18. Beherzt

Par Hinata

Ils attendirent longtemps, cachés au bord du lac, sans que rien ne se passe. Ils ne pouvaient pas communiquer avec les Ailés dans les arbres, ni avec les hybrides trop éloignés d’eux. Mais même avec ceux qui étaient proches, on ne parlait pas. Même avec Nesli, Domyrade, l’elfe et le faune ailé qui s’étaient tous les deux réveillés, Beherzt ne parlait pas.

Lorsqu’on perçut du mouvement et des voix qui venaient de la plage du lac, tout le monde se figea davantage s’il était possible. Cela dura longtemps, mais, derrière la forêt drue des roseaux, on n’avait aucun moyen de voir ce qu’il se passait. Personne n’osa bouger pour aller voir, ou alors ceux qui l’auraient fait en furent empêchés par d’autres.

Malgré les suppliques muettes de Beherzt pour l’en dissuader, Nesli finit par se couler dans l’eau pour aller jeter un œil. Il resta près du bord à attendre qu’elle revienne. Elle mettait longtemps. Ce n’était peut-être qu’une impression. Et peut-être pas. Cette fois il ne resterait pas sans rien faire comme quand Domyrade avait disparu.

Une vague d’agitation dans son dos le retint de partir à sa suite. Les hybrides se levaient. Des rumeurs indistinctes couraient dans les roseaux. Beherzt revint aux côtés de Domyrade et de leurs deux endormis.

− Ils disent qu’on peut sortir sans danger, lui glissa son amie.

Elle n’avait pas l’air très enclin à les croire. De la part d’une fille qui avait quitté leur abri sur un coup de tête pour ensuite revenir avec des brûlures sur les bras, c’était un peu fort. Cela dit, Beherzt non plus n’avait pas très envie de sortir à découvert juste parce que des rumeurs disaient que la voie était libre.

Nesli choisit ce moment pour refaire son apparition.

− Les hybrides ont repoussé l’ennemi, s’exclama-t-elle. Ils sont en train d’éteindre l’incendie, il faut aller les aider !

Son témoignage acheva de convaincre ceux qui hésitaient encore à quitter leur cachette, dont Beherzt et Domyrade.

− Qu’est-ce qu’on fait d’eux ? l’interrogea l’humaine.

L’elfe aux cheveux blancs et le faune ailé n’avaient toujours pas bougé, allongés tous les deux dans la boue. Beherzt se pencha au-dessus du garçon et lui secoua doucement l’épaule. Domyrade fit pareil avec la fille et ils émergèrent rapidement du sommeil.

Beherzt ne manqua rien de l’incompréhension qui passa dans leurs yeux. Puis des souvenirs qui affluèrent, presque à vue d’œil, avec une violence qui eut l’air de les étourdir. Le faune ailé se leva le premier. Pendant un moment il fixa Nesli sans rien dire. Puis il partit à la suite des autres hybrides qui quittaient les roseaux.

 L’elfe aux cheveux blancs resta assise tout ce temps, jetant autour d’elle des coups d’œil inquiets. Elle n’avait peut-être pas encore la force de bouger d’ici. Seulement, Beherzt ne se sentait pas de la laisser seule…

− Viens, déclara Domyrade en tendant une main à l’elfe.

Tiens donc. Il n’aurait pas cru son amie capable d’un tel geste envers une inconnue, une étrangère qui plus est. Domyrade était du genre méfiant, voire même fermé d’esprit. L’elfe leva vers elle un regard surpris, un peu intimidé, aussi. Domyrade n’avait pas pris un ton prévenant, et elle fronçait le visage d’un air sérieux. Beherzt ne l’avait jamais vue si adulte. L’elfe prit la main qu’elle lui tendait et avec Nesli, ils quittèrent tous les quatre les abords du lac.

 

***

 

Ils vinrent à bout des dernières flammes peu avant la tombée de la nuit. Des volutes de fumée continuaient de s’élever dans la lumière du crépuscule. Sur toute une zone, l’herbe, les tentes, les corps, tout avait été réduit en cendres.

Les dépouilles que l’on retrouva furent rassemblées en un même endroit. Des appels désespérés ne cessaient de résonner. Parfois, des proches se retrouvaient, se serraient dans leurs bras en pleurant. Bien souvent, personne ne répondait. Les hurlements de détresse redoublaient quand il s’avérait que le corps des êtres-aimés avait rejoint les rangs des victimes.

