2. Le travail c'est la santé

J'étais assise à l'arrière de la maison, les jambes pendantes au-dessus du dénivelé, à manger un bout de pain dans l'ombre des arbres qui s'étendait. Je pouvais sentir la chaleur du soleil dans la brise, apportant également les parfums des fleurs et des victuailles provenant des auberges et des étales des marchés et . Encore une splendide journée !

Je sortis de ma rêverie quand m'appela à l'avant de la maison. Me relevant avec hâte, manquant de tomber dans le vide, je galopais en direction de mon interlocuteur. Le vigneron qui m'employait, répondant au nom de Marius Dénussy, se tenait devant la porte les poings sur les hanches.


 

  • - Oh messire Dénussy ! Je suis navrée je me trouvais à l'arrière de la bâtisse !

    - Ah ! Te voilà Sonya ! Eh bien tu as quand même l'ouïe bien fine, je n'ai pas appelé si fort que cela.

           - Ehehe, ça m'a aidé à de nombreuses reprise ! Que puis-je pour vous ?

           - Euuh.. Il faudrait que tu te rende à ces vignobles. En me tendant une liste.

Je pris le papier et lus les noms indiqué. Mon visage dû laisser transparaître mes émotions sans vouloir.

 

  • - Oui je sais ils sont tous très éloignée l'un de l'autre, mais ces gens sont un peu en détresse. Leurs livreurs sont tous déjà occupés et leurs vins manquent à plusieurs auberges. Me dit mon employeur un peu suppliant.

Je grimaçais en frottant l'arrière de ma tête, non seulement je devais me rendre dans ces vignobles, mais faire l'aller-retour avec la ville pour chaque car la charrette n'était pas suffisamment grande pour de gros chargement. Multiple qui plus est.

Ne perdant pas une minute de plus, je me rendis à la charrette du vigneron. L'après-midi était déjà entamée, j'aurais probablement terminé lorsqu'il fera nuit.

J'avais classé les vignobles du plus éloigné au plus proche, histoire d'organiser mes trajets et m'éviter d'être trop éloigné de la ville une fois le soir venu. Coronata-Beauclair, Castel Ravello-Beauclair, sans compter les petits vignerons à qui la cargaison allait aux auberges hors de la ville.

Je ne compte plus le nombre de fois où les ouvriers installant les festivités pour le tournoi de chevalerie, qui aura lieux prochainement, m'ont vue passer. Toujours de plus en plus affaissé sur mon véhicule. Les femmes transportant des corbeilles de fleurs gloussèrent à chacun de mes passages, je devais avoir l'air d'une personne aillant perdu ses dernières illusions et l'envie de vivre. Ce qui devait donner un rictus tout à fait singulier.

Aaahh le tournoi de chevalerie ! Je n'avais pas eu la chance d'y assister l'année dernière, malheureusement aillant besoin de moyens, je remplaçais les vendangeurs qui participaient aux festivités. Mais cette année ! Je ne le manquerais pas ! Deux ans que j'étais là et je n'avais pas vue une seule fois la Duchesse, trop occupé à survivre pour cela. J'ignorais même le son de sa voix ! Non vraiment, je n'avais pus en aucun cas l'apercevoir à un quelconque moment, malgré mes livraisons au palais.


 

Une énième fois de retour à Beauclair ayant finis de décharger une cargaison avec l'aide des employées du lieu, je pris une pause pour discuter avec l'aubergiste de ce qu'il se racontait de par le monde. Ayant bon nombres de voyageurs et de vacanciers s'arrêtant chez lui, des histoires, il n'en manque pas. Je décidais de partir quand l'ambiance s'échauffait dans la salle à propos du thème : « la peinture doit être préparé avant de commencer à peindre et non pendant ». D'une importance capitale me diriez-vous, néanmoins je préférais ne pas recevoir une peinte perdue.
 

Il faudra que je pense à prévenir Jean-Baptiste que j'ai trouvé une autre taverne fort sympathique.
 

C'était éreintant, je n'ai pas la carrure des gros bras du port, j'ai de la force mais tout de même ! Alors je vous assure que je ne sentais ni mon dos, ni mes bras... Ni mes fesses...

 

J'aurai dû prendre un coussin pour le mettre sur la charrette... Et il me reste encore un nom sur cette fichu liste... Corvo Bianco.... Ah ! Ça par exemple ! Ce sera bien la première fois que je me rends chez le fameux Sorceleur ! Bon aux vues de l'heure il y a peu de chances que je l'aperçois, mais sait-on jamais.

 

Je commençais à piquer du nez tout en tenant les rennes, il était temps que ces livraisons finissent.

