2. Londres

Le lendemain matin, je ne tenais plus en place. Je n’arrivais pas à me décider si je devais être fatiguée, effrayée ou excitée et je voyais bien dans les yeux de Skye que si je ne choisissais pas rapidement, elle n’hésiterait pas à m’aider avec une bonne gifle. Si je continuais, elle allait perdre son sang-froid une bonne fois pour toutes. J’avais à peine dormi la veille, je n’avais pas arrêté de tourner dans mon lit encore et encore ce qui l’avait déjà agacé, mais au réveil, je ne l’avais pas épargnée. J’avais enlevé la couverture et allumé la lumière sans sommation ce qui m’a valu un oreiller en pleine face. Il m’était impossible de garder mon calme, car cela faisait près de onze ans que j’attendais ce moment, depuis que je m’étais déguisée pour mon premier carnaval et où la professeure m’avait apprise qu’il existait un monde en dehors de Paris. Un monde avec des langues, des religions et des cuisines différentes, et je me rappelais être rentrée à la maison en disant à ma mère que nous allions au Brésil pour les vacances. Elle avait prétexté que nous n’avions pas d’argent et cette excuse avait fonctionné jusqu’à mes quatorze ans où je l’avais dit que si nous pouvions nous offrir un frigo à cinq mille euros, on pouvait facilement aller en vacances. Ce fut ce jour-là que j’avais découvert sa maladie et où tous mes rêves avaient été étouffés dans l’œuf.

— Et voilà ! M’exclamai-je en arrivant en bas des escaliers avec ma valise.

Je tournai la tête pour voir où était Skye et vis que son allure n’était pas du tout comme la mienne, mais je ne dis rien. Je n’allais pas risquer qu’on se dispute alors que Londres n’était qu’à quelques heures. Maman m’attrapa violemment pour me serrer dans ses bras et malmena ma colonne vertébrale en me balançant de droite à gauche. Elle harcela mon visage de baisers puis se tourna vers Skye.

— Sept jours, lui dit-elle avec un ton ferme.

J’avais été surprise que ma mère me laisse partir pour une semaine. Je pensais qu’elle ferait un test, trois ou quatre jours pour voir si elle réussissait à supporter mon absence, mais je n’avais pas cherché à comprendre. Je devais profiter de chaque seconde et je voulais voir chaque mètre-carré de Londres alors Skye avait dû me promettre sur la vie de son père que le shopping ne serait pas notre seule activité.

— Oui, Lena, promit ma meilleure amie.

Elle posa ses mains sur mes épaules pour que je la regarde.

— Je t’aime, Ava. De tout mon cœur. Tu es ma raison de vivre.

— Maman, soupirai-je en levant les yeux au ciel. Je vais revenir, promis.

Je me noyai dans l’océan de ses yeux pour qu’elle voie que je lui disais la vérité.

— Je l’espère, murmura-t-elle en posant un baiser sur mes lèvres.

Skye ouvrit la porte de mon immeuble et me tira violemment à l’extérieur. Si elle ne l’avait pas fait, ma mère ne m’aurait jamais lâchée. À mon réveil, j’avais paniqué à l’idée qu’elle change d’avis. Je n’aurais pas supporté que maman me dise qu’elle ne voulait plus que j’aille à Londres. Si elle l’avait fait, nous aurions atteint un point de rupture et j’aurais pu mettre ma menace en exécution, quitter la maison.

— Grouille, m’ordonna Skye en courant vers le taxi qui nous attendait. Elle serait capable de nous dire de revenir !

Je l’obéis et une fois assise dans le taxi, je sautai au cou de ma meilleure amie qui éclata de rire. La tension avait redescendu. Peut-être que Skye n’était pas excitée comme moi, car elle avait peur que maman change ses plans. La voiture démarra et je regardai mon immeuble lentement disparaître.

La gare du Nord était bondée ce qui n’était pas surprenant. Je suivais Skye dans le hall comme une petite-fille derrière sa maman dans un endroit inconnu. J’étais heureuse que ma meilleure amie ait choisie le train, car même si je n’avais jamais pris l’avion, j’en étais terrorisée. Je savais que nous étions en première classe, ma mère avait tenu à ce que tout soit parfait, mais je m’attendais pas à ce qu’on prenne un train avec un seul wagon.

— T’es sûre que c’est notre train ? Murmurai-je en arrivant sur le quai.

Sa réponse fut un sourire puis des jumeaux vinrent nous accueillir.

— Bonjour mesdames, dirent-ils à l’unisson.

Ce fut impressionnant, car ils parlaient et bougeaient en synchronisation. Ils n’avaient même pas vérifiés nos billets avant de prendre nos valises et j’eus peur que Skye m’embarque dans une sale histoire.

— Skye, je n’ai peut-être jamais voyagé, mais je suis sûre et certaine que ce n’est pas l’Eurostar, murmurai-je en bas des marches du train.

— Oui, c’est un train spécial. Il est pour les célébrités et les personnes ultra-riches.

— T’es sérieuse ? M’étranglai-je. Combien ça a couté ? Maman est au courant ?

J’eus le tournis à l’idée de combien elles avaient dépensé pour un trajet de deux heures.

— Viens, soupira ma meilleure amie.

Elle grimpa dans le train, me laissant pas d’autres choix que de la suivre. Si ma mère avait dépensé une fortune pour le train, je me demandais ce qui m’attendait pour l’hôtel.

— Et on va dormir où ? Demandai-je en la regardant s’asseoir dans un immense fauteuil.

Je me figeai en voyant l’intérieur. Il était recouvert d’or de haut en bas, une serveuse se tenait derrière un bar en cristal et les sièges devaient faire au moins deux mètres sur deux. Je n’arrivais pas à croire que ma mère avait dépensé autant d’argent pour un voyage dans un pays Européen et aussi proche de la France. J’aurais compris si nous partions pour l’Amérique du Sud, mais elle avait exagéré. Abasourdie, je me laissai tomber dans le fauteuil à côté d’elle et appréciai quelques secondes son confort.

— Ne me dis pas qu’on va dormir dans l’hôtel le plus cher de Londres, la suppliai-je.

— Non, rit-elle. On va dormir chez Zacharie.

— Ton meilleur ami ? M’étonnai-je.

— Oui, il a un appartement en plein centre-ville.

La panique me reprit. S’il ne m’aimait pas ? Si je ne l’aimais pas ? Si Skye devait choisir entre lui et moi ? Je tenais à le rencontrer, à voir si sa beauté valait vraiment toutes les folies que Ankhti faisait. Avec l’annonce de mon voyage à Londres, je n’avais pas eu le temps de dire à Skye que Ankhti m’avait embrassé. Je pensais plutôt que j’avais peur de le lui dire, peur qu’elle me rejette quand je lui avouerais que j’avais aimé ce baiser et surtout qu’elle pense que j’étais attirée par elle. C’est la réaction de tout le monde quand vous annoncez que vous aimez une personne du même sexe. Certes, Skye avait déjà couché avec une femme, mais je ne voulais pas que notre relation change.

— Il… Il sera là ?

— Oui, mais s’il te gêne, tu n’auras qu’à me le dire et il partira.

— T’es sérieuse ? Ris-je. On sera chez lui, tu ne peux pas lui demander ça.

— Une coupe de champagne ? Nous proposa la serveuse apparue comme par magie devant nous.

— Pourquoi pas, sourit Skye.