Beherzt se tint éloigné de tout cela. Quelle que soit la tristesse qui l’accablait, l’horreur qui le pétrifiait, ces morts n’étaient pas les siens. Il fit comme Nesli et Domyrade, et resta auprès des enfants qui ne trouvaient pas leurs parents. Il se chargea d’allumer un feu pour un groupe d’hybrides, chercha quelque chose à manger pour un garçonnet, rapatria un adolescent sévèrement entaillé là où on s’occupait des blessés.

Il finit par croiser par hasard la fille aux cheveux blancs. Elle était partie à la recherche des autres elfes. Pourtant elle se tenait seule, le visage à moitié caché par sa frange, ses bras repliés contre elle. Beherzt marcha à sa rencontre, mais elle ne le vit pas et commença à s’éloigner dans la Plaine.

La nuit était tombée sans qu’il ne s’en rende compte. Les étoiles brillaient déjà. Beherzt allait rattraper l’elfe quand sa silhouette disparut dans l’herbe. Il la retrouva assise la tête dans les bras, secouée de sanglots. C’était à prévoir.

Beherzt se laissa tomber doucement à côté d’elle. La fille releva la tête, essuya maladroitement ses yeux, se remit à pleurer. Ce n’était pas de simples larmes, tout son corps tremblait. Sa détresse lui faisait de la peine, alors qu’il ne la connaissait même pas. Il aurait aimé lui dire quelque chose, n’importe quoi pour la réconforter un peu. Mais rien ne venait. Puis au bout d’un moment, c’est elle qui se mit à parler. Au début il ne comprit rien à ses balbutiements, elle interrompit plusieurs fois sa phrase avant d’avoir vraiment commencé. Puis sa voix se fit plus intelligible.

− Ils sont morts au combat et moi j’ai fui comme une lâche… Je ne mérite pas d’être une elfe et je ne mérite pas d’être en vie… Et j’ai ce…

Elle ouvrit les mains et se mit à les fixer.

− J’aurais pu… J’aurais pu faire quelque chose et je n’ai rien fait. J’aurais dû…J’aurais dû…

Un hoquet lui coupa la parole, elle referma ses paumes en deux poings tremblants.

− C’est fini, lâcha Beherzt. Ne te torture pas sur ce qui aurait pu se passer, ce que tu aurais du faire. C’est du passé maintenant, donne-toi un peu de temps. Je suis sûr que tu as fait de ton mieux.

Comme elle continuait à pleurer, il se résolut à poser prudemment une main sur son épaule. La fille eut comme un sursaut puis sa main vint se cramponner à son bras.

− Comment tu t’appelles ? lui souffla Beherzt.

− Fenore.

− Ecoute-moi, Fenore. Ce n’est pas de ta faute, d’accord. Tout ça…Ce n’est pas de ta faute.

Ils restèrent encore un long moment côte à côte dans l’herbe sans rien dire. Beherzt attendit qu’elle se redresse la première pour suivre son mouvement. Le nombre d’étoiles dans le ciel avaient doublé.

Ils ne parlèrent pas non plus sur le chemin du retour. Fenore reniflait beaucoup. Tout à coup une ribambelle d’oiseaux surgit bruyamment des hautes herbes tout près d’eux, les figeant sur place. Les volatiles disparurent rapidement dans la nuit, mais Beherzt sentit un mauvais pressentiment fondre sur lui.

Il marcha prudemment vers l’endroit d’où les oiseaux avaient décollés. Il s’y attendait, mais la vue du corps le fit tout de même légèrement sursauter. L’obscurité l’empêchait de voir si le mort était un ennemi ou un hybride. Il s’accroupit et l’odeur lui donna la nausée. Beherzt bloqua son souffle et resta un moment immobile, mains sur les genoux.

Fenore arriva dans son dos et s’immobilisa derrière lui, sans faire mine de se rapprocher du corps. Ils n’avaient pas besoin d’être deux pour l’examiner. Beherzt voyait bien maintenant que ce n’était pas un hybride. Il aurait pu repartir tout de suite. Mais il voulait savoir si …Est-ce que celui-ci aussi… ?

Du bout des doigts, Beherzt baissa le tissu qui masquait au défunt la moitié du visage.

– Humain, marmonna-t-il en se redressant.

− Comme les autres, souffla Fenore.

