2. premiers pas

Par Eurys

CHAPITRE 2

Premiers pas

...

«_ Je vous présente Armand Lacroix. »

Il ne s'agissait que d'un nom, mais mettre des mots sur celui qui occupait leurs pensées depuis presque une heure semblait être une grande avancée. L'inconnu n'était plus si inconnu que ça. Celui-ci esquissa un léger sourire et inclina la tête en guise de salutation, laissant Tréville continuer :

« _Lacroix, je vous présente Athos, Portos, Aramis et d'Artagnan. Le capitaine fit un signe vers chaque mousquetaire qu'il nomma, qui répondirent d'un léger hochement de tête chacun.

_Enchanté, je suis fier d'intégrer votre équipe. »

Les 4 amis observèrent celui qui sera désormais un des leurs. Il se tenait droit aux cotés de leur capitaine et arborait une expression qu'on qualifierait de neutre si ce n'était son léger sourire toujours affiché par ses lèvres. Sa silhouette paraissait assez fine, autant qu'on puisse en juger au travers de ses vêtements; il n'était ni grand ni petit. Ils se demandèrent encore plus comment cet homme avait pu intégrer leur garnison. Il n'était pas taillé pour être un  soldat. Tout mais surement pas le monde des armes. 

C'etait sans compter sa posture et son élocution qui suintaient la noble éducation. Porthos espéra secrètement qu'il ne soit pas aussi coquet qu'Aramis: un seul suffisait largement dans son genre.

Il y eut un moment de flottement ou personne ne dit mot, les mousquetaires étant occupés à dévisager ce compagnon d'armes. Tréville haussa un sourcil à l'encontre de cet acceuil peu chaleureux. Armand lui, était embarrassé du silence ambiant. Ce fut Aramis qui fit le premier pas. Il s'avança d'un pas sûr vers la recrue, une main tendue, qui fut aussitôt réceptionnée dans celle d'Armand. Ils se serrèrent la main et Aramis lui souhaita la bienvenue accompagné d'une tape dans le dos. Il rendit à Armand son sourire avant de se décaler, laissant place à ses camarades. D'Artagnan fit exactement comme Aramis bien qu'avec moins de vigueur. Armand eut peur que Porthos lui brise le dos quand sa main s'abattit entre ses omoplates. Athos se contenta de poignée de main avant de retourner à sa bouteille.

« _Bien maintenant que cela est fait, veuillez vous charger de faire connaitre la caserne a votre camarade. Athos vous vous chargerez de lui faire passer un essai à l'épée... bien que ce ne sera qu'une formalité. » Il termina sa phrase en fixant ses yeux sur le dénommé mousquetaire, lui intimant l'ordre de ne pas chercher d'explication. Le mousquetaire ne dit rien de plus et se contenta d'acquiescer aux ordres.

« _ Cela signifie-t-il que nous avons quartier libre pour la journée mon capitaine ? demanda Aramis avec un grand sourire, provoquant le rire de Porthos et d'Artagnan.

Le capitaine lui lança un regard noir qui montrait clairement ce qu'il pensait de la proposition de son soldat.

_ Vous avez 2 heures pour faire cela messieurs. Je vous attends après dans mon bureau ! »

Il se retourna et monta les escaliers, laissant ainsi seul son nouveau soldat parmi ceux qui auront la charge de l'intégrer. Celui-ci d'ailleurs ne savait comment se comporter; les mousquetaires lui paraissaient sympathiques, à part cet Athos qui semble pourtant être le plus proche de Tréville. Enfin, l'homme pouvait bien être froid et bon soldat, l'un n'a jamais empêché l'autre. Aramis lui, ressemblait plus à un homme qui aime cultiver son apparence, surement pour plaire. Il n'appréciait pas ce genre de personne en général mais ce fut quand même lui qui lui tendit la main en premier, l'accueillant avant les autres. C'était à voir, il lui fera peut-être changer son opinons sur les séducteurs dans son genre. Il ne s'était pas fait encore une image de  d'Artagnan. Il lui sembla plus... innocent que les autres. A ce qu'il avait compris il attendait un enfant et pour cette raison le capitaine l'avait en quelque sorte relégué à des taches sans risque. De Treville l'étonnait de plus en plus. D'abord ce Portos, ensuite son intérêt à épargner d'Artagnan. Il comprenait de mieux en mieux le fait qu'il ait accédé à sa requête malgré le risque. Et il restait justement Portos. A première vue on a envie de se tenir éloigné de l'homme mais derrière son allure semblait se cachait un être amusant et sympathique, le regard qu'il avait croisé plus tôt penchait dans ce sens. En l'occurrence, les mousquetaires qu'il appréhendait de rejoindre semblaient plus amicaux qu'il le pensait. Cela se passera peut-être plus facilement que prévu.