Je hochai la tête, car deux femmes entrèrent dans notre wagon et me prirent toute mon attention. Elles étaient si magnifiques que je ne savais pas laquelle regarder en premier. Je scrutai leurs visages sans gêne à l’idée qu’elles soient célèbres, mais elles ne me disaient rien. L’une d’elle était Coréenne, ma meilleure amie m’avait introduit dans le monde des dramas alors je l’avais tout de suite remarqué à cause des caractéristiques de son visage. Ses cheveux m’intriguèrent. Sa chevelure était si longue qu’elle formait des ondulations sur le sol, à vue d’œil, je dirais qu’elle mesurait plus de deux mètres. Était-elle mannequin pour les cheveux ? Ou PDG d’une entreprise pour les produits capillaires ? L’autre femme attira mon regard quand elle alluma un petit cigare et je soupirai d’apaisement en sentant l’odeur. Elle aussi était brune, mais de type Européen.

— Ça ne te gêne pas ? Me demanda Skye en fusillant la femme du regard.

— Non, non, au contraire, j’adore cette odeur, murmurai-je.

— Et avoir un cancer des poumons en étant un fumeur passif aussi ?

— Oh, laisse-la, souris-je. Tu sais, plus le monde évolue, plus nous avons moins de libertés.

La serveuse nous donna nos coupes, je n’en bus qu’une gorgée, car je voulais vivre ce moment avec tous mes moyens alors que Skye avala d’une traite et lui demanda un autre verre. Il y eut un bruit bizarre quand les portes se fermèrent comme si le wagon venait d’être mis sous pression. Mon cœur s’emballa si violemment quand le train quitta la gare que j’en eus mal à la poitrine. Je serrai la main de Skye, car il n’y avait plus aucun doute que nous allions à Londres.

— Oh, ma puce, je suis tellement heureuse ! On va s’amuser comme des folles !

Je secouai la tête, car je sentais des larmes naître au coin de mes paupières et bus une gorgée de champagne. C’était la première fois que je buvais de l’alcool à neuf heures du matin et je me demandais si c’était les prémisses de la liberté.

— Je sais bien que Londres n’était pas une de tes destinations de rêve, mais on fait des pas de bébé, non ? Elle nous laissera peut-être traverser un océan, la prochaine fois, dit-elle en haussant les épaules.

Je souris, mais je n’avais pas vraiment confiance, car tout dépendait de la survie de ma mère sans moi pendant sept jours. Skye fut surprise quand je sortis mon guide de Londres de mon sac à main.

— Quand as-tu acheté ça ?

— Il y a quatre ans, avant de découvrir que ma mère ne voyagerait jamais. J’ai acheté les guides de pratiquement tous les pays.

— Oh, chérie, murmura-t-elle avant de me faire un bisou sur la joue. Ça a dû être une vraie souffrance.

— Tu n’as pas idée, dis-je en levant les yeux au ciel. Alors, où est l’appartement de Zacharie ? À côté de Picadilly Circus ?

— Non, à côté de Saint-James.

J’ouvris le guide et ma meilleure amie fit une grimace.

— Quoi ?

— Les voyages improvisés sont les meilleurs ! On décidera de notre programme le matin, non ?

— Ah, non ! Criai-je. Si je te laisse faire ça, ça sera shopping tous les jours.

— Mais non, éclata-t-elle de rire. On fera tout ce que tu voudras, promis !

J’eus un rictus au coin de ma bouche pour lui montrer que je ne la croyais pas.

— On pourra même entrer par effraction dans Buckingham Palace, si tu veux. C’est un jeu d’enfant, haussa-t-elle les épaules.

— T’es sérieuse ? Fronçai-je les sourcils.

La coréenne racla sa gorge en regardant Skye puis pointa le sol. Ma meilleure amie ramassa l’objet qui était un stylo et elles se sourirent.

— C’était une blague, dit-elle en balayant l’air devant mon visage. Déjà, ce soir, on va en boîte de nuit.

J’étais inconnue du monde de la nuit. Je n’avais jamais ressenti l’envie d’aller en discothèque et d’ailleurs, Skye ne me l’avait jamais proposé. Peut-être qu’elle estimait que l’ambiance était meilleure à Londres qu’à Paris.

— Pourquoi pas, souris-je.

— Ensuite, tu peux te faire un tatouage ou un piercing, non ? Tu sais…

La coréenne racla sa gorge à nouveau et ma meilleure amie tourna la tête vers elle, agacée.

— Désolée, s’excusa-t-elle dans un Français sans accent. Ce stylo n’en fait qu’à sa tête.

Cela me permit de voir son visage de plus près, elle avait la peau blanche comme moi, mais chez elle, ça ne lui donnait pas l’air d’être malade. Elle avait des joues légèrement bombées en haut de ses pommettes qui accentuaient son nez fin et le marron foncé de ses yeux, et sa bouche formait un parfait losange. Elle était magnifique comme tout.

— Ce n’est pas grave, sourit faussement ma meilleure amie.

Skye se tourna vers moi et attrapa le guide dans mes mains.

— Allez, on organise ce voyage, soupira-t-elle.

 

À la gare Saint-Pancras, tout me paraissait différent, l’oxygène que j’inspirais, le sol sur lequel je marchais et même les gens autour de moi. J’eus l’impression qu’en prenant ce train, j’avais traversé une autre dimension, mais c’était simplement la sensation d’être en dehors de Paris, de réaliser mon rêve. J’étais comme un oiseau qui venait de sortir de son œuf et qui devait voler pour la première fois. J’avais du mal à suivre Skye à travers la foule, car j’étais obnubilée par les barreaux en fer peints en bleus au plafond alors elle me prit la main. Je pensais que nous allions nous diriger vers le métro à l’étage en dessous, mais nous partîmes tout droit, vers l’extérieur où le soleil était éblouissant. Je me rappelais du fou rire de Skye quand j’avais mis un parapluie et un coupe-vent dans ma valise, mais la première chose qu’on apprend sur les Anglais, est qu’ils marchent toujours avec un parapluie. Je pris la direction de la station de taxi où il y avait une longue attente, mais Skye m’arrêta.

— Non, ma voiture est dans le parking, chérie.

— Ta voiture ? Fronçai-je les sourcils.

— Ouais, Zacharie a déposé une voiture pour moi, si tu veux, répondit-elle sèchement pour que je ne chipote pas.

Je la rejoignis sur le passage piéton et en regardant le parking, j’eus une angoisse. Je me mis à prier que sa voiture n’était pas celle qui était rose bonbon, celle qu’on pouvait voir à des kilomètres. Je me dis qu’un homme ne roulerait jamais dans une telle voiture, mais ma prière ne fit pas entendue, car Skye ouvrit le coffre et y déposa nos valises à l’intérieur.

— Ça, c’est la voiture de Zacharie ? Demandai-je, soupçonneuse.

Mes yeux se fixèrent sur le toit rose avec une moue et elle éclata de rire.

— Non, c’est la mienne.

Pourquoi avait-elle une voiture ici ? Je commençai à me demander si je connaissais réellement ma meilleure amie. Deux jours plus tôt, je ne savais même pas qu’elle avait un meilleur ami et si je comprenais bien, elle avait une voiture ici, donc soit elle y avait vécu, soit elle y venait très souvent, et jamais Skye n’avait mentionné Londres depuis que je la connaissais. Que me cachait-elle ? Elle entra dans la voiture me faisant comprendre qu’elle ne voulait pas s’étendre sur le sujet et je l’imitai. À l’intérieur, je compris que la voiture avait dû couter un bras et Skye me fit sursauter de peur en faisant rugir le moteur.

— Oh… Qu’est-ce que tu as manqué à maman, murmura-t-elle en caressant le volant.

J’écarquillai des yeux, car elle était à deux doigts de l’embrasser, mais elle s’était rappelée que j’étais là.