Elle avait entendu les mêmes rumeurs que lui. Beherzt ne voulait pas réfléchir pour l’instant à tout ce que ces rumeurs impliquaient. Pour l’instant, il n’y avait rien à comprendre, rien à expliquer. Seulement tous ces morts à pleurer, ces familles déchirées… Tout un clan détruit.

− Je vais retrouver mes amies là-bas, articula-t-il en pointant le feu où ils les avaient vues avant de tomber sur Fenore. Tu peux rester avec nous cette nuit, si tu as envie.

Le visage de Fenore s’était de nouveau fermé, ses yeux pâles fixés en direction du feu. Il crut qu’elle n’allait jamais répondre et puis finalement ses lèvres pincées s’entrouvrirent :

− Oui, merci, je … Je vous rejoins dans un moment.

Était-ce vraiment une bonne idée de la laisser seule ? Ce n’était pas rien de croire qu’on ne méritait pas de vivre. Il en savait quelque chose…

− On se voit tout à l’heure, lui dit-elle avec un sourire timide.

C’était la première fois qu’il la voyait sourire. Légèrement rassuré, il se dirigea vers l’endroit où devaient se trouver Nesli et Domyrade. Sauf qu’il n’y vit ni l’une ni l’autre. Ah si : cette masse de cheveux bouclés un peu à l’écart des hybrides, c’était forcément son humaine. Sans compter qu’il n’y avait qu’elle pour s’asseoir le dos tourné au feu de camp.

– Où est Nesli ? demanda Beherzt en arrivant près d’elle.

Sa chevelure descendait jusqu’au sol et lui faisait comme une couverture volumineuse qui abritait son corps fluet. Il s’assit et vit qu’elle avait le menton posé sur ses genoux et un air ennuyé.

− Là-bas, marmonna-t-elle sans bouger d’un pouce.

Il suivit son regard et distingua en effet la silhouette pâle de Nesli dans l’obscurité. A côté de leur amie, se détachait la forme de deux grandes ailes blanches. Sûrement celles du garçon que Nesli avait sauvé de la noyade. Le faune ailé ne leur avait pas adressé la parole en se réveillant dans les roseaux. C’était une bonne chose que Nesli puisse discuter un peu avec lui à présent.

– Tout le monde me regarde bizarrement, lâcha Domyrade, calant sa joue sur son genou pour le regarder.

Oui, en y réfléchissant, ça n’avait rien de surprenant. Il n’était pas étonnant non plus que Domyrade ignore encore pourquoi. Elle qui avait jusqu’ici rechigné à se mêler aux hybrides et multiplié les regards suspicieux, voilà que c’était elle qu’on regardait de travers. L’ironie du destin, sans doute.

– Ils ont retrouvé plusieurs dépouilles ennemies, l’informa-t-il prudemment. Apparemment, tous ces gens étaient des humains. Sans exception.

– Quel est le rapport avec moi ? s’irrita Domyrade en jetant un coup d’œil inquiet par-dessus son épaule.

– Aucun, la rassura-t-il en lui ébouriffant rapidement les cheveux. Mais ils ont tous perdu aujourd’hui des personnes qu’ils aimaient, et il s’avère que des humains sont responsables de cela. Tu peux comprendre que ta présence puisse les troubler.

− Oui, acquiesça tristement son amie. Il vaudrait mieux partir alors, tu ne crois pas ?

Oui, c’était aussi son avis, et pas seulement parce que Domyrade risquait de s’attirer une haine qu’elle ne méritait pas. Ils n’avaient tout simplement pas leur place dans ce qui allait se jouer pour ce clan. Et puis, de toute évidence, avec toutes ces pertes matérielles et les blessés, une charge supplémentaire aussi infime soit-elle leur serait néfaste.

− Je crois que l’elfe devrait venir avec nous.

Ses sourcils se haussèrent sur le coup de la surprise. Après son geste amical envers Fenore, voilà que Domyrade voulait l’emmener en voyage. Il ne savait toujours pas ce qu’il s’était passé quand elle s’était absentée de leur cachette, mais visiblement cette fille timide aux cheveux blancs lui avait fait une forte impression.

− Je suis d’accord.

Ce fut au tour de Domyrade de prendre un air étonné. Elle s’attendait peut-être à devoir un peu argumenter. Il aurait dû la laisser faire, tiens, par simple curiosité de ce qu’elle dirait pour le persuader. Mais à la place, il se décida finalement à lui demander :

− Que s’est-il passé quand tu es partie ?

