12. Domyrade

Par Hinata

Recroquevillée entre les racines d’un arbre, Domyrade pria pour ne plus rien entendre d’autre que le souffle irrégulier de sa respiration, le tambourinement de son cœur dans sa poitrine, et tous les bruits de la forêt qui lui étaient presque familiers désormais. Tout, sauf un écho de ce qu’elle espérait très fort avoir tout bonnement imaginé.

« À l’aide ! »

Oh non, il résonnait de nouveau ; cet appel hurlé depuis les noirceurs de là-bas, plus loin devant elle. Tremblante, Domyrade déplia son corps et trébucha en direction des cris. Elle n’allait pas se jeter bêtement dans la gueule du loup. Pour autant qu’elle sache, le nain et la femme pâle étaient peut-être aux prises avec toute une bande de brigands. Et même si une seule personne les avait attaqués, en réalité, elle ne ferait de toute façon pas le poids. Ou alors c’était vraiment un loup. Ce qui n’encourageait pas non plus Domyrade à intervenir. Elle ne savait pas grimper aux arbres, et ne possédait pas d’autre arme que son minuscule coutelas. Sa lame coupait les pommes à merveille, mais elle n’accomplirait rien de plus.

Non, il fallait s’approcher avec précaution et observer un peu la situation. Si elle était en mesure d’aider ceux qu’elle suivait depuis des jours, Domyrade n’hésiterait pas. Mais vraiment, il y avait peu de chance qu’elle puisse porter secours à qui que ce soit. Elle était probablement en chemin pour regarder le nain et la femme pâle se faire égorger.

Cette idée la fit se plaquer de nouveau contre un arbre. Elle hasarda un regard de derrière le tronc. Il faisait nuit noire. La forêt lui paraissait bizarrement claire un peu plus loin en avant. C’était sûrement son imagination. La lumière de la lune ne perçait pas plus le couvert des bois que ne le faisait le soleil, elle s’en était bien rendue compte.

Quoi qu’il en soit : pas le moindre signe du nain ou de la femme pâle. Ni d’une tierce menace quelle qu’elle puisse être.

Tout à coup, un troisième appel résonna, plus fort et distinct que les précédents :

« Au secours ! Toi ! Si t’es là… Je t’en supplie ! »

C’était son aide à elle qu’il implorait désespérément. Domyrade fit ce qu’elle aurait dû faire depuis longtemps et s’élança vers le nain. Elle n’avait pas besoin de le voir pour le repérer. Il lui suffisait de faire comme d’habitude : suivre la piste olfactive qu’il avait laissée dans l’air sans le savoir.  

Son Don lui indiquait où aller, mais ne lui épargnait pas les obstacles du chemin. Plus que jamais, branches, ronces et racines semblèrent se liguer contre elle. Son manteau et ses cheveux s’accrochaient partout, comme si des milliers de doigts crochus l’agrippaient de toute part.

Soudain, tout s’éclaira. La lune apparut tout là-haut, étincelante au milieu de la cime noire des arbres qui se découpaient sur le ciel. Mais des arbres, il y en avait beaucoup moins. Tout l’espace, devant elle, en était absolument vide. Un fleuve d’un noir intense passait au milieu de cette zone morte, et plus loin la forêt reprenait, se dressait de nouveau comme un écran opaque et terrifiant.

Au milieu de tout ce vide, de cette nature monochrome, Domyrade aperçut le nain.  Il était allongé sur le sol, basculant dangereusement, tête la première, vers le fleuve de ténèbres. Sans chercher à comprendre, elle laissa son corps se porter en avant. Le sol défilait sans aspérités sous ses pieds, si inhabituellement qu’elle crut vraiment tomber. Elle n’était plus qu’à trois pas du nain, quand la réalité la frappa.

Ce n’était pas de l’eau noire : le nain basculait dans du vide. C’était un gouffre, immense, vertigineux, dont chaque aspérité rocheuse éclatait dans le clair de lune. Domyrade se pencha pour agripper les jambes du nain et le hisser.  À peine le toucha-elle qu’il gémit :

– Non, ici…vite… 

Domyrade obéit sans réfléchir, s’approcha prudemment du rebord, et aperçut enfin le véritable problème. La femme pâle pendait dans le vide. Sa peau blafarde ressortait sur l’obscurité du gigantesque trou. Elle riva ses yeux exorbités dans les siens. Pas besoin de mots : Domyrade comprit assez que sa survie dépendait d’elle.

De ses deux mains, le nain agrippait tant bien que mal la femme par un bras, ce faisant il glissait inévitablement à son tour, entraîné par celle qu’il essayait de sauver. Tout son corps était crispé par l’effort et le refus d’abandonner.

Domyrade regrettait presque d’être venue. Il n’y avait ni brigand ni loup, elle pouvait bel et bien les aider à se sortir de là.  Mais la scène tenait du cauchemar. Il lui semblait qu’au moment où elle la toucherait, cette femme blanche tomberait dans le vide, disparaîtrait dans les profondeurs du gouffre. Malgré tout, Domyrade se pencha vers elle et s’efforça d’attraper son deuxième bras. La femme pâle geignait de terreur et Domyrade se penchait toujours plus, dents serrées, gémissant elle aussi.

– Ton bras, supplia-t-elle. Donne-moi ton bras… 

Avec un cri désespéré, la femme du trou lança vers le haut sa main libre. Domyrade l’agrippa fébrilement. Leurs doigts s’emmêlèrent, s’agrippant avec force les uns aux autres. La peau était moite de sueur, la main nerveuse sous ses doigts.

– À trois, déclara Domyrade dans un souffle.

Le nain grogna juste à côté d’elle. L’obscurité le rendait presque invisible.

 – Un… deux… trois ! 