— Comment tu la trouves ?

— Hum… Rose ? Ris-je.

Elle éclata de rire et sortit de la place de parking. Je m’enfonçai dans le fauteuil en attachant ma ceinture et me préparai à être le centre d’attention de Londres. Nous sortîmes de la gare et quand Skye prit à droite, je tapotai sur son avant-bras en écarquillant des yeux.

— Est-ce que c’est la British Library ?

— Oui, tu veux qu’on la rajoute sur la liste ?

Durant le trajet dans le train, nous avions fait une liste d’au moins une cinquantaine d’endroits que je voulais visiter et ma meilleure amie était déjà épuisée rien qu’à l’idée de le faire.

— Et comment ! M’exclamai-je.

Cette bibliothèque possédait plus de quatorze millions de livres et on disait que l’intérieur était magnifique. Sans surprise, tous les regards convergeaient vers nous, non seulement la couleur était attirante, mais Skye ne pouvait pas s’empêcher de faire rugir le moteur comme un lion qui prévient avant de mordre. Nous traversâmes ensuite une longue avenue bordée de cafés et de restaurants puis une autre avec des théâtres avant d’arriver à Trafalgar Square. Je souris bêtement en voyant les fontaines et l’obélisque, et en arrivant devant le Parc Saint-James, je vis le London Eye à gauche, de l’autre côté de la Tamise. Skye avait promis de m’y emmener deux fois, le matin et au coucher du soleil. Ma meilleure amie entra dans une impasse et roula tout droit jusqu’à un immeuble bleu des pieds à la tête. Mon cœur s’emballa, car j’étais sur le point de rencontrer Zacharie. Je venais seulement de réaliser que je n’avais posé aucune question sur son meilleur ami alors que nous allions dormir chez lui, j’étais trop préoccupée à organiser mon voyage. Avions-nous des points communs ? Avait-il des questions qu’il ne fallait pas poser ? Des sujets à ne pas aborder ? J’imaginais que je ne devais pas parler d’Ankthi même si j’en mourrais d’envie. D’ailleurs, je n’avais toujours pas raconté à Skye ce qu’il s’était passé entre elle et moi, et j’allais devoir le faire, un jour ou l’autre. S’il ne m’aimait pas, la semaine allait être très longue. Nous entrâmes dans le parking en sous-sol, il était immense et rempli de voitures aussi colorées et chères que celle de Skye. Elle se gara au plus près de l’ascenseur et je pris quelques secondes de plus qu’elle pour sortir de la voiture.

— Il est sympa ?

C’était une question débile, car j’avais du mal à imaginer Skye fréquentait quelqu’un qui ne l’était pas.

— Mais oui, ma puce, dit-elle en sortant nos valises du coffre.

Elle s’approcha de moi et coinça mon menton entre son pouce et son index.

— Ava, il va t’adorer, me jura-t-elle. Comme moi.

Je soupirai longuement pour me donner du courage. Je la suivis jusqu’à l’ascenseur qui était bleu turquoise et à cause du miroir, c’était presque aveuglant. Je fus étonnée, car l’ascenseur ne proposait qu’un seul étage. Possédait-il l’immeuble entier ? Les portes s’ouvrirent sur un salon. La première chose qui me traversa l’esprit, était que sa couleur préférée était le bleu. Du bas jusqu’en haut, c’était une palette de différents tons de bleu. Le canapé blanc matelassé faisait ressortir le marbre bleu foncé avec des rainures argentées au sol et le bleu ciel sur les murs.

— Zac' ! On est là ! Cria Skye.

Quand il apparut dans la pièce, le temps sembla se figer. Dire qu’il était simplement beau aurait été une insulte suprême envers lui. Tout était perfection chez lui : ses cheveux noirs jais et épais rejetés en arrière, son teint chaud, l’expression impénétrable de son visage ainsi que la forme en diamant, son front court, ses yeux ronds et noirs qui lui donnaient ce regard perçant, son nez légèrement tombant et ses lèvres fines, mais sensuelles. Zacharie s’approcha lentement et son attitude me surprit, il avait l’air de quelqu’un qui me connaissait depuis des années. Il dégageait de lui, non seulement une aura extrêmement séductrice, mais aussi une odeur de lessive mélangée à de la banane. Zacharie portait le même parfum d’Ankhti et maintenant que je pensais à elle, ses paroles me revinrent en tête. Comment avait-elle pu me qualifier de plus belle que lui ? Elle m’avait menti, mais pourquoi ? Pourquoi m’avait-elle embrassé ? Avait-elle su que j’allais bientôt le rencontrer ? Comment ? Quand ses yeux fixèrent les miens, j’en fus toute émue. Il avait le regard de quelqu’un qui venait de voir la plus belle chose au monde. Ses iris étaient comme ceux d’Ankthi, sauf que ses lentilles reflétaient du charbon ardent. Cela m’intrigua énormément. S’il ne voulait rien avoir à faire avec elle, pourquoi portait-il le même parfum et le même style de lentilles ?

— On se rencontre enfin, murmura-t-il en français avec un accent qui n’avait pas l’air d’être anglais. Zacharie Tempel.

Je serrai la main qu’il tendait et ses doigts froids me rappelèrent ceux de Ankhti. Il était si beau que j’en étais venue à me demander si c’était naturel.

— Ava Cosma, souris-je, captivante.

Il recula d’un pas comme s’il avait remarqué que son aura me gênait. Je compris pourquoi Ankhti tenait tant à l’avoir et pourquoi elle avait perdu la raison. Je me rappelais que Skye m’avait dit que ce n’était pas parce qu’il était gay qu’il la repoussait alors je me demandais quel était son genre, car Ankhti était la plus belle femme du monde. Je ne pensais pas une seule seconde avoir une chance avec lui, rien que de l’imaginer serait du temps perdu, mais j’étais curieuse.

— J’ai tellement entendu parler de toi, sourit-il.

— J’aimerais dire la même chose, dis-je en regardant Skye.

Ma meilleure amie leva les yeux au ciel en soupirant puis enroula son bras autour de mon coude.

— Je vais lui montrer sa chambre. Le déjeuner est prêt ?

Zacharie hocha la tête sans me lâcher du regard et je me demandai ce que Skye avait bien pu lui dire sur moi. Sûrement rien d’intéressant comme ma vie et moi. Ma meilleure amie m’entraîna dans un couloir qui avait les mêmes couleurs que celui du salon et nous nous arrêtâmes devant une porte rose. Son sourire béat me fit appréhender ce qu’il avait derrière. Elle l’ouvrit et je fus éblouie par la décoration. La chambre était partagée en deux. À gauche, les murs étaient peints d’un rose clair et se tenait un immense lit de princesse blanc avec un dôme de tulles roses suspendu au plafond qui retombait à chaque coin du matelas. Il y avait une coiffeuse avec trois miroirs et l’armoire semblait être à l’intérieur du mur. À droite, les murs étaient peints d’un rose foncé, les toilettes au bout de la pièce étaient cachées par du verre rose fumée et avant le lavabo, se tenait une baignoire sur pied où je m’y voyais déjà faire trempette.

— Mon Dieu, soufflai-je.

— Tu aimes ?

— J’adore ! M’exclamai-je en m’avançant au milieu de la pièce.

Le marbre à mes pieds était rose avec des rainures dorées. Je me laissai tomber sur le bout de lit et la regardai, émerveillée.

— Il est aussi riche que ça ? Chuchotai-je.

— Tu n’as pas idée, rigola-t-elle.

— Et en plus, il a la richesse, soupirai-je.

Ce n’était pas étonnant que Ankhti lui courait après.