Il avait peur de ce qu’elle avait pu voir. A son retour dans les joncs, elle avait l’air différente, beaucoup moins sûre d’elle, vraiment effrayée. Depuis qu’il la connaissait, elle se démenait pour cacher ce qu’elle considérait comme une marque de faiblesse. Elle jouait les dures, sans doute pour qu’on ne la prenne pas pour une enfant. Mais enfin, elle n’avait que quatorze ans. C’est grand, et en même temps non. Il ne lui demandait pas pourquoi elle avait quitté leur abri. Il ne voulait pas remettre ses choix en question, et puis, comme il l’avait plus ou moins dit à Fenore, ce n’était pas encore le moment de réfléchir au pourquoi du comment de quoi que ce soit.

− Pourquoi ? répliqua Domyrade à voix basse. Pourquoi tu veux savoir ?

− Tu ne veux pas m’en parler ?

Et oui, lui aussi pouvait répondre à une question par une autre. Elle détourna la tête, calant de nouveau son menton sur le sommet de ses genoux. Ses mèches cachaient presque entièrement son profil.

− Je me suis retrouvée piégée par l’incendie. L’elfe m’a sauvée. Ensuite je l’ai ramenée vers vous avec moi.

Son ton disait clairement qu’il devrait se contenter de ce résumé pour le moment. Il n’osa pas braver l’interdit tacite pour lui demander ce qu’elle était allée faire du côté de l’incendie.

− D’accord. Elle s’appelle Fenore, tu sais.

Domyrade ne répondit pas. Il aurait donné cher pour savoir quelles pensées se déroulaient sous cette tignasse emmêlée. Il y eut un moment où il la crut sur le point de dire quelque chose, il hésita à l’y encourager, puis la silhouette de Nesli qui se rapprochait dans la pénombre détourna son attention.

La nymphe s’assit à côté de lui sans rien dire et entoura ses genoux de ses grands bras pâles.

− Tu parlais avec le faune ailé ?

Elle hocha la tête.

− Je voulais le remercier, voir s’il allait bien.

Beherzt jugea bon de ne pas en demander plus. Vu la tête de Nesli, les nouvelles ne devaient pas être bonnes. Mais son amie n’attendit pas qu’on lui demande pour raconter d’une toute petite voix ;

– Il a tenu son père mort dans ses bras…Mais on n’a retrouvé le corps ni de son frère, ni de sa mère, alors… Il pense qu’ils ont fui dans la Plaine et qu’ils vont revenir.

Il y avait aussi de fortes chances pour que ceux qu’on ne trouvait pas aient simplement disparu pendant l’incendie, au milieu des cendres du camp. Mais la nuit commençait juste… Tout le monde espérait encore de miraculeuses retrouvailles.

 

***

 

Quelques heures avant l’aube, des éclaireurs se lancèrent à la recherche de tous ceux qui avaient fui dans la Plaine et n’étaient pas encore revenus. Beherzt et les filles, eux, se préparèrent à partir.

Nesli ne s’était pas opposée à ce que Fenore rejoigne leur groupe de voyage. Beherzt la soupçonnait en fait d’avoir à peine écouté quand il lui en avait parlé. Tout son esprit restait tourné vers le faune ailé, qu’elle ne cessait de chercher des yeux. Il bouclait un paquetage avec elle - ou plutôt à côté d’elle - quand l’hybride passa enfin à proximité.

Nesli lui fit un signe. Elle avait clairement encore des choses dont elle voulait lui parler, même si Beherzt n’avait aucune idée ce dont il s’agissait. Peut-être qu’elle s’inquiétait pour lui, tout simplement. Ce garçon n’était pourtant pas un enfant, il devait déjà avoir dans les dix-huit ans. Mais elle lui avait sauvé la vie. Evidemment qu’elle continuait de se sentir responsable.

Le faune ailé posa ses yeux bleus sur eux, puis les détourna sans répondre à l’appel muet de Nesli. La jeune fille fit un pas en avant et Beherzt attrapa son bras pour l’empêcher d’aller plus loin.

− Laisse-le. 

− Mais je dois…

− Tu vois bien qu’il ne veut pas avoir affaire avec toi. Je suis désolé, Nesli. Il faut accepter ça.

Il chercha le regard de son amie mais ses yeux verts embués restèrent fixés sur le faune ailé. L’hybride se fondit rapidement au sein de son clan, et Nesli se pencha sombrement au-dessus des paquetages qu’il leur restait à faire.

