18. Le passé n'est jamais loin

Par Eurys

Comme prévu, le lundi suivant leur ballade Armand se prépara à reprendre du service. L’exaltation ne touchait pas que lui, ses trois colocataires étaient tous aussi heureux de la nouvelle. Il avait perdu l’habitude de se lever avec le soleil, mais la veille, Athos lui avait certifié de ne pas s’en faire et de prendre son temps, retrouver ses habitudes se ferait en quelques jours. Il était heureux que le mousquetaire, le plus solitaire des trois se soit autant ouvert à lui. Depuis leur discussion, ils n’avaient pas réellement parlé mais ils s’étaient compris, et c’était le plus important.

Après avoir mis son chapeau et sa cape, il ferma la porte de leur maison et prit la direction de la caserne. La terre était boueuse de la pluie de la veille, avril était entamé et sonnait le glas des derniers refroidissements.

Retrouver le brouhaha des mousquetaires dans la cour le fit sourire, et sa présence ne manqua pas de se faire remarquer par les soldats qui ne savaient rien de son retour. Il eut droit à des empoignades et des souhaits de bon retour à son plus grand plaisir. Il venait à peine de rejoindre ses quatre amis que le capitaine vint le trouver, lui demandant de monter.

—Comment allez-vous ? Lui demanda de Tréville alors qu’ils s’étaient installés.

—Bien, répondit le jeune homme. Malgré lui, il était tendu, tant il avait anticipé l’entretien.

Tréville soupira. Il savait très bien pourquoi son soldat semblait mal à l’aise et décida d’aborder ce point directement.

—Je sais ce qu’il s’est passé durant l’attaque du trajet, ne croyez pas que je n’ai pas pris garde de vous surveiller.

—Capitaine ..., le coupa Armand.

—Laissez-moi parler. Si je vous surveillais, c’est que je m’étais bien douté que ce genre de choses arriverait. Il y a deux types d’hommes, continua le capitaine. Ceux qui se lancent à corps perdu dans leur premier combat et ceux qui se tétanisent sous la pression. Vous êtes du deuxième et je le savais. Vous n’êtes pas fait pour vous battre.

Armand sentit une pierre peser sur son estomac. Il fit de son possible pour refréner le tremblement de ses membres mais ne trouvait rien à redire à son supérieur. Tous ses arguments semblaient s’être évaporés.

—Cessez de paniquer, reprit de Tréville d’une voix plus douce. Je ne vais pas vous renvoyer.

Armand souffla et le capitaine rigola de la réaction exagérée de son vis-à-vis.

—Je vous laisse le choix Armand, soit vous suivez un entrainement régulier, soit vous êtes affecté à des fonctions administratives ou même à l’infirmerie mais vous perdrez votre grade de mousquetaire.

Il ne fallut pas une seconde à Armand pour se décider, tout mais qu’il garde son épaulière.

—Je m’entrainerais, capitaine.

De Tréville sourit et opina de la tête.

—J’ai déjà informé vos amis qu’ils seront chargés de votre entrainement.

Armand écarquilla les yeux, étonné mais aussi heureux que son capitaine n’ait pas douté une seule fois de son choix.

—Et maintenant, comment avez-vous vu passer ces semaines de convalescence ?

—Longues, je ne peux le nier. Mais cela a aussi fait évoluer ma relation avec les autres. Je suis également heureux que Constance soit tenue au secret, confessa-t-il.

Le capitaine lissa sa barbe, s’attendant à l’évocation du sujet. Il resta quelques secondes sans réponse avant de finalement parler.

— J’aurais aimé qu’aucune autre personne ne soit dans la confidence mais sans Constance, vous auriez probablement été découvert. Même si je ne l’avais pas prévu, son aide s’est avérée utile. Et peut-être qu’une confidente peut vous être salutaire après tout.

Le mousquetaire se contenta d’hocher la tête, comprenant les hésitations de son supérieur. Mais il n’en démordait pas : Constance l’aidait. 

—Avez-vous… de nouvelles informations pour mon affaire ?

