Bonjour Samantha, je suis enchantée.

   Samantha sourit à son tour, un sourire timide, et lui rendit son serrage de main.

   — Enchantée… Lucie.

   Ses yeux rubis miroitaient intensément, comme la lave dans le cratère d’un volcan.

   — Tu as des yeux… sublimes, Samantha.

   — Mer… merci, répondit-elle, pas très à l’aise.

   Sophie se plaça derrière Lucie pour se présenter à son tour, ce qui déclencha de nouvelles rougeurs sur la peau blanche de la femme en armure.

 

   Assise sur un des tabourets en face du canapé, Samantha reniflait avec curiosité la boisson noire et chaude qui laissait échapper de la fumée de sa chope (un mug, venait-elle d’apprendre). L’odeur qui lui était auparavant inconnue était plaisante. Le monde, autour d’elle, se dévoilait ésotérique. Sous l’armure, ses pensées étaient embrouillées par sa tache, un tunnel où la seule direction était la lumière. Mais maintenant, sans le casque, le brouillard s’amenuisait, la laissant dans un océan d’inconnus. Où avait-elle atterrit ? Son ventre grogna. Etait-ce la faim qui lui revenait, où autre chose ? Quel était donc cette sensation qui lui écrasait la poitrine ? Et pourquoi avait-elle toujours chaud aux joues ?

   Penchée en avant, les coudes sur ses cuisses recouvertes de plate, elle soufflait timidement sur sa boisson, imitant Sophie qui faisait de même. Les deux jeunes femmes lui lançaient des regards attendris.

   — Et tu ne te souviens de rien ? Rien du tout ? demanda Lucie

   Samantha hocha la tête.

   — Même pas de ton nom, de tes parents, de tes amis ? demanda Sophie.

   Samantha hocha de nouveau la tête.

   — Neni ma lady.

   Quel était ce poids qui lui compressait le torse ? L’armure devenait-elle trop serrée ?

   Elle lapa le dessus de sa boisson (Café ! Oui c’est ça, c’est café !). C’était délicieux. Un peu corsé, au gout légèrement grillé. Elle en ravala quelques gorgées, les yeux dans le vague. Son estomac gronda. Cette fois-ci, elle reconnue la sensation de faim. Sa main se cala sur son plastron, entre les jointures de plate.

   — Est-ce que tu veux qu’on t’aide à enlever ton armure ? demanda Lucie joyeusement.

   Edmond devint couleur tomate en entendant cela, alors que Sophie releva un sourcil intéressé. Samantha se fixa, puis hocha positivement la tête.

   Clang !

   La porte du hangar s’ouvrit de nouveau, et Pierre et Rose entrèrent à leur tour. Sophie bondit et courra jusqu’à la porte pour embrasser Rose avec passion. Les autres arrivèrent quelques secondes après (sauf Laurent, qui ronflait toujours), saluant les vainqueurs enfin arrivés. Sophie relâcha lentement les lèvres de sa partenaire.

   Sur la combinaison de la guerrière, on pouvait lire la véritable envergure qu’avait eue le combat : le tissu partait en lambeau. Les deux manches pendouillaient lamentablement en morceaux, et une déchirure ouvrait le torse de l’épaule gauche jusqu’au nombril, exposant sa brassière saumon qui ne tenait plus qu’à quelques fils. Des accros étaient visibles sur ses deux cuisses et dans son dos. Sa joue droite était couverte de sang séché ; le sien, sans aucun doute possible ; sa poitrine et son ventre aussi. Le reste de son corps comportait des mélanges de sang rouge et violet.

   — Tu es dans un état… pitoyable, s’exclama Sophie sans pour autant caché un certain émoi au creux de sa gorge.

   — Je sais, répondit Rose en s’observant, reniflant l’odeur rance qu’elle dégageait. Mais au moins, on a réussi. C’était… quelque chose.

   Pierre les salua de son bras valide. Samantha cliquetait derrière, son café toujours à la main, soufflant maladroitement dessus à la manière d’une enfant. Rose fendit le groupe en deux en s’approchant d’elle.

   — Ça va Samantha ? Tu trouves tes marques ?

   Elle fit oui de la tête, avant de boire une gorgée de café du bout des lèvres, ses doigts gantés entourant la tasse chaude.

   — Parfait. Tu veux peut-être enfin ôter ton armure ? Tu veux qu’on…

   — J’allais l’aider, s’interposa Lucie pleine d’entrain.

   Rose décocha un sourire de satisfaction.

   — Dans le dortoir tu trouveras des vêtements ayant appartenus à Adélaïde (Sophie haussa de nouveau un sourcil). Ça devrait faire l’affaire. Montre aussi à Samantha la douche et les commodités. Elle dormira chez nous ce soir et après je pense qu’elle s’installera ici un moment.

   Lucie répondit par un geste d’obéissance, puis prit par la main Samantha, comme une écolière, qu’elle tira jusqu’au dortoir.

   Ils rentrèrent les deux voitures, rangèrent les armes et se débarrassèrent de leurs costumes bien amochés. La douche sonna comme le glas de cette périlleuse mission.

   Quand elle fut seule, Rose consigna les faits, ne s’accordant du repos que quand chaque détail fut couché sur le papier. Le nouveau dossier « Crépuscule » rejoignit les autres aux archives. En passant, ses yeux glissèrent sur le dossier jaune que Pierre lui avait ramené.

   Il est temps.

 

   Le grand homme à la peau ébène revint au hangar alors que le soleil entamait sa descente, pour la traditionnelle cigarette de fin de mission, le rapport d’incarcération sous le bras. Son visage dégonflait quelque peu.

   — Que penses-tu de la situation ?

   Elle recracha un panache de fumée qu’elle observa longuement. Ses pupilles foncées s’étrécirent.

