Pas que nous pouvons dormir comme le commun des mortels, mais nous pouvons mettre notre esprit sur pause, le laisser vagabonder à sa guise, sans chercher à le contrôler. C’est comme regarder la télévision, je ne fais que contempler ce qu’il me montre. C’est reposant. Mais c’est une chose que l’on ne peut faire qu’ici, en sécurité, car lorsque nous sommes trop relaxés, nous perdons parfois le contrôle sur le simulacre de notre corps et pouvons laisser entrevoir ce qu’il cache ; notre éther. On peut voir cela comme des interférences, parfois c’est juste un membre qui s’efface, parfois c’est le corps entier. J’ai toujours fait le lien avec cette image étrange d’une ampoule défectueuse qui clignote.
Les images défilent. Certaines n’ont même aucun lien entre elles. Ce n’est qu’une succession de souvenirs, voire de rêves puisque nous restons connectés à nos proies durant un cours laps de temps après la chasse. Alors, Magnolia m’apparaît, à de nombreuses reprises, au point même où je ne vois plus qu’elle. Je l’observe à la plage, en train de sourire à ma victime. Elle sautille au dessus des vaguelettes qui viennent mourir sur le sable, ramasse des coquillages comme une enfant. Ils se racontent aussi des histoires, les yeux perdus dans un magnifique ciel étoilé. Je parviens à ressentir la magie du moment et perçois presque l’amour qu’elle lit dans les yeux de son ami. Magnolia le savait, depuis toujours. C’est limpide, si évident. Alors que s’est-il passé ? Pourquoi ces deux-là ne sont-ils pas ensemble ?
La réponse ne se fait pas attendre…
La scène est si triste qu’il me brise le cœur que je n’ai pas. Je ressens tout. Contempler ce souvenir me comprime la poitrine, ma main vient instinctivement à la rencontre de ma gorge. J’ai l’impression que l’on m’écrase la trachée, comme si je possédais un véritable corps. Je pourrais presque le sentir. C’est affolant.
Il est clair que mon esprit n’est plus au repos, il s’est réveillé. Le lien ne cesse de s’intensifier et titille mon éther.
Je me perds dans le regard de Magnolia, les yeux rougis de larmes. Elle me sert dans ses bras, la respiration en proie aux convulsions de ses sanglots. Je pourrais me trouver à sa place. Je sens sa peau contre la mienne, son souffle, la douceur de sa chevelure et son parfum… son envoûtante odeur de Jasmin. J’ignore où ils se trouvent. L’endroit ne m’est pas familier.
— Je suis si désolée ! Tellement désolée. Mais, c’est ma famille et je ne peux pas les renier ainsi. Je suis obligée de les suivre, je dois la soutenir dans la maladie.
— Je sais tout cela, murmure-t-il avec difficulté. C’est une chance pour elle d’avoir été acceptée dans ce nouveau protocole de traitement, il est normal que tu la suives à l’étranger. C’est ta mère…
Ils s’étreignent, longuement, avec toute la tendresse du monde. Des adieux silencieux… déchirants. Ils n’ont pas besoin d’en dire davantage, les sentiments parlent d’eux-mêmes. J’ignore combien de temps ils demeurent ainsi jusqu’à ce qu’elle trouve le courage de s’enfuir, prenant ses jambes à son cou.
Je me lève brusquement du lit, les paupières grandes ouvertes par la surprise.
Je ne suis pas rassasiée, mais mon éther, vidé de son énergie, vient de reprendre des forces.
— C’est impossible ! Sans passer par l’acte charnel, c’est impossible ! Ça ne s’est jamais vu !
Je me scrute sous toutes les coutures, laissant disparaître mon simulacre de corps. Mon éther scintille un peu, comme de la poussière magique.
— J’ai bien repris des forces… c’est incompréhensible.
C’est minime, mais bien là.
J’ai déjà fait face aux sentiments humains, mais là, ce n’est pas comparable. Il y a quelque chose qui m’échappe.
— Je dois mener mon enquête !
C'est une histoire des plus passionnantes, un très grand bravo.
En tout cas c'est une histoire qui prend bien forme et c'est très appréciable.
J'ai fini les 3 précédents extraits et je les ai trouvés bien. Tu décris la forme éthérée des succubes, et on découvre également qu'ils ne sont pas seuls. Elle a une "famille" avec qui elle partage son énergie. J'ai bien aimé ce point. L'histoire se lance au moment où elle comprend que son énergie s'est restaurée toute seule et que quelque chose ne tourne donc pas rond avec ce mec (ou plutôt son attachement au mec). Ça met du suspense, j'ai bien aimé ce point.