« _Bien, commençons par faire le tour de la caserne ! » Décida Aramis. Et il posa une main sur l'épaule d'Armand, lui intimant d'avancer, suivit de près par les autres. Ils commencèrent par les écuries, ensuite la cuisine, l'armurerie, les salles communes et les chambres attribuées aux mousquetaires à la toute fin. La partie ou se trouvait le bureau du capitaine n'avait pas été approchée et Athos lui dit qu'a part le chemin vers ladite pièce, il n'avait pas a besoin d'en connaitre l'architecture. Armand n'insista pas, le ton de l'homme correspondait plus à un ordre qu'a une suggestion.

_Il faudra vous faire rencontrer une certaine personne, déclara Aramis, bien que ce soit le capitaine qui commande ici elle à une certaine autorité, même sur nous ! ajouta-t-il en riant.

_Et il vaut mieux ne pas vous en faire un ennemi, ajouta Porthos.

_Qui cela ?

_Mon épouse, répondit d'Artagnan en souriant. Elle tient cette caserne d'une main de fer et gère tout le ravitaillement.

Le nouveau était de plus en plus intrigué, une femme qui gérait la caserne. Pourtant Monsieur de Treville ne lui avait rien dit. Il se garda bien de faire part de ses réflexions mais se décida a rencontrer cette personne durant les prochains jours.

Ils retournèrent dans la cour une heure après, le tour des lieux étant terminé. La conception de la caserne était assez simple et pratique, digne d'un bâtiment militaire. Les mousquetaires étaient nombreux et avaient tous leurs marques et leurs places; ils n'avaient pas l'aire d'errer sans but attendant des ordres. Le brouhaha ambiant commençait même à devenir familier, signe de la présence de compagnons d'armes. D'ailleurs ce bruit incessant sonnait moins fort aux oreilles d'Armand. Intrigué il sortit de ses réflexions pour découvrir la cour vidé de ses occupants, tous rabattus sur les coté en murmurant. C'est alors qu'il remarqua Athos se positionnant au milieu, l'épée dégainée et dirigée vers lui.

« _Vous n'avez pas oublié votre essai à l'escrime j'espère. » La voix d'Athos sonna comme un sermon. En effet il avait oublié cette partie des consignes du capitaine et même s'il savait bien se défendre, en sera-t-il autant face à un mousquetaire entraîné ? Il avait sérieusement des doutes mais n'avait pour autant aucune intention de se désister. Tréville avait certifié que cela ne jouera pas dans sa qualification, mais se vautrer devant ceux qui seront ses compagnons n'était pas non plus une alternative acceptable. Pas s'il voulait rester crédible. Dans une inspiration, Armand avança jusqu'à ce placer a quelque mètres en face de son adversaire et dégaina à son tour, prêt à relever le défi.

Le combat débuta au signal de Portos. Les deux hommes restèrent cependant à leurs places, jugeant la posture et les failles de l'adversaire. Armand savait qu'il ne pourrait compter que sur quelques failles pour atteindre le mousquetaire, le reste ne sera sans aucun doute que parades.

« _Vous décidez-vous à vous lancez ? » 

 Athos dit cela en engageant le premier mouvement. Il donna un coup d'estoc vers le jeune homme qui le para et contrattaqua directement sur le flanc droit de l'homme. Ils continuèrent à attaquer et contrer quand Athos décida de monter d'un niveau. Il accéléra et fit plusieurs attaques succinctes avant de feindre et le frapper par la gauche. Armand n'eut que le temps d'esquiver et se remettre en garde que les prochains coups arrivèrent le forçant à rester en défense alors qu'il reculait de plus de plus dans la cours. Athos s'arrêta d'attaquer et fit jouer son épée de son poignet alors qu'il marchait décrivant des cercles, jugeant son adversaire du regard sous les cris et les encouragements de ses compagnons.

Le combat était mal parti pour Armand. Il savait pourtant bien que ses chances de battre Athos étaient minces mais pas à ce point la ... C'était humiliant pour lui de reculer sans arriver à porter ne serait-ce qu'un seul coup. Il lui fallait au moins riposter, pour ne serait-ce sauver la face. Alors que son adversaire levait sa rapière, dans le but clair d'en finir avec ce combat, il profita de cette ouverture pour porter un coup. D'un geste rapide il esquiva, fit glisser sa lame contre celle d'Athos et d'un mouvement de cercle autour de celle-ci désarma le mousquetaire, faisait voler son épée à quelque mètres. L'homme écarquilla les yeux et les cris de l'assemblée se turent. Armand fonça sur Athos la pointe en avant, profitant du léger choque de celui-ci pour reprendre le dessus. Il ne vit pas son adversaire esquiver son coup et tendre la jambe, lui faisait un croche-pied. Il chuta en avant, déséquilibré, lâchant en même temps son épée. Athos ramassa l'arme et la retourna contre son propriétaire la pointe sur la nuque, mettant fin définitivement au combat.