Leurs muscles se bandèrent. Domyrade tira de toutes ses forces, luttant pour ne pas se faire emporter dans le vide. Sa main libre agrippait les racines, la roche, tout ce qui passait à sa portée et pourrait l’aider à garder son équilibre. Non, ne pas se concentrer sur cette douleur atroce qui remontait le long de son bras. Ni à celle de ses genoux qui s’écorchaient sur le sol. Ne penser à rien. Garder les yeux fixés dans le gris de la nuit qui les enveloppait.

De la pierre s’effrita. Ouf, c’était le raclement des pieds de la femme contre la paroi de la falaise. Elle se remontait lentement par la force de ses jambes. Ce n’était pas grand-chose mais cela redonna de la vigueur à Domyrade. 

Enfin, grâce à une forte impulsion de ses pieds contre la paroi, la femme pâle réussit à appuyer son bassin sur l’arête du gouffre. Vite, vite ! Domyrade étreignit le buste de la femme qui tendaient vers elle deux bras blancs et tremblants. Le nain avait déjà lâché prise pour aller chercher ses jambes faibles encore pendues dans le vide. Tout à coup, le corps tout entier se trouva au bord du trou.

Tout le monde se traîna loin du gouffre avec l’énergie qu’il lui restait. La femme pâle était saine et sauve.

Et Domyrade aussi. Elle était vivante, plus que jamais. Son cœur battait à tout rompre, pas seulement dans sa poitrine mais dans ses tempes, ses bras, ses jambes. La vie pulsait avec force absolument partout dans son corps.

 Tout s’était déroulé très vite. Pourtant, il lui semblait qu’elle avait passé la nuit entière courbée sur le rebord du trou. Hébétée, elle se sentit tomber mollement sur le côté, bascula face vers le ciel, prit vaguement conscience des aspérités du sol contre son dos, perdit son regard au milieu des étoiles.

 Un froid glacial commença à engourdir la peau brûlante de son visage. Un goût de sel piquait ses lèvres. Des larmes. Ses lèvres étaient mouillées de larmes et ses yeux gonflés d’avoir pleuré, ce dont elle n’avait pourtant aucun souvenir. 

Et pourtant…mais oui, elle sanglotait encore. Stop. Domyrade calma sa respiration, ravala ses hoquets, s’immobilisa enfin complètement.

Son bras la faisait souffrir, ses genoux étaient sans doute à vif. La nuit la figeait, gelée.

– Une fille … Une gamine… 

Ces quelques mots avaient été soufflés non loin d’elle, du ton rauque d’un mourant expirant ses dernières paroles. Et elle, que prononcerait-elle comme mots d’adieu ?  La pénombre se fit soudain plus opaque, un voile tomba et ce fut le noir complet.

Elle reprit connaissance brusquement, assaillie une seconde par les mouvements oppressants de l’air autour d’elle. Puis Domyrade ouvrit les yeux et son Don s’émoussa. La présence palpable de l’air s’estompa, remplacée par une mer grise et paisible. Il faisait toujours nuit.

Sans avoir à bouger, Domyrade repris peu à peu conscience de son corps. Tous ses membres, de la nuque au petit orteil, était complètement raidi par le froid. 

S’était-elle évanouie ? Ou seulement endormie ? Combien de temps avait bien pu s’écouler ? Une chose au moins était sûre : elle n’avait pas bougé d’un pouce.

Allongée sur le dos, elle pouvait encore voir se tordre les branches squelettiques des arbres d’Auël. La nuit qui l’avait enserrée dans son étau de glace ne s’était pas éclairci le moins du monde, mais déjà ses yeux s’habituaient à l’obscurité. Près du gouffre, il faisait tout de même plus clair qu’au fin fond des bois.

 Domyrade inclina la tête, ou plutôt essaya : son cou lui paraissait comme changé en pierre. Le froid semblait même avoir rigidifié ses cheveux bouclés. Elle devait bouger, se lever. Aïe ! Son corps endolori protesta. Notamment son bras droit. En même temps que la douleur lancinante, les souvenirs du sauvetage se rappelèrent à elle.

Ah oui. Tout s’était bien fini, mais elle avait dû révéler sa présence. Comment allaient réagir le nain et la femme pâle ? Elle se posait sincèrement la question.

Se calant péniblement à genoux, Domyrade sonda la pénombre. Très bien : les deux silhouettes allongées non loin restaient immobiles. Elle avait un peu de temps pour réfléchir à la situation.

Le nain l’avait appelée au secours. Il savait, ou se doutait fortement, qu’elle était dans les parages. Sa filature qu’elle croyait si rôdée ne lui avait donc pas échappée. Or, il n’avait pas agi en conséquence. Cela voulait bien dire qu’il s’en fichait, non ? Elle pourrait peut-être bien tout reprendre comme avant, continuer de le suivre à distance. Mais est-ce qu’elle en avait vraiment envie ?

Allons. Si elle trouvait ça trop dur, elle n’avait qu’à rentrer. À Zandiar, elle pourrait papoter gaiement, avoir un lit à elle et un repas chaud plusieurs fois par jour. Ce n’était pas ça qu’elle voulait, si ? L’enjeu allait bien au-delà. Il s’agissait de retrouver son père, de trouver un endroit où reconstruire sa vie.

Et puis de toute façon, à ce stade du voyage, elle n’était pas sûre de pouvoir rebrousser chemin sans s’égarer. Alors quoi ? Suivre à distance en silence en crevant à moitié de faim et de froid ? Ou prendre son courage à deux mains et faire ce qu’elle aurait dû faire à la porte Sud de Zandiar ?

− Tu n’es pas obligée de partir.

Les mots avaient surgi dans l’obscurité. Domyrade savait bien d’où ils provenaient exactement. La petite silhouette du nain était la plus proche d’elle. Sa singulière tignasse rouge reflétait vaguement la lumière de la lune.

