Publié le 12/12/2022 par Cricri

Conte du PAvent 2022

Jours 10, 11 et 12

10 décembre

La poussière d’or de la rivière Miel par Gueule-de-Loup

 

Le précieux autographe bien serré dans son poing, le petit duvet court vers la prochaine étape de la liste : la poussière d’or.

Celle-ci est détenue par le Grand Miel, le plus sage des poissons-abeilles de la rivière Miel. À l’idée de croiser cette divinité supérieure​, qui a créé le village PAen dans des temps immémoriaux, le petit duvet ne peut s’empêcher​ de se sentir intimidé. Un chouïa.

 

11 décembre

La sueur des séquestré.es par Isapass

 

– Autographe, check ! Paillettes d’or, check !

Décidément, le petit duvet commence à se sentir de plus en plus confiant. Pour l’instant, tout lui réussit ; peut-être que cette mission ne sera pas si compliquée, finalement.

Il est temps de s’intéresser au prochain ingrédient.

– De la sueur de plume écrivant dans la cave ? déchiffre-t-il en tordant le nez.

Alors d’abord, qu’est-ce que c’est que cette histoire de cave, et ensuite, ben, c’est un peu dégueu, quand même. Mais enfin, il n’est plus temps de reculer.
Il interpelle une plume qui déneige son seuil, à quelques pas de lui.

– Excusez-moi, chère Plume ?

La brave personne lui adresse un sourire avenant qui l’encourage à poursuivre.

– Si je vous parle d’une cave qui existerait dans – ou sous – le village, ça vous évoque quelque chose ?

Aussitôt, le sourire se fige, le teint perd sa couleur rubiconde et il semble au petit duvet qu’un long frisson parcourt le dos de son interlocutrice. Elle se fait pourtant violence pour répondre.

– S… sous la Tour des Admines, lâche-t-elle dans un souffle. C’est un endroit horrible où la Grande Coasseuse oblige les plumes à écrire sans relâche, enchaînées à leurs claviers !

– Mais la Tour est fermée ! Comment y accéder ?

– Il existe un soupirail, à la base de l’édifice, côté ouest. Vu ton gabarit, tu devrais pouvoir t’y glisser.

– Merci ! s’exclame le petit duvet, déjà prêt à foncer vers ce nouvel objectif malgré un léger malaise dû à la description de la plume.

– Attends ! le retient celle-ci. Ne… ne dis à personne que l’info vient de moi, je t’en prie !

Sur ces mots, elle rentre chez elle et claque sa porte. L’ardeur du petit duvet vient de refroidir de plusieurs degrés.

C’est encore pire lorsqu’il atteint la face ouest de la Tour des Admines et localise le soupirail. La grille qui le ferme est entrelacée de toiles d’araignée poussiéreuses qui s’agitent lentement sous l’effet d’un souffle qui semble venir des entrailles de la terre. C’est comme si une grosse bête soupirait là-dessous…

Ignorant sa peur, le courageux petit duvet ôte la grille et s’engage dans le sombre boyau. Bientôt, il n’y voit plus rien. En revanche, il perçoit une rumeur qui augmente à mesure qu’il avance. Alors non seulement la grosse bestiole soupire, mais en plus elle murmure ? Nom d’un synonyme, c’est vraiment effrayant…

Après plusieurs minutes de reptation, il aperçoit une lueur. C’est l’autre bout du soupirail, qui débouche dans une vaste salle creusée à même la roche d’où proviennent les angoissants chuchotis. Prêt à tout, notre jeune héros opère un retournement leste, puis, d’un même geste, il fait tomber la grille et saute sur le sol inégal.

– Tiens, un nouveau. Bienvenue dans la cave, plumeau ! lance alors une voix joviale sur sa gauche.

Suit un concert d’exclamations ravies. Le nouvel arrivant n’a pas le temps de comprendre que des mains le poussent gentiment vers un pouf moelleux, une tasse fumante et parfumée se retrouve entre ses doigts et une assiette débordant de cookies emplit son champ de vision.