Les spectateurs ne savaient plus que penser de cette scène. Ils avaient vu le nouveau se faire acculer sous les coups d'Athos, encore et encore et pariaient déjà sur le temps que mettrait leur compère pour le faire plier. Mais contre toute attente son adversaire reprit le dessus et un instant ils pensèrent leur compagnon battu avant que celui-ci ne retourne la situation à son avantage, gagnant ainsi le duel. Bien que la différence de niveau se faisait sentir, le jeunot avait mis le mousquetaire a mal, failli le battre... mais juste failli.

Au centre de la cours Athos tendit une main vers son adversaire au sol comme signe de trêve; nulle rancune ou réparation. Armand la prit.

« _Félicitation ! Dit Aramis alors qu'Armand les rejoignait, suivant Athos. Vous m'avez fait gagner 2 louis Armand, je sens que nous allons bien nous entendre, ajouta-t-il en riant.

_Pardon ? Demanda l'intéressé qui lui n'y comprenait rien

_Ils ont parié, informa Athos d'une voix neutre, comme si la chose lui était commune... et sans doute l'était-elle.

_ Ce cher Porthos a parié que vous vous retrouverez à terre en 5 minutes tout au plus, et moi plus de 10. Heureusement pour ma bourse vous avez tenu plus ! »

Il fit jouer la pièce dans ses mains, sous l'œil maussade de Porthos. La foule qui se tenait la quelque minutes plus tôt s'était dispersée. Il ne restait que quelques hommes, s'affairant de nouveau à leur travail. Armand regarda autour de lui, ayant le sentiment que ce duel ne fut qu'une distraction pour les mousquetaires. Pas de commentaires, de messes basses ou de rires: lui qui pensait passer une sorte d'épreuve, il eut l'impression que ce ne fut rien de plus qu'un jeu.

Il reporta son attention sur ses compagnons et tomba sur le regard joyeux de Porthos qui jouait avec une pomme. Deux fois depuis le matin qu'il tombait sur ce regard. Le mousquetaire sourit sarcastiquement, « comme si il savait ce que je me disais » pensa Armand. Et en toute logique il connaissait surement la nature de ses interrogations. Apres tout c'est un mousquetaire, qui passa par cette même étape bien avant lui, qui dut faire ses preuves et se faire accepter comme tous les autres dans cette caserne. Il n'était pas le premier nouveau à rejoindre cette caserne, et surement pas le dernier... étrangement cette réflexion lui fit du bien, donnant l'infime impression de ne plus être seul, seul dans sa situation, seul dans ses déboires. Il ressemblait a d'autres qui étaient passés par la également, surement pas dans les mêmes circonstances, surement pas pour la même raison, mais il partageait ce passage avec eux.

« _ Lacroix ! »

Le jeune homme sorti de ses pensées quand son nom fut presque crié à ses oreilles. Oh non... C'était Athos qui l'appelait. Ses débuts avec cet homme étaient déjà plus que froids. Il avait réussi - il lui semblait- à passer une étape après le duel, alors il était hors de question de tout réduire a néant en rêvassant quelque heures à peine après son arrive.

« _Excusez-moi, j'étais perdu dans mes pensées.

_Et voici que nous avons un penseur parmi nous ! S'exclama Aramis . Qu'en penses-tu Porthos ? Cela nous changera de ton habitude à foncer sans réfléchir.

_ Je pense plutôt qu'il perdra bientôt cette habitude. Ou se fera trancher avec, au choix. Répondit tranquillement le métis en frottant à nouveau sa pomme contre son vêtement, cette fois ci il comptait bien croquer son fruit.

_ Arrêtez, vous-allez finir par le rendre pale à force mes amis, intervient d'Artagnan en voyant Armand perdre légèrement contenance. C'est leur façon de se distraire, Ajouta d'Artagnan a l'adresse du nouveau. Vous vous y habituerez à force croyez moi.

Armand souris mécaniquement comme seule réponse. 'A force '... il espérait que son but serait atteint bien avant, il n'avait pas pensé à combien de semaines, de mois prendrait son entreprise. Mais il se garda bien de faire cette réflexion.