— En plus ? Fronça-t-elle les sourcils.

— Oh, arrête, marmonnai-je. Tu l’as vu ? Il est tellement beau qu’on se demande s’il est réel !

Skye éclata de rire puis alla attraper ma valise près de la porte.

— C’est vrai qu’il est pas mal.

— Pas mal ? M’étranglai-je. Tu te fous de moi ?

— Ava, je le connais depuis des années alors je m’y suis habituée à sa beauté, expliqua-t-elle en soupirant.

— Tu n’as jamais couché avec lui ? M’étonnai-je.

— Non ! Beurk ! Dit-elle en cogitant comme si un cafard venait de lui grimper dessus.

— Beurk ? Répétai-Je en bondissant du siège.

Je n’arrivais pas à croire que Skye n’était pas attirée par lui. C’était impossible, même une femme qui avait fait vœu de chasteté oublierait Dieu pour coucher avec lui.

— Il est comme mon frère, même un peu plus alors, dit-elle en haussant les épaules.

Je sentis qu’il y avait comme aiguille sous roche. Elle me cachait quelque chose, peut-être qu’il y avait une horrible personnalité, mais elle ne serait pas son amie. Il y avait une raison valide pour laquelle Skye n’avait pas couché avec lui.

— Je comprends pourquoi Ankhti est à fond sur lui. Quand je pense qu’elle m’a dit qu’avant de me rencontrer, elle pensait qu’il était le plus bel être du monde, pestai-je en levant les yeux au ciel.

— Ben, elle a raison, lança Skye avec un ton sincère.

Je me tournai vers elle en la fusillant du regard. Pourquoi tenait-elle autant à me mentir ? Cela faisait-il parti des impératives quand on est meilleures amies ? Je n’avais absolument rien d’attirant et elle pouvait bien me faire une thèse sur ma beauté que cela ne changerait pas mon état d’esprit.

— T’es toujours d’accord d’aller en boîte de nuit ?

Je vis dans ses yeux chocolat qu’elle espérait que je dise oui et je voulus lui faire plaisir, car c’était grâce à elle que j’étais hors de Paris.

— Euh… Ouais, dis-je en essayant de me rappeler si j’avais ramené des vêtements de sortie.

— Parfait ! S’exclama-t-elle en frappant dans ses mains.

Elle me claqua les fesses avant de sortir de ma chambre. Je la suivis et mon estomac réagit à l’odeur de friture qui flottait dans l’air.

— J’ai demandé à Zacharie de te prendre un déjeuner qui va te faire dormir, dit-elle, excitée.

Cela voulait dire qu’il était rempli de glucides, mais même si j’avais besoin de rattraper quelques heures de sommeil, je n’avais pas envie de passer ma première après-midi à Londres dans un lit.

— Tu es sûre que…

— Ava, me coupa-t-elle en soupirant. Tu as dix-huit ans, nom de Dieu ! Tu dors cette après-midi pour qu’on puisse faire la fête toute la nuit et après, on ira prendre un petit-déjeuner au Regency Café, ils ont tourné pas mal de films là-bas. Laisse-moi faire d’accord ? Je te promets que tu verras tout de Londres, ma puce.

Elle avait raison. Je devais me lâcher et en profiter, car il était possible qu’en rentrant à la maison, ma mère m’informait que c’était la première et dernière fois. Je me rappelai que j’avais oublié d’envoyer un message à maman pour lui dire que j’étais bien arrivée chez Zacharie, je le lui avais promis dans le texto qui lui annonçait que le train venait de s’arrêter à Londres. Cela m’étonnait qu’elle me laisse aller chez un garçon qu’elle ne connaissait pas, mais ma meilleure amie savait être convaincante. La cuisine me surprit. Déjà parce qu’elle était pas bleue, mais orange. Le sol était une mosaïque de carrelage orange, jaune et blanc, les murs étaient gris ce qui faisait ressortir les meubles orange foncé. Et aussi parce qu’elle semblait neuve, il n’y avait qu’un four micro-ondes, un mini frigo et un énorme congélateur. J’imaginais qu’il venait d’emménager. Le repas posait sur l’îlot fit crier mon estomac de joie, un fish and chips et une belle part de tarte à la banane, la fameuse Banofee pie.

— Ok, je veux bien dormir toute l’après-midi, souris-je à ma meilleure amie.

Elle rigola et m’invita à m’asseoir sur le tabouret à côté d’elle. Zacharie me fit sursauter, car il apparut à côté de moi sans faire le moindre bruit. Il me fit un sourire puis contourna l’îlot pour être en face de moi. En plus d’être beau et riche, il savait s’habiller. Il portait un pantalon blanc en lin avec une chemise bleue avec un imprimé kaléidoscope lui donnant un air cool, approchable à l’opposé de son visage parfait qui le plaçait sur un piédestal.

— Ta chambre te plait ? Me demanda-t-il en faisant glisser le pot de mayonnaise vers mon assiette.

— Oui, merci beaucoup, souris-je.

— C’est Skye qui a tout fait, répondit-il en regardant Skye.

Ma meilleure amie sourit, fièrement, mais je fronçai les sourcils. Quand avait-elle eu le temps de faire ça ? Depuis quand préparait-elle ma venue à Londres ? Des mois ? Des semaines ? Zacharie me fit sortir de mes pensées en me donnant mon soda préféré.

— Tu sais, je ne savais pas qu’on viendrait chez toi alors j’espère vraiment que cela ne te dérange pas. C’est aussi les vacances à Londres, non ?

— Peut-être, rit-il en haussant les épaules.

Je fus surprise, car il semblait avoir notre âge alors il devait forcément aller au lycée ou à l’université. Vivait-il de l’argent de ses parents ou travaillait-il ? Il était jeune pour avoir un job qui lui permettait de s’offrir un aussi grand appartement.

— Tu ne mentais pas, murmura-t-il en souriant. Skye ne t’a pas parlé de moi.

— Et t’es obligé de le faire ? Demanda ma meilleure amie en levant les yeux au ciel.

Pourquoi lui aurais-je menti ? Ils s’échangèrent un regard comme s’ils discutaient mentalement. Zacharie tira son tabouret jusqu’à ma droite, s’assit et me déstabilisa en plongeant son regard dans le mien.

— Si elle ne l’a pas fait, c’est parce que je suis un voleur, sourit-il.

— Un voleur ? Répétai-je, hilare.

— Oui, sourit-il en secouant une montre sous mes yeux.

Il me fallut quelques secondes avant de réaliser que c’était la mienne. Choquée, mon regard passa de mon poignet gauche vide à ma montre entre ses doigts.

— Comment ? Soufflai-je.

Je n’avais senti ni ses doigts glacés, ni mon poignet être allégé de ma montre. Il souriait amusé ou fier. Je me tournai vers Skye qui était gênée. Mentait-il ? J’avais vu pas mal de monde faire ce tour de passe-passe et cela ne voulait pas forcément dire qu’il en était un. Si c’était le cas, ce garçon avait vraiment tout pour plaire aux filles, la beauté, la richesse et le danger.

— C’est ça ton métier, voler des gens ?

Je fus désolée d’avoir utilisé un ton réprobateur, mais alors que j’allais m’excuser, un souvenir me revint en tête. Avant de m’embrasser, Ankhti avait parlé du sang-froid de ma meilleure amie et avait glissé dans la phrase qu’elle était une voleuse.

— Toi aussi ? M’exclamai-je.

— Quoi ? Non ! Cria-t-elle, blessée. Parce que je fréquente un voleur, ça y est, j’en suis une aussi ?

— Non, non, secouai-je la tête. Ankthi me l’a dit.

