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Par _HP_

Salut !

Je reconnais que je n’aurais sans doute pas compris grand-chose si tu avais fait toute ta lettre en anglais... But I hope you’re good (j’ai un peu recopié, oui, c’est vrai).

Très bien, alors continuons nos lettres. Cela me va parfaitement aussi (même si je crois que je te l’ai déjà dit).

Je suis né le 5 août, et je suis donc un Lion ; ce qui me fait réaliser que c’est peut-être pour ça que ma chambre en était décoré lorsque j’étais petit. Et toi ?

C’est vrai que ces goûts sont particuliers et très rares, oui, c’est vrai. Peut-être que cela vient aussi des différentes cultures, et de la façon dont a été élevé chacun : par exemple, j’ai toujours mangé des spaghettis coupés, et la seule fois où j’ai voulu essayer “comme tout le monde”, eh bien ça a été compliqué, parce que je n’avais pas l’habitude.

Oui, j’aime beaucoup les fruits ; observation très juste, Sherlock. Je ne saurais pas vraiment décrire pourquoi, en vérité, mais je trouve que c’est frais, et il y a tellement de façons différentes de les manger qu’on ne s’en lasse pas. En plus, comme c’est sain, je peux manger ça trempé dans des tonnes de chocolat, ça restera toujours meilleurs pour la santé que des chamallows au chocolat !

Une voiture vert pomme. Très joli choix de couleur, si tu veux mon avis ; et pas parce que la couleur verte est ma préférée et que celle-ci contient en plus un nom de fruit ! Mais c’est vrai que ça ne passe pas inaperçu, et je ne suis pas sûre que ce soit la teinte la plus judicieuse pour suivre quelqu’un discrètement.

Mes parents avaient – et ont peut-être toujours – des voitures rouge et bleue. Je trouvais ça tellement triste, petit, de juste dire ces grandes couleurs alors qu’il en existe des tas de nuances ! Et surtout, je trouvais ça trop banal comme couleur ; alors, je me suis mis à dire que leurs voitures étaient cerise et myrtille. Ça faisait rire mes parents et les rares “amis” que j’ai eus.

Voilà, à très vite !

Eliott.

 

Maël et ses parents étaient installés autour de la table, pour diner. Sa mère ne lui avait jamais reparlé de la boite blanche qu’elle l’avait surpris en train de dissimuler, il y avait de cela environ deux semaines ; il trouvait ça très curieux. Il avait d’ailleurs changé de cachette, et elle se trouvait désormais dans le grenier, dont l’unique accès se situait dans sa chambre. Ses parents n’y allaient presque jamais, lui demandant s’ils y avaient besoin de quoique ce soit ; aussi, il avait trouvé une armoire contenant tous ses livres d’enfants et y avait glissé les lettres d’Eliott.

Cela ne lui convenait pas : le soir, il aimait relire les mots de son ami avant de s’endormir, et il avait dû alors perdre cette habitude. Mais il craignait encore plus que ses parents n’en viennent à les lire, sans même pouvoir se l’expliquer. Ils étaient si protecteurs avec lui, trop, et cherchaient toujours à s’immiscer ou à connaitre chacune de ses activités ; cette correspondance était pour lui un échappatoire, comme elle l’était pour Eliott, à l’hôpital. Son jardin secret, qu’il cherchait à protéger à tout prix.

Il avait décider de prendre les lettres en photo et d’en faire un dossier sur son téléphone : ainsi, il pouvait lire ces lettres quand il le voulait.

Ils étaient donc en train de diner, quand sa mère posa ses couverts de chaque côté de son assiette, avant de fixer ses yeux sur son fils.

 

— Maël ?

 

Celui-ci signifia d’un grognement interrogatif qu’il l’écoutait.

 

— Bon, écoute, je sais que tu m’avais dit ne pas vouloir en parler, lorsque je t’ai interrogé il y a quinze jours sur ces lettres. Mais je n’aime pas savoir que tu as des secrets que nous ignorons.