Quand ils rejoignirent Domyrade et Fenore, elles avaient chacune reçu une dague de la part des hybrides. On avait apparemment estimé qu’ils auraient besoin de se défendre par eux-mêmes une fois loin du clan. La Plaine n’était plus un endroit sûr pour quiconque. Beherzt n’y avait pas pensé avant, mais la présence de Fenore pourrait se révéler très utile à cet égard.  Après tout, les elfes étaient tous censés être des sortes de guerriers. Pas comme lui avec sa petite hache.

 

***

 

Après des heures de marche silencieuse, la voix de Domyrade l’appela dans son dos :

– Beherzt, si ces assassins étaient tous humains, cela veut dire que mon royaume est responsable.

Elle semblait y avoir longuement réfléchi. Beherzt la rassura tant bien que mal :

– Ne t’en fais pas. Le royaume des humains ne peut pas avoir organisé cette attaque. Jamais la reine ne l’aurait permis. Chaque royaume abrite ses bonnes et ses méchantes gens. Ceux-là étaient fous, sans aucun doute, et agissaient sans ordres ni permission. Helmer n’est pas responsable des actes de chaque humain en Archangelsk.

Ce dernier point n’était pas entièrement vrai…peut-être même complètement erroné. Évidemment qu’on demanderait des comptes à Helmer et à la reine des humains. Mais Beherzt n’avait pas étudié la diplomatie en relations étrangères. Il n’était pas plus capable que Domyrade de prédire comment se terminerait cette affaire.

Ils ne parlèrent plus du massacre du clan. Et jusqu’au soir, en vérité, ils ne parlèrent presque plus du tout.

Une fois leur groupe arrêté pour la nuit, Beherzt incita un peu Fenore à se présenter. Hormis son nom et son âge, il ne savait toujours rien de l’elfe. Elle leur fit d’ailleurs comprendre qu’elle ne tenait pas pour l’instant à leur raconter quoi que ce soit.

Si la jeune fille n’avait pas aidé Domyrade lors de l’attaque, Beherzt aurait insisté par prudence, histoire de vérifier qu’elle n’avait rien à cacher dont ils devraient se méfier. En tout cas, quelle que soit l’histoire particulière de Fenore, elle était pour le moment en parfaite symbiose avec eux, plongée dans le même mutisme, ressassant sans aucun doute les mêmes images.

Son deuil était même plus profond. Peut-être connaissait-elle les autres elfes depuis longtemps, il n’en savait rien. Et même s’ils s’étaient rencontrés peu de temps auparavant, cela ne voulait rien dire. Le voyage rapprochait les gens, peu importe la durée. Son amitié avec Nesli et Domyrade en était la preuve. Il n’osait tout simplement pas imaginer les voir mourir d’une façon aussi brutale.

Du coin de l’œil, il observa les deux filles allongées côte à côte sur un matelas d’herbes noircies par la nuit. Nesli tenait une main de Domyrade serrée dans les siennes. Elles ne dormaient pas encore. 

Oui, aucun d’eux n’avait été blessé durant l’attaque. Pour autant, ils n’avaient pas pu sortir indemnes d’un tel évènement. Leurs journées de voyage ne redeviendraient peut-être plus ce qu’elles étaient. D’autant moins qu’à présent, Fenore marchait à leurs côtés.

Beherzt s’enroula dans son manteau. Il sentait que plusieurs non-dits s’étaient installés entre eux. Domyrade et Fenore s’échangeaient des regards étranges, plus méfiants que complices. Nesli pensait sûrement encore à ce faune ailé qu’elle ne reverrait probablement jamais. Entre eux aussi, il y avait eu plusieurs échanges de regard indéchiffrable. Mais pour l’instant, Beherzt n’osait pas poser la moindre question. Il devait pour le moment se contenter de ce qu’il savait faire de mieux : observer, et cogiter. Ah ça, pour cogiter…

Il soupira intérieurement. Ce tour de garde s’annonçait long.