− Tu peux, si tu veux. Mais tu n’es pas obligée.

Il s’exprimait d’un ton calme et posé, très différent de celui, rauque et désespéré, qui avait appelé Domyrade à l’aide. Cette voix était celle d’un jeune homme. Toujours allongé par terre, le nain continua de parler sans bouger :

− Je te connais pas, et tu me connais pas, mais tu as sauvé Nesli. 

Nesli ? C’était le nom de la femme pâle ? Elle était d’ailleurs toujours étendue un peu plus loin, plus pâle que jamais. Ses habits découvraient ses longues jambes à la nuit et sa peau translucide ressortait violemment sur l’obscurité ambiante. Visiblement, le timbre calme du nain ne l’avait pas sortie du sommeil.

Un mouvement ramena vivement l’attention de Domyrade sur lui. Il était en train de se lever. Mais contrairement à ce qu’elle avait cru, le nain ne se porta pas dans sa direction. Elle observa muettement sa petite silhouette se baisser vers le sol, attraper un sac, fouiller à l’intérieur. Il s’approcha de la femme pâle, se pencha au-dessus d’elle, et une ombre recouvrit la peau blanche.

Alors le nain revint vers Domyrade. Toujours à genoux sur le sol, elle sentit son dos se raidir brusquement malgré elle. Le nain avait beau lui faire face, la nuit dissimulait complètement ses traits. Est-ce qu’il venait la remercier ? Ou au contraire la chasser à coups de pieds ?

Le nain s’arrêta à deux pas de Domyrade, et l’ombre de son corps rapetissa encore tandis qu’il s’accroupissait devant elle. Lui devait distinguer plutôt bien son visage à présent. Elle pouvait presque sentir son regard la détailler dans le silence imparfait de la nuit. De son côté, elle ne voyait pas beaucoup plus qu’avant. La chevelure désordonnée du nain se découpait sur l’obscurité. À chaque respiration, un panache blanc s’échappait de sa bouche invisible. Et c’était tout.

− Dis-moi, pourquoi tu me colle aux bottes depuis des jours comme ça ?

Son ton de voix bienveillant la rassura autant que le plus doux des sourires. Le nain n’allait peut-être pas la serrer dans ses bras, mais il ne la frapperait pas non plus.

– Tu n’étais pas une sangsue très discrète, tu sais. Au début, en tout cas. Après ça allait.

Domyrade ne réagit pas. De toute manière, que pouvait-elle bien faire d’autre, à part rester là, immobile dans le noir, à écouter cette ombre qui lui était à la fois inconnue et si familière ?

− J’ai même cru plusieurs fois que tu ne me suivais plus, continua le nain avec un sourire dans la voix. Et puis j’ai vu tes traces à la rivière.

Ah oui, elle était allée boire et remplir sa gourde pendant qu’ils dormaient. Plutôt que de prendre le risque de glisser dans la rivière en pleine nuit, Domyrade avait choisi la facilité et s’était approché de l’eau par la berge la plus accessible. Évidemment qu’elle avait laissé des traces. Elle n’aurait pas pensé en revanche que le nain les remarquerait.

− Je croyais avoir affaire à un gosse, mais tu es plus âgée que je croyais. Enfin, pas bien grande non plus. Quel âge as-tu au juste ?

Et lui alors ? Il n’avait pas l’air bien vieux non plus. Sa voix rappelait à Domyrade celle de l’apprenti forgeron qui avait réparé la pompe du quartier, l’hiver dernier. Ce n’était plus un garçon, mais pas tout à fait un homme encore non plus.

−  Tu es muette ou quoi ? Comment tu t’appelles ? demanda le nain.

En dépit des questions, Domyrade garda le silence. Il attendit un moment qu’elle réponde, puis face à son mutisme, soupira en se passant une main sur les joues et dans les cheveux. Sans prévenir, il se releva et alla ramasser quelque chose par terre. Une grosse pierre pour l’assommer ? Elle aurait dû répondre. Elle devait parler, maintenant : s’expliquer, s’excuser, le supplier s’il le fallait. Facile à dire, d’abord fallait-il arriver à bouger ses lèvres, sortir quelque chose de sa gorge sèche. Arriverait-elle seulement à lever un bras pour se défendre ? Rien n’était moins sûre. Avant qu’elle ait pu faire quoi que ce soit, le nain s’était de nouveau accroupi en face d’elle.

− Hé, panique pas. Tiens.

Il lui remit ce qu’il avait ramassé, et qui n’avait absolument rien d’une pierre. C’était une sorte de couverture râpeuse roulée en boule.

Voyant qu’elle n’osait pas en faire quoi que ce soit, le nain la lui reprit des mains et la posa lui-même sur ses épaules. C’était un peu rigide, un peu humide, mais Domyrade apprécia.

− Toi, coassa-t-elle, comment tu t’appelles ?

– Beherzt, répondit-il sans faire le moindre commentaire sur la fin de son mutisme.

Beherzt. Cela ne ressemblait à aucun nom que Domyrade connaissait. Enfin bon, elle ferait mieux de le retenir malgré tout.

Il s’enroula lui-même dans une couverture et se laissa tomber assis à côté d’elle. Enfin la lumière diffuse de la lune éclairait un peu son visage. En essayant de ne pas trop avoir l’air de le fixer, Domyrade étudia rapidement son profil d’un regard en biais.

Il avait une légère bosse sur le nez, une mâchoire bien dessinée et puis aussi une paire de fines moustaches tressées. Elles descendaient jusqu’à son menton, pas plus épaisses qu’un index.

– Dès que le soleil se lève, on se mettra à la recherche du pont. Comme tu as dû t’en apercevoir, les conditions n’y sont pas très agréables. Je compte bien en sortir aussi vite que possible.

