Dans la chambre, je m’enferme à double tour et me laisse tomber sur le lit. Je lève la main au-dessus de mon visage. La peur influence la stabilité de mon amanime, mon apparence clignote et laisse entrevoir par intermittence la beauté de mon éther.
Il s’en est fallu de peu…
Jamais je n’aurais cru avoir une telle influence sur les humains… je suis dangereuse. Alors pourquoi Lilith s’échine à nous mêler à eux, à nous entraîner dans ce but ? Elle qui, sans cesse, nous rappelle nos règles de chasse pour ne pas mettre l’espèce humaine en danger. C’est à n’y rien comprendre.
Je me demande si elle est déjà rentrée. Ça serait l’occasion de vérifier.
Mais pour cela, je dois être certaine de ne plus être dérangée et attendre que Cynthia retourne chez elle. Et, la connaissant, je suis certaine qu’elle viendra au moins une fois pour voir comment je vais et me prévenir quand elle partira.
Il y a un boucan horrible au rez-de-chaussée, mais il s’atténue au fur et à mesure que le temps passe jusqu’à ce que plus aucune voix ne résonne, laissant place à un silence étrange, incongru. Je ne sais pas ce qui est le pire ; le tumulte de l’incident ou cette soudaine accalmie qui accroit plus encore ma culpabilité. J’y vois comme un signe, si je continue sur cette lancée, c’est le néant qui s’abattra sur ces gens.
J’ai envie d’abandonner. Je ne vois pas l’intérêt de continuer si ma nature de cauchemar peut déclencher une telle agressivité. Mais d’un autre côté, cette pensée me déclenche une profonde tristesse… j’aime tellement apprendre d’eux. Un sentiment bien égoïste.
Quand j’entends les escaliers grincer, je me lève par instinct pour ouvrir à Cynthia, mais n’en fais rien. Je ne peux lui faire face tant que mon éther vacille.
Elle va vraiment finir par penser que je suis étrange…
Elle frappe à ma porte que je me contente de scruter avec un air désolé.
— Asmodée ? me hèle-t-elle après de longues secondes de silence.
Je l’entends soupirer de l’autre côté.
— Je ne sais pas si tu t’es endormie ou si tu n’oses pas ouvrir après ce qu’il s’est passé… j’étais juste venue voir comment tu allais avant de partir chez moi.
Une grande sollicitude imprègne le timbre de sa voix. Elle est d’une gentillesse naturelle.
N’ayant toujours pas de réponse, elle abandonne et rebrousse chemin tandis que je demeure attentive aux bruits de ses mouvements jusqu’à ce que je l’entende fermer la porte d’entrée du bar à clé.
Je peux enfin m’éclipser d’ici !
Un micro pinaillage ici (et encore) : "Alors pourquoi Lilith s’échine à nous mêler à eux, à nous entraîner dans ce but."
> Avec un point d'interrogation ?
> D'ailleurs Asmodée connait finalement déjà la réponse à cette question, car s'ils se mêlent aux Humains, c'est pour tirer leur énergie. C'est comme nous concernant l'agriculture ou l'élevage par exemple, c'est pour manger. Enfin, c'est comme ça que je le vois. Par contre, rester avec eux comme elle le fait, ça doit être inédit chez les succubes. C'est comme si on allait habiter chez les moutons ou les vaches 🙂 (après, certains le font. J'ai regardé il y a peu un documentaire d'un scientifique allant étudier les yaks en Mongolie.). D'ailleurs elle tient un cahier ou quelque chose comme ça avec ses notes ?
Au plaisir de lire la suite 🙂
C'est un chapitre qui, bien que court, nous offre un champ d'émotions en tout genre. L'agacement qui perdure à cause de Roan, de la tristesse pour Asmodée qui à l'air bien perdue malgré elle et de la compassion et de la tendresse pour Cynthia qui fait de son mieux sans savoir ce qu'il se passe réellement!
A cela s'ajoute bon nombre de questions mais la principale est : Comment notre petite succube va-t-elle faire? Que va-t-elle bien pouvoir faire?
J'ai grand hâte de voir ce qu'il adviendra et j'espère à très vite!