2. Premier Cercle

Par Gab B
Notes de l’auteur : Bonjour à tous ! Voici pour la deuxième partie du chapitre 1 :)

Précédemment : Bann et Mevanor ont pénétré dans une forge pour y dérober des épées. Sur le chemin du retour, Mevanor a été témoin d'un étrange grondement semblant provenir des confins de la vallée.

Merci d'avance à ceux qui laisseront un commentaire, toute remarque est bonne à prendre ! En espérant que cette deuxième scène vous plaira :)

Chapitre 1 : Le grondement

 

Premier Cercle

 

Attablée dans la grande salle à manger de la maison familiale, la tête mollement soutenue dans la paume de sa main, Ada s’ennuyait. Elle jouait machinalement avec ses couverts et feignait d’ignorer le regard réprobateur que sa mère lui lançait, sans doute pour la rappeler discrètement à l’ordre sur sa posture. Qu’importait donc son maintien ? Personne ne faisait attention à elle depuis le début du déjeuner. Ses parents recevaient le Gouverneur qui semblait absorbé par la discussion. De la politique, des taxes, des histoires du bon vieux temps racontées cent fois… Ada se gratta la joue et déplaça sa main sous son menton. Le repas n’avait pas encore commencé, mais il s’annonçait déjà interminable.

Elle laissa glisser son regard vers leur prestigieux invité qui était aussi un bon ami de la famille. Son visage fatigué le vieillissait prématurément ; ses paupières tombant lourdement sur ses yeux clairs accentuaient son air inoffensif et un peu perdu.

À côté du Gouverneur, le père d’Ada, Subor Kegal, paraissait vigoureux et plein d’entrain. La compagnie, ou le vin, avait transformé l’expression sévère qu’il arborait souvent en un sourire jovial. Ada n’appréciait pas les repas interminables qu’engendraient les visites du dirigeant de la Cité. Elle devait néanmoins reconnaître que ces dernières adoucissaient toujours l’humeur de son père et la jeune fille préférait le voir ainsi, joyeux et léger, loin des soucis de l’administration du quartier.

— Et toi, Ada ? demanda soudain une voix à sa gauche.

L’intéressée tourna la tête vers sa mère. Perdue dans ses pensées, elle ne suivait plus le fil de la discussion depuis un bon moment. Elle écartait les lèvres pour formuler une réplique qui ne trahirait pas trop son inattention quand la porte de la salle à manger s’ouvrit sur ses deux frères. Bann, assuré et charmant. Mevanor, doux et rêveur. Ada leur lança un regard accusateur pour l’avoir laissée seule pendant si longtemps, auquel ils répondirent par un vague haussement d’épaules. Ils bredouillèrent quelques mots en guise d’excuse pour expliquer leur retard, puis l’aîné s’installa à gauche de leur père tandis que le cadet s’asseyait en face de lui, à côté d’Ada.

— Toute la ville ne parle que du bruit de cette nuit, commença Bann. Que s’est-il passé ?

— Tu l’as entendu ? s’étonna leur mère.

— Ça résonnait dans toute l’allée, répondit Mevanor.

Ada réprima un sourire et lui transmit sous la table le coup de pied que Bann avait envoyé dans leur direction, mais qui avait rencontré son mollet à elle.

— Qu’est-ce que vous fabriquiez dehors en pleine nuit ?

— Pas nous, dit Bann précipitamment, mais des gars à l’entraînement nous ont raconté.

Leur mère afficha une grimace peu convaincue. Ateb Kegal ne se satisferait certainement pas d’une explication aussi vaseuse.

— Et alors ce bruit, qu’est-ce qu’il s’est passé ? répéta la jeune fille d’un ton innocent pour voler à la rescousse de ses frères.

En face d’elle, son père soupira et elle vit de nouveau apparaître son regard soucieux.

— Un éboulement dans les anciennes galeries, à l’Est de la vallée. Tout un flanc du canyon s’est effondré, le temple des prêtresses du Fleuve avec. Une patrouille d’éclaireurs a été envoyée pour venir à leur secours, mais les pauvres se sont retrouvées complètement ensevelies. Et ce n’est pas fini : l’affaissement de la falaise a fait sortir de sa grotte un mastodonte d’une taille impressionnante. Il s’est réfugié dans la vallée.

Tous les convives tournèrent la tête au petit cri d’effroi qu’avait poussé Ada. Elle plaqua les deux mains sur sa bouche, rouge de honte, et baissa les yeux sur son assiette. Sans la regarder, Mevanor posa une paume bienveillante sur elle comme pour la réconforter et pressa maladroitement ses doigts sur son épaule.

— Ne t’inquiète pas, souffla sa mère, il ne présente aucun danger pour nous. C’est juste un animal énorme et apeuré qui n’a aucune raison de s’attaquer aux humains.

