1.3

Notes de l’auteur : Attention ! Ce chapitre contient des scènes à caractère sexuel !

La voiture démarre et je me focalise sur mes pensées plutôt que sur la chaleur qui m’inonde et m’oblige à serrer les cuisses. Je me suis toujours demandé ce que procurait la sensation d’amour… ce qui pousse les humains à se donner ainsi, corps et âme, vulnérables, même si cela veut dire être blessé. Cette fille est partie et il ne cesse de l’aimer, encore et encore. Suivant mes réflexions, je le détaille. Pas que je m’attarde sur l’apparence des humains, mais j’aime scruter leurs réactions, les émotions qui transparaissent dans leurs traits ou leur gestuelle. Je dois avouer qu’il est rare de tomber sur une personne aussi sincère et, l’espace d’un instant, je regrette de lui faire subir ça. Je n’ai pourtant pas d’autre choix. Je déculpabilise vite. Quand il se réveillera au petit matin, il aura tout oublié. Au pire, il sortira de son sommeil un peu dérangé, secoué, comme quand on sort d’un cauchemar. Il aura peut-être l’impression d’étouffer, de manquer d’air, de ne plus pouvoir bouger et il aura beau crier à l’aide, aucun son ne sortira de sa bouche. Il sortira alors de son cauchemar en sursaut, persuadé qu’il a rêvé de sa belle avant que son imagination ne dérive. C’est le contrecoup de notre emprise sur les humains qui refusent de nous laisser partir, qui s’accrochent à nous. Certainement que leur subconscient tente de les prévenir que nous ne sommes pas comme eux, qu’ils courent un danger en notre présence.

Ce qui n’est pas faux. Il est déjà arrivé que des humains succombent à l’acte charnel avec un cauchemar trop ivre de désir, mais surtout très affamé. Si nous ne parvenons pas à nous arrêter, c’est l’essence vitale que l’on finit par absorber, au lieu de se contenter de l’énergie générée par la passion. Ces êtres vivants sont comme des batteries pour nous, rechargeables à l’infini. De simples instruments qui nous permettent de nous nourrir.

— Tu me fixes bien intensément depuis tout à l’heure !

À sa remarque, je détourne les yeux. Je ne m’étais pas aperçu que je devenais grossière.

— Disons que je prends conscience à quel point tu m’as manqué.

J’entends son cœur faire un bond dans sa poitrine. Ses joues s’empourprent et il déglutit difficilement. Encore une fois, je fais mouche. Je ressens même la sensation qu’il éprouve en cet instant, il a l’impression qu’une flopée de petites bulles éclate dans son ventre.

C’est quoi encore cette expression que les humains utilisent ? Avoir des papillons dans le ventre… je crois.

Je ne comprenais pas trop cette façon de dire les choses… Comment peut-on avoir des papillons dans le ventre ? C’est illogique.

— Nous sommes arrivés, me prévient-il après s’être garé.

Je descends de la voiture, fébrile. Je ne tiendrais plus longtemps. Il faut que je mange.

Je le suis, on pénètre dans l’immeuble. L’attente devant l’ascenseur est un calvaire sans nom. Je me retiens de trépigner et masque mon impatience du mieux que je le peux. Et, si dans la voiture ses phéromones sentaient à plein nez le sucré, quand on pénètre dans cet espace confiné, ses fragrances ne cessent de s’amplifier. Il est tout aussi excité que je ne le suis par son odeur de caramel où se mêlent maintenant des notes de pommes rôties. C’est à mon tour de me mordre la lèvre, de résister encore quelques secondes avant de succomber à mes bas instincts. Mes doigts ne cessent de triturer le bas de ma jupe courte. J’ai envie de l’envoyer valser ou pire encore de la déchirer pour me donner, là, tout de suite à lui. Mais je me retiens, il serait fâcheux qu’elle disparaisse en de volutes d’éther sous ses yeux ébahis. Je n’ai aucun intérêt à le faire fuir. Le maître mot est contrôle.