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Notsil
Posté le 07/06/2020
J'ai beaucoup aimé Behertz dans ce chapitre. Il n'est a priori pas beaucoup plus âgé que les autres mais il a une maturité, une profondeur dans le raisonnement... et beaucoup d'empathie.
Je ne m'en fais pas trop pour qu'Atkos les rejoigne : il vole, il va donc vite :p
Et il sera poussé à aller remercier Nesli, je pense.
Domy cogite bien aussi. On ne sait toujours pas ce qu'elle est allé vadrouiller, mais elle comprend que le problème va certainement être bien plus complexe que prévu.
Bref, on a envie de savoir ce qu'il va se passer maintenant ^^
Hinata
Posté le 08/06/2020
T'as tout juste sur Beherzt, et je suis ravie qu'il te plaise (peu de monde lui résiste à vrai dire héhé)
Et wow, ta perspicacité continue de m'étonner, on va dire que c'est parce que tu arrive à cerner leurs psychologies et pas parce que le scénario est super bateau haha ;)

cool que la curiosité et l'envie de continuer soit toujours au rendez-vous ^^
_HP_
Posté le 05/06/2020
Hey !

Je me pose la même question que Alice, quand et comment Atkos va rejoindre le groupe ^-^
Je vais pas dire que je crains une guerre, puisque... ben, tu le dis dans le résumé xD Mais je suis curieuse de savoir comment, pourquoi (même si on a quelques idées), quand, qui (même si je pense qu'il y aura tous les royaumes, ou presque) et de quelle manière ^-^
Encore une fois beaucoup de questions ! (et toujours l'envie de continuer 😜♥)
Hinata
Posté le 06/06/2020
Haha ça me fait rire que tu n'aie absolument aucun doute quant au fait qu'Atkos finisse par rejoindre le groupe XD

La guerre, ce grand mystère aussi... J'espère que les réponses te satisferont ^^

Awww j'adore que tu me dise tout le temps ton envie de continuer, c'est bête mais c'est un des trucs qui me fait le plus plaisir haha <3 <3 <3
Alice_Lath
Posté le 07/05/2020
Oh, eh bien, je me demande quand Atkos va rejoindre cette petite "communauté de l'anneau" alors haha, même s'il n'y a pas grand chose à voir niveau objectifs, je sais haha. En tout cas, ça fait plaisir de voir qu'ils ont réussi à repousser les humains! Maintenant, je me demande qui aurait intérêt à créer de telles tensions entre les hybrides et les hommes. Faut toujours chercher à qui le crime profite héhé, mais l'ennui, c'est que du coup, je ne vois pas
Hinata
Posté le 07/05/2020
Ah oui, tu ne penses pas qu'il va rester dans son coin jusqu'à la fin du tome ? Etrange...
Oui, après cette réussite ils ont bien mérité une petite accalmie
Ah ah, tu verras tu verras ^^
Xendor
Posté le 19/04/2020
Coucou,

Un petit chapire sympathique. Comme toujours Nesli est complètement à côté de la plaque. Mais je suppose qu'on ne peut rien y faire ^^

Behertz est un nain capable ma foi ! Il est surpris des réactions de Domryade mais c'est lui l'adulte en vrai, il ne faut pas se leurer. De tous les personnages présents, je crois qu'il est celui qui a le plus de recul, même comparé à Domryade qui semble avoir fait une crise de responsabilité. Mais comme il le dit lui-même, ça turbine sous le capot.

Une petite pensée pour Fenore qui est en PLS alors que pour une fois elle a réussi à utiliser ses flammes de manières constructive. Courage, relèe-toi ! Change ta perspective.

Enfin on sent venir à des kilomètres l'arnaque du : "Les assaillants sont humains, vous êtes responsables, baston." Enfin, quand je dis "arnaque", c'est que si chaque royaume fait preuve d'un chauvinisme poussé, ça risque de se terminer ainsi. Je crois que c'est dans la manière dont ça va se passer que tout va se jouer :)

Merci encore de ce nouveau chapitre et bon courage pour la suite Hina !
Hinata
Posté le 19/04/2020
Hey,

Oui, Beherzt est clairement le plus posé de tous, et à côté Nesli et Domyrade ont l'air plutôt immatures, d'une manière différente chacune bien sûr... Il fait leur laisser un peu de temps pour grandir et s'inspirer de Beherzt ;)

Oww oui Fenore a besoin de pensées réconfortantes = =

Pour ce qui est des réactions à cette attaque.... Je te laisserai voir par toi même, mais c'est bien si tu as déjà des pistes à ce stade ^^

Merci pour ton commentaire ! Je suis sur une bonne lancée, je suis hyper contente ^^ tous les retours de lecteurs-lectrices me donne vraiment du cœur à l'ouvrage !

À la prochaine =D
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