Il avait exposé la situation tranquillement, mais elle ne savait pas trop si cela s’adressait à elle ou s’il se parlait à lui-même. Il y eut un silence. Domyrade envisagea sérieusement de laisser Beherzt continuer son monologue, mais elle avait besoin de savoir. Alors elle demanda :

– Est-ce que vous m’emmènerez avec vous ?

Domyrade avait peur. Elle s’en rendait compte en entendant le chevrotement de sa voix. De lourds sanglots lui serraient la gorge.  Elle voulait être forte, courageuse. Quelle impression pitoyable elle devait donner d’elle. Il allait la prendre pour une gamine. Des larmes de frustration s’ajoutèrent à celles qui coulaient déjà sur son visage crasseux. Domyrade les essuya à la va-vite tandis qu’à côté d’elle, Beherzt déclarait d’un ton légèrement amusé :

– Décidément, ma compagnie vaut plus qu’il n’y paraît.

Ce n’était pas une réponse. Beherzt dut s’en rendre compte, car il ajouta :

– Oui, viens avec nous si ça te chante.

Tout le corps de Domyrade se décontracta.

– Merci, souffla-t-elle.

Beherzt haussa les épaules.

– Nous allons en Edelstein, dit-il. Mais tu t’en doutais peut-être déjà.

– Oui… enfin, je l’espérais.

Après cet échange qu’elle avait arraché à sa gorge sèche, Domyrade se sentit pour la première fois désireuse de communiquer. De parler.

− Je m’appelle Domyrade.

Il hocha la tête.

− Très bien, Domyrade. Essaye de dormir un peu, d’accord ? Les deux jours qui arrivent ne seront pas de tout repos.

Ce n’était que des mots tout bêtes, mais qui lui réchauffèrent le cœur. Elle mourait d’envie de se blottir dans cette couverture et de dormir comme Beherzt le lui conseillait.

− Vas-y, allonge-toi. Tu ne crains rien, je te le promets. Je vais dormir aussi, d’ailleurs.

Elle avait peut-être tort d’accorder sa confiance à ce jeune homme qu’elle ne connaissait au fond absolument pas. Il n’était même pas de la même race qu’elle. Mais elle avait tant besoin de le croire, de relâcher enfin ses sens aux aguets, de s’abandonner complètement. Et puis, de fait, Beherzt ne lui inspirait que du bien.

La même petite voix interne qui lui avait dit de le suivre, incitait à présent Domyrade à lui faire confiance. Elle se roula en boule dans la couverture rêche, enfouit son nez dans ses cheveux. Beherzt s’allongea lui aussi, comme il l’avait dit. Domyrade se mit à songer au lendemain, quand ils se remettraient tous les trois en route vers l’Edelstein. Et là-bas, elle retrouverait son père.

Ça y est ! Après toutes ces années, son père était revenu à Zandiar ! Il avait fait tout ce chemin pour venir les chercher, pour les voir, les serrer dans ses bras, ne plus jamais les quitter. Engloutie par les couvertures du grand lit, Domyrade l’entendait discuter à côté, avec sa mère. Elle ne les voyait pas, et ne bougeait pas. Ils la croyaient encore endormie.

C’était lui, cela ne faisait aucun doute. Et dès qu’elle se lèverait du lit, sa mère les présenterait l’un à l’autre et ils seraient de nouveau une famille.

Des bribes de conversation lui parvinrent plus nettement. Quoi ? Ils se disputaient ? Oui, ses parents avaient beau chuchoter pour ne pas la réveiller, elle percevait clairement le ton piquant et sérieux de leur discussion. Mais pourquoi ? N’étaient-ils pas heureux de se retrouver ? Et elle, dans tout ça ?

« Tu n’as qu’à repartir tout seul si je suis un poids pour toi. »

Non, pas ça ! Domyrade se redressa brusquement, prête à se précipiter vers ses parents. Mais le lit, la maison, et ses parents avaient disparu. La clarté environnante l’éblouit un instant, puis elle discerna le sol rocheux, la lisière des bois, et enfin le nain et la femme pâle, debout tous les deux non loin, la tête tournée vers elle. Oh non, elle s’était fait repérer ! Qu’est-ce qu’elle… Oh… Ah oui.

Tous les souvenirs de la veille lui revinrent en mémoire. Beherzt lui avait dit qu’elle pourrait voyager avec eux, désormais. D’ailleurs, ils n’étaient pas partis pendant qu’elle dormait, ils l’avaient attendue. Cela dit, Beherzt n’avait pas l’air d’accorder tant d’importance que ça à son réveil. Il se tourna de nouveau vers la femme pâle et reprit leur conversation d’un ton dur :

− Arrête de dire n’importe quoi. Tu n’es pas un fardeau, je suis content de voyager avec toi. Je te demande juste de ne pas mettre bêtement ta vie et la mienne en danger, est-ce que c’est trop demander ? Maintenant, va t’excuser auprès d’elle. Et donne-lui quelque chose à manger. Moi je vais voir si le pont est par-là bas, attendez-moi ici.

Sur ce, Beherzt s’éloigna d’un pas contrarié, sans un dernier regard ni pour la femme pâle, ni pour Domyrade. Le voir partir fit poindre en elle un sentiment d’inquiétude. Elle s’était décidée à lui faire confiance, elle avait été contente de le retrouver une fois réveillée, et voilà que déjà, il disparaissait. Sans compter qu’il la laissait avec cette femme pâle dont Domyrade ne savait absolument rien. Beherzt lui avait bien dit comment elle s’appelait, mais pas moyen de se souvenir du nom en lui-même. Muesli ? Ou peut-être Mani ?

− Bonjour, prononça une voix timide.

La femme pâle s’approchait doucement, ses bras le long du corps. Ses cheveux lisses tombaient devant ses épaules et dégringolaient jusqu’à la taille. Ils étaient verts.