— Mais il saccage nos cultures, détruit nos vergers, attire plus de bêtes de l’ombre. Et terrifie les travailleurs qui n’osent plus s’éloigner de la ville, grommela son père.

Ada réprima un frisson. En quinze ans, elle n’avait jamais vu de mastodonte s’approcher de la Cité. Comme la plupart des autres créatures, ils préféraient se cacher dans l’ombre de la forêt pétrifiée. D’autant plus que leur gabarit ne leur permettait pas vraiment de quitter les cavernes dans lesquelles ils hibernaient et se frayer un passage entre les arbres touffus jusqu’à la vallée.

En face d’elle, Bann, le front et les yeux plissés, semblait en pleine réflexion. 

— Et on sait ce qui a causé cet écroulement ? demanda-t-il.

— Apparemment, des contrebandiers ont voulu creuser trop loin, à grand renfort de poudre fulminante.

— Pas apparemment, coupa le Gouverneur en secouant la tête. Le Général m’a ramené des preuves. Ils ont utilisé ces choses qu’on fabrique pour les bâtisseurs, avec des pistons à percussion pour fracturer la roche. Ce n'est pas donné à n’importe de les forger ou réussir à s’en servir correctement. Ils ne sont pas de banals contrebandiers Subor, je te le dis. Quand les soldats sont arrivés, il n’y avait plus aucun corps sur place. Les survivants ont fait le ménage derrière eux.

À son tour, Ada plissa les paupières alors que sa mère s’agitait sur la chaise à sa gauche. L’alcool les rendait bien bavards. D’habitude, ses parents ne parlaient jamais des affaires de la Cité devant ses frères et elle. Aujourd’hui, ils avaient un peu perdu leur habituelle inhibition.

— Qu’ont-ils de particulier ? questionna Bann.

Avec un clin d’œil discret en direction de ses deux cadets, il remplit de vin les verres autour de lui.

Son père le remercia d’un hochement de menton et but une longue gorgée avant de répondre.

— Ce que Nedim veut dire, c’est qu’ils sont organisés. Tu connais mon avis sur le sujet, ajouta-t-il à l’attention de son ami. C’est aux administrateurs Volbar qu’il faut demander des comptes. Ce n’est un secret pour personne que la plupart des pierres et des minerais passent par leur quartier.

Ce n’était peut-être pas un secret parmi les autres administrateurs, mais jusqu’alors c’en avait été un pour Ada. Elle vit le Gouverneur secouer la tête, apparemment peu convaincu par les accusations de son père.

— Si ce n’était qu’une question d’argent, sans doute que les Volbar se cacheraient derrière tout ça. Mais on les surveille, Subor, tu le sais bien, et nous n’avons jamais rien trouvé de leur côté. Je suis persuadé que ces contrebandiers ne sont que l’arbre qui cache la forêt. S’ils voulaient simplement extraire les richesses de la montagne, ils n’auraient pas creusé un tunnel aussi droit et long, mais plusieurs galeries dans des directions différentes. Ils poursuivent un but bien plus complexe que ça. Je me demande si tout ça n’a pas un lien avec le Premier Cercle. 

Ada n’avait jamais entendu ce terme auparavant. Fronçant les sourcils, elle jeta un coup d'œil discret à ses frères, pendus aux lèvres des deux hommes. Visiblement, ils brûlaient autant qu’elle d’en apprendre plus sur le sujet. Mevanor fut le plus rapide des trois.

— Le Premier Cercle ? Qu’est-ce que c’est ?

— Je vais faire apporter le prochain plat, intervint brusquement sa mère, sans doute pour couper court à la conversation.

— Merci, Ateb, cela s’annonce tout à fait délicieux, répondit poliment le Gouverneur avant de reprendre, ignorant le regard noir que lui lançait l’administratrice. Le Premier Cercle est un nom qui circule depuis quelques années, mais dont nous ne savons pas grand-chose. D’après les rumeurs, il désignerait un groupe de discussion, dont les membres se réuniraient en secret pour parler philosophie, science ou encore exploration. Cela fait un petit moment que j’essaie de comprendre leurs motivations, mais ils se révèlent plus nébuleux et insaisissables qu’un nuage de fumée.

Subor renifla dédaigneusement.

— Tu l’as dit, ils ne font que discuter. Ils sont inoffensifs. Sûrement rien de plus que quelques notables qui se retrouvent pour se donner une direction commune. On fait la même chose, sans nous cacher derrière tant de mystère. Et je ne vois pas quel rapport des intellectuels entretiendraient avec la pègre. 