 

Maël ne leva pas les yeux de son assiette, ne voulant surtout pas croiser ces yeux sévères.

 

— Je ne veux toujours pas en parler.

 

Sa voix était ferme, mais contenait aussi une once d’excuse ; il culpabilisait toujours de parler si sèchement à ses parents.

 

— Je suis ta mère, et j’ai le droit de savoir, renchérit-elle, la mâchoire contractée.

 

— Ma chérie..., commença son père, mais elle l’interrompit d’un regard noir.

 

— Ne le défends pas, je t’en prie.

 

Il baissa la tête et se remit à manger. Maël retint un soupir ; il détestait que sa mère contrôle ainsi son père, il détestait qu’il s’incline devant elle.

 

— Maël ? Tu ne m’as pas répondu. Que contient cette boite ?

 

L’adolescent se voyait mal tout lui expliquer. Elle ne manquerait pas de vouloir lire chacune des lettres, et même d’organiser une virée à Nice pour rencontrer cet Eliott.

A la pensée d’Eliott, et de ce que sa mère ferait si elle connaissait son existence, il releva la tête, bien moins assuré qu’il ne le laissait paraitre.

 

— Je t’ai dit que je ne voulais pas en parler.

 

— Maël…, gronda-t-elle.

 

— Laisse-le, murmura son père.

 

C’était si incongru que mère et fils se tournèrent vers lui, surpris.

 

— Pardon ? s’offusqua sa femme.

 

— Il ne veut pas en parler. C’est un adolescent, il a bien le droit de ne pas vouloir tout dire à sa mère !

 

La mère de Maël le fixa quelques secondes, avant d’inspirer profondément et, comme s’il n’avait rien dit, vrilla encore ses yeux sur son fils.

 

— Maël, que contient cette boite ? interrogea-t-elle de nouveau en articulant chaque syllabe.

 

— Maman, je ne veux pas en parler, répondit-il du même ton, quoiqu’un peu plus faible.

 

Puis il se leva.

 

— Désolé, murmura-t-il en posant le pied sur la première marche de l’escalier.

 

Il entendit sa mère le rappeler, en vain, et crier sur son mari. Une fois de plus.

Il se lova dans son lit, déprimé. Il détestait entendre ses parents se disputer – ou plutôt, il détestait entendre sa mère hurler sur son père –, et il culpabilisait chaque fois qu’il osait s’élever devant sa mère. Il ne cherchait pas les conflits, loin de là.

Il lorgna sur son téléphone, dans lequel il avait créé un contact au nom d’Eliott. Un contact qui ne contenait aucune photo, aucune information supplémentaire ; juste un numéro et une date d’anniversaire. Il faillit le prendre et envoyer un message à son ami. Mais il se ravisa, ne voulant pas le déranger ni briser ce charme que produisaient leurs lettres.

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Louis.W
Posté le 07/05/2021
AH ! L'élément perturbateur ! J'èspère que sa mère va créer des problèmes héhé.

J'aime bien la fin quand il choisit malgré tout de conserver l'aspect lettre et de ne pas envoyer de sms.

La mère de Maël se rappelle, d'une façon vraiment étrange, le nombre exact de jours depuis qu'elle a vu cette boîte. Peut-être que tu devrais rendre cela plus flou ? C'est rare de se rappeler si précisément qu'une petite discussion a eu lieu il y a exactement quinze jours.
_HP_
Posté le 07/05/2021
Hello !
Pauvre Mael, je crois qu'il espère plutôt le contraire xD
Oui, je ne voulais pas ""moderniser"" le truc ^^
Ah non non, ce n'était pas du tout précis ! Quand on dit "il y a quinze jours" en général c'est plutôt "il y a plus ou moins deux semaines", enfin je voulais dire ça x) Je changerai, alors !
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