Son prénom jeta un froid dans la cuisine. Ma meilleure amie fusilla Zacharie du regard et une fois encore, ils semblèrent avoir une conversation mentale.

— Je tiens à m’excuser à propos de ça, me dit-il en posant sa main sur son cœur. Elle fait de ma vie un vrai enfer sur terre.

— Ce n’est pas grave, souris-je.

Je me demandai si c’était à lui que je devais annoncer que j’étais devenue sa nouvelle cible, pour qu’il me donne des conseils pour qu’elle s’éloigne puis me dis que je ne verrais ça une fois arrivée à Paris.

— Mange, ma puce. Les frites vont être froides.

J’étais la seule à manger, Skye ne faisait que piocher quelques frites dans son assiette et Zacharie me regardait ce qui était gênant.

— Donc, tu vis de ça ?

— Oui et je m’en sors… pas mal, dit-il en me montrant le collier qu’il devait être mon cou.

Je sursautai et frottai ma nuque vide. Comment faisait-il ça ? Quand l’avait-il fait ? Il était extrêmement rapide et discret. Amusée, je repris mon collier et ma montre dans sa main.

— Ok, t’es fort, murmurai-je en mettant mes affaires dans ma poche arrière loin de ses mains.

— Ne le complimente pas, il prend le melon rapidement, marmonna Skye.

Je la regardai et compris pourquoi elle ne m’avait jamais parlé de lui. Peut-être qu’elle pensait que j’allais la rejeter parce que son meilleur ami était un voleur, mais c’était tout le contraire, cela m’excitait. Zacharie devait avoir des histoires incroyables à raconter. Je goutai le poisson et me tournai vers lui pour le complimenter, mais il s’amusait à faire balancer ma montre et mon collier dans sa main. Affolée, je touchai ma poche arrière qui était vide et le regardai, émerveillée.

— Arrête, l’ordonna Skye. Elle va avoir peur que tu lui voles toutes ses affaires.

— Je voulais juste te montrer mes talents, me jura-t-il en posant ma montre et mon collier sur l’îlot.

— Rassure-toi, j’ai très bien compris que tu étais un voleur, et un bon, ris-je.

Une idée farfelue me traversa l’esprit en regardant la cuisine.

— Euh… C’est bien ton appartement ? Paniquai-je.

— Je t’avais dit qu’elle penserait ça, rigola Skye.

— Oui, sourit-il, amusé. Tu es bien chez moi, ne t’inquiètes pas.

Soulagée, je soupirai et me mis à manger pour de bon, car ma meilleure amie avait raison, les frites allaient se refroidir.

 

À mon réveil, je me sentis comme à chaque fois que je consumais des glucides, le corps douloureux comme si un camion huit tonnes m’était passé dessus. En manger était comme boire de l’alcool, génial sur le moment, mais une épreuve terrible après. Je ne réalisai que maintenant qu’il n’y avait aucune fenêtre dans cette chambre, car je cherchai à avoir une idée de l’heure qu’il était. Heureusement que je ne souffrais pas de claustrophobie. Si endolorie, je roulai vers l’autre côté du lit pour attraper mon sac à main et sortis mon portable de mon sac. Ma mère avait répondu au message que je lui avais envoyé de justesse avant de m’écrouler sur le matelas, l’informant que j’étais bien arrivée chez Zacharie et que j’allais dormir toute l’après-midi. Je me levai avec difficulté et traînai les pieds jusqu’aux toilettes. Je m’assis sur la cuvette et décidai d’appeler ma mère plutôt que de lui envoyer un message, car j’avais besoin d’entendre sa voix. Elle décrocha avant la première sonnerie.

— Dorogaya ! Ça va ? Il fait beau à Londres ?

— Euh… Oui et oui. Enfin, je crois, souris-je. Je ne sais même pas quelle heure il est.

— Mais, qu’est-ce que tu as mangé ? Se moqua-t-elle.

— Des fish and chips et une tarte à la banane, dis-je, heureuse. C’était super…

— Ouais, ouais, me coupa-t-elle. Bon, il est comment Zacharie ?

Je fronçai les sourcils, car le ton de sa voix me fit comprendre qu’elle avait déjà la réponse à cette question. Était-il possible qu’elle m’avait laissé aller chez lui en espérant qu’il se passe quelque chose entre nous ? Tous les jours, maman me demandait de me trouver quelqu’un, car à mon âge, elle s’était déjà mariée avec mon père et m’avait donné naissance.

— Il est sympa, dis-je avant de tirer la chasse d’eau.

Je l’entendis marmonner en russe, quelque chose comme quoi j’étais chiante. J’adorais la taquiner. Elle s’attendait sûrement à ce que je m’extasie, que je lui dise qu’il est beau et qu’il me plait énormément.

— Skye m’a dit qu’il était super beau et qu’elle était sûre que vous alliez vous mettre ensemble, râla-t-elle.

— Maman, marmonnai-je en secouant la tête.

Je m’arrêtai devant le miroir et peignai mes cheveux avec mes doigts qui allaient dans tous les sens.

— C’est pour ça que tu as accepté que je dorme chez lui ? Tu ne réagis pas du tout comme une mère, mais plutôt comme une maquerelle.

Je l’entendis soupirer. Je ris silencieusement en imaginant qu’elle levait les yeux au ciel en répétant mentalement ce que je venais de lui dire.

— Mais, il est beau ou pas ?

— Bien sûr qu’il est beau, m’exaspérai-je. Et comme un Dieu ce que Skye aurait dû te dire avant de te faire croire que j’ai la moindre chance avec lui !

— Mais, tu as toutes tes chances, Ava ! Tu es la belle chose au monde ! La plus belle, me jura-t-elle.

— Tu es ma mère, tu ne peux pas me dire que je suis moche, hein.

Une fois encore, elle marmonna quelque chose en russe, j’étais agaçante maintenant ce qui me fit éclater de rire.

— Donc, tu vas en boîte de nuit ?

Je m’apprêtai à lui dire qu’elle avait encore discuté avec ma meilleure amie, mais je me rappelai que je l’avais mentionné dans mon texto.

— Oui, Skye en a envie.

— Oh, profite de ta jeunesse Ava, me sermonna-t-elle.

— Oui, maman, dis-je, moqueuse. Bon, je te rappelle, ok ?

— Je t’aime, dorogaya, dit-elle avant de raccrocher.

L’écran de mon téléphone m’annonça qu’il était près de dix heures du soir et ne sachant pas quand nous devions aller en discothèque, je sortis de ma chambre à la recherche de ma meilleure amie.

— Skye ? L’appelai-je dans le couloir.

N’ayant pas de réponse et ne sachant pas laquelle de ses portes était sa chambre, je décidai de tenter dans le salon, car j’entendais la télévision. Zacharie était assis en tailleur dans le canapé en face d’une télévision qui n’était pas là tout à l’heure et il jouait à un jeu vidéo. Il fit pause et se tourna vers moi avec un sourire.

— Elle est allée te chercher à manger, elle ne devrait pas tarder.

— Merci, murmurai-je.

Hésitante, je regardai le salon puis le couloir, car je ne voulais pas le déranger. J’ouvris la bouche pour lui demander de dire à Skye que j’étais sous la douche, mais il me devança.

— Tu connais Lara Croft ? Me demanda-t-il en pointant l’écran.

— Euh… Non, murmurai-je, désolée.

— C’est vrai que tu ne regardes que des choses qui peuvent se lire ?

— Non, rigolai-je.

Ma meilleure amie est une vraie fan de Star Wars, son rêve est d’aller dans l’espace alors quand je lui avais dit que je n’avais jamais vu les films parce qu’il n’y avait pas de bouquins, elle était devenue folle.