— Et nous en parlerons au prochain Conseil, trancha l’administratrice d’un ton ferme. La situation est certes préoccupante, mais le printemps est déjà bien avancé et la Fête du Vent approche. Bann, tu ne nous as toujours pas dit qui sera ta partenaire.

Ada leva les yeux au ciel. Sa mère n’essayait même pas de faire dans la subtilité : elle ne voulait pas laisser ses enfants en apprendre trop sur le sujet. Ce qui le rendait d’autant plus digne d’intérêt. La jeune fille observa la réaction de son frère aîné, certaine qu’il n’en resterait pas là. Il eut d’abord l’air frustré par la fin abrupte de la conversation, puis ennuyé par la question de sa mère. Il posa méticuleusement ses couverts à côté de son assiette, comme pour gagner du temps.

— Personne. J’ai décidé d’y aller seul, répondit-il tranquillement. Et toi, Mev ?

— Sais pas encore, bafouilla son cadet en recrachant la moitié du vin qu’il venait de porter à ses lèvres.

Le visage serein de Bann ne laissait plus transparaître aucune émotion, chose très inhabituelle. Il cachait sûrement quelque chose. Une petite amie ? Traditionnellement, les jeunes hommes demandaient les demoiselles en mariage lors de la Fête du Vent, lesquels étaient ensuite célébrés soixante jours plus tard, pendant la Fête du Soleil, la nuit la plus courte de l’année. Peut-être son frère ne souhaitait-il pas encore dévoiler ses intentions à ses parents. Ces derniers n’attendaient pourtant rien d’autre que le voir s’épanouir dans une vie faite de bonheur conjugal, et si possible de petits-enfants.

Ada décida de creuser un peu.

— Tu pourrais inviter la fille du meunier, elle est vraiment gentille et très jolie.

Si la jeune femme en question, une amie chère au cœur d’Ada, ne lui avait jamais confié éprouver une passion brûlante pour Bann, ce dernier ne la laissait certainement pas indifférente. En témoignaient les œillades timides et le léger rougissement des joues de son amie chaque fois que son chemin croisait celui de son frère aîné.

 Alors qu’elle attendait la réponse de Bann, toujours imperturbable, Ada surprit ses parents à échanger un regard complice.

— On verra, conclut-il en se levant. Merci pour le repas, il faut qu’on y aille maintenant. On doit surveiller les champs cet après-midi, à cause du gros mastodonte qui terrorise la population.

Le ton ironique qu’il avait employé sembla déplaire à son père, mais celui-ci ne fit pas de commentaire. Bann tira sur le coude de Mevanor, qui grommela qu’il n’avait pas fini de manger avant d’attraper un morceau de pain et se mettre debout à son tour. Ils quittèrent rapidement la pièce, abandonnant Ada avec trois adultes plutôt éméchés.

Dans un soupir, elle s'appuya contre le dossier de sa chaise, résignée et déçue. Ses frères étaient partis dès que la conversation avait cessé de les intéresser, alors que le deuxième plat venait à peine d’être apporté. Elle-même devrait rester à table encore un bon moment. Elle aurait aimé discuter plus longtemps avec eux, de la Fête du Vent, du mastodonte, ou même de ce Premier Cercle dont ils devaient apparemment oublier l’existence. Au lieu de ça, ils la laissaient derrière eux, comme à chaque fois.

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Edouard PArle
Posté le 11/05/2023
Coucou Gab !
C'est une bonne idée d'utiliser la note de l'auteur pour rappeler le chapitre précédent, surtout qu'on oublie assez facilement certaines infos sur les histoires avec la lecture espacée.
Bon chapitre d'exposition, tu donnes pas mal d'infos et de contexte sans que ce soit trop lourd. J'aime bien l'idée que ce soit l'alcool qui aide à délier la langue de tes personnages, pas qu'ils se mettent à parler comme ça. Ca fait moins adressé au lecteur. La présentation du mastodonte est bien, on se l'imagine facilement.
Curieux d'en apprendre plus sur les différents membres de la fratrie.
Petite remarque :
"Ce n'est pas donné à n’importe de les forger ou réussir à s’en servir correctement." -> n'importe qui ?
Un plaisir,
A bientôt !
Gab B
Posté le 11/05/2023
Hello Edouard,

Merci pour ton commentaire :) Oui j'ai eu cette idée de résumer dans les notes car moi-même je me perd souvent quand je lis des histoires, et puis j'ai arrêté vers le chapitre 20 car je n'étais pas sûre que ça soit utile haha
Les trois membres de la fratrie Kegal font partie des personnages qu'on verra le plus ;)
Oui, n'importe qui, bien sûr ^^ tout le monde me fait la remarque haha mais je ne l'ai toujours pas corrigé --'