Le capitaine ne dit rien, encore une fois, et prit le temps de l’observer avant de parler. Le cœur du jeune homme rata un battement face à une réaction qu’il ne prévoyait voire n’espérait peut-être pas. Un mince espoir s’infiltra dans ses veines, et avec lui des sentiments qu’il n’avait plus ressentis, l’exaltation et la haine. Une haine farouche qui avait pris place à la colère et lui avait fait boucler ses malles, sceller son cheval et partir avant l’aube.

Mais l’homme en face de lui ne disait rien.

—Mais parlez !

Le capitaine enleva son couvre-chef, passa dans ses cheveux sa main et fixa à nouveau Armand.

—Je ne suis sûr de rien, commença-t-il.

Armand bondit de sa chaise, l’envoyant valser contre le plancher. Son cœur se mit à tambouriner, alors qu’il pensait à tout ce que l’homme pouvait lui révéler.

—J’ai entendu des nouvelles, des affaires qui pourraient vous concerner comme vous êtres étrangère. Il n’y a rien de certain et surtout aucun lien, laissez-mois en savoir plus et je vous le ferais savoir alors.

—Combien de temps ? murmura le jeune homme, presque inaudible.

—Je ne le sais. En attendant considérez cela comme toutes les pistes que vous avez suivi jusqu’ à maintenant, elle pourrait ne mener à rien.

Malgré les paroles dures, un espoir s’insuffla dans sa poitrine, comme à chaque indice trouvé. Depuis plusieurs semaines il avait ralenti, si ce n’est arrêté de chercher, et ce bien avant sa convalescence. Une piqûre de culpabilité le fit grimacer honteusement. Armand décida de prendre congé mais avant cela demanda à être informé à la moindre nouveauté.

Hors du bureau, il laissa ses jambes l’éloigner des autres, cherchant un lieu isolé. Traversant couloirs et paliers, il s’engouffra finalement dans ce qui semblait être une des salles de réunion les moins utilisées. Dans un grincement, Armand tira un siège en bout de table et s’avachit dessus, la tête lourde reposant sur ses bras croisés au-dessus de la table.

Un rire ironique franchit ses lèvres, moqueur envers lui-même. Il avait envie de se cogner la tête contre ce fichu bois. Et cette culpabilité ne voulait pas le lâcher ! Il s’en voulait, s’en voulait d’être heureux, de rire, de revivre. Il s’en voulait d’avoir presque relégué sa vengeance au second plan. Était-ce cela, tout ce que représentait son père ? Quelques mois de peine et il tournait la page ?

Un hoquet résonna dans la pièce, bientôt suivit de sanglots étouffés. La tête entre les mains Armand n’entendit pas des pas se rapprocher et sursauta quand une main se posa sur son dos. Il releva ses yeux rougis pour rencontrer les orbes noirs et le sourire chaleureux de Porthos.

Celui-ci ne dit rien et se contenta de resserrer son bras, cachant la tête brune dans le torse. Dans un hoquet, Armand cala sa tête contre le corps musculeux de l’homme, laissant sa main faire des cercles rassurants dans son dos. Les pleurs d’Armand se tarirent et après un moment sans aucun bruit Porthos osa demander :

—Tu veux en parler ?

Pour la première fois Armand hésita vraiment. Il avait tellement envie, tellement envie de dire toute la vérité, pouvoir se plaindre, crier, ne plus se cacher. Mais la voix du capitaine, catégorique, se rappela à lui. Il l’avait promis à de Tréville.

Lentement, il fit non de la tête et s’éloigna du métis pour se lever.

Nerveusement, Armand défroissa ses vêtements, plus pour éviter de croiser un regard inquisiteur qu’autre chose.

—  Comment as-tu su que j’étais ici ? Finit-il par demander

—Tu mettais du temps et le capitaine est sorti, répondit-il simplement.

Armand se contenta de hocher la tête.

—Allez viens, souffla le métis. Tu auras toute ta vie pour pleurer.