Le regard de Domyrade repéra aussitôt le bout pointu des oreilles qui dépassaient beaucoup trop de chaque côté de sa tête. Mais aussi la forme allongée de ses yeux. Des yeux verts, eux aussi, comme Domyrade n’en avait jamais vus. Et cette peau. Son teint n’était pas seulement pâle, mais plutôt proche de la transparence. Une nymphe ? Ici, sur le continent ? Sur la route, qui plus est. C’était à peine croyable.

− Je ne pourrais jamais assez te remercier pour ce que tu as fait, déclara la nymphe en détournant la tête. 

Le mouvement fluide de ses cheveux avait quelque chose d’absolument fascinant. Ses mèches semblaient évoluer dans l’air comme dans une rivière. Leur couleur, d’ailleurs, était celle des plantes aquatiques qui poussaient parfois dans les bassins.

Avec une certaine brusquerie, la nymphe braqua de nouveau son regard sur elle.

− Merci.

Ses yeux en amande ressortaient vivement sur sa peau lisse et blanche. Ils n’étaient pas simplement verts. Ni nuancés de turquoise comme ses cheveux. Non, ces iris-là brillaient, étincelaient d’une couleur chaude, un vert incandescent. Comme deux émeraudes, dont on apercevait l’éclat, même abrités entre ces paupières allongées. 

− Et aussi, je te demande pardon. Beherzt a raison. Je vous ai mis tous les deux en danger. Tout ça aurait pu très mal se terminer.

 Plus la nymphe parlait, et plus son aura extraordinaire s’estompait. Elle prenait de plus en plus des airs de fille…normale. Et qui plus est, pas beaucoup plus vieille qu’elle. Mais comme après tout, elle n’était pas humaine, Domyrade ne jurait de rien. Est-ce que les nymphes avaient un physique trompeur sur leur âge, comme les elfes ?

− Je m’appelle Nesli, déclara-t-elle en s’asseyant à côté d’elle. Et toi ?

Domyrade répondit docilement. Finalement, Nesli se montra au moins aussi gentille envers elle que Beherzt ne l’avait été. Elle lui donna de quoi manger, se soucia de son état sans la questionner sur des sujets plus délicats. Régulièrement, elle s’excusait de l’avoir forcée à venir les aider. Chaque fois, son regard filait vers le bord de la brèche, en direction de là où Beherzt avait disparu. Ce qui la désolait le plus, c’était visiblement de l’avoir fâché lui.

− Vous vous connaissez depuis longtemps ? osa demander Domyrade.

Nesli ramena une mèche derrière sa gigantesque oreille en pointe.

− Non, pas du tout, répondit-elle. Je l’ai rencontré il y a quelques jours seulement, à une auberge.

Ah bon. Ils avaient pourtant l’air proches.

− Pourquoi tu t’es mise à voyager avec lui, alors ?

− Et bien…, hésita Nesli. Disons qu’il m’a fait une bonne impression.

Domyrade haussa un sourcil. Enfin, elle pouvait parler : l’aura plutôt sympathique de Beherzt était une des raisons qui l’avaient décidée à le suivre pendant tout ce temps.

− Il a été gentil avec toi, je suppose.

Nesli eut un petit rire. L’éclat de ses yeux disparut un instant derrière ses paupières plissés, remplacé par celui, cristallin, de ce rire.

− Pas vraiment. En fait, je l’ai même trouvé plutôt désagréable, sur le coup. Mais ça n’a pas duré longtemps. C’est une personne attentionnée et profondément désintéressée. J’ai eu de la chance de tomber sur lui.

Oui, Domyrade partageait un peu ce sentiment à l’heure actuelle. Elle se remémora son passage à l’auberge, là où Nesli et Beherzt s’étaient rencontrés à son insu. Ce n’était pas demain la veille qu’elle oublierait cette nuit-là. Quand l’orage avait éclaté. Et puis les longues heures qui avaient suivi. Domyrade ne s’était jamais sentie aussi seule de toute sa vie.

À cause de la pluie, son pouvoir ne lui était plus d’aucune efficacité. Elle ne voyait plus rien, comme si son Don l’avait tout bonnement désertée. L’eau envahissait le ciel, brouillait tout. Domyrade avait dû réduire considérablement la distance entre elle et le nain, mettant toutes ses forces dans chacun de ses pas pour ne pas le perdre de vue. Heureusement, il s’était arrêté à cette auberge.

Pendant que le nain avait hurlé à la porte, et après qu’on lui avait enfin ouvert, Domyrade avait dû rester allongée par terre, bien à plat pour ne pas être vue. À chaque coup de tonnerre, elle avait sursauté, s’aspergeant de boue sans toutefois révéler sa présence.

C’était donc trempée et dégoûtante qu’elle s’était dirigée vers les écuries. Apercevoir au passage les lumières et la cheminée de l’auberge à travers les vitres lui avait fait ralentir le pas. Seulement, son hésitation n’avait pas lieu d’être : Domyrade avait déjà dépensé tout son argent en provisions, sachant pertinemment qu’aucun établissement n’accepterait une fille de son âge non accompagnée.

Se présenter à la porte malgré tout l’avait fortement tentée cette nuit-là. Mais on aurait pu l’envoyer en orphelinat. Bien qu’en campagne le risque soit moindre, elle ne mettrait pas en jeu sa liberté et ses chances de revoir son père pour un toit et quatre murs.

Alors Domyrade avait passé la nuit dans la paille, le sommeil gêné par ses grelottements et le vacarme des chevaux. Réveillée une énième fois par l’inconfort, et constatant que l’aube pointait et que la pluie avait cessé, elle avait résolu de se lever. Frigorifiée, elle était partie en quête de quelque chose à manger. Sûrement que tout le monde dormait encore : elle comptait bien en profiter. C’était ça ou tomber dans les pommes, que ce soit de froid, de faim, de fatigue, ou de tout à la fois.