A bientôt !
Gaëlle N Harper
Posté le 08/05/2023
Ah ! La forêt pétrifiée ! J'ai cliqué pour ça, c'est super évocateur, je suis pressée de voir ce que ça va donner ! En plus on a déjà un aperçu du bestiaire ! Et tu commences à disséminer des éléments mystérieux, je continue !
Gab B
Posté le 09/05/2023
Merci pour ton enthousiasme !! Je suis contente que ça te plaise ;) J'espère que la suite sera à la hauteur de tes attentes :)
Camille Octavie
Posté le 13/04/2023
Bonjour :)

Tu réussis à faire passer beaucoup d'informations dans ce chapitre, sans que ce soit lourd à lire, ni lent. Je vais tenter d'en prendre de la graine ^^

J'aime bien la dynamique qui émerge entre les trois enfants (je sais pas s'il y en a d'autres), c'est vraiment chouette, chacun sa personnalité. Je n'arrive pas trop à savoir exactement quels âges ils ont par contre. Pour les deux garçons ce n'est pas si important, qu'ils aient 16 ou 20 ans, au final, selon les univers, ça ne change rien. Ada par contre j'aurai aimé savoir dans quelle tranche d'âge elle se situe par rapport à ton univers. Est-elle une cadette à peine plus jeune mais (sur)protégée ? Ou est-elle encore presque une enfant ? Peut-être que j'en saurai plus dans le prochain chapitre ...

L'intrigue continue de s'épaissir, je suis bien accrochée j'ai envie de cliquer sur "suivant" tout de suite ;) Bravo !

Je me suis demandée si Ada était "sous le choc" de la libération d'une grosse bête, ou de la disparition du temple. Tu y reviendras certainement ensuite, mais là sur le coup j'ai l'impression qu'elle est plus embêtée par le mastodonte, et du coup j'aurais tendance à penser que c'est un univers ou la religion n'est pas particulièrement importante.

Voilà pour moi ! A bientôt !

PS: Je n'ai jamais pensé à faire un mini-résumé dans les notes ! Je peux piquer l'idée ?
Gab B
Posté le 14/04/2023
Hello Camille !

Merci pour ton commentaire :D

C'est effectivement une fratrie de 3, il n'y a pas d'autres enfants :) Pour l'âge, le flou est volontaire. Si tu veux tout savoir, j'ai lu "La Passe-miroir", que j'ai beaucoup aimé, et je me suis rendu compte qu'on ne connait pas du tout l'âge du personnage principale. Selon moi, elle pourrait avoir aussi bien 16 ans que 25, et je pense que ça contribue à ce que plus de gens arrivent à s'identifier à elle :) donc j'ai essayé de reproduire ça ici ! C'est vrai que Bann et Mevanor peuvent avoir entre 16 et 20 ans, ça ne change pas grand-chose à l'histoire : ce sont de jeunes hommes, encore vus par des gamins par les "adultes" mais plus vraiment des enfants (en réalité ils ont 18 et 19 ans au début de l'histoire). Ada est en fait la seule dont j'avais volontairement précisé l'âge, mais je me rends compte que ma formulation n'est pas claire du tout donc je comprends que tu aies zappé l'info ^^' "En quinze ans, elle n’avait jamais vu de mastodonte s’approcher de la Cité" ==> elle a 15 ans, donc elle n'a pas tant que différence d'âge avec ses frères mais eux sont très proches, c'est ce qui explique qu'elle soit un peu mise à l'écart.
Wahou désolée pour le long pavé d'explications !!

Ravie que l'intrigue te plaise !! :D

Je suis d'accord que c'est un peu trop flou la manière dont Ada (et même les autres personnages) semblent peu affectés par la présence du mastodonte et la mort des prêtresses... C'est un point que je dois corriger pour la réécriture :) Mais tu as raison, la religion n'est pas très présente, c'est plus une sorte de folklore/coutume (ce qui choque, c'est plus que des femmes soient mortes, pas que ce soit des prêtresses particulièrement).

Et je suis très très contente que tu aimes l'idée du résumé dans les notes !! Je me suis embêtée à le faire jusqu'au chapitre 26, et faute de retour sur l'utilité j'ai arrêté. Je pense aussi que quand on est bien avancé dans le bouquin on a moins besoin de rappels sur les personnages et l'histoire... En tout cas personne ne s'est manifesté pour déplorer l'absence de résumé ^^ Et bien sûr que tu peux piquer l'idée, avec plaisir !!

A bientôt :)
Camille Octavie
Posté le 14/04/2023
Bonjour :)
En fait je suis comme toi, j'aime beaucoup quand l'âge des personnages n'est pas précis. Je trouve que le lecteur n'a pas besoin de l'âge exact, et que l'imprécision facilite l'identification ^^
(J'ai adoré La Passe-miroir aussi !)
Par contre, mais ce n'est que mon avis, plus que l'âge, il est quand même bon d'arriver à suggérer le niveau de maturité, parce que ça peut influer sur les "attentes" du lecteur et ses hypothèses de lecture.