— C’est juste que je n’ai jamais vu les films de Star Wars.

— Sérieux ? Et vous êtes toujours amies ? S’étonna-t-il.

Nous éclatâmes de rire. Il m’invita à m’asseoir à côté de lui sur le canapé ce que j’acceptai avec un sourire, mais j’avais oublié que sa beauté était intimidante. Je l’avais lu dans les livres et vu dans les séries et les films, mais c’était différent de le vivre. J’avais peur de me ridiculiser et qu’il se moque ouvertement de moi. À ses côtés, je perdais l’iota de confiance en moi que j’avais et je n’aimais pas du tout ça. Je n’arrivais pas à croire qu’un garçon puisse me mettre dans un état pareil.

— Je pensais que Skye se moquait de moi quand elle m’a dit que tu t’endormais après avoir mangé des glucides.

— Crois-moi, j’aimerais que ça soit une blague, soupirai-je.

Nous nous regardâmes en silence un long moment. Je voyais dans ses yeux qu’il voulait me parler de quelque chose alors j’haussai les sourcils pour le faire réagir. Il posa la manette sur la table basse et s’assit normalement.

— Je te demande pardon pour Ankhti. J’imagine que Skye t’a expliqué notre histoire.

— Oui, elle m’a dit que c’était une psychopathe, souris-je.

— Elle a raison, dit-il avec un ton sincère.

— Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi elle m’a suivie, moi. Je veux dire que je ne te connaissais pas.

— Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?

— Des bêtises, dis-je en balayant l’air devant son visage. Elle a osé me dire que j’étais plus belle que toi et elle…

— Oui ? Haussa-t-il un sourcil.

Je secouai la tête. Skye allait mal le prendre si je disais à Zacharie qu’Ankhti m’avait embrassé sans lui en avoir parlé avant et une petite voix me murmurait qu’il risquerait de croire que les femmes me plaisaient, et je ne voulais pas qu’il pense ça.

— Si tu la croises à nouveau, n’hésites pas à appeler à l’aide. Elle est dangereuse.

Je pensais à ma mère seule dans l’immeuble. Pouvait-elle lui faire du mal ? Lui faire du charme pour savoir où j’étais ? Je me rassurai en me disant que si elle avait fait tout ça, c’était pour Zacharie et non, pour moi.

— Pourquoi tu n’as jamais parlé d’elle aux flics ?

— Tu te souviens que je suis un voleur ? Rigola-t-il.

— Oui, pardon, souris-je.

— Mais, je suis sérieux, Ava. Si tu la vois ou une femme qui lui ressemble, tu appelles à l’aide, d’accord ?

— Elle aussi dangereuse que ça ? Paniquai-je.

Au lieu de me répondre, il tourna la tête vers l’ascenseur. Skye y sortit et sourit en me voyant.

— Sardines grillées et salade de mozzarella, annonça-t-elle en secouant un sac.

Je regardai Zacharie, car nous n’avions pas terminé notre conversation. Devais-je réellement avoir peur d’elle ? Allait-elle me harceler ? J’imaginai que cela allait empirer maintenant que je l’avais rencontré.

— Ça va, chérie ? Demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

— Oui, nous parlions de Star Wars. Elle ne les a jamais vus, tu t’imagines ?

Je le fusillai du regard et quand je vis son sourire au coin, je ne pus m’empêcher de lui claquer l’épaule. Je le regrettai aussitôt. La douleur était intense comme si mes doigts avaient frappé un mur de béton et qu’ils s’étaient tordus. Je fus surprise, car il n’avait pas la carrure d’un homme costaud.

— Je t’avais dit qu’elle avait un petit caractère, rigola Skye.

— Oui, je vois ça, murmura-t-il en me regardant du coin de l’œil.

— On mange, ma puce ?

Je hochai la tête, me levai en lui faisant une moue puis suivis ma meilleure amie jusqu’à la cuisine. Elle déposa les plats sur l’îlot et m’invita à m’asseoir.

— Toujours partante pour aller en boîte ?

— Oui, souris-je. À quelle heure, on doit y aller ?

— Mhm… Je pense que minuit ou une heure du matin, c’est parfait.

Je compris maintenant pourquoi elle avait voulu que je dorme toute l’après-midi et pourquoi elle avait dit que nous irions prendre un petit-déjeuner ensuite. Nous allions y rester toute la nuit.

— Zacharie vient avec nous ?

Le sourire de Skye ne me plut pas, il était malicieux.

— Tu aimerais ? Murmura-t-elle.

— Oh, s’il te plait, soupirai-je en levant les yeux au ciel. Tu crois vraiment qu’on va sortir ensemble ? Non, mais réveille-toi, tu as vu l’énorme différence entre nous ?

Comme ma mère, elle marmonna comme quoi j’étais chiante puis m’ordonna de manger en me donnant un soda.

 

De la rue, j’entendais la musique alors je laissai mes oreilles me guider vers la discothèque, car mes yeux étaient fixés sur le bitume pour éviter de me casser la figure avec les talons que Skye m’avait prêté. Ma meilleure amie se déambulait telle un top-model devant moi. Nous portions toutes les deux de la Haute Couture, mais sans surprise, ça lui allait mieux qu’à moi. Ma tenue montrait la pâleur extrême de ma peau et l’inexistence de mes formes. Je portais un short en cuir qui débutait de mes hanches et s’arrêtait au milieu de mes cuisses, et un top, plutôt une brassière rose à paillettes qui flottait au niveau de ma poitrine. Skye avait une robe à paillettes qui épousait chacune de ses formes et qui allait rendre fou tous les hommes dans cette boite de nuit. Mon cœur battait la chamade. Allais-je supporter la foule et tout ce brouhaha ? Skye me prit la main, car j’allais me poster dans la file d’attente et nous marchâmes jusqu’au portier qui nous laissa entrer avec un sourire.

La chaleur me surprit ainsi que les lumières vertes et bleues qui s’amusaient à valser entre le sol et le plafond. Il y avait foule, ils étaient tous différents par leurs sexes, leurs couleurs de peau et leurs habits, et pourtant ils dansaient tous en harmonie et parfois même à l’unisson. Skye serra fermement ma main et m’emmena sur la piste de danse. Je fus surprise par la musique, je m’attendais à ce que ça soit de la techno, mais il s’agissait de chansons des années deux mille. Skye hurla de joie en entendant les premières notes de Rock your body de Justin Timberlake et se mit à faire la danse du robot en suivant le rythme de la musique. Hilare, j’essayai de l’imiter et nous nous mîmes à chanter à tue-tête. Quand Hips don't lie de Shakira se fit entendre, je voulus abandonner, mais ma meilleure amie mit ses mains sur mes hanches pour les faire bouger de droite à gauche. J’avais l’impression que tout le monde me regardait et de me ridiculiser, car je bougeais comme si un carré cherchait à entrer dans un losange, mais Skye me fit comprendre qu’on s’en moquait d’eux. Elle hurla en entendant Yeah ! de Usher et nous balançâmes les mains dans les airs comme tout le monde.

— On va boire quelque chose, ma puce ? Cria-t-elle dans mon oreille.

— Ouais !

Elle me prit la main pour traverser la foule, je bougeais dans tous les sens pour éviter de prendre un coup et nous arrivâmes au bar jaune fluo où il fallait se battre pour avoir l’attention du barman. De là où j’étais, j’avais une vue sur toute la piste de danse et je souriais bêtement. J’étais heureuse d’avoir vécu cette expérience. J’avais toujours pensé qu’on venait en discothèque pour draguer, boire et se défoncer, mais je m’étais invincible sur la piste de danse. Je vivais l’instant présent. Skye me tira par le bras quand elle réussit à avoir une place pour qu’on puisse s’accouder au bar.