X

Les jours défilèrent lentement, au rythme de duels, entrainements et missions. Sous les coups d’épées d’Athos, car sans conteste, il était le meilleur bretteur de la garnison, Armand aiguisait sa lame et entaillait sa chair. L’homme n’était pas tendre, mais c’était ce dont il avait besoin. Ce n’était pas tant l’art du combat qu’il devait maitriser, mais la peur qui le tenait aux tripes dans ces moments-là.

Il devait prendre confiance en lui et connaitre sa lame, lui avait dit un jour Athos. Si la première était facile à comprendre, la deuxième fut plus dure à cerner. Et pourquoi pas faire les présentations, tant qu’il y était ?

L’homme ne lui dit rien et continua à le former, le préparant à parer coup sur coup. Pourtant, il lui répétait souvent cette phrase. Si Armand prenait ses aises dans ces entrainements, ce fut différent quand il décida de l’emmener pour lui montrer quelque chose, avait-il dit.

Fichu Athos.

S’il doutait des penchants légèrement destructeurs de l’homme, maintenant il en était certain. Comme pour une promenade l’homme marchait au-devant, décidant de la route à prendre. Au carrefour d’un chemin ils distinguèrent au loin trois hommes en tenue rouge sang.

Et c’est là que tout dérapa.

Athos s’avança l’air de rien. Il n’eut pas l’occasion d’entendre le langage fleurit que le mousquetaire leur adressa mais la réaction fut imminente. Dégainant chacun sa rapière, une bagarre s’engagea à trois contre un. Armand hésita un instant entre appeler de l’aide et se mêler à la rixe mais voyant Athos esquiver deux attaques succinctes il prit sa décision et s’élança sur l’adversaire le plus proche de lui. Les premiers coups furent bancals, maladroits mais la chance lui souriait, l’adversaire n’était pas au niveau du professeur.  Après quelques tintements, à esquiver et juger, un brin de confiance le prit. Assez pour décider de passer à l’attaque. Il prit position, la lame au-devant, la jambe en arrière et répéta au mouvement près les enchainements qu’il connaissait.

Si les premières passes furent mécaniques et réflexes les suivantes étaient plus fluides et fortes. Armand commença à s’éloigner des leçons apprises pour s’adapter à son adversaire. Sa lame dansait une chorégraphie nouvelle et sans peur il accula son adversaire, maniant sa rapière avec aisance.  Un coup plus puissant désarma le garde rouge et la pointe sous la gorge, Armand le tenait désormais en joue. Sans plus savoir quoi faire de son adverse, il vit Athos surgir et cogner la crosse de son pistolet contre le crâne, envoyant le garde dans les abymes de l’inconscience. Armand déduisit que les deux autres hommes, couchés au sol, avaient reçu le même traitement. La besogne terminée et la démarche fière, le plus âgé des mousquetaires prit le chemin du retour non sans avoir invité son ami à le suivre.  Armand lui emboita le pas, plus énervé que ravi.

—Que vous a-t-il prit ? cria-t-il hors de lui.

Athos lui jeta un regard en biais sans pour autant s’arrêter.

—Un duel est toujours le meilleur moyen de s’entrainer, répondit-il comme une évidence.

—Mais bon sang Athos ! Ils auraient pu gagner, on aurait pu mourir !

Armand était sidéré, sidéré que celui qui était plus qu’un mentor ose prendre ce genre de risque inconsidéré. Et s’il n’avait pas pu se battre ?  Athos s’arrêta, juste le temps de répondre.

— Les hommes postés en maintien de l’ordre dans ces quartiers sont souvent de nouvelles têtes à former, révéla Athos. Ils sont rarement de fins bretteurs, plus des maladroits qu’autre chose. Vous étiez au-dessus de leur niveau alors oui je vous ai jugé prêt, plus que vous ne le pensiez vous-même.

La colère d’Armand se dissipa légèrement. L’homme n’était peut-être pas si destructeur que cela.

—Et s’ils avaient été de bons escrimeurs ? Lança tout de même Armand.

Pour toute réponse Athos leva les épaules.

