💍15. Parier sur Joséphine💍

Il y avait dans sa tête, un flot de pensées qui semblait s’écouler au rythme du jet provenant de la cascade derrière elle. Quelque part, il y avait dans cette ambiance quelque chose de tout à fait reposant, lui permettant de traiter les informations s’enchaînant progressivement. Voilà longtemps que Joséphine n’avait pas eu ce temps de calme en elle. Constamment à veiller sur Ambre et Thomas, à travailler avec son père, à s’interroger sur sa place réelle dans la société, tout jusqu’à présent, ne lui avait guère permis de se poser, se laissant ballotter ici et là.

- Je crains que votre absence ne se fasse remarquer. Vous ne devriez pas vous attarder par ici, déclare soudainement Joséphine en se retournant vers son compagnon de soirée.

- Si je ne vous connaissais pas, je pourrais penser que vous essayez de me chasser. Ma compagnie vous est-elle aussi désagréable ? s’interroge ce dernier

- Nullement, mais je sais que certains pourraient se méprendre si on vous savait à mes côtés au lieu d’être avec Son Altesse.

- Comme je vous l’ai dit, j’apprécie sincèrement votre compagnie Joséphine. Il y a quelque chose qui fait que je me sens indéniablement à l’aise quand je suis avec vous. Je n’ai pas le besoin de prétendre, de faire semblant, de sourire ou d’aborder des sujets de conversation que je n’ai guère envie d’avoir.

- Moi qui prenais Son Excellence pour un homme capable de toutes discussions, pouffe-t-elle

- Disons que je ne suis rien de moins qu’un homme et qu’il m’arrive d’avoir mes préférences quant à quel sujet aborder. Je présume qu’il en est de même pour vous.

- A dire vrai, je préfère fuir la conversation tout simplement. Vous avez pu le constater, mais je ne suis pas une personne friande de ce genre de soirée. Par deux fois nous nous sommes croisés lors de festivités et par deux fois nous nous sommes retrouvés dans des lieux isolés de la foule animée.

- Comptez-vous alors passer le reste de votre soirée, seule ici ?

- Malheureusement, non, soupire-t-elle, Je crains que je ne doive également m’en retourner car qui sera là pour surveiller mes frères et ma sœur ?

- Alors allons-y gaiement tous les deux !

- Son Excellence n’a-t-elle pas entendu un mot de ce que je lui ai précédemment dit ? Si nous arrivons ensemble, les rumeurs courront et je doute que c’est ce dont vous avez besoin.

- Alors est-ce ainsi que nous finissons séparer vous et moi ? Partant chacun de son côté, s’en retournant au vaste et cruel monde mondain ?

- Je suis certaine que vous trouverez une activité ou une jeune fille avec laquelle discuter pour combler le reste de votre soirée. A présent, si vous voulez bien m’excuser, je m’en vais la première.

Regardant la jeune femme s’éloigner, le Duc ne put s’empêcher de laisser échapper un soupir las. Il appréciait sincèrement et profondément chacun instant passé en compagnie de Joséphine sans pouvoir l’expliquer. Elle le mettait indéniablement à ses aises et semblait être à l’écoute du moindre de ses mots. En outre, chaque échange qu’ils eurent tous deux jusqu’à présent semblait lui laisser croire qu’ils se rapprochaient, mais visiblement dès qu’il fit un pas en avant vers elle, cette dernière en fit trois en arrière s’en détournant de lui. Voilà quelque chose de bien troublant.

Joséphine Conquérant n’était pas un de ces mystères exaltant à résoudre, car après tout, s’il devait la comparer à bien des jeunes filles du même âge et de cette même société, elle avait quelque chose de simple. Il n’y avait guère besoin de tergiverser ou de forcer la conversation, elle allait droit au but, sans perdre un instant comme si chacun de ses mots avait un but clair et précis.

- Vas-tu rester dans l’ombre pendant encore longtemps ? interroge-t-il en attendant qu’une silhouette sorte à son tour des haies derrière laquelle cette dernière s’était jusqu’à présent dissimulée.

- Je ne voulais pas déranger. J’ai cru comprendre en lisant les signes que l’atmosphère vous entourant possédait une certaine intimité.

Regardant son secrétaire, le Duc secoua la tête, se demandant ce qu’il avait bien pu faire dans une vie antérieure pour être entouré par un homme pareil.

- Néanmoins, laissez-moi vous dire que Mademoiselle a eu raison. Vous devriez à présent vous en retourner également.

- Maximilien, j’ai pour toi un grand mépris quand tu me rappelles ainsi à l’ordre. Ne puis-je pas rester ici et profiter du reste de ma nuit ?