Je trouve que La Passe-Miroir a très bien géré cela, on n'a pas son âge, mais elle fait assez "immature pour son âge" au début, on sent qu'elle est "en retard" par rapport aux autres filles ou femmes de son âge. Ça aiguille le lecteur vers des relations parentales pas fluides, des événements graves quand elle était plus jeune... et quand elle rencontre Thorn on se doute que ça va pas être "romantique", du coup. Et ensuite au fil des tomes elle grandit, sans que jamais l'auteur n'ait besoin de préciser qu'elle fête son anniversaire ! C'est vraiment super bien je trouve.

Mes histoires sont peu avancées, mais j'essaie d'être claire sur le niveau de maturité de mes personnages. Par exemple j'ai une saga qui pourrait faire très "jeune adulte", sauf que pour traiter mes thématiques j'avais besoin que les personnages aient la trentaine bien passée. C'était important que cette "maturité" puisse passer auprès des lecteurs car une partie de l'intrigue repose sur leur capacité d'introspection...

Bref, je m'étale. Ravie de continuer à échanger sur ce sujet si ça t'intéresse ^^, je file lire le prochain chapitre là :)

Gab B
Posté le 14/04/2023
Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle (le niveau de maturité dont tu parles) ! C'est très intéressant, d'autant plus que de manière générale on (mes coauteurs et moi) se pose beaucoup de questions sur la différenciation des personnages (on a très peur qu'ils soient trop interchangeables). Il faut que je réfléchisse à un moyen de faire passer ça, et c'est vrai que même pour des personnages du même âge, le niveau de maturité diffère. Par exemple, Demka du chapitre suivant et Bann ont le même âge, mais ce dernier est toujours un gamin choyé par ses parents, car il vient d'un milieu privilégié, alors que Demka doit bosser dur et a abandonné les "gamineries" de Bann et Mevanor depuis un moment. Je ne sais pas si ça se ressent bien à cet endroit de l'histoire ?

Je suis toujours ravie d'échanger sur tous les sujets ;) surtout si ça peut nous permettre de progresser !!
Camille Octavie
Posté le 14/04/2023
Je n'ai pas trop pu "évaluer" Demka XD On ne le voit pas beaucoup, et le fait d'avoir grandi dans un milieu difficile n'en fait pas forcément quelqu'un de plus "mature" ^^ Mais j'y prêterait attention :)

En revanche pour Ada, la maturité que je ressens à la lecture correspond dans ma tête avec une quinzaine d'années : sa façon de parler, de ne pas oser s'imposer face à ses parents ou ses frères, c'est cohérent ;)

C'est un gros challenge que d'arriver à différencier les personnages je trouve ^^(j'écris depuis à peine deux ans) mais a chaque fois que j'aime un livre, je me rends compte que la différenciation est très réussie ;)
Si tu ne connais pas, pour voir un bon exemple (selon moi), je te conseille La Fileuse d'Argent :)
Gab B
Posté le 14/04/2023
Je ne connais pas la Fileuse d'Argent, je vais chercher si je peux le trouver ! Merci du conseil :D
Kieren
Posté le 24/02/2023
"Ce n'est pas donné à n’importe QUI de les forger ou réussir à s’en servir correctement."

L'introduction des personnages passe bien. Ada est au centre de l'action malgré son statut d'observatrice, on comprend qu'elle est assez passive et qu'on lui dicte ce qu'elle doit faire, plus que pour ces frères, il y a donc un certain sexisme latent : une dame doit correspondre à une certaine image, même la mère n'a pas vraiment de rôle démonstratif, elle n'apparait dans cette scène que pour clore le sujet de conversation sur le Premier Cercle.
C'est d'ailleurs un point qui me fait poser question : le premier cercle a l'air d'être assez passif, il apparait comme un groupe de discussion philosophique, rien de bien transcendant. Bon, bien évidemment il y a anguille sous roche, mais pourquoi la mère clôt elle ce sujet de conversation ? Il n'y a qu'une seule raison qui semble logique : elle est fait partie, ou elle connait leurs intentions et elle n'a pas envie que ses enfants n'y fourrent leur nez dedans. Mais dans ce cas cela la rend suspecte auprès du gouverneur et de son mari, donc bad move. Sinon ce n'est là que pour renforcer le côté mystérieux du Premier Cercle, le transformant comme objet interdit, et cela sans raison, et je trouve ça dommage.
Gab B
Posté le 24/02/2023
Concernant Ada, je ne dirai pas que c'est que sa passivité est dû à un sexisme latent (en tout cas ce n'est pas du tout l'intention). C'est surtout la petite dernière de la famille, et comme ses frères aînés (surtout Bann) ont un caractère fort, elle est plus effacée car ils ne lui laissent pas assez de place. Je ne sais pas si c'est clair ! Et si la mère n'a pas de rôle plus important dans cette scène, c'était surtout pour ne pas noyer les lecteurs sous les personnages dès le début. En réalité elle porte bien plus la culotte que son mari ;)
Je ne répond pas à tes questionnements concernant le premier cercle, normalement la suite devrait le faire pour moi (même si une grande partie des réponses n'a pas encore été publiées !).
Aubaaa
Posté le 15/02/2023
Bonjour !