   — On rentre dans une période confuse. Très confuse. Avec cette bête… Je t’avoue que cela faisait très longtemps que je n’avais pas vu cela. Que je n’avais pas vu ce potentiel de danger.

   Il rigola.

   — Tu n’en donnais pas l’impression.

   — Il fallait bien paraître solide pour nos recrues.

   Il hocha la tête, tapotant le bout de sa cigarette pour faire tomber la cendre dans le pot externe.

   — Qu’en penses-tu d’ailleurs ?

   Rose recracha un nouveau panache de fumée en un cercle parfait.

   — Il faudra surveiller étroitement Samantha dans les prochains jours. Sa force est trop grande pour qu’on la laisse de côté, mais elle risque d’avoir des séquelles mentales. Je pense qu’on devrait impliquer Lucie dans son retour à la vie. Elle est volontaire et à l’air plutôt douée pour ça.

   — Et Edmond ?

   — Il progresse comme je le souhaite. Il gagne en sang-froid, sans perdre en humanité. C’est une personnalité rare.

   Pierre hocha la tête. Le petit n’était pas ce qui se faisait de plus fort, mais il avait du mordant.

   — J’ai remis le nez dans ton dossier, reprit Rose, le visage grimaçant.

   Pierre toussa, une quinte de toux rauque et du fond de gorge.

   — Et du coup ?

   — Si la moindre parcelle de ce document s’avère vraie… C’est un sacré sac de nœud qui nous attend. Surtout si on rajoute ce que l’on vient de vivre, et de potentiels météores supplémentaires ayant trouvé preneurs.

   Pierre grogna.

   — Malheureusement, tout est vrai. Tu peux me croire. L’homme qui a mené l’enquête pendant ces vingt ans ne savait pas à qui la confier. Mon cousin Bernard et un des seuls en qui il ait confiance. Connaissant notre activité… Il lui en a parlé.

   Rose fit la moue. Elle n’avait pas besoin de ça. Pas maintenant. Elle était lasse.

   — Les accords vont voler en éclats. Et nous sommes trop faibles. Trop faible pour une guerre.

   — On peut encore éviter ça, répondit Pierre. Jouons d’abord la carte de la justice. Si les accords existent, ce n’est pas pour rien.

   — Mouais, mâchonna Rose.

   — A côté de ça, reforme une équipe. Informe-les. Forme-les. Rappelle les anciens.

   — On tend une paume ouverte et on cache l’autre ?

   Il sourit, ce qui fit frétiller sa moustache carrée.

   — Exactement. Tour de passe-passe.

   C’était une évidence. Elle-même y avait songé quelques jours avant. Pierre et elle pensaient de la même façon. Elle ne lui demandait jamais son avis sur des sujets aussi délicats. En général, il le donnait lui-même, et s’il s’accordait au sien, c’était que c’était la bonne direction.

   — Oui, je vais reformer l’UESH, dit-elle les yeux dans le vague. Rappeler les anciens, informer, chercher des recrus potentielles. Préparons nous au pire ; cela nous coutera rien. Après tout, on vient de rouvrir Wonder.

   Pierre leva le dossier d’incarcération, et lui tendit :

   — Et les trente membres de crépuscule y sont à l’abri, je peux te l’assurer. Nous sommes toujours en train de vider leur cathédrale.

   Rose hocha la tête d’approbation, et replaça la mèche de ses cheveux derrière son oreille. Elle frissonna. Malgré l’épais jogging qu’elle avait revêtu, la fatigue lui donnait froid. Ecrasant sa cigarette contre la porte du hangar, elle regarda Pierre avec l’intensité de l’autorité.

   — Pour l’instant on fait profil bas, on évite tout débordement. Il est impératif que nous ne brisions pas les accords en premier. Ça leur donnerait les pleins pouvoirs. Rien que la petite bagarre d’Edmond avec les agresseurs de Lucie pourrait poser problème. Je vais briefer Edmond et Samantha avant de partir. Evidemment, pour l’instant, tout cela reste entre nous deux.

   Il acquiesçât, écrasant à son tour sa cigarette.

   — Quand comptes-tu partir ?

   — Le plus tôt possible.

   — Et avec qui ?

   — Je vais contacter l’Enclume. Il est dispo et apte. Je ne vois personne d’autre.

   Pierre gronda une nouvelle fois d’approbation.

   Rose regarda dans le vague, repensant à l’ancien temps avec mélancolie. L’avenir était incertain, certes, alors autant partir sur de bonnes bases. Son équipe en était une.

 

 

Petites notes de fin à l’égard des lecteurs et lectrices.

J’espère que la petite révélation finale (sur Samantha) et que le livre en général vous a plu !

J’ai mis longtemps à l’écrire, à le peaufiner, à en faire ce qu’il est aujourd’hui. J’ai bien conscience qu’il n’est pas parfait, mais il m’appartient, c’est mon univers et j’ai toujours voulu créer un univers à moi. Bien sûr, certaines idées sont reprises où ressemblent à d’autres venues d’univers connus, mais c’est un écueil dans lequel il est difficile de ne pas tomber. D’ailleurs, j’espère aussi que vous avez compris/trouvé/cherché les nombreuses références à la pop-culture.

L’épilogue ne me plait pas trop, et j’ai énormément de mal à trouver une dernière phrase accrocheuse. Ceci est au moins la 12ème version de la fin, la plus "potable".

Ah, par contre, le nom de Rose, Finn, n’a rien à voir avec Star Wars et c’est une TRES MALHEUREUSE coïncidence (Finn est en fait la rivière qui traverse le village natal de Rose, et j’ai trouvé ce nom dès 2012).

Voilà, j’espère vous revoir bientôt, la suite arrive très-très vite !

Des bisous !

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