Je m’avance, tandis qu’ils s’échangent des bises, et passe d’une manière détachée devant eux. Quand je le dépasse, je sens son regard tomber dans mon dos et son intérêt grandir d’une manière affolante, son odeur devient de plus en plus alléchante.
— J’ai ferré le poisson, murmuré-je.
Il abandonnera très vite ses amis. Je continue de marcher et me dirige vers le portail du parking.
— Magnolia ! Magnolia, attends !
Dans la rue, il m’agrippe le poignet et m’oblige à m’arrêter.
— C’est bien toi ! J’ai cru rêver, l’espace d’un instant, m’avoue-t-il alors que je plonge mon regard dans le sien.
Il a l’air soulagé, si heureux. Il crierait presque au miracle tant la situation lui semble inespérée et je ne peux que lui répondre d’un sourire.
— Qu’est-ce que tu fais là ? Je te pensais à l’étranger ? demande-t-il avec beaucoup de prudence.
— Il m’arrive de revenir pour reprendre des forces. Je ne m’attendais pas à te voir non plus. Tu viens souvent, ici ?
L’astuce, c’est de glisser des phrases passe-partout et de rester vague sur les détails. Puis, en général, mes proies sont obnubilées par ma présence et ne réfléchissent pas plus loin que le bout de leur nez. C’est plutôt pratique.
— Non, pas vraiment. Nous étions venus fêter l’anniversaire d’un ami et on peut dire qu’ils m’ont traîné jusqu’ici.
Il est si authentique dans ses émotions qu’il est facile de lui répondre. Sa grimace me tire un rire presque cristallin que je feins de camoufler.
— Ne te moque pas de moi…
— Je n’oserai pas, tu le sais bien, lui réponds-je d’un air taquin.
Ma remarque fait mouche, il se mord inconsciemment la lèvre inférieure. Mais, je le pressentais, la gêne l’emporte très vite. Il ne sait plus où se mettre et commence à détourner les yeux. Je me serais bien laissée attendrir par sa timidité si je n’étais pas aussi affamée. Je n’ai pas de temps à perdre avec ce petit jeu.
— Dis-moi, je sais qu’il est tard, mais ça fait un moment que l’on ne s’est pas vu, toi et moi. Que dirais-tu si nous allions boire un verre, histoire de parler un peu ? Si tu n’es pas trop fatigué de ta soirée, bien sûr.
Il hésite.
— Ça me ferait plaisir de passer un moment avec toi avant de reprendre la route demain, enchéris-je dans la seconde.
La déception se lit sur son visage.
— Tu repars demain ?
Je hoche la tête et il se mord à nouveau la lèvre.
Qu’il se décide vite, bon sang ! Rester aussi longtemps auprès d’un mets aussi appétissant fait monter la chaleur en moi. J’ai si faim…
— Ok, prenons la voiture. Mais, à cette heure, il n’y a plus rien d’ouvert, remarque-t-il embarrassé. C’est...
Il n’ose pas m’inviter chez lui. Je ne comprends pas comment il parvient à faire preuve d’autant de retenue, alors que son désir hurle d’envies.
— Allons, chez toi dans ce cas. Ce n’est pas la première fois que j’y mettrais les pieds, tu sais !
Je lis en lui comme dans un livre ouvert, il m’offre ses pensées sur un plateau d’argent. Son visage s’illumine presque de joie. Il me présente son bras et, quand ma main le touche, je perçois son corps se raidir. Je n’arrive pas à m’empêcher de sourire face à ses réactions si mignonnes. Mais je réveille sa faim autant qu’il réveille la mienne et espère qu’il n’habite pas trop loin. Sinon, je risque de me jeter dessus avant même d’avoir franchi sa porte. Se retrouver devant un tel délice, après tant de semaines de diète, me met au supplice.
Sa voiture n’est pas très loin. Il a même la galanterie de m’ouvrir la portière et de m’offrir sa main pour m’aider à m’installer sur le siège.
Qui fait encore ça de nos jours ? Je me demande vraiment pourquoi cette fille est partie. Faut être stupide pour laisser un homme de cette trempe derrière soi. Si j’étais humaine et si j’en étais capable, je serais sans doute tombée amoureuse de lui.
— En route ! dit-il en mettant le contact.
Chapitre très fluide à nouveau, se lit très bien et très facilement.
Petite remarque : pourquoi lorsqu'elle se parle à elle-même, la protagoniste "murmure", ou comme dans le chapitre précédent semble crier "c'est le moment!" (le point d'exclamation donne cette impression).
Je me demande si plutôt que d'utiliser les tirets tu peux utiliser ce type de ponctuation : 'insérer phrase'
Je pense que j'aurais davantage l'impression qu'elle se parle à elle-même, là j'ai le sentiment qu'elle parle à quelqu'un.
Allez, je continue le récit !
Bonne lecture ;)
Ce deuxième chapitre est un peu plus ancré dans la réalité que le premier, mais ce n'est pas pour autant qu'il en est moins bon. Le déroulement de la scène se déroule d'une manière fluide, on en apprend un peu plus sur la situation et des pièces du puzzle commence à s'assembler. Mais ce n'est pas trop, ce qui participe à la fluidité observée.
Le mystère est bien conservé, on a envie de lire la suite. En gros, tu as une plume addictive.
En tout cas, j'ai hâte de voir où cette histoire va mener :)