– Mais… c’est quoi, ici ? parvient-il enfin à articuler. Les gens tremblent en évoquant cet endroit, pourtant…

En effet, une fois les biscuits écartés, la cave ne ressemble en rien à la pièce humide et lugubre qu’il imaginait. Il règne une chaleur agréable, l’ameublement est confortable, les délices sucrés et salés abondent et les conversations feutrées produisent ce doux murmure qui a, à tort, effrayé notre ami. Les occupants arborent d’ailleurs des faciès paisibles et reposés. Ce n’est pas du tout comme ça que le petit duvet concevait l’esclavage jusque-là !

– Ben, c’est-à-dire… explique une des plumes avec un haussement d’épaule faussement confus, la Grande Coasseuse ne s’est pas montrée depuis plusieurs jours…

– … alors on se détend un peu, complète une autre. Ça fait pas de mal, quoi !

Ça ne fait pas de mal, mais ça n’arrange guère les affaires du petit duvet. Ce n’est pas dans cette ambiance-ci qu’il va obtenir la moindre goutte de sueur !

Un plan se forme bien dans son esprit, mais il sait que s’il le suit, il aura du mal à se regarder dans la glace pendant longtemps. Tant pis, c’est pour le bien de la communauté.

Sans écouter sa conscience offusquée, il se dresse soudain et prend la plus grosse voix dont il est capable.

– TREMBLEZ ! tonne-t-il. JE SUIS L'ENVOYÉ DE LA GRANDE COASSEUSE ! ELLE NE CESSE JAMAIS DE VOUS SURVEILLER MÊME QUAND ELLE PARAÎT LOIN ! REPRENEZ IMMÉDIATEMENT LE TRAVAIL OU JAMAIS VOUS NE SORTIREZ DE CETTE CAVE, JUSQU'À CE QUE VOUS SOYEZ TOUTES RABOUGRIES ET DESSÉCHÉES ! IMMÉDIATEMENT !

En une seconde, les dilettantes ont disparu pour faire place à une armée de travailleuses acharnées. Malgré les tremblements, les yeux écarquillés et les regards affolés vers le soi-disant envoyé, les mots s’enchaînent, les pages s’accumulent, les romans se rédigent à tout-va.

En moins d’une heure, le petit duvet recueille un flacon entier de sueur acide qui sent bon l’angoisse et l’effort.

Un bref instant, il caresse l’idée de rester, parce que tout compte fait, c’est assez grisant ce pouvoir…

Mais il bâillonne l’abjecte tentation et s’éloigne dans le soupirail, en laissant derrière lui les claquements de dents et les bruits frénétiques des doigts contractés sur les touches.

 

12 décembre

La bière, le chocolat, le café (et que ça saute !) par Alice_Lath

 

Après avoir grimpé les nuages, notre petit duvet se retrouve face à la déesse de l’Inspiration, là-haut. Il l’implore de lui céder les tickets secrets-VIP pour le bar du village Paen afin d’y obtenir les Trois Boissons des Hautes Inspiratrices : le café, le chocolat et la bière. Car il s’agit là d’un carburant important pour le cerveau de toute plume en mal de créativité…

*

Rendez-vous demain sur le forum pour avoir la suite du PAvent en exclusivité !

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Elavenne.ptrsn
Posté le 22/08/2023
Très bien écrit. j'aime beaucoup l'histoire et les images ajoutées qui apportent davantage de narration
Hortense
Posté le 13/12/2022
Nom d'un synonyme !!! C'est " éberluant" !!! Pressée de découvrir la suite....
Altaïr
Posté le 12/12/2022
Pas le temps de dire ouf que nous en sommes déjà à la moitié du calendrier ^^
Merci pour les friandises, hâte de lire la suite et de savoir Maisoúestdoncornicar nos admines ?