L’ascenseur tinte d’un son mélodieux et nous annonce notre étage. Je n’en peux plus… plus que quelques mètres. Avec ma chance, devant sa porte, la nervosité l’emporte et son trousseau de clés lui tombe des mains. Je me sens subitement sauvage. Il finit par ouvrir la porte et, emportée par la faim, je le pousse à l’intérieur, ferme d’un coup de pied habile la porte derrière nous et le plaque contre le mur.

Son air surpris me ravit. Cela ne dure qu’une fraction de seconde, car je me colle à lui et l’embrasse avec fougue. Je goutte du bout de la langue à ce dessert bien mérité. Il me rend mon baiser avec une ferveur à laquelle je ne m’attendais pas. Je sens déjà son énergie emplir mon corps et n’ose imaginer l’extase que je ressentirai lorsqu’il me comblera pleinement. Il déborde de vigueur. Je n’ai jamais ressenti une telle puissance et laisse échapper un gémissement d’extase.

Il m’a rassasiée d’un seul baiser. Comment est-ce possible ?

Même s’il a déjà comblé ma faim, je préfère aller jusqu’au bout et me faire une petite réserve d’énergie. Je ne sais pas quand je pourrais me nourrir aussi bien et me montre prudente. Je suis comme un ours qui mange plus que de raison avant de plonger en hivernation. Je n’ai pas le temps de réagir qu’il me soulève sous les cuisses, mes jambes lui entourent la taille. Il continue de m’embrasser, j’ai presque envie de lui mordre le cou, tellement son odeur me rend folle, tandis que ses pas nous portent jusqu’au canapé. Il m’y pose avec beaucoup de douceur et son regard replonge à nouveau dans le mien.

— À moins que tu ne préfères le lit, me demande-t-il de l’espoir plein les yeux.

En guise de réponse, je l’attrape par le col de sa chemise et l’attire à moi. En peu de temps, nous nous déshabillons avec envie, et cédons à nos pulsions.

Avec l’expérience, j’ai appris à donner le change, faire illusion et garder un contrôle constant sur mon éther qui simule mes habits. Au moins pour un temps. S’ils disparaissent en plein extase, ce n’est pas gênant. La proie ne le remarque jamais et je prends bien soin de lui faire tout oublier une fois l’acte accompli.

Il prend son temps pour me découvrir, ses doigts effleurent chaque parcelle de ma peau. L’illusion est si réelle qu’il n’y voit que du feu. Mais je suis trop impatiente, voilà trop longtemps que j’ai goûté à un tel délice. J’en veux plus… et ne laisse pas le temps à sa main d’explorer l’intérieur de mon entrejambe.

— J’ai envie que tu me prennes, là, tout de suite !

Une permission presque inespérée pour lui. Je n’ai pas besoin de le travailler au corps, ni même d’augmenter son besoin. Il l’a entretenu depuis plusieurs années. Il s’exécute très vite, empressé lui aussi de pouvoir assouvir un rêve inavoué. Quand il me pénètre, l’afflux de son énergie me surprend et me soutire des gémissements incontrôlés. Ce qu’il prend pour du plaisir, sans être tout à fait pareil. En plus de cela, il y a cette sensation qui parcourt mon corps, réveille mes sens et excite chaque particule de mon organisme éthéré. Tout est décuplé, amplifié au point d’en perdre la raison. La faim n’a plus d’emprise, s’amenuise, je m’en repais jusqu’à m’en rendre malade, jusqu’à avoir l’impression d’imploser.

— Si tu continues à gémir ainsi, me chuchote-t-il au creux de l’oreille. Je ne tiendrai pas longtemps. Tu me mets au supplice.

Un aveu empli de sentiments qui augmentent d’autant plus ma jouissance. Ses émotions sont trop fortes, embrument ma raison, influent sur mon ressenti. Je n’ai jamais cru la chose possible. Une première en tant que cauchemar. D’habitude, l’énergie reçue est si faible, qu’elle parvient à peine à nous combler, nous rassasier. La tête me tourne, je suis ivre. Fort heureusement pour moi, il arrive au bord de l’extase et, par réflexe, je ferme mes jambes autour de lui pour l’empêcher de se retirer. Il doit tout me donner.