J'ai beaucoup aimé ce deuxième passage, comme le premier d'ailleurs. On comprend de plus en plus le caractère des personnages, et on en découvre un peu plus sur l'univers général de l'histoire.

Je rejoins un peu les différents commentaires sur le fait que ce qui s'est passé dans les falaises semble assez grave, avec des morts et des bêtes relativement embêtantes échappées, d'autant que les causes de l'effondrement semblent obscures avec visiblement des contrebandiers aux intentions douteuses derrière tout ça, mais en même temps au début du passage les dirigeants de la Cité ne paraissent pas plus perturbés que ça avant que le sujet ne vienne réellement sur le tapis avec l'arrivée de Bann et Mevanor.
Ceci dit, j'avoue qu'en première lecture cela ne m'a pas perturbée, ce n'est qu'en lisant les commentaires par la suite que j'ai constaté ce décalage.

Enfin, je rejoins Michael sur les quelques détails d'écriture (manque d'un mot dans une phrase, virgule, préposition), et j'ajouterais aussi qu'une phrase m'a dérangée dans ma lecture, que j'ai dû relire à plusieurs fois, notamment sa deuxième partie : " D’autant plus que leur gabarit ne leur permettait pas vraiment de quitter les cavernes dans lesquelles ils hibernaient et se frayer un passage entre les arbres touffus jusqu’à la vallée.". Je la verrai bien écrite autrement, par exemple "D'autant plus que leur gabarit ne leur permettait pas vraiment de quitter les cavernes dans lesquelles ils hibernaient, et encore moins de se frayer un passage [...]" ou bien "D'autant plus [...] ne leur permettait ni de quitter les cavernes dans lesquelles ils hibernaient, ni de se frayer ensuite un passage [...]". J'ai l'impression que ce serait plus compréhensible en liant davantage les deux parties de la phrase, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire.

En tout cas j'ai hâte de lire la suite !
Gab B
Posté le 15/02/2023
Coucou, merci pour ton commentaire :)

Je suis contente que ça te plaise :D

Vous avez l'air de tous vous accorder sur l'essentiel, tant mieux ! Le caractère urgent/grave de ce qu'il s'est passé va être retravaillé que ce soit plus fluide tout au long du chapitre.

Le point de détail que tu mentionnes m'a fait tiquer, parce que dans tous l'information est un peu débile (si ils ne peuvent pas sortir de leur grotte et se déplacer dans la forêt à cause de leur taille, comment celui-là a-t-il pu le faire ???). C'est un résidu du scénario de départ dans lequel le mastodonte ne pénétrait pas dans la vallée. Je pense que toute la phrase va sauter ^^

J'espère que la suite te plaira autant ;)
Néroli F
Posté le 08/02/2023
Coucou !

Tout d’abord bravo pour ces deux premiers passages qui donnent carrément envie de lire la suite ! Celui-ci est particulièrement agréable parce qu’il nous permet de commencer à imaginer un peu plus le monde dans lequel se situe votre intrigue, comment s’organise la cité, ses codes etc, mais aussi d’en apprendre un peu plus sur les caractères et les liens qu’entretiennent les différents personnages.

Concernant les choses qui ont pu me gêner à la lecture, je dirais qu’il y a peut être un peu trop de détails sur la place des personnages (« l’ainé s’installa à gauche de leur père, tandis que le cadet s’asseyait en face de lui, à côté d’Ada », « sa mère s’agitait sur la chaise à sa gauche ») qui ne font pas forcément avancer le récit et qui du coup me ralentissent un peu mais je crois que cela avait déjà été dit dans un commentaire sur le premier passage ;)

Ensuite, je trouve l’ambiance du repas un peu ambiguë. On nous parle des « histoires du bon vieux temps racontées cent fois », d’une Ada qui s’ennuie alors que vient de se produire une catastrophe. Idem pour son père, d’habitude sévère, qui a aujourd’hui un « sourire jovial » alors qu’il devrait être inquiet de la situation. De plus, on nous laisse entendre que c’est l’alcool qui rend les adultes bavards devant les jeunes alors qu’en temps normal il est rare qu’ils abordent les affaires de la cité devant eux. Cela me donne un peu le sentiment qu’ils sont décrédibilisés, que leurs enfants arrivent à les manipuler alors qu’ils sont pourtant censés être des personnages puissants et importants. Je ne sais pas si c’était l’effet recherché …