_Treville nous attend dans son bureau, intervint Athos. Allons-y, nous pourront ensuite enfin nous rafraîchir la gueule suite à cette escarmouche. »

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« _Il a une bonne maitrise de l'escrime mais les coups manquaient de force, elle a été compensé par de l'agilité et un peu de ruse également. Je pense ... »

Armand écoutait Athos commenter son rapport du duel les yeux rives vers le sol mais l'oreille attentive. Il sentait la fierté gonfler en lui mais ne put s'empêcher de sourire tristement se disant que cela ferait surement la fierté de l'homme qui avait tellement tenu à ce qu'il apprenne les armes.

« _Bien, dit Treville. Armand, vous faites désormais parti des mousquetaires. N'oubliez pas que vous serez sous les ordres d'Athos et que vous n'êtes toujours pas mousquetaire. »

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Le soleil déclinait dangereusement à l'horizon, assombrissant le ciel de Paris. Armand se pressa au marché s'acheter toutes les fournitures qu'il lui fallait pour son nouveau logis temporaire. La foule s'agglutinait dans les rues et sur la place. La journée de travail finit les badauds s'empressaient d'acheter nourriture, bois et boissons avant de rentrer dans leurs foyers. Il n'était habitué ni au marché ni à la foule et se frayer un chemin dans cette marée humaine lui sembla plus difficile que le duel contre Athos. Il s'acheta du bois, du pain et du fromage puis des chandelles ainsi que quelques autres objets qui lui seront utiles. Il déposa ses achats dans la cuisine avant de filer dans la chambre prendre quelque seaux et descendre au puits récolter assez d'eau pour un ou deux jours.

Il prit le temps d'allumer un feu dans la cheminée et s'effondra sur la chaise en face. La journée avait été pesante, son seul souhait désormais était de se glisser dans son lit et s'endormir pour plusieurs jours.

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Elle soupira, se plongeant autant que possible dans l'eau chaude. Apres sa journée un bain lui semblait la chose la plus agréable qui soit. Elle se permettait enfin un moment de détente après des jours d'angoisse, d'auberges miteuses et de routes poussiéreuses. La cavale n'était pas terminée et elle se devait toujours de prendre ses précautions mais les chances qu'il la retrouve, ainsi, étaient presque infimes. « Infimes mais pas impossibles ». Elle soupira une nouvelle fois mais pas de contentement et décida de ne plus y penser pour savourer pleinement la douce chaleur qui l'enveloppait.

 

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deb3083
Posté le 06/08/2020
Finalement je me demande si Armand Lacroix et la jeune femme ne sont quand même pas deux personnes distinctes avec cette fin de chapitre ! ou alors les dernières lignes sont là pour tromper le lecteur et raconte des faits qui se sont passés avant l'arrivée à la caserne.
Sinon j'ai bien aimé la scène du duel et l'ambiance du chapitre ;-)
Eurys
Posté le 06/08/2020
Humm, je ne vais toujours rien dire haha ^^ Contente de te retrouver pour la suite et que le chapitre te plaises, merci beaucoup ♥
Lutetia
Posté le 28/04/2020
Coucou !

Un chapitre très intéressant.
J'ai trouvé que tu avais plutôt bien décrit Armand au départ en prenant en compte le point de vue des mousquetaires donc sans aller trop loin dans les détails.
Pareil pour les caractères. Ceux d'Athos, Porthos, Aramis sont très fidèles au roman de Dumas (j'adore personnellement le duo Aramis/Porthos). En revanche, et je pense que c'est parce que l'on ne le voit pas beaucoup, d'Artagnan est encore très effacé.

Il y a quelques coquilles par-ci, par-là mais rien de dramatique ;)
Dernier point : je n'ai pas bien saisi la séparation de tes paragraphes à la fin (il y en a beaucoup par rapport au reste du texte).

Pour terminer, l'ambiance me plaît bien et j'ai hâte de connaître l'identité de la femme de d'Artagnan !
Eurys
Posté le 28/05/2020
Ah mais je n'avais pas ce commentaire, pardon ><
e usis contente que tu ai aimé ce debut, et le duo Aramis/Porthos est mon duo favoris ♥
Pour d'Artagnan tu as bien remarqué< en fait je t'avoue que je n'aime pas trop ce personnage dans la serie, et je l'ai un peu effacé mais il sera tout de meme souvent la ( pardon d'Artagnan XD)
Ah zut, en effet j'ai eu tendance a séparer a chaque fois qu'on sautait de lieu, ce ne'tait pas très malin il faudrait que je modifie ca. Merci beaucoup pour ton commentaire, en espérant que l'histoire te plaise ♥
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