Il y a quelques questions que je me suis posées au cours de ma lecture :
D'une, je n'ai pas bien compris où elle vit. Tu dis un manoir, où elle a une chambre et une cave emplie de ronces importante pour se matérialiser. Pourtant, comme j'imagine ton héroine comme une sorte de flux d'énergie (qui peut prendre n'importe quelle forme. Où bien juste une forme humaine ?), j'ai eu du mal à pleinement visualiser les lieux. Est-ce bel et bien un manoir, quelque chose de matériel ? Tu décris des meubles. Est-ce un lieu immatériel ? Est-il dans notre monde ? Je me demande si tu ne devrais pas ajouter une description pour qu'on comprenne bien.
Autre point, ta heroine doit aussi prendre soin de sa "famille", pas que d'elle-même et j'ai bien aimé ce point. Tu décris des enfants succubes quelques peu gloutons (j'aime bien), puis ce qui semble être une matriarche (jusque là, tout va bien pour moi). Mais je n'ai pas encore compris le lien fort qui l'unit à sa meute. Ne manque-t-il pas un perso qui incarnerait son clan/son attachement à sa famille ? Quelqu'un qu'elle aime et se réjouit de voir, quelqu'un avec qui elle aime partager son éther ?
Autre point mais je pinaille. Le passage où elle découvre que son éther peut se recharger par amour manque un peu de peps je dirais, d'émotions. Si elle a genre 100 ans et que ça ne lui ai jamais arrivé, j'attendrais à ce qu'elle soit totalement bouleversée. D'autant que ça peut être super important de découvrir pourquoi son éther s'est recharger (ce qu'elle va faire par la suite), non seulement pour elle, mais pour sa communauté. J'insiterais un peu plus et cela te permettrait de caser du lore.
Dernier point de pinaillage. Elle découvre que le gars s'est séparé de sa petite amie, car celle-ci est partie prendre soin de sa mère malade. Revoit-on ce personnage par la suite ? Sinon, qu'ils aient rompu (voire qu'elle soit morte) serait encore plus horrible pour lui par exemple. Sinon pourquoi le gars n'a-t-il pas suivi sa copine à l'étranger pour l'aider avec sa mère ? Ou pourquoi n'entretiennent-ils pas une relation à distance ? Et s'ils s'aiment tant, pourquoi n'est-il pas plus surpris de la voir sur le parking dans l'extrait précédent ? Ne communiquent-ils plus ensemble ? N'ont-ils pas mille choses à se raconter, avant même de penser au sexe, s'ils se rencontrent par hasard à 4h du matin ? Maintenant que tu as donné cette explication, ça me parait bizarre.
Je précise que je te fais ces suggestions pour t'aider, c'est subjectif bien sûr. Si rien ne parle, jette tout ! :-)
N'hésite pas à revenir vers moi, même par MP si tu as des questions ou si tu veux tchatcher sur le texte, je reste dispo :-)
D'ailleurs mes remarques ne sont pas du tout négatives, au contraire : j'ai pris plaisir à lire ta plume, très fluide, et tu annonces là une histoire intéressante que je vais continuer de lire. Je précise aussi que je n'ai jamais lu d'histoires avec des succubes auparavant, donc peut-être certaines que certaines de mes interrogations n'ont pas vraiment de sens si tu t'inspires de traits de succubes plus établis dans la fantasy,
A bientôt,
J'ai une plume plutôt "mystérieuse" comme je l'appelle, et la majorité des points que tu as décelés seront abordés au fur et à mesure de l'histoire, donc ne t'en fais pas à ce sujet ;)
Le seul point que je préciserai, c'est au niveau du manoir, car effectivement, je n'avais pas anticipé le fait que le lecteur puisse se poser ce genre de question. Donc, je vais y travailler pour que ce soit plus clair. Mais j'ai déjà ma petite idée sur le sujet et cela viendra plus tard également vers le chapitre 7 ou 8 je pense. Asmodée ignore beaucoup de chose sur sa race comme tu le découvriras plus tard et elle en apprendra beaucoup au grès de son histoire. Oui elle a 200 ans, mais c'est encore jeune pour une Cauchemar ;)
Merci encore pour ton intérêt ^^ J'essaierai d'en faire autant pour ta propre histoire ;)
Au plaisir de te lire prochainement.
Si ces questions ont leurs réponses plus tard, ça me va, je pense que tu fais le bon choix de ne pas bazarder toutes tes billets au début :-)
Oui, la question du manoir pourrait être abordée. Je me demande si tu ne pourrais pas créer un nom spécial pour désigner son domaine au lieu d'utiliser le terme "manoir" qui est un peu confusant, mais ce n'est qu'une idée comme ça,
Un grand merci pour tes commentaires du Darrain, je vais aller te répondre,
Et je vais poursuivre ma lecture :-)