Voilà mon ressenti pour le moment, je vais m’atteler à la suite !
Gab B
Posté le 09/02/2023
Coucou :)

Merci beaucoup pour ton commentaire <3

C'est vrai que j'ai tendance à vouloir trop positionner dans l'espace les personnages les uns par rapport aux autres, alors qu'en fait on s'en fiche haha ^^' l'important c'est qu'ils soient tous assis autour de la table !

Maintenant que vous le dites (car tu n'es pas la première à faire la remarques), c'est vrai que ce bancal est un peu bancal ! Ils sont tous là rigoler alors qu'il s'est passé un truc grave... Pour tout avouer, je ne sais même plus ce qu'on voulait faire passer comme message. En gros, tu t'en doutes, l'effondrement du temple et la sortie du mastodonte est l'élément déclencheur de l'histoire ; donc c'est important d'en parler. Et c'est quelque chose de rare, donc ça doit choquer les personnages. Cela dit, ce n'est pas grave en soi : le mastodonte est herbivore, et à part saccager les cultures et faire peur aux gens, il n'y a pas mort d'homme. Donc difficile de faire comprendre que c'est quelque chose d'important pour la suite, pas grave mais embêtant. Les sentiments que les personnages devraient ressentir à ce sujet sont plutôt tièdes et je crois que c'est pour ça que le passage oscille entre "c'est grave" et "on s'en fout parlons d'autre chose". Je ne sais pas si mon explicaiton est claire !

Je vais réfléchir à comment on pourrait clarifier le dialogue ! Encore merci d'avoir partagé ton ressenti, ça nous aide vraiment !!
Gaïa
Posté le 31/01/2023
Coucou !

Je reviens en force pour le deuxième chapitre. :)

J'aime le dialogue : je trouve qu'il caractérise bien les personnages. Il fait un peu info dump, mais tant pis. J'apprécie le changement de point de vue. Le premier paragraphe en particulier est bien réussi, il introduit facilement la scène et le caractère d'Ada.

On en apprend beaucoup dans ce chapitre. Je sens que les informations vous brûlent les doigts !

Pour les quelques petites choses qui me chiffonnent :

– "mastodonte d’une taille impressionnante"
On utilise déjà le mot mastodonte pour parler de quelque chose de très gros, donc ça fait un peu répétition de dire qu'il a une taille impressionnante. J'ai aussi dû chercher à quoi ressemblait la bestiole, donc un petit rappel pourrait toujours être utile ?

– "Mais il saccage nos cultures, détruit nos vergers, attire plus de bêtes de l’ombre. Et terrifie les travailleurs qui n’osent plus s’éloigner de la ville, grommela son père."
Pourquoi les personnages semblaient choqués que l'affaissement de la falaise ait fait sortir le mastodonte de sa grotte, alors qu'il semble déjà plutôt actif ? J'ai eu du mal à comprendre exactement toutes les infos autour de la bête.

– "Apparemment, des contrebandiers ont voulu creuser trop loin, à grand renfort de poudre fulminante."
Je trouve que le vocabulaire fait plus description que langage parlé, je ne sais pas si c'était voulu.

Et puis sinon, c'est très chouette. :)

À bientôt !
Gab B
Posté le 31/01/2023
Salut Gaïa !

Merci pour ton commentaire et tes remarques pertinentes ;) c'est vrai qu'on ne s'est pas trop demandé si les gens sauraient ce qu'est un mastodonte ou pas ; à vrai dire le but n'est pas tellement de savoir ici à quoi il ressemble (il sera décrit un peu plus tard) mais juste de comprendre qu'il y a des choses dangereuses qui peuvent sortir de la forêt. Je note que tout ça n'est pas très clair du coup ^^

Je suis contente que ça t'ait plus, à bientôt pour la suite !
Gaïa
Posté le 31/01/2023
Ça fait partie de ces mots qui ont un peu disparu de l'usage. C'est même marrant qu'on utilise le mot mastodonte comme hyperbole alors que la plupart des gens ont oublié à quelle bête cela faisait référence à la base. :') J'ai appris des choses aujourd'hui en tout cas !
MichaelLambert
Posté le 25/01/2023
Bonjour !

J'aime bien la présentation d'Ada et sa relation avec ses frères. A nouveau l'écriture est fluide et agréable.