Elle avait trouvé une porte de service non fermée à clef, et qui donnait sur une grande buanderie. Domyrade avait étendu son manteau sur un bout de fil, puis s’était cachée dans un coin, profitant de l’air tiède pour se réchauffer un peu le corps.

Elle avait attendu là toute la matinée, à la fois somnolente et l’oreille aux aguets. Pour ce qui était de sa filature, elle faisait confiance à son Don. Le nain pouvait bien prendre de l’avance, elle n’aurait qu’à suivre sa piste. Toutefois, il n’était pas prudent de s’attarder ici. Tôt ou tard, le personnel viendrait chercher ces draps, et il ne ferait pas bon être surprise en petite souris clandestine.

Une fois ses vêtements plus ou moins secs, Domyrade s’était remise en route sans tarder. Elle avait rattrapé le nain dans la journée, et découvert de loin la présence d’une femme très pâle à ses côtés. Ils s’étaient mis à allumer un feu le soir, tous les deux. Domyrade avait même senti le fumet de leur dîner, une fois. Nouvelle torture.

Et puis aussi, elle n’avait pas eu besoin de les entendre pour savoir que ces deux-là discutaient sûrement tranquillement ensemble toute la journée. Alors qu’elle, elle n’avait qu’à rester enfermée dans le mutisme. À certains moments, elle s’était vraiment sentie plus proche de l’animal sauvage que de l’humaine.

− Tes cheveux sont incroyables.

La voix de Nesli la ramena dans le temps présent. Un temps où Domyrade n’était plus toute seule. Où elle discutait tranquillement.

− Je peux toucher ?

La fascination sur le visage de la nymphe amusa Domyrade. Ses lèvres s’étirèrent doucement. Elle avait oublié à quel point c’était agréable, de simplement sourire.

− Oui, vas-y.

Nesli s’extasia un bon moment devant le volume de ses boucles brunes. Domyrade avait beau lui faire remarquer à quel point ses cheveux étaient sales et emmêlés, la nymphe ne cessa pas de s’émerveiller.

− J’aime bien aussi tes taches de rousseur.

− C’est ma fresk, répondit Domyrade.

À voir sa tête, c’était la première fois que Nesli entendait ce mot. Domyrade lui expliquait de son mieux que les humains avaient tous quelque part un nuage de marques cutanées similaires au siennes, quand leur bavardage fut interrompu par un sifflement retentissant. C’était Beherzt qui les appelait de là-bas. Il avait dû trouver le pont qui leur permettrait de franchir cette immense crevasse. Elles n’avaient plus qu’à le rejoindre.

Beherzt avait rebroussé un peu chemin pour se faire entendre d’elles. Lorsque Domyrade et Nesli le retrouvèrent, il leur fallut continuer à longer tous les trois la brèche pour gagner le pont.

Même si Beherzt en voulait visiblement encore à Nesli, l’atmosphère tenait de la franche convivialité comparée à ce dont elle était habituée. Même si aucun des deux ne parlait, c’était bien plus agréable de marcher à leurs côtés que derrière. Sans compter qu’à elle, Beherzt accordait de temps en temps un sourire rassurant.

Le pont se révéla différent de ce que Domyrade avait pu imaginer. Elle aurait dû se douter qu’au beau milieu de cette horrible forêt, et pour traverser cet horrible gouffre, ils n’auraient pas droit à un bijou d’architecture. C’était bien loin d’être le cas : trois gros troncs avaient simplement été basculés en travers du gouffre, calés à la base avec des rochers. Le bon point, c’était qu’une dizaine de cordages jouaient plus ou moins le rôle de rampes.

− Tu veux que je passe en premier ? lui demanda Beherzt.

C’était le moment de rattraper ses sanglots pathétiques de la nuit passée. L’occasion de montrer tout de suite à Beherzt et Nesli qu’elle n’était pas une gamine faiblarde à protéger, mais leur égale, tout simplement.

− Non, c’est bon. J’y vais.

− Très bien. Regarde bien devant toi, d’accord ?

Elle s’en sortit à merveille. Sans pouvoir s’empêcher de trembler un peu, ni de retenir plusieurs fois sa respiration, elle réussit à avancer sans s’arrêter ni regarder en bas. Pour la peine, elle s’autorisa un sourire victorieux une fois arrivée de l’autre côté.

La traversée s’avéra plus chaotique pour Nesli. Sa récente expérience du vide ne l’avait pas laissée tout à fait indemne. Heureusement pour elle, Beherzt oublia sa rancune et fit tout ce qui était en son pouvoir pour l’aider. Depuis le bord, il se chargea de la réconforter en paroles tout en lui donnant des conseils pour avancer.

Domyrade aussi se souvenait de la veille. Elle revoyait le regard terrifié de Nesli, les noirceurs du gouffre prêtes à l’engloutir. La revoir osciller sur le pont au-dessus du vide mettait ses nerfs à rude épreuve. Elle hésitait entre continuer de la regarder ou se détourner tout à fait le temps que Nesli soit arrivée saine et sauve. De toute façon, si elle perdait l’équilibre, Domyrade ne pourrait rien faire. À moins que…

Elle n’avait pas cherché à mobiliser son Don depuis l’incident. Puisqu’elle marchait désormais aux côtés de Beherzt, elle n’en avait plus vraiment utilité. Mais logiquement, son pouvoir ne devrait pas lui servir seulement à pister les gens. Est-ce qu’elle ne pourrait pas soutenir Nesli ? Oui mais si elle perdait le contrôle et se retrouver à la faire tomber au lieu de l’aider ? Quelle horreur.