— Ça te plait ?

— Oui ! C’est trop bien ! J’adore la musique !

Elle passa commande au près du barman puis entoura mon coude du sien.

— Ouais, c’est une soirée Throw Back. Je savais que tu allais aimer.

Je souris puis fronçai les sourcils en voyant le barman alignait une dizaine de petits verres remplis d’un liquide crémeux.

— Ce sont des shooters, expliqua-t-elle en m’en donnant un.

Je bus d’une traite comme elle avec appréhension, mais c’était délicieux, un mélange sucré avec une bonne dose d’alcool. Elle me donna un deuxième qui ne fit pas long feu et au moment où j’allais boire le troisième, quelqu’un tapota sur mon épaule. Je tournai la tête et vis une fille qui me regardait de la tête aux pieds.

— Pardon, m’excusai-je pour la laisser de la place au bar.

Elle se pencha vers mon oreille et entoura ma taille avec sa main. Mon cœur s’emballa. Que faisait-elle ? J’avais à peine vu son visage, mais j’étais certaine de ne l’avoir jamais rencontré.

— Tu es la plus belle fille que j’ai vue dans ma vie, murmura-t-elle dans mon oreille. Tu me briserais le cœur si tu me disais que tu n’aimes que les garçons.

Je me mis à bégayer et elle recula pour admirer mon visage.

— Excuse-moi ! Lança Skye en secouant sa main devant son visage. C’est ma copine alors bats les pattes !

Ma meilleure amie colla mon dos contre sa poitrine et posa ses mains sur mon ventre, ses doigts autour de mon nombril. La fille écarquilla des yeux puis se mordit la lèvre inférieure.

— Ça ne me dérange pas de partager, Fata, dit-elle en fixant Skye.

— Moi si, répondit-elle en m’embrassant dans le cou.

Je sursautai, car j’en eus la chair de poule et mon entrejambe se mit à réagir à ses doigts qui s’amusaient à faire le tour de mon nombril. La fille serra la mâchoire de rage puis se tourna vers moi.

— Je te ferai jouir comme jamais, beauté, me jura-t-elle.

Choquée, j’ouvris la bouche et ce fut le vide dans mon esprit. Que s’était-il passé ? Pourquoi d’un coup, j’attirais toutes les femmes ? Voyaient-elles quelque chose que je ne savais pas encore ?

— Ne me force pas à en venir aux mains, la menaça Skye.

Elles s’affrontèrent du regard de longues secondes assez pour que mon cœur se mette à battre violemment dans ma poitrine et que mon esprit se rappelle comment on se bat, mais la fille abandonna. Je soupirai de soulagement en me reposant sur Skye.

— C’était quoi ça ? Hurlai-je en cherchant la fille à travers la foule.

Ma meilleure amie éclata de rire.

— Ça veut dire quoi Fata ?

— C’est une insulte à Londres, dit-elle en balayant l’air devant mon visage.

— Ouais, c’est ce que j’ai cru comprendre, mais ça signifie quoi ?

Elle glissa ses doigts dans mes cheveux à l’arrière de ma nuque et se pencha vers mon oreille gauche.

— Oublie. On va devoir lui prouver que c’est vrai, murmura-t-elle.

Skye déposa un baiser dans mon cou, sur ma carotide qui pulsait et le cœur palpitant, je la laissai m’embrasser. Ce fut un baiser timide. Elle voulait vérifier que cela ne me dérangeait pas et il devint bien plus passionné quand je fermai les yeux. Nos langues valsèrent lentement. Ce baiser était différent de celui d’Ankhti, il était doux et magique, car j’avais l’impression que mes pieds venaient de décoller du sol. Les hommes autour de nous se mirent à crier de joie et embarrassée, je reculai ce qui ne leur plut pas puisqu’ils nous ordonnèrent de recommencer.

— Les hommes, marmonna-t-elle.

Elle m’embrassa la joue puis me donna un shooter. Je cherchai sur son visage si ce baiser lui avait fait le même effet et j’eus honte, car mes lèvres en voulaient un autre et pour Skye, ce n’était visiblement qu’une bêtise. J’avais eu un doute après le baiser d’Ankhti, mais maintenant que je regardai Skye en caressant mes lèvres, il était inutile de me poser des questions. J’étais attirée par les femmes et certaines d’entre elles l’avaient même compris avant moi. Devais-je le dire à Skye ? Elle était ma meilleure amie, mais comment allait-elle réagir quand je lui dirais que j’avais eu envie de l’embrasser à nouveau ? Je bus le petit verre et ainsi que les deux suivants. Skye fut surprise.

— Ça va ? Rigola-t-elle.

— On va danser ?

— Sur du Destiny's Child ? Et comment !

Elle but ses verres et m’entraîna sur la piste de danse. Je décidai de laisser cette pensée dans un coin de ma tête. Je ne pouvais pas gâcher notre première soirée à Londres en lui annonçant que je pensais être attirée par les femmes, mais Skye ne m’aidait pas. Elle me prenait par la taille pour faire bouger mes hanches au son de la musique et n’hésitait pas à me guider en criant dans mon oreille. C’était comme si ce baiser avait appuyé sur un bouton qui venait de me libérer de tous mes doutes et maintenant, je m’excitais pour un rien. À chaque fois que son visage touchait mon oreille, j’espérais que c’était pour m’embrasser alors je décidai d’aller reprendre mes esprits.

— Je vais aux toilettes !

— Je t’accompagne, dit-elle en me prenant la main.

— Non ! Je reviens !

Elle me regarda longuement comme si elle sentait qu’il y avait un problème alors je souris et elle me lâcha la main. Je m’évacuai de la piste de danse en me prenant des coups dans le ventre et je soufflai violemment en arrivant dans un couloir assez vide. J’avais juste besoin de me passer de l’eau sur le visage et faire disparaître l’excitation. Je enthousiasmais pour un rien. Étais-je réellement attirée par Skye ? Cela faisait un an que je la fréquentais, que je la voyais nue et je n’avais pas ressenti le désir de la toucher ou de l’embrasser. Comme avec Ankhti, j’avais simplement aimé le baiser.

— Ça va ? Me hurla un homme en anglais dans l’oreille.

Je sursautai de peur, mais je me détendis en voyant que c’était un vigile de la boîte de nuit. Il portait un ensemble noir et avait une oreillette. Il répéta sa question, mais cela me surprit, car il avait un accent espagnol. Son physique était compatible avec son métier, grand et fort, mais pas sa mine accueillante.

— Oui, oui, le rassurai-je.

— Tu es saoule ? Défoncée ?

Il me fallut quelques secondes pour que mon cerveau traduise en français.

— Non, non, rigolai-je.

Il me fit un sourire et j’eus une impression de déjà-vu comme si je le connaissais. Je le regardai de plus près pour essayer de me souvenir d’où j’avais vu ce visage en forme de triangle inversé, ses yeux noisette enfoncés à cause de ses paupières tombantes qui donnaient à son regard une profondeur attirante et ce nez épaté en parfait alignement avec sa bouche rieuse. Il me fixa longuement comme s’il pensait que je lui mentais.

— J’ai eu envie d’embrasser ma meilleure amie, expliquai-je en français.

Cela me fit du bien de le dire et comme il ne parlait pas ma langue, je n’avais pas besoin d’avoir peur qu’il soit étroit d’esprit et qu’il m’insulte.

— Oh. Ça arrive, tu sais, me dit-il dans un français parfait.