La respiration erratique, il enfouit sa tête au creux de mon cou et étouffe ses cris de plaisir. Je le sens à l’intérieur de moi, parcouru de spasmes et là, au même moment, mon corps convulse, mes doigts cherchent à pénétrer dans le tissu du canapé, mon dos se cambre. La sensation est trop forte. Chaque vague de plaisir s’accroît, monte de plus en plus en intensité, monte jusque dans mon ventre. J’ai l’impression de planer, de sortir de mon corps, je grimace malgré moi, criant à chaque contraction de mon éther. Je le sens pétiller. Mes jambes cherchent à s’étirer, tremblent à n’en plus pouvoir et puis, ça en devient presque douloureux, mais finit par s’effacer, petit à petit, me laissant que quelques soubresauts diffus.

Je ne comprends pas ce qu’il vient de se passer.

Je me tourne vers lui et il m’observe avec une telle intensité que je me perds dans ses yeux criant d’émotions. Est-ce ça l’amour humain ? D’habitude, ce n’est que sexuel… toujours. Il n’y a jamais rien de si intense qu’en cet instant. En s’unissant à moi, il m’a partagé ses émotions les plus profondes au point que j’ai failli en perdre la raison. Mais je me reprends vivement. Je dois m’en aller, il doit oublier.

Alors, je lui souffle un peu d’éther au visage. Il ne perçoit rien, mais moi, je vois la volute soyeuse s’insinuer dans sa bouche, ses narines, ses yeux… partout. En une fraction de seconde, il s’écroule à mes côtés. Il dormira d’un sommeil lourd. Je m’extirpe du canapé, utilise mes dons pour vêtir mon corps et passe la porte de l’appartement, des questions plein la tête.

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CelCis
Posté le 01/06/2023
Coucou Isahorah,

J'ai lu trois chapitres d'un coup. Tu nous mets directement dans le bain, et l'envie de comprendre m'a fait tourner les pages! Courts chapitres, mais se terminant à chaque fois par un cliffhanger qui donne juste ce qu'il faut pour se dire allez, encore un ;)

C'est tout mignon, avec ce jeune homme tout rempli du désir de sa dulcinée et ce cauchemar qui goûte cela, étonnée par l'effet que cela lui fait. C'est étonnant, attachant, et comme déjà noté, jamais pornographique.

Au plaisir de découvrir la suite!
Isahorah Torys
Posté le 01/06/2023
Coucou Celcis, je suis heureuse que l'histoire te plaise. Oui, c'était l'effet recherché, une histoire un peu hot sans pour autant être écœurante à lire.

Il faut dire que c'est mon premier essai du genre, je n'étais pas du tout à l'aise avec l'exercice, ne sachant pas trop comment m'y prendre, mais les commentaires ont l'air d'aller dans le bon sens. Mais ce n'est pas mon but premier, je voulais avant tout redorer l'image des succubes et les faire paraître plus humains ;)

En tout cas, je te remercie d'être passée par ici et j'espère te lire prochainement ;)
filoutem
Posté le 16/01/2023
Re-re bonsoir !
Wouh ! j'ai chaud à la lecture de ce chapitre ! Il m'a un peu fait penser au premier chapitre de "American Gods" de Neil Gaiman, avec la déesse qui engloutit sa proie pendant l'acte sexuel.
Par rapport à mon commentaire du chapitre précédent : ici tu utilises l'italique pour retranscrire les pensées de la protagoniste, et ça fonctionne super bien !
Très attachant le jeune homme. J'ai hâte de savoir s'il va avoir un rôle important, si le démon va s'attacher à lui... etc.

Je m'arrête là pour ce soir et reprendrai bientôt la lecture de ton manuscrit. De mon côté je suis en train de terminer la réécriture d'un roman fantastique pour adolescents, "Ostrion".