- Vous n’êtes plus un enfant, Monsieur. Vous cacher de vos responsabilités ne vous ressemble guère. De plus, dois-je vous rappeler que vous avez promis à Son Altesse la Princesse que vous seriez son cavalier pour la soirée ?

- Tout à fait entre nous, je n’y crois pas un seul instant à l’image de la pieuse Princesse n’aimant que les arts et rien d’autres. Si j’ai bien appris quelque chose, c’est qu’en ce bas monde, pour survivre il faut savoir avoir un minimum de désir afin de se raccrocher à quelque chose.

- Qu’en est-il de vous Monsieur ? Que désirez-vous ?

- Voilà une bien étrange question dont normalement tu as déjà la réponse. Toi plus que n’importe qui. Tu sais parfaitement pourquoi nous sommes rentrés.

- En effet, mais j’aimerais qu’en l’énonçant cela vous revienne car depuis quelques temps, vous semblez papillonner.

Surpris par la remarque de son loyal ami, Jonah de Varsox quitte les abords de la fontaine sur laquelle il était assis, le sourire aux lèvres.

- Est-ce un pêché que de s’amuser de temps à autre ? Dis-moi.

- Je crains que non, mais je tiens à vous signaler que Mademoiselle Conquérant n’est pas le genre de divertissement dont vous avez besoin. J’aimerais par conséquent que vous vous concentriez sur vos objectifs.

- Cela me fait bizarre de me voir rappeler à l’ordre, mais c’est bien ce que j’apprécie chez toi, vieil ami. Tu es probablement le seul à pouvoir me remettre les idées en place. Et tu as raison, Joséphine n’est pas un jouet et je ne devrais certainement pas m’y risquer à la considérer comme tel, mais il y a chez elle cette facette tout à fait surprenante. Lui parler, simplement échanger quelques mots avec elle, me fait le plus grand bien.

- Et vous m’en voyez heureux de voir que vous socialiser de votre mieux, mais si vous cherchez simplement un échange, je pourrais tout aussi bien vous trouver une autre compagnie.

- A t’entendre on pourrait presque croire que tu ne l’aimes pas. Et à tort, je dirais.

- Tout à fait entre nous, je ne souhaite pas la juger hâtivement, mais Monsieur...Vous et moi savons qu’elle s’engage dans une voie dès plus tumultueuse. Sa vie n’en sera qu’encore plus difficile. Il serait plus sage pour elle de vendre ses biens et ses possessions afin de se retirer dans un village plus lointain et tranquille.

Le jeune homme sait que son ami marque un point. Une jeune fille d’à peine vint années, se débattant face à la société, aux dettes que son père lui a laissées et aux caprices divers et variés de sa famille, le tout sans être soutenue ou bien même mariée, il ne serait guère étonnant que cette histoire se finisse tragiquement.

S’approchant de Maximilien, le jeune Duc pose une main amicale sur son épaule avant de le regarder avec un franc sourire.

- Si tu veux mon avis, Joséphine Conquérant va être l’élément qui pourrait bien chambouler notre bonne société. Je doute qu’elle abandonne face à quiconque et qu’elle fasse le moindre compromis. Je doute également qu’elle se plie face aux difficultés qu’elle pourrait rencontrer.

- Vous semblez être tout à fait sûr de vous et je sens une pointe d’amusement également.

- Faisons un pari sur l’avenir de la jeune fille. Si je gagne, tu me devras deux mois de salaire. Si tu gagnes, je t’accorde un congé exceptionnel.

- Sur quel propos parions-nous Monsieur ? Que je sache où je me risque.

Tendant sa main droite à l’encontre de son secrétaire, le Duc confiant lui dit alors

- Parions sur le fait que la Baronne Joséphine Conquérant saura montrer ses véritables couleurs à la société.

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Alison CXC
Posté le 07/03/2021
Mais quels sont les réels objectifs du Duc ? :O Suspense ! Et je me demande de quelle manière est-ce qu'il va impacter les décisions de Joséphine bien qu'il semble impossible qu'elle lâche l'affaire et abandonne son héritage pour une vie dans un village lointain haha Après le doute est permis je suppose ;)

Sinon j'ai adoré ce chapitre centré sur le Duc et Maximilien que j'adore ! Je me demande si tu nous réserves d'autres surprises de ce genre avec plus de chapitres du pdv du Duc, voir d'autres personnages peut-être je ne sais pas :)

C'était un super chapitre en tout cas et j'ai adoré le lire alors merci :3
ManonSeguin
Posté le 07/03/2021
Joséphine, lâcher l'affaire ? JA-MAIS ! :D Elle est la personnification même de l'adage "Têtue comme une mûle". Pour ce qui est du Duc et de Maximilien, tu les reverra tous les deux et d'autres également, ça va devenir récurrent leurs échanges :)

Et je suis ravie de savoir que ma petite histoire te plait à ce point-là !
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