Malgré tout, Domyrade appela son Don. Elle n’allait rien faire, c’était seulement pour être prête en cas d’urgence. Sauf que rien ne se passa. C’était comme si son pouvoir avait disparu. Elle chercha un moment, cette sensation infime…mais non. Même lorsqu’elle voulut chercher dans les airs le signe de la présence de Beherzt, Domyrade ne trouva absolument rien.

Ce n’était pas si surprenant. Elle savait que son pouvoir lui échappait encore. Mais depuis son départ de Zandiar, il l’avait écoutée si fidèlement. Elle en avait pris l’habitude, et le sentir se dérober de nouveau l’agaça.

Son visage se dérida à l’arrivée de Nesli. À peine avait-elle posé un pied sur le sol que la nymphe s’écroulait par terre avec un grand soupir de soulagement.  Domyrade se chargea de la féliciter tandis que Beherzt traversait à son tour.

− Allez, on y va, déclara-t-il sobrement une fois passé de leur côté. On a assez perdu de temps comme ça.

Nesli le lui avait appris : après avoir traversé la vallée, il leur restait toute la seconde moitié de la forêt à parcourir avant d’en sortir. Cela ne désespérait pas Domyrade. De toute façon, ce serait forcément une meilleure expérience que son séjour dans la première partie. Et puis, forêt ou non, chaque pas la rapprochait de son père.

***

Entourée par la végétation épineuse d’Auël à perte de vue, Domyrade commençait à désespérer de sortir un jour de cette maudite forêt.

Depuis le début de la journée, elle traînait à l’arrière, sans parvenir à rattraper les autres quelle que soit l’énergie qu’elle mettait à marcher. Nesli avait des jambes immenses, et Beherzt semblait tout bonnement infatigable. Le premier jour, ils avaient pris soin de la placer entre eux. Mais à présent, seul comptait d’avancer. Eux aussi devaient en avoir marre de ces bois. La couleur du ciel et la chaleur du soleil leur manquaient sûrement autant qu’à elle. N’empêche, ils pourraient l’attendre de temps en temps.

− Ohé, Domyrade !

Elle releva la tête pour chercher Beherzt du regard. Sans le voir lui, elle aperçut néanmoins la silhouette blanche de Nesli un peu plus loin. Et plus loin encore, dans le fond, une lumière inhabituelle. Se pourrait-il que… ?

Elle se remit à marcher avec une vigueur nouvelle, cassant les branchages sur son passage, écrasant sans ménagements les ronces sous ses pieds. Plus elle avançait, et plus la lumière du jour se faisait vive. L’orée de la forêt approchait. Enfin !

Nesli avait disparu, mais Domyrade entendit son rire éclater haut et clair. Encore un petit effort et elle dépassa à son tour les derniers arbres pour émerger à l’air libre, un sourire irrépressible sur le visage.

Le ciel était partout, et le soleil éblouissant. L’œil étourdi par ce vide, cet éclat, Domyrade ferma les paupières. L’herbe lui caressait les chevilles. Le vent fit s’envoler ses cheveux, se faufila dans son cou.

Brusquement, son Don s’éveilla. Elle ne l’avait même pas appelé, et pourtant il était là, partout. Tellement présent et puissant qu’elle se sentait parfaitement incapable de le contrôler de quelque manière que ce soit. Mais ce n’était pas grave. Le savoir autour d’elle lui procurait un sentiment de bien-être dans lequel Domyrade se laissa envelopper.

− En voilà une qui sait apprécier les grands espaces, remarqua Beherzt tout près d’elle. 

Il s’était déridé chaque jour un peu plus depuis l’accident de Nesli et leur rencontre. À présent, il rayonnait.

− Je pense que la Plaine te plaira. Et à toi aussi, ajouta-t-il à l’attention de Nesli qui contemplait le paysage d’un air émerveillé.

La Plaine. Le royaume des hybrides. La terre des Révélés de l’air.

Ils devaient y voyager un certain temps pour gagner l’Edelstein. Si tout se passait bien, Domyrade passerait encore plusieurs semaines aux côtés de Beherzt et Nesli.

Une question se posait désormais, à laquelle Domyrade n’avait pas tellement songé : devait-elle continuer à dissimuler le Don qu’elle avait toujours tenu caché ?

Dès l’apparition de son pouvoir, sa mère le lui avait fait garder secret. Mais elle vivait alors à Zandiar.

Ce n’était peut-être plus nécessaire à présent. Quel soulagement ce serait de ne plus avoir à garder le secret, de pouvoir apprivoiser ouvertement son Don quand elle le désirait. Comme pendant sa filature, tout compte fait.

Mais s’ils apprenaient qu’elle était une Révélée anormale, comment réagiraient Beherzt et Nesli ? Est-ce qu’ils lui diraient d’aller avertir quelqu’un de cette bizarrerie, de retourner à Zandiar ? Est-ce qu’ils la livreraient à un clan d’hybrides pour canaliser son pouvoir ?

Non, elle ne devait rien dire. Une telle révélation risquait de bouleverser tous ses plans.

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Notsil
Posté le 07/06/2020
Ah, ce n'était pas le nain, mais Domy la Révélée de l'air ^^ Intéressant intéressant.
Le Muesli m'a tuée :)
C'est chouette qu'ils se retrouvent en tout cas ! Et on commence à cerner le problème : des Révélés oui, mais pas avec le bon pouvoir, tiens donc.
Ils sont mignons à garder chacun leurs secrets (même si les soucis de communication sont la base dans une histoire :p).