X

En cette nouvelle journée, c’était autour d’une partie de cartes que deux hommes se battaient. Enfin, de combat il n’y en avait pas vraiment. Armand regardait plutôt Aramis se faire plumer par Porthos, encore et toujours. C’était à se demander si le coquet n’était pas un brin masochiste, ou s’il avait réellement un futile espoir de gagner.  Futile car il n’avait aucune chance : et pour cause le mousquetaire aux cheveux bouclés trichait. Oh il aurait pu gagner à la loyale, après tout Porthos était peut-être le meilleur joueur de cartes qu’il n’avait jamais rencontré mais c’était autre chose qui le poussait à tricher. L’adrénaline de l’interdit, le jeu de sournoiserie… Armand avait compris que le métis affectionnait autant le jeu que la triche. Et pour cela il était le meilleur.

C’étaient les As dans la manche et les Rois sous les fesses qu’il raflait toutes les mises et depuis peu, Armand s’en était mêlé. Personne ne se méfiait de celui qui était encore qualifié de nouveau, timide et sans histoires. Alors évidement quand il tournait autour des joueurs, cela ne pouvait être que par pur curiosité. Mais ça ne l’était pas. Discrètement il indiquait à Porthos ses chances, s’il devait sortir un atout ou pas et aussi facilement que cela, il s’était laissé entrainer.

Tricher avec Porthos était amusant, et il devinait que celui-ci n’avait jamais eu de binôme. Seule une pointe de remords resurgissait quand Aramis perdait ses sous, mais après tout, il n’avait qu’à pas jouer.

Une troisième partie gagnée et Aramis se leva boudeur, capitulant et la foule amassée se dispersa. Porthos empocha en riant l’argent gagné. Tendant la main, Armand prit une pièce, réclamant son dû un sourire mutin aux lèvres.

Si une chose était certaine, c’était que la journée commençait bien.

À peine une heure plus tard, Athos descendit l’escalier en faisant signe à ses compagnons de le suivre. C’est ainsi que le tricheur, le collaborateur et le plumé se dirigèrent vers le bureau de de Tréville pour ce qui serait surement une énième mission.  Mais le seuil pénétré, une ambiance fermée et lourde frappa Armand. Leur capitaine était derrière son bureau, les mains jointe au-dessus de documents.

— Que se passe-t-il ? Lâcha finalement Aramis.

—Vous savez que depuis son couronnement son altesse tente de réprimer le marchandage illégal. Il se trouve que des rapports venant du nord nous rapportent beaucoup de transactions et de navires au allées et venues plus que suspectes. Un gros réseau de contrebandier sévit entre nos ports et l’Angleterre mais non contents de faire du trafic, nous pensons qu’ils vendent aussi des informations.

Le capitaine poussa sur le bureau une missive décachetée.

—Ils sont au port d’Artois, les mousquetaires ont pour ordre de les arrêter.

Derrière tout le monde, Armand sentit son estomac se contracter violement. Son regard accrocha celui de de Tréville quelque secondes, mais assez pour voir l’avertissement qu’il lui envoyait. Il n’écouta rien de la suite, ses oreilles bourdonnantes, et suivit mécaniquement les mousquetaires au moment de prendre congé avant d’être retenu par le capitaine.

—Asseyez-vous, conseilla doucement la voix du supérieur.

Armand se laissa faire sans protester.

—Vous avez compris, n’est-ce pas ?

Cette question était plus qu’une affirmation. Le cœur d’Armand s’accéléra mais de peur ou d’excitation, il ne le savait pas.

—C’est eux ? Lui ? Espéra le jeune homme dans un souffle.

—Oui.

D’un geste Armand se leva, il marcha de long en large, sans but précis.

—Dites-moi ce que vous savez !

Le capitaine soupira et obtempéra, ce n’était pas le moment d’une quelconque question de place et de hiérarchie.

—Les douaniers n’ont jamais eu de soupçons sur la compagnie, mais depuis un temps leurs transactions semblent suspectes. Ils ont fini par voir que quelque chose n’allait pas.

—Ce fils de catin a en plus sali notre nom, jura Armand sans retenue.

Il entendit de Tréville pouffer de rire à son insulte.

