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Salut Maël !

Ravi de te connaitre ! Moi c’est Eliott et j’ai 16 ans.

En effet, ton papier à lettres est magnifique ! Et ton écriture aussi, super élégante ! Pardonne mes traits brouillons et mon écriture confuse, cela faisait un moment que je n’avais pas posé de stylo sur un papier ; et je dois dire que cette sensation est très agréable. J’ai hésité à imprimer seulement mes mots, mais je me suis dit que ça enlevait ce côté propre aux lettres.

En ce qui me concerne, si je dois être parfaitement honnête, j’ai cliqué sur la petite case “recevoir” une lettre parce que je me sens seul, et je me suis dit que peut-être, cela m’apporterait un ou une ami(e). Ou juste quelqu’un à qui parler. Je suis dans un hôpital depuis quatre ans, pour cause de cancer, accompagné de surdité ; je n’ai donc jamais mis les pieds dans un “vrai” lycée, j’étais ou dans des établissements spécialisés ou à distance. Je lâche tout maintenant, si tu ne veux pas répondre je comprendrais ; et je préfèrerais ça à une réponse pleine de pitié.

J’habite près de Nice, moi ! Tu vois, moi aussi j’applique cette règle-non-écrite-mais-que-tout-le-monde-applique… Je suis allé à Nantes une fois, avec ma tante ; c’était super joli ! J’espère pouvoir y retourner bientôt.

Bon, je pense que j’ai fait le tour, pour une première réponse. Je ne sais pas.

A bientôt !

Eliott

PS : je suis du genre à couper les spaghettis. Voilà, c’est dit. Désolé.

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Maël relut la lettre, une fois de plus, un sourire aux lèvres. On lui avait répondu ! Il n’en revenait pas. Il avait dû parcourir ces lignes au moins… Une douzaine de fois, depuis qu’il avait ouvert l’enveloppe il y a de cela une demi-heure.

Il rentrait du lycée sous un ciel pluvieux, mais sa journée fut comme illuminée par la vision d’une lettre à son nom sur la table de l’entrée. L’espoir l’avait envahi, et il s’était précipité dans sa chambre, négligeant ses devoirs à faire.

Au lieu d’ouvrir ses cahiers, il s’installa certes à son bureau, mais reprit une nouvelle feuille de ce papier à lettres acheté quelques jours auparavant, ce papier qu’Eliott avait trouvé si beau. Eliott. Il trouvait irréelle la pensée que cette enveloppe envoyée n’importe où, comme ça, ait trouvé un destinataire, et de son âge. Sa plume glissa doucement sur le papier ; il aimait ce grand bout de métal qu’il trempait dans l’encre, plutôt qu’une bille grise qui roulait en déposant la couleur sur la feuille. C’était plus lui. Plus décalé.