J’écarquillai des yeux.

— Quoi ? Tu pensais que je ne parlais pas français ? Rigola-t-il.

Était-il possible que je l’avais vu à Paris ? J’avais beau essayer de me remémorer où je l’avais vu, mais ça ne venait pas.

— T’inquiètes, ma belle, c’est arrivé à tout le monde, me dit-il avec un sourire bienveillant.

— À toi aussi ? Haussai-je un sourcil.

— Je n’ai pas de meilleur ami, répondit-il en haussant les épaules.

J’éclatai de rire puis soupirai, car cela me fit du bien. Nous nous regardâmes quelques secondes et le fait qu’il soit très charmant me traversa l’esprit. Je me mis à penser à ce moment dans ma chambre où Skye avait voulu vérifier que Ankhti ne m’avait pas éveillé sexuellement. Était-ce ça ? L’éveil sexuel ? Zacharie aussi m’avait attiré alors c’était tout à fait possible, car je n’avais jamais vécu rien de tel avant d’être embrassée. J’avais juste besoin de calmer des pulsions.

— Ça va aller ?

— Oui, merci, lui souris-je.

Il hocha la tête et en le regardant partir, le temps se figea, car elle était là. Ankhti était à deux mètres de moi me reluquant comme un enfant regarde une glace une après-midi de canicule. Elle portait un ensemble short et brassière comme moi, mais chez elle, ça ressemblait à des sous-vêtements. Comment avait-elle fait pour me retrouver ? Avait-elle suivi Skye ? Elle marcha vers moi et je fis comme Zacharie me l’avait presque ordonné, j’appelai de l’aide en criant le prénom de Skye. Je voulus me faufiler à travers la piste de danse, mais je sentis des mains autour de ma taille et ma vision fut brouillée. Je me déplaçai à une vitesse folle, car je ressentais de l’air sur le visage, il fouettait ma peau et mon estomac s’était comme collé sur ma colonne vertébrale. Par chance, ce fut court. J’ouvris et fermai les yeux plusieurs fois avant d’être sûre de voir distinctement et me tins le ventre, car j’avais la nausée. L’odeur de banane arriva dans mes narines et je sentis ses doigts froids attraper mon visage.

— N’avais-je pas été clair, Ava ? Me demanda-t-elle.

J’essayai de la repousser pour reprendre mon souffle et calmer mon esprit qui me bombardait de questions. Je regardai autour de moi, nous étions dehors. Comment avait-elle fait ça ? Comment avais-je pu atterrir ici ?

— Je t’avais demandé de ne pas faire de bêtises avec cette Fata.

Le ton de sa voix me fit paniquer, car elle n’était pas du tout amicale. Que me voulait-elle à la fin ? Je regardai dans la rue et vis qu’il y avait un groupe en haut de la rue et j’ouvris la bouche pour demander de l’aide, mais elle plaqua sa main sur mes lèvres.

— Je pourrais les tuer en dix secondes alors reste calme, ma chérie, murmura-t-elle en me regardant les yeux.

Ses yeux brûlaient littéralement. Les pierres étaient entourées d’un liseré orangé comme du charbon ardent. Mon cœur était sur le point d’exploser dans ma poitrine et j’eus l’impression que l’oxygène refusait d’entrer dans mon nez. Qu’était-elle ?

— Je…

— Chut, souffla-t-elle dans ma nuque. Laisse-moi réfléchir. Je ne sais pas si je dois te faire l’amour quand tu es humaine ou attendre que tu te sois transformée.

Je fronçai les sourcils.

— Je suis un vampire, me dit-elle comme si j’étais une idiote. Et je ne sais pas pourquoi, mais je n’arrive pas à te mordre. Mon corps m’y empêche comme si…

— Je vous dérange ? Lança Skye.

Je soupirai en fermant les yeux et remerciai tous les Dieux de me l’avoir envoyé. Ankthi me lâcha délicatement le visage, mais grimaça de rage. En parfaite synchronisation, nous nous tournâmes vers ma meilleure amie qui était à notre droite.

— Elle est à moi, Skye, annonça-t-elle.

— Ava a quand même son mot à dire, non ?

J’écarquillai des yeux, car quand elle leva les mains, les voitures à sa gauche et à sa droite se mirent à flotter dans les airs. Comment faisait-elle ça ? D’ailleurs, était-elle qui le faisait ?

— Tu ne fais pas le poids, rigola la vampire.

— Tu es sûr ? Lança une voix que je connaissais.

— Zacharie, soufflai-je.

Comme Ankthi, je tournai la tête vers la gauche. Il était là et faisait tourner un long bâton dans sa main droite comme une cheerleader.

— Alors, j’affronte le Zaphir au complet ? Demanda-t-elle en faisant craquer son cou.

Zacharie fit tourner le bâton si vite qu’il était devenu impossible de le voir et les voitures qui flottaient, s’approchaient dangereusement de nous.

— Mon amour, tu devrais reculer, me conseilla-t-elle. Je n’ai pas du tout envie qu’on te tue par inadvertance.

— Recule, Ava, m’ordonna Skye.

Je n’y arrivais pas. Mes jambes refusaient de bouger à cause de la peur et je me mis à hurler quand une force invisible me souleva du sol. C’était ma meilleure amie, car sa main me visait et je ne sus pas comment, mais elle me déposa de l’autre côté de la rue et une voiture qui lévitait dans les airs vint se poser devant moi pour me protéger.

— Ne bouge pas là, me dit Zacharie.

Que voulait-il que je fasse ? J’étais tellement pétrifiée que je me demandais comment je faisais pour respirer et le combat commença.

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Enaelyork
Posté le 01/11/2020
Wow. Quel chapitre ! On entre dans le vif du sujet avec cet altercation finale avec Ankthi.
Tout d'abord. Je comprends tellement Ava. Elle a du vivre cloîtrée à cause de la maladie de sa mère. C'est tellement triste de vivre à travers les phobies de ses parents. Je comprends pourquoi tout lui semble si grand et si beau.
J'ai souri en voyant que Skye était fan de Star Wars :p.
Je suis toujours très intriguée par le traitement de reine que Skye et Zacharie offre à Ava. Ils sont extrêmement bienveillants avec elle et ne cesse de la complimenter. Est-ce parce qu'elle est humaine que tous la trouve attirante ?
Hâte de lire la suite en tout cas. Tu as vraiment travailler ton univers et tes persos en profondeur.
Cora Lee
Posté le 01/11/2020
Ah, c'est une bonne question, lol ! Tu es la première à faire la remarque ^^
Merci beaucoup, ça m'a pris pas mal de temps !
Alice_Lath
Posté le 13/10/2020
Hmmm, à nouveau, je ne sais pas trop quoi en penser haha, quand Zacharie est arrivée, j'ai bien cru que mes espoirs AvaxSkye s'évanouissaient pour de bon, mais heureusement, les meubles sont sains et saufs
Pour mes "critiques", elles rejoignent un peu celles du chapitre précédent : Skye est un peu caricaturale dans le rôle de la meilleure amie riche qui veut mettre sa pote en avant et très girly, de même que la soirée en boîte ou le fait qu'elles portent "naturellement" de la Haute Couture
Malgré tout ça, je dois dire que ton histoire tient une tension très intéressante pour le lecteur. Je pense que dans mon cas, cela tient sur l'ambigüité du désir entre Ava et les autres personnages plus que le décor :) En tout cas, bravo à toi quand même, tes gros chapitres se lisent d'une traite
Cora Lee
Posté le 13/10/2020
Ha... Zacharie. Lol.
Merci pour ton commentaire !
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