—Mais selon des espions, ils ne feraient pas que de la contrebande. Ils vendraient aussi des informations à qui en veulent. Sur l’état, les conflits, les marchés. Ils semblent avoir de bonnes sources.

—Mais je rêve ! La compagnie ne lui suffit donc pas !

—Vous savez, quand on en arrive à de telles extrémités pour de l’argent, plus rien ne suffit.

Le jeune homme lança un regard morne et s’adossa au mur, les épaules affaissées.

—Armand, reprit le capitaine. Désormais vous avez l’état de votre côté, ces activités ont bien été définies de suspectes.

—Je me fiche de la contrebande, ce n’est pas de ce crime que je souhaite l’inculper, murmura Armand d’une voix sourde.

—Je l’entends bien, mais ces faits pourraient vous aider, donner plus de poids à vos accusations. Une enquête pourrait être ouverte ! C’est exactement ce dont vous avez besoin.

Armand se retourna lentement. Une question lui brulait les lèvres, et ce depuis longtemps. En fait ce point avait commencé à le miner à partir du moment où il avait commencé à s’attacher à la caserne, et à ses mousquetaires.

—Et si tout cela se termine, je quitterai les mousquetaires du Roi ? Demanda-t-il d’une petite voix.

De Tréville ouvrit et referma la bouche, sans répondre. Il finit par déglutir.

—Vous ne pouvez pas rester mousquetaire toute votre vie Armand. Car vous êtes une femme mais aussi que vous avez un rang, un domaine, une vie. Nous le savons tous les deux, pensez-vous renoncez à tout ce que vous êtes et vous travestir jusqu’à la fin de vos jours ? Ou faire comme Constance, à mi-chemin entre mousquetaire et intendante. Vous n’êtes fait pour aucun de ces deux cas.

Armand se mordit la lèvre. C’est comme si le capitaine lui renvoyait à la figure tout ce qu’il s’évertuait à ignorer. Et il avait bien raison. Il ne pourrait faire comme Constance, et être mousquetaire femme, cela ne s’était jamais vu. Mais ces mots lui firent bien plus de mal que ce qu’il n’aurait cru. C’était un coup de poignard dans le ventre.

—Je le sais… je le sais bien. Mais la vie de caserne commence tout juste à me plaire, plaisanta-t-il.

—Vous avez du temps. En attendant nous avons un meurtrier à arrêter vous et moi, car je suis avec vous. Je vais vous donner toutes les informations que nous avons. Demain, vous partirez pour le port du comté d’Artois.

­X

Après avoir solidement harnaché la sacoche sur son cheval en suivant les conseils de Porthos, Armand se retourna et fit une dernière étreinte à Constance et son ventre rond. Il s’était confié une dernière fois à la femme la veille, lui avait dit que cette mission pourrait résoudre sa quête et peut-être marquer la fin de sa vie de mousquetaire si c’était le cas.

Elle n’avait pas vu venir les larmes de la femme, qui pleurait tout en lui répétant qu’elle serait heureuse si son malheur se terminait. Armand ne s’était pas attendu à une telle réaction, à ce que ce départ puisse être un déchirement pour elle aussi. Il s’était mis à pleurer à son tour, et comme deux madeleines, le visage trempé, ils s’étaient mis glousser de leurs mines pitoyables.

Ce qu’il aimait avec Constance, c’est que tout finissait bien.

Aujourd’hui, celle qui était devenue une sœur ainée à ses yeux lui faisait encore une fois promettre d’être prudent, de ne pas prendre de risque, d’être fort. Une mère n’aurait pas dit quelque chose de très diffèrent.

Armand empoigna d’Artagnan, qui restait cette fois-ci à Paris. Derrière, la silhouette sombre de son capitaine apparut sur la balustrade.

Il ne lui adressa qu’un mouvement de tête qui toucha le jeune homme. Une main dans les airs, après un dernier salut, il se retourna et rejoignit ses camarades.

7 heures sonna. Paris s’éveillait doucement au son des coqs et des marchands emplissant leurs étals. Parmi badauds et habitants un jeune homme aux cheveux châtains passait dans les rues étroites à cheval, pour sortir des portes des villes.

 

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