Bonne soirée et à très vite !
Isahorah Torys
Posté le 16/01/2023
Re coucou,

Oui, c'est un peu chaud comme tu le dis ^^ Mais faut bien qu'elle mange mdr

J'espère que la suite te plaira tout autant et bon courage pour ta réécriture ^^
Peridotite
Posté le 18/10/2022
Coucou Isahorah,

Je viens de finir de lire ces trois premiers extraits et je dois dire que tu as réussi à me happer. Je lis rarement des textes érotiques (au passage, tu as classé ton roman dans "Young Adulte", pour moi cette catégorie se rapproche de la littérature jeunesse, donc est-ce bien la bonne pour un récit érotique ? Ça m'a surpris perso), mais c'était franchement une bonne découverte. Tu as réussi à créer un vrai suspense, avec la montée du désir de la succube, qui fait monter la sauce, un vrai page Turner ! La description de la scène érotique est mignonne je trouve, tu ne tombes pas du tout dans la pornographie et je n'ai ressenti aucune gêne. Au contraire, je trouve les sentiments du garçon touchants et évidemment la succube est plutôt avide, sans tomber dans l'extrême et être trop perverse. Le retournement est assez inattendu (la succube a pris du plaisir), c'est sympa.

Même si ce n'est pas le style de roman que je lirais d'ordinaire, je vais lire la suite :-)
Isahorah Torys
Posté le 18/10/2022
hello Peridotite, tout d'abord, je te remercie pour ton intérêt. Alors, oui c'est une erreur de ma part, j'ai lu New adulte au lieu de jeune adulte (je lis ce que je veux apparemment) mdr, mais je viens de changer puisqu'elle est interdite au moins de 16 ans. Merci de me l'avoir signalé.

Écoute, je n'apprécie pas particulièrement les histoires érotiques non plus, mais je voulais me lancer un défi avec cette histoire, surtout que cela faisait un petit moment que je souhaitais écrire sur les succubes. Donc, j'ai souhaité trouvé un juste milieu pour que le texte ne devienne pas écœurant. Je vois plutôt mon roman comme une romance adulte, plutôt que comme un roman érotique, parce que je vais vraiment me focaliser sur le côté fantasy. L'érotisme ne sera qu'un plus et ne plombera pas toute l'histoire !

J'espère en tout cas que la suite te plaira tout autant, n'hésite pas à me laisser un commentaire si tu détectes une incohérence, une faute ou une gêne particulière, l'histoire n'est qu'un premier jet ;)

Encore merci pour ton merveilleux message, tu n'imagines pas à quel point tu m'as gonflée à bloc !
Marlee2212
Posté le 19/09/2022
Hello :)
Je continue ma lecture et je dois avouer que ce chapitre est très bien. La scène d'érotisme reste de l'érotisme et ne tombe pas dans la pornographie ( ce qui est une ligne qui est souvent difficile à distinguer ).
Le retournement de situation à la fin du texte s'est bien déroulé, mais si j'imaginais que ça arriverait un peu plus tard mais soit, j'ai hâte de voir ce que ça va donner.
Je tenais également à te dire que tu avais un orthographe exemplaire, je n'ai pas trouvé une seule faute, et cela rend de suite la lecture beaucoup plus agréable !
Isahorah Torys
Posté le 19/09/2022
Merci beaucoup, j'essaie au moins de me relire une fois, mais souvent, des fautes m'échappent ;)

Oui, je ne voulais pas tomber dans la pornographie et même si mon histoire se veut légèrement érotique, ça ne plombera pas chaque chapitre. C'est un point important qu'il faut savoir doser au risque de devenir rapidement écœurant, je pense.

Je sais que le retournement arrive vite ! Mais c'est voulu... j'ai souhaité commencer directement sur la situation qui persuade Asmodée de se lancer dans cette aventure.

Mais cela n’empêchera pas de belles surprises ;)
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