Après, je suis surpris après un premier chapitre plein d'actions, de me retrouver à table à suivre des conversations. Soudain, les enjeux semblent plus lointains et moins dangereux. Les mastodontes ne sont pas très précis dans ma tête et je n'arrive pas à comprendre s'ils sont dangereux ou non. La mort des prêtresses est évoquée sans sentiment et sans conséquences. Les soldats ont dû intervenir en pleine nuit et pourtant le lendemain midi, le gouverneur est tranquillement en train de boire du vin en bonne compagnie et devant des jeunes. Enfin, la piste du Premier cercle me semble à ce stade amenée comme un cheveu au milieu de la soupe : difficile en effet d'imaginer un lien entre des personnes discutant philosophie et un tunnel creusé droit dans la roche, avec des explosifs qui ont tué des personnes mais sans laisser de corps en vue. De mon point de vue, il manque des éléments ou un sentiment de danger pour que la sauce prenne. (Désolé, je suis peut-être un peu trop critique.)

L'avantage du mystère, c'est qu'en lecteur curieux que je suis, j'ai envie d'en apprendre plus sur cet univers.

Quelques détails que j'ai relevés :

- Il manque un mot dans cette phrase : "Ce n'est pas donné à n’importe de les forger..."

- "dans une vie faite de bonheur conjugal, et si possible de petits-enfants." -> J'aurais mis les virgules autrement (autour de "si possible")

- Ada surprit ses parents à échanger un regard complice. -> Je supprimerais la préposition "à" (mais c'est purement une préférence perso, sorry)

J'espère que mon commentaire vous sera utile et je me réjouis de découvrir ce que vous avez imaginé pour la suite !
Gab B
Posté le 25/01/2023
Bonjour et merci pour ton commentaire :)

Je vois très bien ce que tu veux dire, et c'est vrai que je ne m'en étais pas du tout rendu compte avant. C'est bien pour ça qu'on a besoin de lecteurs ^^ J'en prends bonne note et j'en parlerai à mes co-auteurs pour voir comment on peut améliorer ce passage pour éviter de "casser" trop le rythme et d'apporter plus de cohérence à tout ça.

Tes commentaires sont très utiles, d'autant plus que c'est la première fois qu'on a des retours extérieurs sur notre roman, personne ne l'a lu avant qu'on le publie ici ;)
MichaelLambert
Posté le 25/01/2023
Extra ! Tant mieux si j'ai été utile donc, c'est aussi ce que je trouve génial sur PA, ces commentaires entre personnes qui sont en train d'écrire et qui se posent un peu toutes les mêmes questions !

Puis, je suis curieux et admiratif de votre écriture à trois ! C'est imperceptible à la lecture, et au contraire très fluide et cohérent comme écriture ! Chapeau !
Gab B
Posté le 25/01/2023
En fait on a un procédé d'écriture qui est sans doute un peu long mais qui permet justement qu'on ne voit pas qu'il y a trois auteurs. On s'est réparti en fonction des points forts de chacun. Le premier, qui est plutôt chargé de faire en sorte que l'histoire tienne la route, écrit un texte de base, en gros les actions et les dialogues (c'est quand même rédigé). Ensuite, le deuxième doit ajouter des passages pour internaliser le point de vue, donner des sentiments aux personnages, décrire un peu les lieux etc. Et celle qui n'a pas trop d'imagination (c'est moi) reprend leur travail et réécrit tout, en gardant les idées mais généralement pas les mots, pour donner une unicité de style d'écriture ! C'est un peu laborieux mais on a bien trouvé notre fonctionnement comme ça :) et ça me fait plaisir de voir que ça marche comme on le voulait !
MichaelLambert
Posté le 07/02/2023
Bonjour Gab !

Merci pour ta réponse, c'est extra ce mode de fonctionnement ! Je suis curieux de voir comment ça va fonctionner pour vous sur le long terme, ce que vous allez découvrir dans votre manière de faire, en quoi vos interactions vont évoluer ! Je suis un grand curieux de nature ! ;-) Est-ce que vous avez déjà partagé sur le forum de PA ? Est-ce que vous y tenez un journal de bord (où vous pourriez témoigner de vos processus super original) ?
Gab B
Posté le 07/02/2023
Salut Michael !

Notre méthode fonctionne bien aussi parce qu'on s'appelle très souvent en visio (en général toutes les semaines) et qu'on se connait depuis plus de huit ans ! L'écriture du premier tome nous a pris trois ans (il faut dire qu'on a tout réécrit parce qu'on a complètement changé d'avis sur le scénario en cours de route...) et j'espère qu'on ira plus vite pour le deuxième !!

Je ne suis jamais allée sur le forum, je ne connais pas du tout ! J'essaierai de passer voir pour comprendre de quoi tu parles ;)
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