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Par _HP_

Coucou,

J’espère que tu vas bien. Bien sûr que je comprends ton point de vue, et je m’excuse de ne l’avoir fait que quand tu me l’as reproché.

Oui, je vois, et je comprends là aussi. Si tu veux savoir à quoi t’en tenir, eh bien… Le nombre de cellules saines diminue encore, très lentement mais, comme le dit le proverbe, sûrement. Ça me remplit de peine, mais pas forcément pour moi ; pour tous les gens qui tiennent à moi, comme toi, et certains des infirmiers que je connais depuis des années… Je suis désolé.

D’accord, alors mieux vaut que j’évite de me qualifier de pathétique ! Même si d’un côté, pour me découper en morceaux, il faudrait que tu viennes me voir… Et, je dois le reconnaitre, si j’apprécie nos échanges “physiquement inconnus”, si j’ose dire, je serais aussi très curieux de te rencontrer. Peut-être un jour…

Moi aussi je t’aime beaucoup, Maël, et, pour la troisième fois, je comprends que tu sois inquiet. Et c’est normal que tu sois inquiet pour toi aussi ! Je ne suis pas blessé, au contraire ; plutôt peiné de te causer tant d’angoisse.

Très bien, alors, stop les excuses !

Tu as de la chance que tes parents ne t’en veuillent pas si tu as des “mauvaises” notes, tu n’imagines pas combien de personnes rêveraient d’avoir la même famille ! Mes parents étant ce qu’ils sont, ils ne s’en sont jamais formalisés non plus, mais plus par désintérêt que par belle philosophie.

Petite anecdote : lors de la dernière visite de ma mère, elle était très étonnée de voir un carnet de timbres (presque vide, soit dit en passant) sur la table près de mon lit. Elle a été d’autant plus surprise en apprenant que c’était parce que j’envoyais régulièrement des lettres (même si, entre nous, pour quelle autre raison pourrais-je avoir des timbres près de mon lit ?) ; puis elle m’a demandé, cynique, à quelle époque je me croyais… On aurait dû choisir des pigeons voyageurs, je suis sûre qu’elle aurait adoré que j’en ai une cage près de mon lit (je roule des yeux, là, même si tu ne le vois pas). Mais elle est phobique des oiseaux, peut-être que cela lui aurait donné une bonne excuse pour arrêter ces visites qu’elle ne fait que pour avoir bonne conscience.

Je suis sincèrement heureux de te connaitre, Maël, et de chacune des lettres que j’envoie ou reçois. Merci beaucoup pour ça.

Eliott.

 

Maël et son père étaient seuls à table, ce soir-là ; sa mère était à une réunion professionnelle, et ne rentrerait pas avant au moins une heure ou deux.

Le menton appuyé sur le poing, Maël mâchait distraitement, préoccupé.

 

— Que se passe-t-il, poussin ?

 

Maël quitta des yeux le point invisible qu’il fixait, surpris. Son père avait posé ses couverts et le fixait, un peu inquiet.

 

— Tu sais que je déteste que tu m’appelles ainsi, ronchonna Maël, toutefois souriant.

 

— Bien, alors. Que se passe-t-il, mon p’tit mouton d’amour ? reprit-il avec un grand sourire, du ton qu’on utilise pour parler aux bébés.

 

— Ok, je préfère poussin, pouffa l’adolescent. Mais tout va bien.

 

— Tu es aussi présent que ta mère, actuellement. Mentalement, précisa-t-il avant que son fils ne le fasse.

 

— Désolé.

 

— Je vois bien que quelque chose te tracasse, insista son père d’une voix bienveillante, se penchant vers lui.

 

— Non, je…

 

Maël réfléchit quelques secondes, avant de se tourner vers l’adulte.

 

— Est-ce que tu as déjà été impuissant, devant quelqu’un qui allait de plus en plus mal ? Tu voudrais l’aider, de tout ton cœur, mais tu ne peux rien y faire ?

 

— Un peu, répondit son père après un temps de réflexion. Enfin, je crois. Lors de l’accouchement de ta mère ; je voulais l’aider, la soulager un peu de sa souffrance, mais c’était impossible. Et cet air de douleur sur son visage m’attristait énormément. C’est ça dont tu parles ?

 

Le lycéen hocha la tête, les yeux à nouveau sur le carrelage à l’opposé de son père.

 

— Qui voudrais-tu aider ? demanda son interlocuteur, plein de sollicitude.

 

— Un ami. Il va mal, et je ne peux rien faire pour l’aider… Je déteste ça, papa.

 

— Je sais, fils. Je comprends. Malheureusement… Eh bien, je crois que tu ne peux rien faire de plus que ce que tu fais sans doute déjà : être là pour lui. Parfois, une présence humaine, même silencieuse, peut apporter beaucoup de lumière dans un tunnel obscur. C’est pas de moi, ajouta-t-il avec un clin d’œil en voyant l’air impressionné et intrigué de son fils, qui rit.

 

— Mais j’aimerais faire plus… soupira son fils.

 

— Je sais, je sais. Je suis désolé. J’espère que ça s’arrangera vite pour ton ami.

 

Maël hocha lentement la tête, les lèvres pincées en une moue qui disait “Moi aussi. Si seulement c’était possible…”.

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Louis.W
Posté le 10/05/2021
Une petite piste d'amélioration est que je pense, il ne faut pas transmettre de trop long message via des tics ou des expressions, il faut essayer de les préciser ou les sous-entendre.

Par exemple ici tu dit "Maël hocha lentement la tête, les lèvres pincées en une moue qui disait “Moi aussi. Si seulement c’était possible…”.

Je pense qu'il est mieux quelque chose du style :

Mael aurait tellement voulu que ce soit possible, il aurait tellement voulu répondre un oui sincère, mais aucun son de sortait de ses lèvres. À la place, il se pinça les lèvres en une moue maussade.

Rien à dire d'autre sinon que l'idée de la rencontre puis être un bon rebondissement ou une bonne fin au choix.
_HP_
Posté le 10/05/2021
Hello !
D'accord, je vois ! Merci beaucoup 😄
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