Pour la suite, je suppose qu'ils vont récupérer Atkos au passage :p
Hinata
Posté le 08/06/2020
Eh oui, c'est Domyrade qui maîtrise l'air ^^ Contente que ça arrive un peu comme une surprise !
Haha, le Muesli est un peu une auto-blague de moi à moi et je l'ai gardée, ça me fait plaisir qu'elle ait son petit succès XD

Toujours chouette d'avoir tes commentaires et divers suppositions, un grand merci !
_HP_
Posté le 05/06/2020
OUI ! Je m'en suis doutée au moment où j'ai vu le nom du chapitre (fin le personnage dont on aurait le point de vue) ! "Eh mais au fait, Domyrade, elle avait pas suivi un nain ??" xD
Je pensais pas du tout qu'elle allait se révéler (même si je me doutais qu'elle allait le faire au bout d'un moment haha), et encore moins sauver Nesli. "Muesli" xDDDDD
J'aime beaucoup les liens qui se tissent au fur et à mesure entre les différents personnages, comment ils se rencontrent, etc ^^
Et t'en fais pas Domyrade haha tu peux révéler ton don, t'es pas la seule 😝😄
Hinata
Posté le 06/06/2020
Haan j'aime trop ce petit commentaire, tes réactions, ton ressenti sur les personnages haha, c'est si cool ^^

Merciii pour ta lecture et tes comms trop cool !! T^T (je me répète, je sais. mais non, je ne vais pas arrêter.)
Alice_Lath
Posté le 01/05/2020
Aaaah, oui, je suis bêteee, je savais plus quel perso avait pris Beherzt en filature, et c'était elle, c'est ça. Bordel, la quiche que je suis. En tout cas, elle est vraiment toute kiki, faut pas qu'elle se mette dans des états pareils, la bichette, si seulement elle savait le Don de Nesli. Mais du coup, je suis curieuse et je me demande si ce "changements de normes" pour les Dons est quelque chose de récent, signe de bouleversements, ou si ça a toujours été le cas et simplement occulté?
Hinata
Posté le 01/05/2020
Haha, eh oui c'était elle, mais c'est tout naturel de l'avoir oublié, ça remonte à loin cette histoire et puis y a eu pas mal de diversions entre temps. Je trouve que t'es quand même très alerte dans ta lecture, t'es une quiche de qualitey ^3^

Ta question sur les Dons anormaux est un peu la graande toile de fond, donc je suis contente que tu te la poses, mais par contre les réponses seront pas tout à fait dévoilées avant longtemps ^^" Mais j'espère qu'en attendant l'histoire te donnera d'autres choses à te mettre sous la dent hehe
Alice_Lath
Posté le 01/05/2020
Y'a juste un léger détail que je voulais te signaler, après, libre à toi de choisir ou pas de l'écouter haha parce que c'est qu'un simple point de vue personnel: je trouve que certains noms ont du mal à accrocher à ma mémoire, du fait de leur construction et de leurs sonorités, comme Beherzt, dont je vérifie à chaque fois l'ortho pour mes commentaires ;) C'est pas grand chose, mais je me dis que ça pourrait peut-être t'aider huhu
Hinata
Posté le 01/05/2020
Ah je comprends tout à fait, c'est souvent le problème avec les univers fantasy et noms inventés > <
Tout le monde galère avec Beherzt au début, j'espère que tu t'y feras, y a que les germanistes peut-être qui galèrent moins, vu que bah, c'est un mot allemand en fait, et bref tu fais bien de me signaler, et t'inquiète si t'écorche les prénoms en comm je t'en voudrais absolument pas haha
Xendor
Posté le 17/02/2020
Pauvre petite. Elle a subi beaucoup de privations. Je me demande comment elle a fait pour ne pas être malade. Et je ne l'imaginais pas sauver Nesli ! Ni même Behertz appeler à l'aide. En de pareilles occasions j aurais sûrement oublié le stalker 😕 Du coup j'ai été surpris, mais dans le bon sens 🙂
Hinata
Posté le 17/02/2020
Eh oui, c'est une partie un peu rude du voyage pour elle, mais elle a résisté !
Oh, et bah je suis contente si leur rencontre n'était pas prévisible alors ^^ C'était un peu le gros enjeu de ce chapitre, je n'aimais pas trop comment ça se passait après le sauvetage, j'espère que ça t'a plu en tout cas !
Merci de commenter c'est hyper gentil et comme d'hab, ça me donne envie de vite réécrire la suite ^^
Xendor
Posté le 17/02/2020
C'est vrai aussi que c'est inhabituel d'avoir un nain autre chose que bouru. À côté de Thorïn et Cie, Behertz est un vrai gentleman ! Santé à lui :)
Hinata
Posté le 17/02/2020
Eh oui, les nains d'Archangelsk sont très différents de ce qu'on retient d'eux en fantasy... On avait envie de sortir un peu des clichés ^^ En fait il n'y a pas de différence claire de caractère selon les races, et même niveau culture, ils sont tous moins différents qu'ils ne le croient...
Xendor
Posté le 17/02/2020
Il n'y a pas de traits caractéristiques à chaque espèce ?
Hinata
Posté le 17/02/2020
Des caractéristiques physiques oui, bien sûr, mais sinon, la patience, la générosité, l'enthousiasme, la douceur, le courage, etc... Bah ça varie selon les individus, et pas selon les races (après il y a toujours le milieu qui influe sur le naturel)... Je dirais que les seules vraiment à part seraient les nymphes, mais c'est encore une fois une question de culture plus que de race quoi... Elles sont élevés dans un pacifisme exacerbé donc forcément...
Xendor
Posté le 18/02/2020
C'est bien une question de race. Vu que dans ton monde les espèces ont vécues entre elles dans leurs pays respectifs, il est logique de ce point de vue de ne pas dissocier l'aspect culturel de l'aspect racial. Parce que ça n'a pas forcément un caractère négatif. Exemple dans le Lotr : les nains qui ont un fort sens de ma trahison et de la loyauté : ça a l'air surréaliste mais c'est bien le cas. On est en Fantasy après tout !
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