Un bruit ressemblant à un grognement me fit sursauter, même les chevaux se stoppèrent. Cela ne devait pas être très proche, mais percevant les sons légèrement amplifiées valait mieux en être certains. Je pouvais voir les oreilles de mes bêtes pivoter pour tenter de repérer la source du bruit. N'entendant plus rien je secouais les rennes pour faire repartir l'attelage, mais en augmentant le rythme des équidés.

 

Je devrais peut-être en parler au Sorceleur... Nooon.. C'était probablement un loup qui avait attrapé une proie.. Enfin j'espère.
 

Le soulagement m'envahit quand j'aperçus les torches du Vignoble, je fis avancer ma charrette jusqu'à l'entrée de la cave et posa pied à terre.

 

  • - Vous êtes en retard.

Un cris aiguë s'échappa de ma gorge, un homme chauve avec des lunettes rondes se tenait derrière moi les bras croisé dans le dos.

 

  • - Eh bien, que vous arrive-t-il Madame ?

    - Hhh fiou ! Pardonnez-moi vous hh.. Vous m'avez surprise ! Je n'étais point sur mes gardes, je ne vous ai point entendu arriver. En tenant mon torse à l'emplacement du cœur.

    - En tant que majordome je sais me faire discret voir parfois invisible. Permettez-moi de me présenter, je suis Barnabas-Basile, je suis au service du maître des lieux Geralt de Riv.

Je me présentais à mon tour en m'inclinant légèrement, bien qu'il soit majordome cette homme inspirait le respect. Au moment d'entrer dans la cave, je fut retenue par Barnabas me demandant de reculer, il considérait en m'ayant observé et par galanterie que j'avais suffisamment œuvré. Des personnes se mirent à charger la cargaison. Je me sentais très gêné et insista à plusieurs reprises, mais fut contraint de laisser faire les employés de Corvo Bianco. Je tournais les talons pour admirer le domaine et quelle vue ! Même de nuit cela restait époustouflant.

En posant à nouveau les yeux sur mon véhicule, mon regard fut attiré par une masse surplombant la scène. Je m'approchait n'étant pas sûr de ce que je voyais, mais aperçut des cheveux blanc soulevé par la brise.

Et je vis l'homme observant ce qu'il se déroulait, appuyé sur la clôture en bois.

 

Une large balafre sur le visage et je crois que ses yeux luisent un peu...
 

Mes doutes furent confirmé quand il les leva dans ma direction. Sans vouloir j'affichais un sourire sincère, comme une enfant appréciant quelqu'un de gentil. Alors que... Il était plutôt effrayant dans le genre mutant. La personne que je supposais être Geralt, s'adressa au majordome et alla s'asseoir sur le banc devant la maison.

Barnabas me fit signe d'approcher. Je me trouvais à ses cotés quand il s'adressa à moi.

 

  • - La personne que vous venez de voir, était le maître du domaine et il aimerait vous parler quelques instant si cela ne vous dérange pas.

    - Oh euh.. A-avec plaisir ! Cela ne me dérange guère !

    - Allez-y, je viendrais vous prévenir quand le chargement sera terminé.

Comment vous dire que je n'étais absolument pas sereine. Une fois à la dernière marche je m'aperçus qu'il observait mon arrivé. Parvenus à sa hauteur je me courbais légèrement.
 

  • - Vous m'avez fait demander messire.

    - Non pas de révérence, j'ai déjà du mal avec le "messire" que l'on me sort à tout vas.

Ce n'es qu'en décollant mes yeux du sol que je vis qu'il affichait une expression bienveillante.. Enfin.. Il me semblait.

 

  • - Je suis Geralt de Riv et vous quel est votre nom ? En buvant le contenus de la coupe posé à cotés de lui.

    - Sonya Reginier.

    - Vous n'êtes pas d'ici je me trompe ? Je connais les convoyeurs, vous je ne vous reconnais pas.

    - Oh, mon accent s'entend encore ? Je pensais ne plus l'avoir. Et je fais un remplacement, ceux de d'habitude sont tous pris.

    - C'est très léger mais il est encore là et oui à cause du tournois dans quelques semaines je suppose. D'où venez-vous ?

    - Cela fait deux ans que je vis à Toussaint, mais je viens d'un petit village à proximité d'Oxenfurt.

    - C'est un sacré voyage pour venir jusqu'ici. Dit-il légèrement surpris.

    - Oui cela n'a pas été simple, mais j'y suis parvenu ! Répondis-je en souriant frottant mon bras nerveusement.

J'étais un peu ailleurs au point que j'attrapais de justesse à quelques centimètre de mon visage, la pomme que le Sorceleur venait de me lancer.

 

  • - Joli réflexe ! Dit-il.

    - Merci.

    - Voulez-vous boire quelque chose ?

Je refusais poliment, cette homme ne se comportait absolument pas comme un propriétaire de Vignoble. Mais il connaissait la coutume de Toussaint qui est d'offrir à boire et à manger à une personne venant chez lui. Malgré que niveau expressivité facial il ne soit pas très communicatif, son attitude simple me détendis.

Un parfum singulier se mit à flotter dans l'air, lilas et groseille à maquereau, je cherchais la provenance en ne bougeant que les yeux. J'aperçus une femme au cheveux noir assis sur le banc de la terrasse couverte. Geralt ne m'avait pas quitté des yeux.

Je me penchais légèrement vers lui pour chuchoter:

 

  • - S'agit-il de votre dame ? En pointant du doigt dans la direction de la femme au cheveux ébènes.

    - Humm oui, elle s'appelle Yennefer de Vengerberg.

    - ... Une minute.. La Yennefer ? Celle de la plupart des balades vous concernant ?

    - .... Je vais étrangler Jaskier... Dit-il dépité.

    - Vous lui transmettrait mes hommages si vous le voulez bien ?

    - .... Yeeeeennn !!

La voix de la femme se fit doucement entendre puis ce fut sa démarche résonnante par les talons qu'elle portait, pour au final l'apercevoir appuyé sur la rambarde regardant en direction de Geralt.

 

  • - Que ce passe-t-il ? Dit-elle d'une voix douce.

    - Cette jeune femme aimerait te transmettre un message.

Elle finit par tourner son regard vers moi..
 

Des yeux violets.. Exactement comme dans les ballades.

 

  • - Et bien ma chère je vous écoutes qu'avez-vous as me dire ?

J'aurais aimé disparaître à cette instant, j'espérais que la faible luminosité cachait le rouge de mon visage. J'inspirais profondément avant de prendre la parole.
 

  • - Madame, je tenais à vous présenter mes hommages, vous apercevoir et vous rencontrer me semblait impossible, mais je ne peux ignorer votre présence et je vous pris de m'excuser de vous avoir dérangée.

    - ..... Comment vous appelez-vous ?

    - Euuh.. S-Sonya madame !

    - Hummm.. Geralt ?

    - Oui ?

    - D'où sort cette jeune femme ?

    - C'est la convoyeuse qui emmène le vin, c'est la première fois que je la vois.

    - Et bien, au moins elle sait converser où du moins faire des phrases digne de se nom, tu crois qu'il est possible qu'elle vienne faire nos livraisons plus souvent ?

Geralt fronça les sourcils en la regardant il n'était pas sûr de comprendre... Moi non plus d'ailleurs.

 

  • - Ne t'imagine pas des choses, je veux dire que celle-ci est plus agréable pour toi comme pour moi et je devine au restant d'accent qu'elle n'est pas non plus d'ici. Parler avec des personnes d'ailleurs ne nous ferais probablement pas de mal, même si c'est le temps d'une livraisons.

    - Tu es nostalgique des pays du nord ? Lui dit-il.

    - Nous y avons vécu longtemps, je ne peux pas vraiment oublier cela.

    - Nous pouvons oublier d'où l'on vient, mais on est sûr de ce qu'on laisse en partant. Lançais-je le regard dans le vague.

Cette phrase m'échappait attirant l'attention du couple qui s'était tu.
 

  • - Tu vois ce que je veux dire maintenant ?

    - Oui je vois, je vais demander à Barnabas si il peut s'en occuper.

Le concerné fit justement irruptions sur le palier pour me prévenir que le chargement était prêt. Je saluais encore une fois le couple et me rendis à ma charrette, vérifia que tout était bien attaché et monta à bord. Barnabas vint à nouveau à ma rencontre.
 

  • - Vous avez fais forte impression.

    - ... J'espère ne pas avoir fait de bêtise.

    - Il n'en est rien pas d'inquiétude, nous allons être amené à nous revoir.

    - .... Soit ! À bientôt dans ce cas !

Je saluais le majordome et pris le chemin pour sortir du domaine. Arrivé sur la route je stoppais mon véhicule et me mis a respirer chaotiquement, comme si je venais de retenir ma respiration depuis une heure.

 

Bordel mais qu'est-ce qui vient de ce passer ?! Que.... Mais... Ok pas de panique ! Ces deux-là sont des légendes, ils sont tout à fait normaux... Enfin autant que puisse être un Sorceleur et une magicienne... Je... Je sais même pas ce que j'ai dis ou fait de spécial pour m'attirer leurs sympathie mais soit.

 

Je retrouvais progressivement mon calme et repris la route en tenant mes rennes comme si ma vie en dépendait.

Je ne comprenais toujours pas ce qu'il venait de ce passer....


 

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